Profiter de la contrainte sur l'année 1889, qui suit directement l'année qui a vu sévir l'un des plus mémorables assassins du 19ème siècle, embarquer quatre protagonistes, deux femmes et deux hommes pour garantir la parité de notre siècle, dont l'un d'entre-eux tombe à l'eau, qu'est-ce qui reste ?
Une énième thèse documentée sur l'identité controversée de Jack l'Eventreur, thèse qui aurait pu trouver sa place dans le bureau de Scotland Yard de l'inspecteur-chef Frederick Abberline, et une attaque à fleurets mouchetés du fondamentalisme religieux qui aveugle au point d'occulter le sens moral.

C'est que, vous l'avez bien compris, le Révérend dont ni le nom ni l'aspect ne sont révélés, n'est pas homme à se laisser encombrer par la morale, c'est normal, il croit avoir Dieu de son côté.
C'est un homme de principes, un serviteur de l'ombre. Mais pas au point de voir son ministère galvaudé, dénaturé par les propos des autres protagonistes, quitte à se démasquer par la démonstration structurée et méthodique à laquelle il procède.
Qu'importe, le risque est faible, son explication est tellement improbable que même l'inspecteur en chef ne la retient pas.
Mais l'honneur est sauf, il a livré aux autorités compétentes l'explication de ses actes.

La goutte d'eau qui va faire déborder le vase est la question que pose Sarah Covington : pourquoi l'assassin a-t-il mis fin à ses crimes ?
Elle lui donne la vraie réponse et lui présente le miroir de ses propres faiblesses. L'homme est psychorigide et orgueilleux, la machine à tuer est relancée. Il vient de flairer sa prochaine victime.
Le lecteur le sait, le meurtrier s'en fiche, c'est le problème avec les tueurs en série.

Quant à l'issue, elle aurait pu diverger. Le Révérend aurait très bien pu accomplir son petit meurtre bien tranquillement et se fondre dans la masse des plus de 1300 passagers du navire, ouvrant la voie à une enquête de l'inspecteur Abberline.
Et la morale dans tout ça ?
De plus, Sarah Covington, si elle souffre de la hanche est aussi, comme l'a discerné l'ecclésiastique, une femme à poigne.
"Elle puisait son énergie et sa fougue dans l'ascension sociale qui avait dû être la sienne."
Alors quoi, on soupçonne la fin et on s'étonne pour finir de voir une faible femme venir à bout d'un assassin passablement rouillé (entre le 9 novembre 1888 - son dernier meurtre - et le 18 mars 1889, il s'est écoulé plus de cinq mois) ?
Allons mesdames, rebellez-vous !
L'auteur a également oublié de préciser que Mrs Covington est une assez proche parente de Lord John Clayton III Greystoke.

Qui dira que cette nouvelle n'a pas de véritable chute ? Et un suspens aussi, car qui vous empêche de croire ou d'imaginer que le Révérend a survécu et même été rejeté sur les berges de la Tamise le 21 mars (trois jours plus tard comme prévu par les Écritures).
Les annales policières ? Mince alors, la foi n'est plus ce qu'elle était.
C'est à en devenir vert, ou jaunasse.

Promis, si je tente de nouveau l'écriture d'une nouvelle, je posterais dans les catégories "Fantastique/Merveilleux" ou "Humour/Détente".

C'est malin ça.

Merci pour ces explications !

Mais (ok j'insiste peut-être trop, têtue en plus) je ne comprends toujours pas pourquoi il fallait que l'identité du tueur soit aussi vite révélée. Ou plutôt, aussi peu dissimulée. Tu pouvais laisser au lecteur le soin de refaire les liens une fois la lecture achevée. Non ?

Mais, après tout, c'est toi le capitaine à bord. Le lecteur, une fois embarqué, te suit là où tu l'emmènes.

Merci pour ces précisions Lapsus, qui du coup me rassurent : j'avais vu plutôt juste concernant tes intentions :)

Moi ça me convient tout à fait, je regrette juste comme dit en commentaire, ce petit manque de suspens, d'insensité dans le récit. Mais ce suspens ne passe pas forcément pas le fait d'ignorer l'identité de l'assassin, au contraire, tu peux même jouer sur le fait que le lecteur sait, lui, mais que le personnage (notamment la victime) l'ignore.

Peut être une promenade entre Mrs Covington et le révérend eût été plus angoissante ? Car on aurait su NOUS, qui il était, mais pas elle. Et peut être plus stressé de la savoir en si dangereuse compagnie, sans se méfier.

Peu importe, mais je t'encourage grandement à écrire d'autres nouvelles... tu as tout ce qu'il faut pour faire de très bons textes :)

Ninj'