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Alice MUNRO prix Nobel de littérature 2013 |
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Alice MUNRO vient de recevoir à l’instant le prix nobel de littérature 2013. Je ne connaissais pas cette auteure canadienne née en 1931, considérée par l’académie suédoise comme « la souveraine de l’art de la nouvelle contemporaine » . Ça devrait intéresser les auteurs du site.
Son dernier bouquin s’intitule « Trop de bonheur ». En voici une revue de presse et un extrait de son style : Revue de presse : Les implacables nouvelles d'Alice Munro prennent toujours des directions que l'on n'attend pas. Sans effet, avec autant de simplicité que de maîtrise, la Canadienne fait mouche à chaque fois. Mrs Munro s'intéresse à l'essentiel. Elle parle comme personne des relations entre les hommes et les femmes, les adultes et les enfants. Des destins qui prennent de terribles tournures. Des drames et des bonheurs. Des rêves et des frustrations. De la perte et du temps qui passe. (Alexandre Fillon - Le Journal du Dimanche du 31 mars 2013) Depuis son premier livre, La Danse des ombres heureuses, paru en 1968, la Canadienne Alice Munro (née en 1931) est demeurée fidèle à la nouvelle. Brèves histoires de vérités cachées, de fuites improbables ou de capitulations. Elle accompagne des femmes apparemment ordinaires, les regarde vivre, avec leurs contradictions et leur solitude infinie. Dans ce nouveau recueil, Trop de bonheur, Alice Munro évoque aussi des rendez-vous inattendus, des gestes incongrus qui bouleversent une vie... Derrière la vitre bien propre du quotidien, l'auteure distingue le mensonge, l'humiliation, la malice du destin. (Christine Ferniot - Télérama du 10 avril 2013) Sélectionné parmi les dix meilleurs livres de 2012 par le New York Times, Trop de bonheur (Editions de l'Olivier) s'inscrit à première vue dans le prolongement des précédents livres de l'auteur : reliées à la sphère domestique, ces dix histoires brassent les thèmes de la famille, du couple et de la filiation... Mais à la cohorte de couples en crise, d'enfants mal dans leur peau, Munro adjoint un ingrédient inattendu : la matière inquiétante et crapuleuse du fait divers, à travers infanticide, meurtre, accident de la route ou prostitution... En passant ces motifs dignes d'une fiction «pulp» au filtre des sentiments, Munro redéfinit le statut de la nouvelle de veine intimiste et lui confère un nouvel essor. (Emily Barnett - Les Inrocks, avril 2013) Ce que pointe Alice Munro, dans ce (dys)fonctionnement qui débouchera sur le pire des drames, c'est la tendance de tout couple, peut-être, à se croire unique et à penser que lui seul peut comprendre ce qui l'unit, au mépris de ce que le premier observateur venu constate ou devine. C'est cette croyance romantique dans le caractère exceptionnel de la connaissance que l'on a de l'autre, et qui, dans les cas les plus graves, conduit à accepter l'inacceptable. Doree croit ainsi qu'il y a " des choses auxquelles elle (est) habituée " et qu'une autre personne ne peut pas comprendre. Son mari a, selon elle, une façon de voir qui lui est propre : " Il (est) comme ça, voilà tout ", préfère-t-elle penser. " La vérité entre eux, ce qui les lie, conclut-elle, n'(est) compréhensible à personne d'autre qu'eux et ne regard(e) d'ailleurs personne. " Ayant mis en place, sans chercher à en démêler les fondements, les conditions de cet aveuglement, la nouvelle rend ainsi crédible la violence inouïe qui fait voler en éclats cet équilibre artificiel, fait de soumission, d'illusion et de déni. (Florence Bouchy - Le Monde du 4 juillet 2013) Extrait de « Trop de bonheur » : Dimensions « Dorée dut prendre deux autocars - l'un jusqu'à Kincardine, où elle attendit celui qui allait à London, où elle attendit cette fois le bus urbain qui conduisait à l'institution. Elle entreprit cette expédition un dimanche à neuf heures du matin. A cause de l'attente