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À propos de "Où vont tous ces gens ?"
Apprenti Onirien
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22/05/2007 03:24
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http://www.oniris.be/nouvelle/joanb-ou-vont-tous-ces-gens-3197.html

Bon, et bien, je souhaiterai répondre à tout un chacun qui le souhaitera, et réagir à 2.3 trucs...

1ers types de commentaires:

Les lourdeurs dans le texte, et les redites. Je dois en tout premier lieu me flageller (redites noms et noms). J'ai pas envoyé la version corrigée et bouclée (ca m'apprendra a enregistrer les 2 documents avec le même nom...)...
Que le style ne soit pas abouti, c'est normal, je n'ai aujourd'hui que 24 ans. Mais franchement, il y a une différence de niveau énorme en plus de 5 ou 6 ans avec ce que j'ai écrit avant... Et dans 5 ou 6 ans, ce sera encore mieux...
Je m'inspire trop de ma façon de parler, je peux mélanger des néologismes tordus, des torsions abominables de la grammaire, avec de jolis mots et de jolies expressions, avec des termes évolués... Une petite schizophrénie de la langue. Ou alors c'est ma génération qui veut ca... Vu comme était ceux d'avant, la prochaine sera vraiment pire alors ^^

La deuxième rafale de commentaires, c'est sur le rapport au monde ouvrier. Bon, et bien là, je présume qu'on ne sera pas d'accord. Tout d'abord, les prolos ne vont pas au bar. En tant qu'issu d'une famille de bistrotier, je m'interroge. Je ne dis pas que tous les prolos se bourrent la gueule tous les soirs jusqu'à 3 heures du matin au café. Le rade que je décris n'est pas le café lounge designé par Starck, avec un "dj" qui passe de la musique d'ascenseur et des cocktails à 7 euros minimum. Non, soyons sérieux. Ce que j'ai vécu et vu, c'est les petits employés, les chomeurs, ouvriers d'à coté, retraités, qui venaient taper le carton à la belote, prendre un petit apéro avant de rentrer, j'ai brodé avec ça... Et aussi, ils venaient oublier le stress, la pression du boulot, les cadences, décompresser un peu... Quand on voit qu'à l'hopital d'Amiens on appelait Continental (ou alors c'est Goodyear Dunlop) Auschwitz a cause des conditions de travail et des dégats sur les ouvriers...

Et j'ai basculé mon expérience de bistrot d'une ville moyenne vers le bistrot dans une plus petite ville. Je me suis imprégné du carnage social de la fermeture de Moulinex dans la région d'Alençon, qui est pas une mégalopole monstrueuse. Je me suis inspiré du canton de Saint-Romain-de-Colbosc, 18000 habitants, où y'a Renault Sandouville, si ça ferme, c'est la saignée économique. De toute la vallée de l'Huveaune des peintures Cami à Fralib, des moteurs Baudoin à Nestlé et j'en oublie... De la fermeture des mines de Gardanne, 20000 habitants en 1995... Et oui, désolé, y'avait des bistrots, et remplis de mineurs, qui venaient s'en jeter un ptit à l'occasion à la sortie.... Peut être que j'aurais pas du retranscrire le pastis du Sud autour des aciéries lorraines... C'est peut être ça ma faute.

Pourquoi un intérimaire dans le batiment en a quelque chose à foutre de la fermeture d'une usine ? Parce qu'en province, nombre de bassins de population se sont développés autour d'un ou deux gros poles, d'une ou deux grosses usines. J'ai parlé des mines de Gardanne, de Moulinex du coté d'Alençon... La fermeture, ça a fait du dégat, c'est bien pour ça que les licenciés étaient soutenus par toute la région ou micro région, avec des commerçants qui fermaient leurs boutiques les jours de manif...
Bref, il a fait son trou dans ce rade. C'est aussi pour ça que la fille est partie, je trouve, parce que de toute façon, il avait capitulé à l'idée de mettre du soleil par dessus la grisaille, donc elle est partie palper les rayons vers Marseille... Mais un vrai looser se plaint toujours et ne fait rien pour corriger sa situation...
L'hommage à la dignité ouvrière ? La volonté de ne pas mendier. Rester pudique, ne pas exposer aux autres ses malheurs. C'est cliché je sais, mais j'arrive pas à plus développer, c'est trop brouillon dans ma tête et j'ai sommeil ^^

Il connait ses gens, oui mais sans les connaitre. Tous ces gens qu'on croise, avec qui on échange trois mots, sans chercher à en savoir, sans en savoir plus tout court...

