Un grand merci au CE, aux lectrices et lecteurs venus se perdre dans ce désastre de nuit où nous n’irons pas décrocher la lune. Il me semblait intéressant de la regarder autrement et de vous offrir la facette moins majestueuse de celle-ci. Là voilà donc descendue de son piédestal, elle fera moins la maligne…
Un vers a suffi pour que l’ivresse se propage... « La lune repue de rêves égorgés ». Tout est parti de là.

Robot, j’aime l’idée du lecteur libre, imaginatif sur ce lieu d’observation qui suit le corps céleste à travers les images...
Ornicar, j’ai pris grand soin à vous lire.
mais où est donc passé cet astre admirable ? C’est tout de même un signe, ne dit-on pas « con comme la lune »
Provencao, pâlotte et placide même outragée par le grand soleil...Vous voyez comme on ne peut pas promettre la lune...
Fanny, juste une lubie...Depuis des lunes, il était temps de dépoussiérer et de faire le vide dans le cosmos…
Papipoète, ami Pierrot prête moi ta plume au plus noir de la lune...Amusant ce « profil bas », j’imaginais la lune vexée avec son air médusé, tête baissée, ayant perdu de sa superbe...Elle inspire tant les poètes mais moi je peux me permettre ce plongeon renversé puisque je ne suis pas poète...
Myndie, juste un petit uni vers...étais-je donc lunatique, privée de mon croissant de lune  ?
Etienne, il fallait planter le décor tout d’abord pour s’attaquer à Sa Majesté...Puis, lancer mes cailloux dans la lune…Mais je la surveille de près lorsque le temps s’y prête et elle devient miraculeuse...
Vincente, je suis ravie de votre appréciation. Je m’amuse, parfois, lorsque j’écris. Je porte plume et voyage sans boussole au risque de m’égarer, jusqu’à divaguer. Le monde de l’écriture est infini.
Cristale, je te le dis : c’est une faiseuse de bonne aventure et il n’y a rien de bon à être dans la lune…
Cyrill, j’ai eu l’idée de couper mon texte, de le raccourcir puis ne l’ai pas fait. Trop de choses à dire sur cet astre qui ensorcelle. Peut-être, étais-je déjà trop loin de l’atmosphère terrestre ? Mes mots mis en orbite, l’apesanteur faisant le reste, un souffle qui se raréfie sans tomber dans la sphère de mauvaise influence...
Louis, aucune expérience vécue malheureuse associée à cet astre, je ne suis jamais allée dans la lune.
Thomas Pesquet peut nous en dire davantage. Juste la lune dans mon viseur, c’était ma mission lunaire !
Stéphane Mallarmé évoquait sa face pleureuse, son air de veuve inconsolable. Guy de Montpassant écrivait « La lune se lève. Oh ! Ils délirent...en parlant des poètes qui encensaient l’astre de nuit dans sa lettre « La lune et les poètes » que vous avez évoquée dans votre commentaire. Belle référence !
Polza, comme vous, il m’arrive très souvent de ne laisser que mon ressenti. N’est-ce pas le plus bel état que vous pouvons laisser après une lecture ? C’est de nos rêves avortés que la lune est repue pas des siens…

Merci encore pour tous vos ressentis. Je vous offre ce très joli texte. C’est une chanson d’Art Mengo que j’aime beaucoup.

L’Enterrement de la lune

J’ai pleuré pour l’enterrement
Pour l’enterrement de la lune
Deux fossoyeurs vêtus de blanc
Plantaient leur drapeau sur ses dunes
Ce fut un sale mois de juillet
Et sur les journaux à l’une
On vit longtemps son corps souillé
D’une vulgaire tâche brune