à chaque changement, elle mit six heures environ à parcourir les cent cinquante et quelques kilomètres. Tout ce temps qu'elle passa assise dans les différents véhicules et dans les stations ne dut pas lui être désagréable. Dans son travail quotidien, elle n'avait guère l'occasion de s'asseoir. Femme de chambre à l'hôtel Blue Spruce, elle récurait les salles de bains, défaisait et faisait les lits, passait l'aspirateur sur les tapis et nettoyait les miroirs. Elle aimait son travail - il occupait ses pensées jusqu'à un certain point et lui causait une telle fatigue qu'elle parvenait à dormir la nuit. Il lui arrivait rarement d'affronter des tâches trop répugnantes, bien que ses collègues de travail eussent évoqué des expériences à vous dresser les cheveux sur la tête. C'étaient des femmes plus âgées qu'elle qui estimaient toutes qu'elle aurait dû s'efforcer d'améliorer sa situation. Elles lui conseillaient de suivre une formation pour un emploi derrière le comptoir pendant qu'elle était encore jeune et présentable. Mais ce qu'elle faisait suffisait à la contenter. Elle ne voulait pas avoir à parler avec des gens. Aucun de ceux avec lesquels elle travaillait ne savait ce qui était arrivé. Du moins, s'ils le savaient, ils n'en laissaient rien paraître. Elle avait eu sa photo dans les journaux - celle qu'il avait prise d'elle et des trois enfants, le nourrisson, Dimitri, dans ses bras, et Barbara Ann et Sasha de part et d'autre, regard tourné vers l'objectif. Sa chevelure était longue et ondulée alors, brune, boucles et couleur naturelles, ainsi qu'il les aimait, et son visage doux et réservé - reflet moins de sa façon d'être à elle que de la façon dont il voulait la voir. Depuis lors, elle avait coupé ses cheveux très court, les avait décolorés et défrisés, et elle avait perdu beaucoup de poids. Elle se faisait appeler par son second prénom désormais : Fleur. Sans compter que l'emploi qu'on lui avait trouvé était dans une ville assez éloignée de l'endroit où elle avait vécu avant. C'était la troisième fois qu'elle faisait le voyage. Les deux premières il avait refusé de la voir. S'il recommençait cette fois-ci, elle renoncerait, tout simplement. Et même s'il la voyait, peut-être ne reviendrait-elle pas pendant un certain temps. Il fallait rester raisonnable. A vrai dire, elle ne savait pas ce qu'elle ferait. Pendant le premier trajet en car, elle ne s'était pas inquiétée. S'abandonnant au mouvement et regardant le paysage. Elle avait grandi sur la côte, où il y avait un printemps digne de ce nom, mais ici on sautait presque directement de l'hiver dans l'été. Un mois plus tôt il y avait de la neige, et à présent il faisait assez chaud pour aller bras nus. D'éblouissantes étendues d'eau miroitaient çà et là dans les champs et la lumière du soleil pleuvait à travers les branches sans feuilles. Dans le deuxième car, elle commença à se sentir tendue et ne put s'empêcher d'essayer de deviner quelles femmes parmi celles qui l'entouraient devaient se rendre au même endroit qu'elle. C'étaient des femmes seules, d'ordinaire vêtues avec soin, de manière peut-être à faire croire qu'elles se rendaient à l'église. Les plus âgées semblaient appartenir à des paroisses rigoristes, à l'ancienne, où il fallait porter jupe, bas et un semblant de couvre-chef, tandis que les plus jeunes auraient pu être les fidèles d'un culte moins compassé, acceptant les tailleurs-pantalons, les écharpes de couleur vive, les boucles d'oreilles et les coiffures gonflantes. »
Contribution du : 10/10/2013 14:19
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Re : Alice MUNRO prix Nobel de littérature 2013 |
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Expert Onirien
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17/04/2012 21:15 De Capens
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Bonne initiative Ludi, je ne connaissais pas non plus cette auteure avant d'en entendre parler à la radio.