Et sur le rythme, j'avais envie de poser un cadre d'abord... Et pardonnez moi l'image, faire tomber une plume. Le texte tout doux et tout triste, mélancolie cotonneuse du mec seul... Avant de progressivement dézoomer et revenir sur le monde alentour...

En tout cas, merci, ça m'aidera à avancer.

Ps: Pas mal le coup du pilier du comptoir qui trouve que les autres bougent trop vite parce qu'il est immobile... J'y avais pas pensé...

Contribution du : 30/08/2012 06:37

Edité par David le 30/8/2012 11:49:50
Edité par David le 31/8/2012 13:37:52
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Re : A propos de "Ou vont tous ces gens ?"
Visiteur 
Bonjour Joan,

Toute la méprise à mon avis tient en ce mot que tu as noté en intro: dignité ouvrière.

Dans mon esprit, il y a eu (à tort peut-être) amalgame avec la classe ouvrière telle qu'on a pu la connaître jusqu'aux années 70... Tiens, je vais dire de Zola à Sartre (ou à Camus, pour les lecteurs d'Onfray).

Donc quand tu dis : Ce que j'ai vécu et vu, c'est les petits employés, les chômeurs, ouvriers d'à coté, retraités, qui venaient taper le carton à la belote, prendre un petit apéro avant de rentrer, j'ai brodé avec ça..., eh bien on est d'accord, on a vu la même clientèle MAIS je ne vois pas dans ce panel : une classe ouvrière !

Non pas que la classe ouvrière eut disparu, mais ses valeurs, telles qu'on les entendait, oui ! Lié en partie à une transformation de son environnement et dans cette cassure de génération post-68.

En un peu d'humour je dirais qu'elle a quitté les cafés pour retrouver ses "fondamentaux" CAD, ses usines et la rue...

Tu ne trouves pas qu'on parle plus aujourd'hui d'un petit monde d'habitués, plus que d'un petit monde d'ouvriers à la différence d'hier. Même si le rade est juste en face de l'usine, comme souvent les ouvriers habitent loin, ce n'est plus la même clientèle qui fréquente après la sortie des usines contrairement à avant. Aujourd'hui je ne sais pas quand tu bois un demi ou un café dans ce "rade", si c'est ton étiquette sociale ou ta personnalité qui est la plus exposée...

Par contre, je vois que tu es d'Amiens, et très sensibilisé par les problèmes d'emploi de cette ville picarde ! Rude combat !

Maintenant Joan, je vais t'engueuler ! Faire un texte aussi déprimant en étant fils de bristrotier ! Zut alors ! Si tu trouves que les cafés ou les bars-brasseries d'aujourd'hui n'ont plus d'âme, au secours ! Je te renvoie (entre autre) à l'ami Bohringer...

Enfin, tout cela se discute...

Contribution du : 30/08/2012 10:38
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Re : A propos de "Ou vont tous ces gens ?"
Maître Onirien
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Citation :
Pourquoi un intérimaire dans le batiment en a quelque chose à foutre de la fermeture d'une usine ? Parce qu'en province, nombre de bassins de population se sont développés autour d'un ou deux gros poles, d'une ou deux grosses usines. J'ai parlé des mines de Gardanne, de Moulinex du coté d'Alençon... La fermeture, ça a fait du dégat, c'est bien pour ça que les licenciés étaient soutenus par toute la région ou micro région, avec des commerçants qui fermaient leurs boutiques les jours de manif...
Bref, il a fait son trou dans ce rade.

C'est aussi pour ça que la fille est partie, je trouve, parce que de toute façon, il avait capitulé à l'idée de mettre du soleil par dessus la grisaille, donc elle est partie palper les rayons vers Marseille... Mais un vrai looser se plaint toujours et ne fait rien pour corriger sa situation...


Merci pour les réponses à deux de mes questions :)

Concernant la fille, ce n'était pas tant son départ qui me surprenait (je le trouvais presque tout à fait normal ^^) que la manière dont c'était amené.
J'ai parlé de "décousu" dans mon commentaire je crois, mais c'est aussi en accord avec la personnalité de cet homme et j'aurais du en tenir un peu plus compte :)

Concernant l'usine et le soutien de la population, je suis tout à fait d'accord, mais c'était également la manière dont les choses étaient amenées qui me semblaient étranges.

