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Re : Bas-Meudon
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Bonsoir, Palimpseste. Nos échanges en étaient restés à l'aigre-doux consécutif à Trois scènes de nu, et je vous sais gré de ce commentaire chaleureux sur Bas-Meudon. Cet entrelacement que vous pointez est justement ce qui m'a intéressé dans l'écriture de cette nouvelle, avec la recherche d'un point de vue (ou focalisation) variable que je ne suis pas sûr d'avoir maîtrisé comme je l'aurais voulu, mais bon, j'ai essayé.
Il este qu'en effet j'ai peut-être été amené à un peu de mièvrerie face à un homme qui demeure énigmatique et inquiétant. Mais là aussi, il faut assumer et j'assume. Après tout, un auteur peut être conduit à créer des situations qui ne reflètent pas sa propre pensée: je ne pense pas que Camus ait rêvé de vider des chargeurs de revolvers sur les Arabes; et cependant il y a Meursault...
Cordialement.
Marc Laroche

Contribution du : 12/06/2013 22:58
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Re : Bas-Meudon
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... « La France hait d’instinct tout ce qui l’empêche de se livrer aux nègres. Elle les désire, elle les veut. Grand bien lui fasse ! qu’elle se donne ! par le Juif et le métis toute son histoire n’est au fond qu’une course vers Haïti. Quel ignoble chemin parcouru des Celtes à Zazou ! de Vercingétorix à Gunga Diouf. Tout y est ! Tout est là !

Le reste n’est que farce et discours. La France brûle de finir nègre, je la trouve fort à point, pourrie, croulante de métis. L’on me fait bien rigoler lorsque l’on m’annonce 5 ou 800 000 juifs en France ! La bonne plaisanterie ! Rien que Saint-Louis, le bien nommé, en fit baptiser 800 000 d’un seul coup dans la Narbonnaise ! Pensez s’ils ont fait des petits ! Encore 50 ans, plus un seul français qui ne soit métis de quelque chose en « ide », araboïde, arménoïde, bicoïde, polonoïde...

Et « français » bien entendu cent mille fois plus que vous et moi. L’arrogance « patriotique », le culot est toujours en proportion du métissage, de la juiverie personnelle. Un autre très bon journal [que Je suis partout] est à créer, très opportun, le « Jaune et noir » emblème de l’avenir français [Référence de Céline au journal Le Rouge et le noir, ayant éreinté avant-guerre Bagatelles pour un massacre]. Si la guerre civile avait duré ce serait d’ailleurs déjà fait. Nous aurions deux millions de morts, aryens, remplacés immédiatement (dixit Mandel) par deux millions d’asiates et nègres, le grand programme juif. Tout le reste est hyperbole, discours hyperbolique foireux, jactances pour Arthur [allusion à une célèbre publicité de l’époque]. Constituez en France un parlement selon les races (et non plus selon les plus baveux) vous ne trouverez plus qu’une aile droite « Vercingétorix » insignifiante par le nombre, le reliquat des origines, le reste des « Celtes », brimés par un centre énorme, protubérant, gueulard, impératif, récriminant, majoritaire écrasant, le marécage des hybrides, croassants, sous commandement Blum, et composé de tous les négroïdes du monde, arménoïdes, assyriotes, narbonnoïdes, hyspanotes, auvergnoïdes, pétanistes, sémites maurassiques, etc. etc. Tout ce qui hurle le plus « français » et se sent de plus en plus cafre, et puis une aile gauche bougnoule, en pleine croissance. Bien plus sympathique à vrai dire en comparaison les carrément « Abd-el-Kader », nubiens, « Gunga Dioufs », les hilares, les héritiers celtes. Réduire l’aile droite à l’esclavage, la faire disparaître, tel est l’idéal presque avoué de ce parlement. Point de protestations baveuses, de mains sur le cœur ! Merci ! Tous les métis, les allogènes, les Maurras etc, sont animés d'une haine sourde, animale, irréductible pour tous les Celtes et les Germains. Le Parlement racial français dans sa majorité écrasante appelle de tous ses vœux la défaite absolue de l’Allemagne et de son idéal raciste. Il faut comme le proclame Churchill « effacer l’Hitlérisme de la carte du monde ». On s’entend. Le pavillon national français couvre toutes les marchandises. La France actuelle si métissée ne peut être qu’anti-aryenne, sa population ressemble de plus en plus à celle des États-Unis d’Amérique. Même voeux, même politique profonde. Ahuris de partout rassemblés sous commandement juif, plus quelques débris d’indigènes nordiques et celtes à la traîne, fondants d’ailleurs, en voie de disparition (là-bas des peaux rouges).

