Salut,

intéressante discussion.

Je ne sais pas trop si je suis dans le sujet, mais je trouve remarquable l'intention du "rien" ou du très peu. Parvenir à manier le "néant de l'intrigue", ni rebondissements, ni chute, ni même... "sujet"... :)

Je devrais sans doute le relire mais mes souvenirs hument un peu de ce parfum là dans La faim de Knut Hamsun.

Sans doute que les chemins de l'écriture mènent chacun là où il pense ne pas vouloir être...

A Pouët
Moi j'aurais dit : "là où il pensAIT ne pas vouloir être..."
Votre réflexion ne surprend pas ceux qui vous ont un peu lu.

Mokthar,

Tu dis :
"Par contre, je m’étonne que toi, qui donnes dans les deux genres, tu n’aies pas éprouvé d’intérêt au thème de la différence d’approche entre l’écriture du romancier (ou du nouvelliste), et celle du poète."

Eh bien crois-le ou non, c'est cette fin qui m'a achevée, dont je n'ai pas parlé dans mon com parce que je trouvais la coupe déjà un peu pleine.
Louis est donc écrivain et a un énorme succès. Et son succès et les tâches y afférant le fatiguent. En gros, il en a marre d'avoir du succès. Dans ma petite tête, j'y ai vu un Musso ou un Douglas Kennedy qui péteraient les plombs: de la littérature fleuve, des kms de flots tantôt savamment jugulés tantôt complètement lâchés en torrents, mais toujours bien maîtrisés.
Pourquoi ai-je pensé à ce genre d'écrivain ? Parce qu'il ne pouvait être question d'un auteur comme Knut Hamsum, pour rebondir sur le post de Pouet.
La faim pose la question : faut-il avoir faim pour écrire ou faut-il avoir faim d'écrire. La teneur de son roman ( et de ses autres) ne peuvent absolument pas m'évoquer Louis.
La poésie n'est pas un travail d'écrivain. Elle demande des aptitudes, une démarche si différentes que justement parce que j'écris des nouvelles et de la poésie, je ne peux pas prendre l'un pour l'autre.

La poésie est loin d'être seulement un travail d'écriture, à mon sens. Elle est une vision exacerbée de ce que nous vivons, voyons autour de nous, sentons. La poésie est l'inverse de l'édulcoré.
Je doute que la poésie soudain remplira la vie de Louis. je ne m'inquiète pas pour lui, il se remettra à écrire pour continuer à avoir du succès et vendre. Parce que c'est ainsi que je perçois le personnage, et si je le perçois ainsi, c'est parce que je n'ai rien de suffisamment réel de sa personnalité. Je ne peux en aucun cas m'attacher à lui.

Juste un brin d'échange, pour chatouiller dans la prairie d'oniris. Mais sous une jolie brise et non pas en tempête.
Merci.

Bonjour Hersen

je réagis à mon tour à ce que tu exprimes au sujet de "l'interpellation" de Moktar.

Tu as jugé Louis sur le peu que j'ai livré de lui! Tant pis pour moi! Et tu as rempli les vides par une vision qui fait place à ta subjectivité: un écrivain qui a du succès est bien mal venu de s'en plaindre et de faire une over dose de blabla imposé par les contraintes du marché...

il y a une seule piste très ténue dans le texte: Louis est jeune et inexpérimenté. je pensais que cela pouvait se déduire du fait qu' il a un succès imprévu avec son premier roman ( cela pourrait être un peu à la Modiano, tu vois qu'on est loin de Lévy ou Musso ! )
je ne sais pas si Louis sera désormais poète et cessera de se coltiner au réel, mais ce qui est sûre dans mon intention, c'est qu'il a expérimenté un autre rapport avec les mots.

Et tu es bien placée pour savoir qu'on peut passer de l'un à l'autre...

Hersen

Nul mieux que l’auteure ne pouvait tirer les leçons des divers commentaires, et notamment ce qui restera le pivot de la controverse : l’image qu’on a de Louis.

Toi, tu l’as vu auteur à succès, vieux briscard pourvoyeur des maisons d’édition, venu s’isoler pour mettre au point son dernier produit que l’on attend avec impatience.
Moi je l’ai vu jeune, talentueux mais débutant (ayant plutôt « besoin d’écrire »), submergé, décontenancé par le retentissement d’un succès qui le dépasse. Sa recherche d’isolement est plutôt une fuite. Je ne le vois pas formaté par le système, mais perméable aux émotions et capable d’évoluer, voire de tout remettre en cause.

Tu l’a vu roué, je l’ai vu romantique.

De ces approches opposées du personnage dépend le sens que l’on donne à la nouvelle. Je pense que c’est sans doute l’enseignement principal que retirera Plumette de nos commentaires, qui l’incitera sans doute à préciser le crucial profil de son héros. Ainsi, avec éventuellement un petit travail dans le sens de ce que suggère Quieto, tout le monde aura compris et je pense que l’on pourra même supprimer la dernière phrase pour sortir du trop explicite, par une conclusion « en fuite »…à la Plumette.

Je partage l’essentiel de la seconde partie de ta dernière intervention. Ce qui concerne le joliment exprimé : « faim d’écrire ou écrire par faim ». Et ce que tu dis de la poésie, qui n’est pas qu’écriture (elle est dans tous les arts, dominante en peinture et prédominante dans la danse). Effectivement, elle est une « vision exacerbée », descriptive si l’émotion passe par l’œil, ou plus introspective si l’auteur s’implique. « Inverse de l’édulcoré » : très juste. Plus que tout éprise de liberté pour rejeter les frontières.

Mais aussi écriture, quand vient le besoin de pérenniser des ressentis et des émotions par les mots. Écriture dont la seule forme, indépendamment du fonds, peut être intrinsèquement poésie : c’est ce que j’aime dans le classique.

Merci pour ces échanges auxquels j’ai trouvé bien de l’intérêt.

M.

PS : Un peu marre de la brise, vedette gimmick des pouems inspirés. Qu’elle se borne à sécher le linge. Totor, fais-nous la tempête pour la dame.

https://www.youtube.com/watch?v=uP67u23lgOk

Sale temps pour la jument

ça décoiffe!