Une chose m'a interpellé dans son oeuvre, elle n'a écrit que des nouvelles. Voilà qui laisse de l'espoir au Onirien(e)s ;=)
Contribution du : 10/10/2013 16:44
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Celui qui écrit dans mon dos ne voit que mon… (Adage du banni) |
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Re : Alice MUNRO prix Nobel de littérature 2013 |
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Onirien Confirmé
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27/11/2013 09:18 Groupe :
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J'ai découvert moi aussi Alice Munro cette année, à l'occasion de ce prix presque inconnu qu'elle a reçu (c'est d'ailleurs je crois la première fois qu'une nouvelliste le reçoit).
Du coup en ce moment je lis "Les lunes de Jupiter". Est-il besoin de préciser, parlant d'une auteure qui a reçu un prix nobel, que c'est vraiment pas mal ? ^^ Les histoires sont riches et longues, on ne s'ennuie néanmoins jamais, et le style d'écriture et la dimensions philosophique qui en ressort me rappellent un peu Virginia Wolf (en moins... ... Virginia Wolf...).
Contribution du : 15/12/2013 17:11
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Re : Alice MUNRO prix Nobel de littérature 2013 |
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Maître W
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19/01/2008 01:44 Groupe :
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J'ai acheté le mois dernier son recueil, Fugitives.
Je vous en dirai des nouvelles... W
Contribution du : 15/12/2013 18:34
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Re : Alice MUNRO prix Nobel de littérature 2013 |
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Expert Onirien
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02/10/2013 12:55 De La Thébaïde
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M'as tout l'air sympa cette dame ! M'en vais aller voir ça de plus près...
Merci Ludi ! Sans toi je serais passé à côté... J'avais cependant entendu la nouvelle mais sans flasher... Quelqu'une qui semble savoir à quoi s'en tenir en ce qui concerne les curés ;) Galère ! Peut m'être que sympathique :) Brabant
Contribution du : 15/12/2013 19:37
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"Je suis le Ténébreux,- le Veuf,- l'Inconsolé,/ Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :/ Ma seule Etoile est morte,- et mon luth constellé/ Porte le Soleil noir de la Mélancolie." "El Desdichado" G. de Nerval |
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Re : Alice MUNRO prix Nobel de littérature 2013 |
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Maître Onirien
Inscrit:
11/05/2009 17:20 Groupe :
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Merci Ludi,
As-tu une recette pour copier-coller, ou as-tu été obligé de tout écrire au clavier? Tu m'as donné envie d'aller voir....... Quant à toi Widj, je te vois déjà jouant les modestes à Stockolm, style " d'autres le méritaient autant que moi " , mais si je conseille à tous de lire tes nouvelles dont je connais un 'bon petit peu' , je te dirai à l'occasion si tu roules vers le Nobel, après avoir comparé.
Contribution du : 16/12/2013 11:54
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L'important c'est Dieu, qu'il existe ou qu'il n'existe pas. |
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Re : Alice MUNRO prix Nobel de littérature 2013 |
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Maître W
Inscrit:
19/01/2008 01:44 Groupe :
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Citation :
Je n’aurai jamais le prix Nobel. Passe encore. Mais je n’aurai : Ni le Goncourt. Ni le Renaudot Ni le prix des Lycéens Pas même le prix Franck Ribery. La loose, quoi. Le monde, à l’instar des femmes après 40 ans, part en guenilles C’est triste. W. (auteur triste)
Contribution du : 16/12/2013 18:30
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Re : Alice MUNRO prix Nobel de littérature 2013 |
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Visiteur
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W se permet d'écrire ceci et attention ça va chauffer :
"Le monde, à l’instar des femmes après 40 ans, part en guenilles C’est triste" Et mon coup de pied au c.. tu le veux tout de suite ou tu demandes pardon, Chaton, et vite ? Ces jeunes j'vous jure... :)
Contribution du : 16/12/2013 19:22
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