Pour le mélange des versions : je connais ça aussi ^^

Bonne continuation :) laisse tomber d'autres plumes.
placebo

Edit : il y a une 3e rafale de commentaires qui disent qu'ils ont bien aimé, ne pas les oublier :)

Contribution du : 30/08/2012 10:42
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Re : A propos de "Ou vont tous ces gens ?"
Maître Onirien
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Personnellement je trouve que dans pareille situation un pessimisme bien crade est nettement plus porteur qu'un angélisme où solidarité se métamorphose en pitié.

La classe ouvrière, première victime du capitalisme et surtout du matérialisme qui l'a tirée vers le bas, a bien changée ces 30 dernières années. Les maisons du peuple ne sont plus les universités ouvrières d'hier.

à vous relire pour d'autres aventures

Contribution du : 30/08/2012 11:10
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L'anarchie c'est l'ordre sans le pouvoir; l'humanité c'est de tenter de pouvoir arriver à ne se manifester que le positif qu'il y a en chacun de nous. Léopold...
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Re : À propos de "Ou vont tous ces gens ?"
Visiteur 
Bonjour, JoanB,

Je fais partie de ceux qui ont bien aimé votre texte, et je lis avec beaucoup d'intérêt les remarques des commentateurs.
Notamment, des réflexions m'apparaissent judicieuses, alors qu'elles ne m'avaient pas sauté aux yeux lorsque j'ai lu la nouvelle et l'ai commentée. Pourquoi ? Tout simplement parce que votre représentation a rejoint la mienne. Sauf que je ne vis plus en Moselle depuis plus de vingt ans.
J'ai connu le sacrifice des aciéries lorraines par Mauroy, les bus de sidérurgistes qui allaient à Paris, le chômage qui s'est installé brutalement, les dommages collatéraux sur le commerce, la sous-traitance, bref, l'époque fulgurante du déclin de la sidérurgie lorraine. C'était massif et brutal. En vous lisant, je me suis retrouvée là-dedans, j'ai replongé dans mes souvenirs de bistrots enfumés, bondés à 7h30, avec autour du comptoir les ouvriers et les chômeurs, et au fond, côté flipper, nous autres lycéens qui nous réchauffions avec un café ou un flipper (je n'y allais que lorsqu'il faisait -20°C, le tabagisme passif à la Gauloise, c'était pas mon truc, mais tout de même... ça marque). Sauf que vous parlez bien de MSN et Facebook, donc de l'époque actuelle. Et ça, je ne l'avais pas vu ! Je ne retirerai pas un mot de mon commentaire ni ne modifierai ma note (j'aime toujours votre texte). Mais force est de constater que JAC a raison sur le fond.

Misumena

Contribution du : 30/08/2012 12:46
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Re : A propos de "Ou vont tous ces gens ?"
Apprenti Onirien
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@JAC: Je suis pas amiénois, mais je connais le coin et ce qui s'y passe... Ayant eu des copains assistants parlementaires d'un certain Maxime

"Dans mon esprit, il y a eu (à tort peut-être) amalgame avec la classe ouvrière telle qu'on a pu la connaître jusqu'aux années 70... Tiens, je vais dire de Zola à Sartre (ou à Camus, pour les lecteurs d'Onfray).

Donc quand tu dis : Ce que j'ai vécu et vu, c'est les petits employés, les chômeurs, ouvriers d'à coté, retraités, qui venaient taper le carton à la belote, prendre un petit apéro avant de rentrer, j'ai brodé avec ça..., eh bien on est d'accord, on a vu la même clientèle MAIS je ne vois pas dans ce panel : une classe ouvrière !"

J'aurais peut être du parler d'une partie de la classe ouvrière (parce que pour moi la classe ouvrière ca se limite pas aux ouvriers d'usine... à la base, y'a une mauvaise traduction de l'allemand, le mieux est de parler de working class)... Ou alors je suis peut être trop conditionné par mon milieu, un milieu rouge, un milieu pcf-cgt jusqu'au fond des tripes (avec des permanents, des secrétaires d'UD...) et il me semble que dans les milieux encore controlés ou du moins influencés par ce courant, ce que j'ai pu dire, ça reste... Mais c'est purement subjectif...

