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Re : A propos de "Danse l'ombre" et de "A la lumière de Baume noire"
Maître Onirien
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Nous pensons que c'est en dépassant l'imaginaire social institué, c'est-à-dire la réalité signifiante que l’on prend pour la Vérité mais qui n’est qu’une illusion, qu'un être humain peut, par l'intermédiaire de l’imaginal tourné vers la dimension spirituelle, accéder à toute une part oubliée de lui-même, puis laisser le réel se dévoiler et accéder à la totalité de l’être et du monde. "


Que c'est bien ça!
J' appellerais volontiers ça la poésie? ce détournement du faux réel pour le vrai beaucoup plus haut?

Pimp'

Contribution du : 03/11/2015 11:56
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"""Soyez réglé dans votre vie ordinaire
comme un bourgeois, afi n d’être violent et original
dans vos oeuvres. »

Gustave Flaubert
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Re : A propos de "Danse l'ombre" et de "A la lumière de Baume noire"
Chevalier d'Oniris
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Pimpette, je vous avais bien dit qu'ON allait arriver en pâte à physique ?

Contribution du : 03/11/2015 12:08
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Re : A propos de "Danse l'ombre" et de "A la lumière de Baume noire"
Maître Onirien
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De du côté de Brocéliande
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Pimpette, tu m'ôtes les mots de la bouche !

Phoebus, je ne suis pas sûre d'être en mesure de tourner mon imaginaire vers une dimension spirituelle sans m'appuyer sur la réalité des choses. Seule la poésie me donne accès à ce " monde intermédiaire entre le sensible et l'intelligible" que vous semblez investir d'une dimension si particulière.

Contribution du : 03/11/2015 12:15
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"La poésie est aux apparences ce que l'alcool est au jus de fruit"
Guillevic
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Re : A propos de "Danse l'ombre" et de "A la lumière de Baume noire"
Chevalier d'Oniris
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Arielle, je pense que l'auteur du texte ne dit pas qu'il faut nier toute réalité mais les significations qui y sont associées. Et il distingue bien la réalité du réel. La poésie, ce sont des mots, par conséquent du symbolique qui ouvre droit à l'imaginaire et à une réalité mais pas à ce qu'il nomme le Réel: qui fait partie du hors symbolique(Réel que l'on peut assimiler à l'inconscient d'après le texte); il n'y a pas de mots pour dire le Réel mais il y a des mots pour dire la réalité humaine. De ce point de vue le réel n'a que faire de la rationalité qui découle de la pensée humaine et donc d'une réalité-rationalité propre à l'espèce humaine.
Après tout, si on se place du point de vue de la contingence, le rationnel n'a pas plus de valeur que l'irrationnel. Le réel n'est pas là pour nous.

Contribution du : 03/11/2015 12:31
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Re : A propos de "Danse l'ombre" et de "A la lumière de Baume noire"
Chevalier d'Oniris
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Oui, merci de la précision, la perspicacité et la hauteur de ces échanges... Justement, comme le disent mes nouvelles, il y a le Théoricien, qui croit en la Raison, qui se situe au Sud, et le Mystique, qui lui, croit plutôt en ces liens mystérieux et pas toujours explicitement rationnels avec "le monde", "La Chose" pour parler comme Lacan, la réalité, le Réel, et qui, lui, est plutôt du côté de l'obscur.

Phoebus, après avoir montré sa connaissance de Jung montre qu'il est également féru de théorie lacanienne, séparant bien le "symbolique" (tout ce qui est du côté du signe, tout ce qui est nommé, nommable ou chiffrable) du "Réel" (qu'il distingue fort justement de la réalité qui n'est que ce qui peut être "parlé" du Réel)... Ce Réel innommable, irreprésentable qu'on pourrait confondre avec l'Inconscient, mais qui est surtout ce contre quoi on se heurte (la Mort et tout ce qui va avec mais dire cela c'est le nommer ce Réel qui ne peut pas avoir de nom).

Mais comme le disent fort justement Pimpette et Arielle, la poésie permet de mettre suffisamment de "musique" dans les mots, suffisamment de "jeu" entre eux pour qu'un peu de ce "Réel" y transparaisse, même en creux. C'est du moins ce que je crois et ce pourquoi j'écris. Si les hommes parlent, c'est, me semble-t-il, pour "coloniser" un tant soit peu ce Réel qui toujours, forcément, échappe. Bien sûr, ils n'accèdent, ce faisant, qu'à un peu plus de "réalité" et un peu plus seulement... C'est ce "un peu plus-là" qui m'intéresse, ce qui excède la réalité déjà donnée et qui est parfois saisi entre deux portes, entre deux mots, entre deux souffles, entre deux pensées, comme un trébuchement.

Oui, j'ai bien ri à propos d'Abélard et St Bernard... Comme "les grands esprits se rencontrent, figurez-vous que j'ai pensé aussi à ces deux figures... Il me semblait que c'était moi qui risquais le plus de perdre mes attributs virils mais s'il s'agit de castration à la Lacan, alors, je suis d'accord...