Voyez nos équipes nationales sportives, bariolages grotesques, hâtifs racolages de n’importe qui, pêchés n’importe où, d’Afrique en Finlande ! [On dirait du Finkielkraut, voire du Zemmour]. Le coup de grâce, sans conteste, nous fut porté par la guerre 14-18 : deux millions de morts, plus cinq millions de blessés et d’abrutis par les combats et l’alcool, soit toute la population masculine vaillante (en majorité aryenne bien entendu) lessivée, anéantie. Et parmi ceux-ci, certainement tous nos cadres réels, tous nos chefs aryens. La question des chefs ! La masse ne compte pas. Elle est plastique, quelconque, elle fait viande, poids de viande, c’est tout. La guerre, la vie le prouvent. La masse, la troupe ne vaut que par ses cadres, ses chefs. La troupe la mieux encadrée gagne la guerre. C’est le secret, c’est le seul. Nos chefs, nos cadres sont morts pendant la guerre super-criminelle 14-18. Ils ont été immédiatement remplacés au pied levé par l’afflux des arménoïdes, araboïdes, italoïdes, polonoïdes etc. tous énormément avides, bercés depuis toujours au rêve, dans leurs bleds infects, de venir jouer ici les chefs, de nous asservir, nous conquérir (sans aucun risque).

Une magnifique affaire ! Nos héros 14-18, leur cédèrent sans barguigner leurs places toutes chaudes. Elles furent comblées immédiatement. 4 millions de polichinelles anti-français de corps et d’âmes, français de jactance seulement, on a bien vu ce que valaient les cadres Boncourt, les naturalisés Mandel pendant la guerre 39-40 ! Les femmes se marient avec ce qu’elles trouvent ! Certes ! Nouvelle floraison de métis ! Quelle comédie ! Quel lupanar ! Ainsi soit-il ! « Ils viennent jusque dans nos bras ! Égorger etc. » Ce ne sont pas du tout les « féroces soldats » qui ravagent et détruisent la France mais bien les renforts négroïdes de notre propre armée. Pour être juste, ils n’égorgent rien du tout, ils saillent. Et c’est l’imprévu de la « Marseillaise » ! Rouget n’avait rien compris, la conquête, la vraie de vraie, nous vient d’Orient et d’Afrique, la conquête intime, celle dont on ne parle jamais, celle des lits. Un empire de 100 millions d’habitants dont 70 millions de cafés au lait, sous commandement juif est un empire en train de devenir Haïtien, tout naturellement. Sommes-nous complètement abrutis ? C’est un fait, par l’alcool et le métissage, et puis pour bien d’autres raisons... (voir Les Beaux draps, interdits...)

Anesthésiés, insensibles au péril racial ? Nous le sommes, c’est l’évidence. 50 000 étoiles jaunes n’y changeront rien. La France entière pour un peu, plus dreyfusarde que jamais, par sympathie si chrétienne, arborerait avec fierté le signe judaïque. [Certains « originaux » se mirent sous l’occupation à porter l’étoile jaune en signe de solidarité avec les Juifs] Légion d’honneur nouvelle, zazou, beaucoup plus justifiée que l’autre. Et tout pour Blum et pour De Gaulle ! Mûrs pour être colonisés ? Nous le sommes ! Par n'importe qui ! Parler de racisme aux français, c’est parler de sang pur aux bicots, mêmes réactions. Vous ne faites plaisir à personne. Vichy s’occupe paraît-il du racisme, à sa façon, comme il s’occupe de mes livres, il a doté M. Carrel [Alexis Carrel, conseiller en racisme eugéniste du gouvernement de Pétain] fakir Lyonno-New-Yorkais, de 50 millions de crédits (Bouthillier-Reynaud) pour s’occuper de la chose. Allez un petit peu demander à ce Claude Bernard ce qu’il pense du problème juif !...

