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1 Utilisateur(s) anonymes
Abattement |
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Expert Onirien
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29/12/2008 13:05 Groupe :
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Je tiens tout d’abord à remercier l’ensemble des Oniriens qui ont pris un peu de leur temps pour commenter ce poème. Qu’ils en soient remerciés.
Je vais tenter de répondre aux questions et remarques qui m’ont été faites. Nul doute que certaines d’entre elles, par leur pertinence, ont eu en moi des résonnances singulières. Le fond, tout d’abord. Estelle a bien souligné mon dessein initial. Tout poème naît d’une excitation. Pour ce thème tant rebattu de l’hiver (mais existe-t-il encore des thèmes qui ne le sont pas ?), j’ai voulu rompre en visière avec la traditionnelle carte postale de la saison bucolique, de la dinde aux marrons et des cadeaux hypocrites, pour me concentrer uniquement sur le caractère réaliste du phénomène : l’hiver tue quelquefois, et même assez régulièrement… Trop de poètes idéalisent la nature ; j’ai fait le choix inverse : dans cet opus, la nature apparaît sous les traits d’une dangereuse marâtre, ou d’un bourreau sadique (j’ai pris le même coup avec mon automne supplicié). Amis de l’écologie lamartinienne (Viens, la nature est là qui t’invite et qui t’aime), bonsoir…Mais en voilà assez pour le signifié… Relativement à la forme, je ne vais pas m’appesantir sur le choix du sonnet. C’est une structure qui, chez moi, s’impose tout naturellement. C’est une sorte d’entêtement esthétique, j’en conviens, mais je n’y puis rien ! Une affaire de formule cybernétique peut-être… En ce qui concerne la composition maintenant, je voudrais insister sur la notion d’horizontalité. Tout le poème est fondé sur cette idée (« fuse comme une hache », « implorent à genoux », « rampe au loin », « les nids… sont brisés, profanés ainsi que des tombeaux » ; « chambre froide où l’on couche un cadavre ») ; elle le traverse littéralement comme la hache fend la base du tronc… Elle est même l’alpha et l’oméga du poème : Quand le vent de l’hiver fuse comme une hache Te voici chambre froide où l’on couche un cadavre… J’ai d’ailleurs reçu une excellente remarque de la part de David, qui me soulignait sa gêne quant à l’introduction des signes exclamatifs, verticaux, qui créait (il a raison, le bougre !) une espèce de paradoxe, d’incohérence. J’ai d’ailleurs décidé de les supprimer tous et de les remplacer par des points suspensifs, qui, par leur configuration spatiale même, suggèrent mieux l’idée sous-jacente. Abattement, quand tu nous tiens… En ce qui concerne le caractère clinique de l’image finale, je conviens aisément qu’elle peut choquer dans un cadre classique, mais sa bizarrerie est justement ce qui la rend marquante à mon goût. Vrai qu’il fallait oser. Peut-être est-ce trop ? Baudelaire a bien comparé des seins à une armoire ! C’est Baudelaire, me direz-vous, mais je ne vois pas pourquoi un poète amateur, qui n’écrit que pour se faire plaisir, ne pourrait pas comparer un bois à une chambre froide remplie de cadavres ! Bon, on arrête là. Je ne vais pas insister sur les allitérations et les rythmes. Chacun les jaugera selon son goût. Merci encore à tous pour vos lectures attentives, et attendez les beaux jours avant que de vous pendre ! Les bois sont si jolis en été !
Contribution du : 15/01/2010 12:01
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Re : Abattement |
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Visiteur
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salut!
Concernant le passage où tu dis vouloir casser le côté féérique de l'hiver en donnant ta propre vision, ton propre ressenti, tu as eu raison déjà pour l'originalité, et pour montrer un autre visage plus obscur de cette saison . Pour moi aussi l'hiver est une saison qui me "tue", et je me sens plus en accord avec ton poème qui traite très bien de ce sujet.
Contribution du : 15/01/2010 12:33
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Re : Abattement |
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Expert Onirien
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29/12/2008 13:05 Groupe :
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Merci Brume. La vision négative de l'hiver (ou d'une fin d'automne) n'est pas à proprement parler originale. On la retrouve chez Baudelaire (chant d'automne), mais aussi chez Rimbaud (Les effarés)...
D'ailleurs, j'ai commis un sonnet plus "chaleureux" sur cette saison avec songe d'un soir d'hiver. Comme je l'ai dit dans mon post précédent, tout dépend de l'impulsion émotionnelle initiale. Dans ce sonnet-là, c'est la tension érotique qui a déterminé le cours des vers et des images. Eros en grand transformateur... A l'inverse, dans celui-ci, c'est notre ami Thanatos qui s'est mis aux manettes...
Contribution du : 15/01/2010 14:27
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