Mais figurez-vous qu'après le Sud et le Nord, il reste l'Est et l'Ouest!... Si vous voulez aller y voir, voici la nouvelle qui les met en scène tous les deux en même temps.

http://wizzz.telerama.fr/intolerablemauron/blog/639630424

J'ai toujours pensé que l'un des remèdes les plus puissants à la dépression était, forcément, l'élaboration imaginaire, une élaboration la plus personnelle, la plus folle, la plus improbable et la moins conventionnelle qui soit. Nous avons besoin d'entendre des voix qui nous réveillent et ce ne sont pas les pleureuses de la réalité, bien loin de là! Afin d'entendre un voire DES sens nouveaux, il convient selon moi d'aller à la source de ce que j'ai appelé "la petite parole", une parole qui émane de soi et qu'on ne peut entendre que dans le silence. C'est de cela que j'ai parlé dans "Les silences de Tournelâme Fraîchardie". Bien amicalement à vous!
Mauron

Contribution du : 03/11/2015 14:23
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Re : A propos de "Danse l'ombre" et de "A la lumière de Baume noire"
Chevalier d'Oniris
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A 17h15... Après une longue promenade philosophique, il m'apparaît qu'au Réel de Lacan, au fond, notion philosophico-psychanalytique, je préfère la notion poétique et mallarméenne de "ptyx"... Vous connaissez sans doute le si beau poème en "yx" du sieur Mallarmé:

Ses purs ongles très-haut dédiant leur onyx,
L'Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,
Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
Que ne recueille pas de cinéraire amphore

Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
Aboli bibelot d'inanité sonore,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s'honore.)

Mais proche la croisée au nord vacante, un or
Agonise selon peut-être le décor
Des licornes ruant du feu contre une nixe,

Elle, défunte nue en le miroir, encor
Que, dans l'oubli fermé par le cadre, se fixe
De scintillations sitôt le septuor.

Je m'attarderais pour ma part sur son second quatrain, qui me semble être d'une "lumineuse obscurité". Cet "hapax" qu'est le mot "ptyx", signifiant sans signifié, "vaisseau" vide, creux, mot dépourvu de sens, suffit à recueillir les pleurs de celui qui s'est absenté de son "salon vide" et a préféré aller "puiser des pleurs au Styx". Il me semble que ce mot sans signification choisi par Mallarmé, ce "bibelot d'inanité sonore", ce son sans objet est une notion bien plus profonde et plus juste que celle du Réel lacanien. En effet, dire "Réel", c'est déjà trop dire, c'est beaucoup s'avancer sur ce creux, ce silence, cette présence silencieuse qui est aussi bien une absence. Certes, Lacan parle aussi de "La Chose" et ce mot passe-partout est l'exact inverse de "ptyx", même si cela revient au même: un mot vide de sens et pouvant être rempli par toutes sortes d'objets.

Néanmoins, je préfère ce "ptyx" mallarméen au "Réel" lacanien parce que cet "Insolite vaisseau d'inanité sonore" (et il faut prendre le mot "vaisseau" dans son sens de vaisselle, plat, contenant propre à recevoir "quelque chose") comme l'appelle le poète dans une première version de son poème, ce contenant sans contenu, ce mot dépourvu de sens est le seul capable de "puiser des pleurs au Styx", ces pleurs que le poète est allé chercher. Une sorte de "pelle à pleurs" pour le dire crûment. Cela en dit long sur la "fonction du poète" selon Mallarmé, cet homme des "chagrins essentiels", celui qui préfère la fascination pour la mort à la vacuité de sa maison.

J'ai bien sûr pensé aussi à cette maison vide que le poète nous fait visiter dans son sonnet, quand j'ai écrit mes textes sur des "maisons"... Parce que la seule maison habitable pour un poète, c'est celle des mots, non pas des mots quotidiens, mais des mots aimantés par la mort, par le néant, par le ptyx, par ce que j'appellerais d'un mot moins "haut", le mystère... Ces mots-là seuls sont consolants.

Parce que seul le néant existe; les "crédences du salon" (cette réalité à laquelle nous voudrions croire à toute force et dont nous nous entourons comme d'un tégument protecteur et menteur) n'empêchent pas celui-ci de rester vide parce qu'il n'y a "nul néant" dans ce salon nul ptyx. Trop de plein et c'est illico le vide. C'est seulement par la conscience aiguë du vide que le poète se remplit (de pleurs, certes, mais ce chagrin, dans et par le chant du poème se transmue en joie)...

Pour le dire plus simplement, le poète en reste à cette presque disparition vibratoire du monde dans et à travers les mots.

Contribution du : 03/11/2015 17:43
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Re : A propos de "Danse l'ombre" et de "A la lumière de Baume noire"
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Impeccable!
j'ai presque compris pour la première fois
Il était temps...
cette pelle à pleurs fait ma joie, si j'ose dire...
Je reprendrais bien un petit Ptyx!


Contribution du : 04/11/2015 08:26
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Re : A propos de "Danse l'ombre" et de "A la lumière de Baume noire"
Chevalier d'Oniris
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Pimpette,

Dialogue:

-Mais c'est insignifiant!
-Pas assez, pas assez!

On voudrait ne rien signifier mais on ne le peut pas.

Contribution du : 04/11/2015 09:04
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Re : A propos de "Danse l'ombre" et de "A la lumière de Baume noire"
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Mon cher Phoebus, je ne suis pas sûr qu'on veuille "ne rien signifier"... Ce qui est sûr c'est que le monde des hommes est un monde de sens!... Même Beckett qui aurait voulu effacer le trop de sens n'a pu s'en passer...

Et merci à Pimpette d'avoir "osé" tout comprendre! Oui, "la pelle à pleurs" comme "pelle à charbon" (à l'époque, ça se faisait!)... Il me semble que c'est avec cet outils-là, ce non-bibelot-là qu'il est descendu chez les morts, le poète, comme on "va au charbon", quoi! ...

Contribution du : 04/11/2015 09:45
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Re : A propos de "Danse l'ombre" et de "A la lumière de Baume noire"
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Entièrement d'accord avec vous Alain.

Néanmoins, dans l'impossibilité de pouvoir rien signifier, on peut évacuer la question du sens en la reléguant au second plan, ce que Samuel Beckett a su faire avec génie.

Contribution du : 04/11/2015 12:44
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