Vous serez servis. À peu près ce qu’en pensent, j’imagine, Mr Spinasse et le général Mac Arthur ! « Pensez racontent ses assistants que si Mr Bergson était encore là, les allemands lui feraient porter l’étoile jaune ! » Autant par les crosses !
Alors beau chose, dites-nous vous même, un petit peu, ce que vous préconisez ? [Céline, pressé par son contradicteur imaginaire, s’apprête maintenant à dégainer son programme idéal. Attention, ça va faire mal.] Ah ! que c’est plus délicat... malcommode... ardu... cruel... Que Dieu me garde du pouvoir ! des lourdes confiances populaires ! Je les mettrais toutes en bouillie ! Je découperais d’abord la France en deux morceaux. Pour la commodité des choses, la tranquillité des parties. Le slogan « Une, Indivisible » m’a toujours semblé un truc de « maçons ». Au point où nous sommes arrivés dans la décadence, nous serons forcément têtards dans l’« Indivisible » nous les gens du Nord, puisque c’est le Sud qui commande, c’est à dire le juif. Les Romains trop métissés se sont donnés deux capitales, j’en ferais tout autant. Marseille et Paris. L’une pour la France méridionale, latine si l’on veut, byzantine, « suralgérique », tout aux métis, tout aux zazous, où l’on aurait tout le loisir, toute la liberté d’héberger, chérir à fond tous les plus beaux youtrons du monde, de les élire tous députés, commissaires du peuple, archevêques, druides, génies, de se faire endaufer par eux, à l’infini, en attendant de tous passer nègres, l’affaire de trente ou cinquante ans, au train où poulopent les choses, d’atteindre enfin le but suprême, l’idéal des Démocraties. L’autre pour la France « nord de la Loire », la France travailleuse et raciste, sans Blum, sans Bader, si possible, sans Frot non plus, c’est à tenter. Je crois qu’il est peut-être temps que s’opère quelque grande réforme...

La France idéal St-Domingue ne m’intéresse vraiment pas. Peut se la farcir qui se présente, je m’en fous très énormément. Je regrette tout simplement d’avoir laissé tant de ma viande (75 pour 100) pour défendre cette saloperie qui ne rêve que de Lecache [fondateur de la Ligue Contre l’Antisémitisme, future LICRA]. Une si grande guerre, tant de misère, pour aller de Rotschild à Worms ! [banquiers juifs]. Il faudra vraiment du nouveau pour me faire devenir patriote. Je crois que ce sera pour une autre fois, pour un autre monde peut-être, celui des morts si je comprends bien, la vraie patrie des entêtés.
À vous Poulain ! faites drôlement gaffe ! Ah ! ne me trahissez mie ! le moindre mot ! toutes les virgules ! et fort à vous !
L.-F. Céline
P.S. Gardez-moi 10 numéros ! »
(Lettre à Poulain, de Je Suis Partout, 15 juin 1942)."...


Bonsoir à tous,

Traînant au gré de mon oisiveté, je cherchais cet après-midi une preuve objective de la prétendue collaboration EFFECTIVE de Céline sous l'occupation et je suis tombé par hasard sur un site à ce sujet. Si je reproche à celui-ci un travail essentiellement à charge et un manque flagrant de sensibilité littéraire utile pour appréhender et pour juger l'écrivain (mais aussi l'homme avec un grand H) ce site, ce blog pour être plus précis, qui s'appelle "Le moine bleu" (allez-y !), propose un travail très documenté sur le rôle ambigu de Céline pendant la guerre et sur la mystification de sa vie par lui même, de façon générale...