J’ai pleuré pour l’enterrement
Du rêve et des sonates au clair
D’Arthur, Verlaine et leurs enfants
Cent mille ans de promesses en l’air
J’ai vu de sinistres savants
Sabrer en s’essuyant les pieds
Sur cet astre aux reflets d’argent
Un champagne aux bulles viciées
J’ai pleuré pour l’enterrement
Pour l’enterrement de la lune
Deux croque-morts sautaient gaiement
D’un cabriolet de fortune
Armstrong et Collins, quel dommage
Pour moi vous étiez dans le jazz
Soufflant en notes vers les nuages
Quelques unes de plus belles phrases
J’ai pleuré pour l’enterrement
Du rêve et des sonates au clair
D’Arthur, Verlaine et leurs enfants
Et de ces lunes qu’eux décrochèrent
Ce fut un sale mois de juillet
Et sur les journaux à l’une
On vit longtemps son corps souillé
D’une vulgaire tâche brune

oui, depuis lors, on peut regarder la Lune d'une autre façon
" vierge " qu'elle n'est plus
mais elle me tend encore une oreille attentive, quand je lui parle " entre quatre s'yeux "
papipoète

Bonjour Eki
"je te le dis : c’est une faiseuse de bonne aventure et il n’y a rien de bon à être dans la lune…"

La Lune ! Un vaste sujet qui m'interpelle comme tu ne peux même pas imaginer.

On est pas prêt de l'enterrer cette fille de la Terre, son omniprésence est lourde parfois mais, en même temps, cet attachement est viscéral.
Ce qui me manquerait ce serait l'absence de marées...j'aurais moins de coquillages à ramasser...et le rivage s'ennuierait, que dire du désespoir des galets : qui les ferait rouler sur le sable ?

Une personne chère de ma connaissance a écrit : "On dit que l'homme y a mis le pied, ce rustre, moi j'y mettrai la main". C'est joli, non ? pour te dire comme elle est adulée.

Mais ta façon de la traiter est aussi un peu méritée, ça lui apprendra, à cette fierotte pâlotte, à redescendre un peu sur Terre.

Merci Eki pour ce retour.

Extrait de tristesses de la lune de Charles Baudelaire

Sur le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l'azur comme des floraisons.

Merci Papipoète pour votre retour !

Pouvoir attractif de cette reine qui nous fascine, charmeuse de poètes !

Extrait de La lune blanche de Paul Verlaine

Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l'astre irise...
C'est l'heure exquise.

Merci Cristale pour ce retour apprécié !

Bonjour Eki,

Merci pour votre retour sur commentaires et la chanson et les extraits de poèmes.

Je me permets d’apporter ma petite contribution à la lune dans un autre registre (avec un style un peu moins châtié, je l’admets volontiers) avec une chanson de Mano Solo, artiste que j’aimais beaucoup et fils du regretté Cabu (qui a bercé mon enfance quand je regardai Récré A2) en plus !

Si la chanson ne vous plaît pas, faites-le-moi savoir, je supprimerai mon message…

C’était un soir de lune,
Un peu bourré, un peu perdu.
Mes pas suivaient le ruisseau
D’un putain de caniveau.
Sa bouche donnait à rêver
A n’importe lequel du quartier.
C’était une de ces grosses keubla,
Elle s’appelait Seena.
Alors le rêve ça coûte cent balles,
Allonge mon vieux, c’est mon casse-dale.

Et la lune reflétait par terre
Comme une étoile de mer,
Et la lune reflétait par terre
Comme une étoile de mer.

J’ai suivi ses pas qui claquaient devant moi,
Au cent-vingt-huit de la rue Saint Denis,
On n’espère pas, on oublie.
Que la lune reflétait par terre
comme une étoile de mer.

Et je marche dans les rues
Sans savoir, sans savoir vraiment
Ni comment, ni pourquoi oh oh oh,
J’en suis arrivé là.

Et la lune reflétait par terre
Comme une étoile de mer...

Un grand merci, Polza, pour cette chanson...

Tous les échos sont les bienvenus ici, les résonances dans le crépuscule...La lune veille la nuit.

Pleine lune
Je vis dans ce monde
Qui pourrait se désagréger en un clin d'oeil.

Orika Nishikawa