Ce n’est pas avec des idées qu’on fait de la poésie, mais avec des mots, disait en substance Mallarmé.
Il y a dans la beauté quelque chose de démesuré qui nous dépasse et nous terrifie.
La beauté sans angoisse n’est que du joli.
On ne fait pas, non plus, de la poésie avec du joli, qui permet, quand même, de rédiger de jolies fables.
Qu’en vers réguliers soit la poésie ou libres, rimée ou non, quelque forme qu’elle affecte, là ne réside pas l’essentiel. La poésie qui exclue n’est pas la poésie.
Et après ?
Les mots ne sont que l’échafaudage du poème. L’œuvre (alchimique) accompli, retirées boiseries et ferrailles, où ne sont plus les mots, là est la poésie (toujours l'esprit de Mallarmé).
Il y en a qui aiment les échafaudages, d’autres préfèrent les poubelles…

Ceci pour amener une citation extraite de l’ « Art romantique » de Baudelaire :

« … la France n’est guère poète ; elle éprouve même … une horreur congéniale de la poésie. Parmi les écrivains qui se servent du vers, ceux qu’elle préférera toujours sont les plus prosaïques. … chacun veut ressembler à tout le monde, mais à condition que tout le monde lui ressemble, … . De là, la ruine et l’oppression de tout caractère original. … Aimons donc nos poètes secrètement et en cachette. »

Beaucoup vont s’y retrouver. Chacun se reconnaîtra.