Quand je suis tombé sur cet "extrait" si caractéristique de l'écriture Célinienne, cette déferlante, je me suis dit que je pouvais m'en servir (bon gré, mal gré) pour faire un petit clin d' œil au texte de Laroche "Bas Meudon" que je n'ai pas commenté mais que, en admirateur de Céline que je suis, j'ai lu et apprécié (je l'ai trouvé très réussi !) lors de son passage en Centrale de Publication.

J'en profite aussi en livrant cet extrait qui contient toute la folie paranoïde de Céline, mais aussi tout son talent de styliste littéraire, pour montrer pourquoi, d'après moi, tous les farouches détracteurs de Céline (ou autres décortiqueurs de cadavres) se trompent de cible quand ils veulent analyser l'homme en le dissociant en homme collaborateur et homme écrivain. En faisant cela, souvent, ils occultent justement l'écrivain, car c'est un domaine qu'ils ne maîtrisent pas : Les décortiqueurs et les analystes s'appuient sur les sciences, parfois sur les sciences humaines, mais ne sont pas à l'aise avec les sciences occultes, comme le sont, quoi qu'on en dise, les arts et les lettres. Ils pataugent. Ils patinent. Souvent, ils se trompent... Car la morale et la conscience peuvent juger les actes, mais elles ne peuvent que difficilement jauger les cœurs et la sensibilité... cela demande de l'imagination et ce n'est pas leur fort. C'est dommage... Car c'est dans le coeur et l'imagination, c'est dans la sensibilité exacerbée jusqu'à la déraison, c'est dans l'écrivain, qu'on peut le mieux comprendre et appréhender le personnage de Céline. D'après moi, Céline mur, désenchanté de toute imposture humaine, n'avait qu'une véritable passion : l'écriture... et chercher autre chose dans Céline, c'est un travail pour historien qui ne m'intéresse pas (pour faire simple...) ou pour juge au "tribunal pénal international de l'au delà", mais pour l'instant, c'est un poste qui, si je ne me trompe pas, n'existe pas encore.

Sans rentrer ni dans les détails, ni dans les grands discours, Céline, c'était comme C. Jérome, le mal aimé, par excellence, le parfait concentré aigri de l'homme déçu par les siens. Déçu jusqu'à l'extrême ; jusqu'au dégoût de l'homme et jusqu'au délire...

Mais dans ses tourments, une dualité (au minimum ; car l'homme est une hotte aspirante posée au dessus des quarantième rugissants...), insoutenable l'habite : l'écrivain n'y croit plus ; pourtant l'homme, malgré ses idéaux mis en pièces et ses espérances humaines en lambeaux, viscéralement, rageusement, désire y croire, et alors le pamphlétaire insupportable imagine, réduit à une piteuse féérie pangermanique fantasmatique, une partition de l'humanité digne de Dante ... Il faut s'y résigner une fois pour toute : Le tout, antisémite et génie littéraire, forme tant bien que mal, mais de façon indissociable, l'homme Louis-Ferdinand Destouche, dit Céline, c'est à dire "un pauvre type mais un grand écrivain", comme le dira Malraux lui même...

Pour conclure, je livre ce long extrait, assez insupportable sur le fond par sa hargne, sa haine concentrée, son indignation raciste et facile, mais aussi son étrange correspondance avec des discours de notre temps, parce que si j'ai du mal à croire qu'on puisse écrire ce genre de chose au premier degré, j'ai encore plus de mal à croire qu'on puisse le lire à ce niveau... c'est à dire le lire autrement que porté par le style et y trouver avant tout, un rythme, un ton, un cri et une furieuse volonté de choquer, d'aller au delà, de provoquer le chaos, la fissure, de vaincre l'angoisse de l'inertie, de l'oubli, de la mort, de faire exploser les cloques vernis des conventions, de craqueler et de déchirer les rideaux pourpres du grand décorum que constitue peut être la vie... malheureusement, sans ce soucier suffisamment (mais finalement, sans les chicanes du "quand dira t-on", de qui se soucie t-on réellement pour sa propre conscience ?...) de ce que l'on trouvera comme enfer véritable, palpable, ici bas, au delà des mots et du lyrisme...

