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Re : "Adieu, vieille langue" de Clotilde
Visiteur 
Je viens de lire cette nouvelle, intriguée par le forum ouvert au sujet du "réalisme". Je crois que le problème vient du choix de la catégorie, l'auteur a entendu "réalisme" au sens des romans du même nom alors que le site ne catégorise pas de cette façon.

Contribution du : 30/12/2010 23:20
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Re : "Adieu, vieille langue" de Clotilde
Maître Pattie l'Orthophage
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Désolée, Clothilde, je ne résiste pas à ajouter mon grain de sel avant que vous répondiez (j'adore ce sujet : les guerres de langues, les langues ou le langage comme marqueur social, l'histoire des langues, le rôle de l'école dans l'imposition d'une tendance...)

Pour moi, française (Philippe est belge et n'a pas la même Histoire), le texte est indéniablement à la fois historique et réaliste. Ça se réfère à une période de l'Histoire de France où les gens, notamment dans les campagnes, étaient bilingues patois/français (parfois même seulement patois). Pour uniformiser tout ça, l'État a interdit le patois à l'école et (mais là, j'avance à tâtons, je ne connais pas les détails) dans les lieux officiels. L'école étant le lieu de formatage par excellence (puisque créé pour l'être), le patois est devenu un langage inférieur, honteux. Peu à peu s'est imposée l'idée que seuls les vieux paysans illettrés et mal dégrossis parlaient patois, et c'était la honte (pareil pour les accents du terroir).

Le patois existe toujours, et on en enseigne même une forme (l'occitan). Mais ça a été dur pour l'occitan de s'imposer, parce que ça "faisait paysan". Les parents, notamment, ont eu du mal à l'accepter. Mon père (né en 46) était plutôt contre le choix de l'option occitan par mon frère. Il a laissé faire, mais pour lui, c'était pas une langue d'école, puisque quand il était écolier, on lui faisait honte quand il le parlait.

Après, est-ce que le texte parle d'un fait qui s'est réellement produit ou pas... c'est tellement possible, que c'est pas grave pour moi. Pour d'autres amateurs de cette catégorie, ils aiment que ça reflète un fait réel, une histoire vécue.

Contribution du : 31/12/2010 01:25
_________________
C'est quoi cette mode de bâcler ses loisirs à toute vitesse ?
Turtle Power !
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Re : "Adieu, vieille langue" de Clotilde
Chevalier d'Oniris
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D'abord, je suis persuadé qu'une enfant qui a l'âge de commencer à parler est tout à fait réceptive à la moquerie des adultes.
Il faut aussi noter un fait qui pourrait être ressenti comme presque atroce par beaucoup de Clotilde quelques décennies plus tard : La classe bourgeoise, qui fut le bras armé de l'éradication du patois de la bouche des gens, retire aujourd'hui (dans certaines régions) une nouvelle distinction en faisant la promotion des langues régionales.

Contribution du : 31/12/2010 03:36
_________________
They moved away the information highway .....................................(Publicité)
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Re : "Adieu, vieille langue" de Clotilde
Apprenti Onirien
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07/12/2010 16:40
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Merci pour toutes vos contributions qui me font chaud au coeur.
Quelques correcteurs ont dit que ce n'était pas possible qu'une enfant de deux ans et demi ait pu être sensible à ce problème si tôt, or Clotilde c'est moi. Mes parents sont venus à la ville en 1950, et j'avais deux ans et demi. Maman était épicière, j'allais à l'école maternelle religieuse (car il n'y en avait pas d'autre) et j'étais sensible à la beauté de son langage. Je parlais un patois poitevin très prononcé, mais je ne me souviens pas que l'institutrice m'ait fait des remarques à ce sujet. Par contre, l'épisode chez la voisine m'a marquée profondément. Je ne peux voir aujourd'hui encore un objet en faïence sans y repenser.
Autre point de contestation : le jeu de dames. Je n'ai rien inventé. D'ailleurs, je dis dans mon texte que je ne gagnais jamais. La dame me prenait véritablement en considération, contrairement à ma mère ( oui, malheureusement ! ) et me poussait à jouer.
Evidemment, on saisirait mieux où j'ai voulu en venir si je publiais ma centaine de textes relatifs à mon enfance et à mon adolescence rassemblés dans un ouvrage que j'ai appelé " Petites gens". Tous ces textes peuvent se lire séparément mais s'éclairent les uns les autres en réalité.
En tout cas, le sujet de mon texte relève bien pour moi du réalisme et de l'Histoire, comme le dit Pattie. Dans mon ouvrage, c'est moins mon histoire personnelle en tant que telle qui m'intéresse que la chronique d'un milieu dont on ne parle jamais : celui des paysans ayant subi l'exode rural et atterrissant dans les faubourgs plus ou moins bien famés des villes.
Je ne sais pas ce qu'Oniris entend exactement par le terme "réalisme". En ce qui me concerne, j'essaie d'être au plus près de la réalité, par souci de la vérité, tout en sachant que chacun la perçoit de façon différente et se crée sa propre fiction.
J'aime beaucoup cet échange. Merci encore.

