Oui Méléagre c'est réussi. Pourtant je ne puis m'empêcher de trouver à ton sonnet un air allègre et triomphant auquel le Christ (selon les écritures) était loin de s'adonner lors de cette agonie où il est dit qu'il sua sang et eau tant sa peur (humaine) était grande...
La résignation et l'acceptation ne sont venues qu'après mille tourments, car avant la résurrection il y avait la souffrance et les humiliations à venir. Qui, ayant une nature humaine, aurait pu les accepter de son plein gré sans murmurer ? Bien entendu nous n'y étions pas, et connaissant la suite, peut-être que Jésus, après tout, a pensé comme tu le dis ?
A nous, qui le dira ?

Après bien des atermoiements, je vous propose...

...La morale de l’Histoire

Bien qu’Esope en son temps, puis Jean de La Fontaine,
Aient crû bon dénoncer nos tares coutumières
Il semble de nos jours que leur tâche fut vaine
D’autant que du savoir s’assèchent les rivières…

Car ainsi va le monde avec sa gent humaine !*
Tant passent ces écrits pour vérités premières
Que nul contemporain ne se donne la peine
De tirer du passé les leçons et lumières.

Un nouveau fabuliste a-t-il encor sa place
En ce début de siècle où, bien que je m’en fasse,
C’est l’immoralité notre plus grande plaie ?

N’étant point utopiste, avec ma plume dard
Et mon âge avancé, je n’ose pour ma part
Vous parler des fables auxquelles je m’essaie…

Bonjour Mona et Alex qui êtes intervenus ce jour ; bon, je rame depuis ce matin pour me connecter à Internet ; 16 h 45, Firefox consent à ouvrir la page de démarrage !... Je suis vert... allusion à mon sonnet qu'il me reste à frapper pour faire un copier-coller. A tout à l'heure donc...

J'ai ressenti la même chose que toi Mona, dans ton sonnet Jésus est mis en scène, dans celui de Méléagre, Jésus se met en scène. En fait on a un premier sonnet très féminin et un second très masculin.
Il pourrait être amusant que chacun de nous traitât ce même sujet...

Bien, si vous ne me voyez pas revenir ce sera parce que mon navigateur m'aura lâché à nouveau.

I do pray...

Je corrige : 15 h 45...

Bien, après Mona prométhéenne et Alex en digne successeur d'Esope et de Jean de la La Fontaine, voici mon oeuvrette...

Bonjour, j’ai conscience d’avoir un peu triché avec les polices, la ponctuation, la syntaxe pure et dure, ce qui permet de lire certains passages en allers-retours ou de les embrasser en panoramique. J’espère que vous pardonnerez cette facilité de lendemains d’Agapie…

Matricule 78651

Pour rapporter des Loups les tentatives vaines
De se soustraire aux lois, maximes coutumières
Pour dénoncer le sang noyé dans les rivières,
Et que coule à jamais l’eau pure des fontaines

Pour arrêter le flot des troupes inhumaines,
Que se taisent les peurs, que brillent les lumières
Au peloton des âmes elle est dans les premières
Pour avoir méprisé le garde-à-vous des peines

De Nice à Birkenau, quand le Führer s’essaie,
De l’hydre germanique elle a mordu les dards
Pour rugir en lionne où plus un train ne passe

Contrecarrer les coups donnés de toutes parts
De la maternité ne pas faire une plaie
La passionaria sous le dôme a sa place


Simone Veil est la sixième femme à avoir été élue à l’Académie Française (2010) ; elle a choisi de faire graver son numéro matricule de déportée sur son épée.

Brabant mon ami, ton oeuvrette n'est point parue et j'en profite pour balancer, en attendant, la version finale... ou provisoirement finale, de ma morale de l'Histoire dont les tercets me posent problème...

La morale de l’Histoire

Bien qu’Esope en son temps, puis Jean de La Fontaine,
Aient crû bon dénoncer nos tares coutumières
Il semble de nos jours que leur tâche fut vaine
D’autant que du savoir s’assèchent les rivières…

Car ainsi va le monde avec sa gent humaine !
Tant passent ces écrits pour vérités premières
Que nul contemporain ne se donne la peine
De tirer du passé les leçons et lumières.

Quelque vieux fabuliste aurait-il encor place
En ce siècle naissant où, quoi que chacun fasse,
De l’immoralité nous souffrons comme plaie ?

N’étant point arriviste, avec ma plume dard
Et mon âge avancé, je n’ose pour ma part
Ici vous avouer qu’aux fables je m’essaie…

Trop tard Alexandre.
En nous disant que tu n'oses pas avouer... tu viens de nous avouer.

Et de nous mettre l'eau à la bouche.

Au vers 2, il y a une faute de français. Pourquoi pas plutôt
"Aient cru bon de railler..."

Question longueur de phrase, à côté de toi, Proust la joue petit bras.

J'ai donc embrassé en panoramique (pas l'académicienne, le sonnet)
Bel hommage.

Je vais passer mon tour et sans doute les suivants, mes neurones étant tous mobilisés dans une nouvelle entreprise tout à fait imprévue.
Mais je garde un œil sur vos travaux et reviendrais tôt ou tard.

Mona, je suis assez d'accord avec ta critique sur mon Jardin des Oliviers. Cet air trop triomphant est surtout présent dans les tercets, alors que les quatrains font plus alterner doute et résignation. Je me suis peut-être laissé emballer par les rimes. Si j'avais à le reprendre, je transformerai les tercets, et j'en ferai peut-être la réponse que Dieu donne à la prière de Jésus :

« Je t'ai donné, mon fils, au monde tant je l'aime ;
Tu vécus comme un homme, et vas mourir de même,
Pour racheter l'humain par Adam altéré.

Tu es le fils de Dieu, mais ta vie est mortelle.
Mon âme est triste aussi... Judas va te livrer.
Ton arrivée au ciel, près de moi, sera belle. »

Mais ça devient vraiment compliquer de faire parler Dieu... Déjà Jésus, c'était difficile, alors là. Je suis loin d'être un théologien, et, si j ne m'abuse, cette réponse est absente des Écritures.

Alex, j'aime bien ta deuxième version de la fable. Oui, tu peux nous avouer que tu t'essaies aux fables, on en a vu de beaux exemples par ici. Et oui, ce n'est pas parce qu'Esope et La Fontaine ont dénoncé les travers de leurs temps que ces travers ont disparu aujourd'hui !

Brabant, merci pour cet hommage à Simone Veil. Le 1er tercet est à ce titre très bien tourné. J'ai peut-être loupé (sans mauvais jeu de mots) quelque chose en ne connaissant pas ce à quoi fait référence les "Loups" du 1er quatrain.