Les nazis, comme les collaborationnistes d'ailleurs, eux, ne s'y trompaient pas : Contrairement à la légende, Céline n'était pas dans les petits papiers des Pétainistes, ni des Allemands et pour parler plus précisément de cet ignoble extrait, ignoble bien sur au premier degré, il faut savoir qu'a l'époque, et malgré la demande ulcérée (feinte?) de Céline, celui-ci a été refusé à l'unanimité par la rédaction du journal farouchement collaborationniste "Je suis partout". Celui-ci le jugeant comme "un délire rasciste" insupportable...

Céline, un délirant, certainement... Mais un collaborationniste "engagé", je ne sais pas...


Et vous, qu'en pensez vous ?...

N'y aurait-il pas d'ailleurs, dans nos sociétés désenchantés et dans nos champs littéraires en jachères, pleins de petits "Céline" en germination ?...

Contribution du : 05/08/2013 00:04
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Re : Bas-Meudon
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Bonsoir, Lariviere,

Citation :

Et vous, qu'en pensez vous ?...


Franchement ?
J'ai cessé d'en penser quoi que ce soit. Parce que je ne trouve rien qui soit objectif et non contradictoire pour m'en faire une idée réelle.
J'admire toujours autant l'écrivain, mais j'ai pris de grandes distances avec l'homme qui a pu me séduire partiellement pendant un temps.

C'est tellement gros que j'ai eu du mal à penser que tout ça soit à prendre au premier degré. Je ne peux toujours pas imaginer qu'un type intelligent et sensible (sur ce dernier point, il suffit de le lire) puisse écrire de pareilles choses au premier degré.
Pour lui, le mot "juif" devient un mot générique, déconnecté de sa signification première, et signifie tout et n'importe quoi. Même le pape est juif !

Lorsqu'on lit "Mort à crédit", on s'aperçoit que le jeune Ferdinand aurait pris son père pour le derniers des cons à cause des propos antisémites que celui-ci tenait. Mais, même si les bases autobiographiques sont plus que réelles, on apprend aussi que ce roman serait loin d'être aussi autobiographique qu'on pourrait le penser. Que croire ?

Dans "Voyage au bout de la nuit", on peut lire que Bardamu, au cours de l'été 1914, se demandait pourquoi il aurait dû tirer sur un allemand. "Ceux-là étaient des petits cons comme chez nous, mais après tout, ils ne m'avaient rien fait de mal" (ce n'est pas fidèle à la lettre, mais je cite de mauvaise mémoire). On ne peut alors que saluer l'humanisme et le bon sens. Pourtant, j'ai lu quelque part qu'il aurait envoyé du front une lettre à ses parents, dans une enveloppe contenant également la plaquette sur laquelle était gravé le numéro de matricule du premier allemand qu'il ait tué, en guise de trophée. Est-ce la réalité ? Sont-ce propagande et contre-propagande ? Que croire ?

Dans les quelques interviews télévisés qui ont été faits dans les années cinquante, début soixante, je vois un type, certes aigri et jouant habilement avec les journalistes, mais plutôt sympathique et somme toute aimable et très courtois, faisant preuve d'un esprit dont on peut s'amuser, et dont je me suis d'ailleurs beaucoup amusé.
Par contre, j'ai écouté un interview radiophonique (de la radio suisse normande, si je me souviens bien) qui m'a fait froid dans le dos. Le début de l'interview est très anodin, mais, progressivement (est-ce l'absence de caméras qui lui fait oublier de garder son contrôle habituel ?), le ton et le contenu du propos changent radicalement. Evoquant l'Algérie, il regrette que la France n'ait pas fait alliance avec l'Allemagne, que cela a permis désormais de montrer aux yeux de tous que la France était faible (France vaincue rapidement, en 1940) et que dès lors tout était foutu, que sans cela l'Algérie, l'Indochine, ..., n'aurait pas bougé, que tout le monde serait resté bien tranquille, dans le giron d'une France puissante capable de faire taire toute velléité d'émancipation. C'est assez cocasse lorsqu'on songe au contenu soit disant anticolonialiste du "Voyage". Ce qui m'a fait froid dans le dos, c'est surtout le ton, qui devient presque hystérique, et qui me fait croire que Céline, à ce moment précis, perd le contrôle de sa communication, qu'il se montre ou se fait entendre enfin sous son vrai jour.
Il me semble que c'est lorsque j'ai écouté cet interview que j'ai commencé à voir Céline de manière très différente.
Il faudrait que je retrouve un lien permettant d'écouter cet interview. C'est très intéressant, vraiment. De tout ce que j'ai pu lire ou entendre, il me semble que c'est là qu'on ait vraiment accès à Louis Ferdinand Destouches, plus qu'à Céline.