Contribution du : 31/12/2010 16:33
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Re : "Adieu, vieille langue" de Clotilde
Apprenti Onirien
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Je voulais faire encore une remarque.
A propos de mon texte, certains soulignent quelques lourdeurs. J'aurais aimé qu'on me signale lesquelles très précisément, car, en fait, je laisse souvent les parents de Clotilde parler leur langue patoisante.
Il y aurait beaucoup à dire sur l'éradication des patois et sur la promotion actuelle des langues régionales. C'est tout un débat.

Contribution du : 31/12/2010 16:50
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Re : "Adieu, vieille langue" de Clotilde
Maître Pat de Velours
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Permettez-moi de rectifier encore cette erreur qu'on vous a signalée :

Citation :

clotilde a écrit :
Quelques correcteurs ont dit que ce n'était pas possible qu'une enfant de deux ans et demi ait pu être sensible à ce problème si tôt,


Sur Oniris, les correcteurs corrigent les textes en vue de leur publication. C'est tout. Ceux qui en parlent sont des commentateurs : groupe de lecture, membres du comité éditorial, avant la publication ; tout membre d'Oniris qui le souhaite, après la publication.

Contribution du : 31/12/2010 17:47
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"Il faut deux ans pour apprendre à parler et toute une vie pour apprendre à se taire." Proverbe chinois
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Re : "Adieu, vieille langue" de Clotilde
Visiteur 
Je viens de laisser un long commentaire sur le texte.

On aura beau me dire ce qu'on veut, à deux ans et demi les enfants ne réagissent pas de la sorte, ensuite il y a ce que l'on appelle l'amnésie infantile qui rend inaccessible cette partie de la mémoire (amnésie qui est liée à la maturation du cerveau et au développement du langage) par contre on s'autopersuade avec une facilité surprenante. Nous nous construisons des souvenirs, souvent à partir de ce que nos proches nous racontent. Les souvenirs de la petite enfance sont toujours à manier avec prudence.
Je vous conseille Pourquoi la vie passe plus vite à mesure qu'on vieillit de Douwe Draaisma, qui traite formidablement de la mémoire.

Sinon, oui, une petite fille de deux ans est sensible à la moquerie, elle va hurler, pleurer...

Sinon, juste une petite question de curiosité, poitevin de où? (je suis poitevine et patoisante)

Contribution du : 25/02/2011 00:33
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Re : "Adieu, vieille langue" de Clotilde
Apprenti Onirien
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Je t'ai répondu en message privé. Bien sûr que les souvenirs sont à manier avec prudence, je le sais bien, mais je me vois encore devant le chien de faïence. Je n'ai pas pu inventer une chose pareille.
Le monde dans lequel j'ai évolué était très petit, alors j'ai passé mon enfance à observer.

Contribution du : 08/03/2011 19:10
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Re : "Adieu, vieille langue" de Clotilde
Apprenti Onirien
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Autre chose : non, je ne hurlais jamais, car j'ai vite compris avec ma mère que cela n'était pas possible. Je gardais les choses pour moi, ruminais éventuellement des vengeances.

Contribution du : 08/03/2011 19:12
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Re : "Adieu, vieille langue" de Clotilde
Visiteur 
Citation :
Je t'ai répondu en message privé. Bien sûr que les souvenirs sont à manier avec prudence, je le sais bien, mais je me vois encore devant le chien de faïence. Je n'ai pas pu inventer une chose pareille. Le monde dans lequel j'ai évolué était très petit, alors j'ai passé mon enfance à observer.

Justement si vous vous voyez, ce ne peut être un souvenir (on ne se voit pas, c'est impossible)
ensuite l'incident a dû vous être raconter à de nombreuses reprises, sans doute s'est-on moqué de vous pendant des années avec cette histoire de chien.
Bref, il s'agit d'une construction mémorielle à partir de ce qu'on a raconté, d'ailleurs le fait de se voir soi-même est typique de ce genre de "souvenir" (dixit le livre que j'ai cité plus haut)
Le cerveau est tout a fait capable de créer des faux souvenirs aussi réels que des vrais.


Enfin bref, cette histoire de manque de crédibilité vis-à-vis de cette histoire d'âge, on vous en fera très souvent la remarque et ça risque de rebuter les lecteurs.

Contribution du : 11/03/2011 18:59
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