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1 Utilisateur(s) anonymes
À propos de "La seule île au sud" |
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Maître des vers sereins
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11/02/2008 03:55 Groupe :
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Bonjour à vous,
Merci aux lecteurs, le poème est là C'est un mystère pour moi aussi ce que peut laisser à couvert la petite histoire de ce poème. Je vais néanmoins parler de ce qu'il m'inspire et de ce qui l'a inspiré. Danielle, sériale killeuse, a encore mis fin aux jours d'une nouvelle victime, Émile. Elle l'a poignardé au bord d'un fleuve où elle l'avait entrainé en lui faisant miroiter bien autre chose. C'est juste un nouveau kimono de femme fatale, ce personnage, mais ça m'a plu de la tisser à grands traits dans ce poème. Rien qu'avec le titre, je comptais en faire un être en quête d'idéal, tout en préservant le poème des reflets trop évident de ce genre de vocabulaire, la grandeur serait funeste et discrète, la statue sans piédestal. Pour écrire le poème, je ne suis pas partie de ce personnage ni de cette histoire. Je les délimite après coup. L'important, c'est le bruit que ça fait, la "musique" comme disait Verlaine, avant tout le reste, sans ex-æquo. La musique, je l'ai cherché en travaillant sur les voyelles. Je voulais un jeu de rimes construit sur les cinq voyelles de l'alphabet, pour faire toute la gamme AEIOU : dArd/tArd/fArd/lArd vEuve/nEuve/abrEuve/ÉmEuve turbIdes/torrIdes lotO/vetO jUsque/brUsque reprises également pour le titre : lA sEule Île Ô sUd Il y a aussi une attention portée aux enchainements des débuts et fin de vers : dard Danielle veuve Réponse neuve Réglons tard T'ignores fard Fallait abreuve Raison émeuve Autant lard Mais du salut turbid' Des eaux torrid' Des ongles loto Mobile Jusqu' À ce moment veto Bleu Rhône brusqu' Comme une abeille (du premier au dernier vers) Dans les vers eux-mêmes, je vais censurer tous ce que j'appelle des "chocs de consonnes", par exemple "aveCDessi", je trouve que c'est un "choc" parce que les consonnes C et D ne se rencontrent pas dans un même mot sans voyelle intermédiaire. À l'oral ça revient à "mâcher" en forçant un son qui fait "quedeu" en "qu'deu", où alors à créer une voyelle non orthographique pour dire "avecqueu des si". Donc, je n'écrirai pas ce genre de truc, mon lecteur n'aura que des propos faciles à lire, d'autant qu'il en besoin, vu que par ailleurs, je vais superposer deux rythmes, l'un induit par la syntaxe, et l'autre par la "musique" de l'alexandrin. Syntaxiquement, mon poème se lirait ainsi avec des vers/virgules et des strophes/points : Comme une abeille aurait son heure, elle a son dard, Danielle. Étroit bonheur, c’est ton oreille veuve, Réponse à ton cou, deuil, ail et patate neuve ; Réglons nos montres, vole encor cet amour tard. T’ignores pas, tu sais, quand l’aube pique un fard, Fallait pas l’entreprendre à moins qu’il ne t’abreuve ; Raison de plus, Émile, [il n’a rien qui l’émeuve Autant que perdre un rouge ou bien sa soupe au lard.] => Une seule ligne Mais du salut, que dire ?! À contempler, turbides, Des eaux, des animaux, des végétaux torrides, Des ongles à gratter des tickets de loto. [Mobile dans l’instant sidéré presque jusque À ce moment qu’hier,] => Une seule ligne tu mettais le veto Bleu Rhône. Elle voulait, peut-être un peu moins brusque. Sous forme de sonnet, la respiration se fait donc à contre temps de la compréhension, en supposant qu'elle "respire" aussi :) je crois que je recherche un sentiment de lecture particulier, très intime à la poésie. Ce n'est pas du dédain pour le message, mais je voudrais rendre plus sensible à l'intensité d'un propos qu'à son contenu proprement dit, et à l'écrit, c'est à dire sans bomber le torse ou battre des bras, sans aucune "communication non verbale". Encore que jouer des liens entre les mots au-delà du sens même de ces mots, ça doit déjà être ce genre de communication, un genre de jeu de scène, mais le vecteur n'est pas l'image, le sens en jeu n'est pas la vue. Sinon, pour la petite histoire, j'ai dû lire et être sensible à des articles sur la fin des abeilles, les ravages des insecticides Monsanto, etc. Je ne vois pas d'autres explications au tout début du poème. J'ai un ami pour qui "Daniel" au masculin, c'est un prénom générique à usages multiples, pour toutes sortes de blagues ou d'apostrophes. Comme Toto, dans les blagues à Toto. Donc "Danielle" serait un peu l'anti-anti-héros de "Daniel". "oreille veuve" est construit comme dans un bus est presque veuf c'est une image de la solitude, c'est jamais un "vrai" veuvage. Van Gogh, je trouve qu'il avait "l'oreille veuve" aussi :) Le 3ème vers, c'est le meurtre... lors d'un pique nique aux patates et à l'ail. "turbides" c'est un milieu marin où le corail ne parvient pas à se développer, je l'ai lu peu avant de rédiger le poème et je lui trouvais une bonne tête de rime rigolote, pour l'assonance solitaire. "mobile dans l'instant sidéré" reformule mobilis in mobile je ne suis pas sûr de cette transcription qui devrait vouloir dire "mobile dans l'immobile" la devise du capitaine Nemo de Jules Verne. Le lien au texte c'est encore cette forme de rapport aux autres, les contradictions entre animé/inanimé pour "avec ou sans âmes", Danielle était plus seule avec Émile que sans, alors elle l'a tué ; ça la fusionne avec son environnement, comme Némo. Bon, c'est de la poésie... Pour le "veto bleu Rhône", c'est la couleur qui m'a fait rire parce que je ne me souviens pas d'avoir vu le Rhône bleu, d'ailleurs je pense que c'est pareil pour le Danube à la valse, ça a peut-être fait rire l'auteur de le nommer de cette couleur là. Voilà quelques pièces du patchwork
Contribution du : 14/06/2012 22:47
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Un Fleuve |
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Re : À propos de "La seule île au sud" |
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Maître Onirien
Inscrit:
06/12/2011 14:04 De Charleroi Belgique
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20374
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Merci David de m'avoir permis de rejoindre l'autoroute par la bretelle indiquée J'ai compris le sens de votre poème Sans explications j'étais devant un mur J'avais perçu deux choses:la sonorité et le choc?des consonnes Pour de tels écrits une vraie
introduction est souhaitable Merci Et bien cordialement à vous Leni
Contribution du : 15/06/2012 12:59
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La vérité d'aujourd'hui est l'erreur de demain Le talent c'est d'en trouver aux autres R Hossein Plaire à tout le monde c'est plaire à n'importe qui S Guitry |
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