Contribution du : 05/08/2013 02:20
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Re : Bas-Meudon
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Citation :

(de la radio suisse normande, si je me souviens bien)


Heu... il fallait bien sûr lire "de la radio suisse ROMANDE"

En Normandie, il existe bien ce que l'on appelle la Suisse normande, mais ça n'a rien à voir.

Sinon, malgré mes recherches, je n'ai pas retrouvé cet interview fort intéressant.

Contribution du : 06/08/2013 11:46
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Re : Bas-Meudon
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Bonjour Stony,

Au risque de vous déplaire, je suis entièrement d'accord avec votre façon de voir les choses !...

Je crois que Céline fut le premier écrivain à comprendre l'importance de la communication et surtout de la télévision, alors en plein essor dans l'après guerre... Cela n'est pas étonnant quand on voit dans le "voyage", la fascination qui est la sienne devant l'apparition du cinéma et avec quelle lucidité prophétique il juge l'importance pour l'avenir de ce nouvel art "de masse"...

Vous avez raison, dans ses interviews d'après guerre, Céline se contrôle et se met en scène (magnifiquement !). Il se mystifie et façonne sa propre image de l'écrivain maudit (qu'il n'est pas finalement, en vue de ses succès de ventes...), un peu à la manière de M. Houellebecq aujourd'hui (qui d'ailleurs lui doit beaucoup)...

J'ai entendu parler des émissions audios auquelles vous faites références. Si vous avez des liens, je suis intéressé.

Personnellement, je crois que Céline est un personnage complexe, au delà du réel. Je crois aussi que son délire, pour être aussi extra-ordinaire que son génie littéraire (les deux là encore, sont indissociables, malheureusement), l'a dépassé et de loin et qu'en tout bon "psychopathe" sans véritable "subconscient", Céline s'est laisser voguer, sans filtre au gré de son hyper-sensibilité, pour le meilleur et pour le pire... Quand je dis sans filtre, je parle de filtre moral... Car pour ce qui est de son intérêt propre, je crois que le personnage était un filou de première. Et on en revient sur sa façon impeccable de communiquer et de se contrôler, de se mettre en scène comme il voulait être perçu...

Un manipulateur, Céline ?... Sans aucun doute !... Mais aussi un écorché vif qui a voulu faire payer aux hommes leurs propres médiocrités morales, mais aussi la sienne et ça, ce n'est pas très "gentil" ... Mais, justement, Céline n'était lui aussi qu'un homme, finalement...

Enfin, pour comprendre pourquoi tant de haine, il est intéressant de relever ce que dit Laroche dans un post précédent sur la blessure artistique de Céline devant l'accueil très défavorable de "Mort à Crédit". Je vous rejoins d'ailleurs pour dire que c'est pourtant le chef d'oeuvre incontestable de Céline, aussi bien sur le fond que sur la forme. Bien sur, le "voyage" est magnifique aussi. D'ailleurs, personnellement, je le préfère à "Mort à crédit" pour ses idées de fond. Mais quand on comprend un peu comment Céline fonctionne (où qu'on essaie en tous cas !), on se dit que celui-ci a été assez malin à l'époque pour produire une oeuvre qui allait dans l'air du temps artistique (engagé à gauche !) pour réussir, comme vous dites, "avec éclat" son entrée dans le monde littéraire... Alors là encore, une double lecture est possible (a minima) : tromperie consciente où désillusion rapide vis à vis d'idéaux socialistes très vite décevant ?...