"Aujourd'hui je ne sais pas quand tu bois un demi ou un café dans ce "rade", si c'est ton étiquette sociale ou ta personnalité qui est la plus exposée... "
Après moi mon rade préféré, aujourd'hui, là où j'habite, il est en face du Centre Technique Municipal, là où y'a les employés municipaux, ceux qui dès 4 heures du matin lavent les rues à grandes eaux, les éboueurs aussi... Bon si je brodais autour de ce que j'ai pu y voir et entendre, on retrouverait les textes du XIXe siècle sur le prolétariat inculte, mauvais, fourbe

"Maintenant Joan, je vais t'engueuler ! Faire un texte aussi déprimant en étant fils de bristrotier ! Zut alors ! Si tu trouves que les cafés ou les bars-brasseries d'aujourd'hui n'ont plus d'âme, au secours ! Je te renvoie (entre autre) à l'ami Bohringer..."

Au contraire, c'est juste que pour le moment, j'arrive pas à écrire autre chose que du "contemplatif-mélancolique"... J'arrive à pas à faire autre chose qu'essayer de poétiser le noir pour le rendre un peu plus gris... (Pourtant ma vie va bien )

En tout cas, merci pour tout.

@ placebo: merci à toi aussi. C'est que c'est c'est plus facile de discuter pour moi de discuter avec quelqu'un qui n'aime pas, qui n'est pas d'accord... Foutues études de philos et foutus dialogues de Platon

@Léopold: on pense pareil.

@misumena: Sauf que vous parlez bien de MSN et Facebook, donc de l'époque actuelle. Et ça, je ne l'avais pas vu ! Je ne retirerai pas un mot de mon commentaire ni ne modifierai ma note (j'aime toujours votre texte). Mais force est de constater que JAC a raison sur le fond.

Ben, j'y vois un basculement, et justement un changement d'époque... Mis à part le narrateur, y'a quand même que des "vieux" dans ce troquet. Le facteur retraité, des quadras... Les jeunes l'ont déserté. Ces vieux sont au passage justement les derniers mohicans d'un certain référentiel, d'une certaine vision du monde.... Monde qui va d'autant plus s'estomper avec la disparition de l'usine...
Wow, j'adore écrire des textes comme ça, même moi l'auteur, je finis par y trouver de nouvelles analyses au bout d'un moment...

Donc, encore une fois merci à tous, et si vous avez d'autres commentaires, d'autres conseils, des reformulations, je prends...

Contribution du : 30/08/2012 14:41
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Re : À propos de "Ou vont tous ces gens ?"
Expert Onirien
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Bonjour JoanB,

24 ans... haaaa ! Voilà qui fait rêver et pour l'erreur de texte, bienvenue au club.

Dommage que nombre d’explications de ce forum n'est pas été intégrées au texte. La prochaine fois sans doute.

Sinon deux petits points :
- qui peut bien être le cynique communicant qui a pondu la notion de "dignité ouvrière" ?
- il manque une précision dans votre description de la population du bistrot. C'est une population essentiellement masculine.

En tous cas, bonne continuation, je ne doute pas que le prochain texte soit meilleur encore.

Pepito

Contribution du : 31/08/2012 09:32
_________________
Celui qui écrit dans mon dos ne voit que mon… (Adage du banni)
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Re : À propos de "Où vont tous ces gens ?"
Apprenti Onirien
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"- qui peut bien être le cynique communicant qui a pondu la notion de "dignité ouvrière" ?"

Je ne sais pas. Je sais pas trop la théoriser, mais, là ce que ça m'évoque en guise d'explications, c'est les mains d'or de Lavilliers. C'est ptêtre cliché...

"- il manque une précision dans votre description de la population du bistrot. C'est une population essentiellement masculine. "

Effectivement

"En tous cas, bonne continuation, je ne doute pas que le prochain texte soit meilleur encore."

Merci

Contribution du : 31/08/2012 15:02
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Re : À propos de "Où vont tous ces gens ?"
Visiteur 
Les chansons de Lavilliers recèleraient des clichés ? Quelle idée !

(j'adore tout de même les albums de la période "O gringo"... et "Vallée de la Fensch". Rien que pour ça : "le ciel a souvent des teintes étranges, le nom des patelins se termine par -ange")

JoanB, nous allons nous entendre.

Misumena

Contribution du : 31/08/2012 15:54
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