Merci Mona. Je suis justement en train de retravailler quelques-uns de ces bouts. Maintenant que je me suis confronté à la difficulté du classique, et même si je m'arrache encore les cheveux parfois, j'aurais du mal à retourner au néo.

Allons y pour cette féminine série de rimes !
@ Meleagre...Alexandrine n'est que le prénom de feu ma grand-mère maternelle, d'où mon second prénom et pseudo : Alexandre !

Promenade bucolique


Il me prend quelquefois, par un matin d’automne,
Le désir de marcher sur le sable mouvant
Que notre blonde Loire étire sous le vent,
Et de ce fol appel mon corps entier frissonne.

Ce souhait fascinant qu’aussitôt j’abandonne,
C’est l’attrait du danger que j’éprouve en rêvant.
Je tourne mon regard vers le soleil levant
Qui, sur le vieux château, esquisse une couronne.

J’admire au fond de l’eau quelques poissons d’argent,
Et sur l’onde moirée un doux reflet changeant,
Puis je flâne sans but, d’une marche incertaine.

Quelques arbres déjà se sont vêtus de brun ;
La nature m’enivre et mêle à son parfum
Le son mélodieux d’une cloche lointaine.

bon, j'ai un hiatus pour avoir voulu changer de monument (je pensais au Château des ducs, mais c'était trop long) :
lire : "qui, sur la cathédrale, esquisse une couronne".

Il est vrai que le classique est contraignant, mais quand c'est réussi, on est d'autant plus satisfait.

Je me sens tout petit devant ces vers d'automne aussitôt dégainés, et avec quelle poésie, quelle inquiète sérénité.

Bravo !

Je reviens, Mona, mais vous verrez que mon automne à moi est bien triste...

Pauvre brabant

En cette fin septembre, alors que vient l’automne,
Que le soleil s’épuise en un brasier mouvant,
Que le grain s’échevèle, et que gémit le vent,
Sous son regard boudeur c’est mon corps qui frissonne.

Aux tracas du climat ma femme s’abandonne…
Se roidissent ses sens, sa chair s’en va rêvant,
S’envole son esprit sur les chars du Levant
Dessus la mer d’émail que le soleil couronne.

Son bel iris maussade a des sursauts d’argent,
Singeant de son humeur l’altimètre changeant.
Ma caresse se meurt, entreprise incertaine…

Je le vois qui blêmit, son sein d’abricot brun !
Son giron somptueux m’est une île lointaine
Dont je ne hume plus qu’un marâtre parfum.

oh ! oui, pauvre Brabant ! J'ose espèrer que tout cela n'est que poésie et non pas l'amère réalité... pas plus que je n'aie d'attirance pour les sables mouvants, d'ailleurs !
Le premier quatrain est particulièrement somptueux :
Que le soleil s’épuise en un brasier mouvant,
Que le grain s’échevèle, et que gémit le vent,
Très poétique. Bravo !

Mona et Brabant, vous êtes époustouflants de facilité.
Sur des registres différents vos sonnets sont lyriques et somptueux à souhait.
C'en est presque décourageant.

Lorsque les rimes s'y prêtent, je profite de ce jeu pour abonder un petit recueil consacré à ma passion, le kayak de mer. C'est le cas aujourd'hui.

Arrière-saison

Au ras des roches que couronne
L'écume blanche sous le vent,
Je me faufile et vais rêvant,
J'aime pagayer en automne.

Ferait beau voir que j'abandonne
Mon esquif quand va se levant,
La houle sur le flot mouvant,
Et qu'un tendre soleil frissonne.

L'iode exhale son parfum,
Je glisse entre les écueils bruns
Sous des lumières incertaines.

En escadrille, au ciel changeant,
Les spatules aux ailes d'argent
Cinglent vers des îles lointaines.

Eh ! bien Tizef, avec un sonnet de cette qualité tu n'as rien à envier à quelqu'un d'autre, c'est superbe, et davantage pour ceux qui pratiquent ce sport, c'est évident.