Certainement un peu des deux...


Dans un certain sens, Céline me fait penser à l'(ancien) humoriste Dieudonné (j'aime beaucoup également... en tous cas, ses spectacles !). Les similitudes de sa personnalité et de son comportement ambigu sont frappantes...

Contribution du : 06/08/2013 12:23
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Re : Bas-Meudon
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Ah mince, nous avons posté presque en même temps !... Dommage pour l'interview... Si vous l'a retrouvez, je suis preneur en tous cas !

Sinon, la spécialité de la suisse normande, c'est le chocolat au calva ?...

Contribution du : 06/08/2013 12:27
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Re : Bas-Meudon
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Ça y est, j'ai retrouvé l'interview !

Contribution du : 06/08/2013 13:51
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Re : Bas-Meudon
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Très intéressante lecture et très interessant – et assez convaincant – point de vue de Larivière.

J’ai deux livres de Céline (« Mort à Crédit » et « Voyage au bout de la nuit ») que j’ai bien l’intention de lire. Quant à Dieudonné, j‘ai vu quasiment tous ses spectacles soit en DVD (que j’ai achetés de surcroit) soit sur place (au Théâtre de la Main d’Or au grand dam de ma femme).

Je n’ai pas le temps de commenter ce forum et ces échanges pour le moment, mais j’espère le faire sous peu (suis au boulot), mais ce que je peux d’ores et déjà dire est que, pour ma part, j’ai toujours dissocié les artistes des hommes et des œuvres pour une raison simple : ces dernières sont bien plus belles que leurs créateurs (l’Homme, à mon humble avis, est dans la grande majorité des cas est par essence, pathétique ou au mieux décevant). Enfin, par pur égoïsme, je me sens incapable de boycotter une œuvre (et de facto mon plaisir personnelle) parce qu’elle celle-ci a été faite par un type peu ou pas recommandable.

Je ne dis pas avoir raison et actuellement (pour Dieudo par exemple) je m’interroge sur la pertinence même de ma réflexion et de mon attitude sur le sujet.

A très vite pour que je puisse développer un peu plus

W

PS : C. Jérôme, le « mal-aimé » ? Si on parle de la chanson, alors c’est plutôt Claude François.

Contribution du : 06/08/2013 15:31
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Re : Bas-Meudon
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Désolé Widj' pour l'erreur grossière au sujet du "mal aimé".

C'est bien Claude François qui chante cette magnifique chanson, au temps pour moi !... Merci donc d'avoir rectifié (ce Widj', quelle culture !... Et polyvalent avec ça !) !...

Sinon, j'ai vu tout les spectacles de Dieudo aussi (à part Fox trot le dernier) et comme Céline, je conseille aux gens de se familiariser avec les oeuvres plutôt qu'a la réputation du personnage pour se faire une idée... Par contre, vu la faune qui tourne autour, aller à la main d'or en venant du marais (pas le gay, le canal historique...), chapeau bas ! Faut en avoir !...

Pour Stony :

Merci d'avoir mis le lien, je vais aller écouter ça avec attention !...

Contribution du : 06/08/2013 22:37
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brabant a écrit :

Hitler devait bien avoir des côtés humains non ? Que pensez-vous d'un livre qui mettrait en valeur, je ne sais pas, l'adorable bambin qu'il a peut-être été... au risque de le rendre sympathique et de placer au second plan l'Antéchrist qu'il a été... mais me voilà à flirter moi-aussi avec l'enfer !

Lol


Salut Brabant !

Pour info, ce que tu dis a déjà été tenté, au moins par l'écrivain D. Buzzati, non pas dans un roman, mais dans une court récit faisant partie du recueil de nouvelle qui a pour titre "le K" en français... Je ne me rappelle plus le titre de la nouvelle, j'ai lu ça quand j'étais adolescent, mais cette nouvelle qui questionne sur notre perception des "monstres" et sur le déterminisme humain, a effectivement, au delà de l'aspect naïf de la démonstration, un certain impact de lecture...

Contribution du : 08/08/2013 12:56
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