Je sais plus à qui c'est, mais si Brabant et Tizef passent leur tour, je vous propose cette série :

vivre – espoir – enivre – soir
givre – noir – livre – (s')asseoir
magnétiques – extatiques – nus – mystique – antique - inconnus

Meleagre Baudelaire console et ses rimes font vivre ;
Dans notre triste vie, c'est notre seul espoir
Qui, comme un élixir, nous monte et nous enivre,
Et nous donne le cœur de marcher jusqu'au soir...



C'est parti mon kiki !

Robinsons des cimes

J'aimerais oublier en ouvrant quelque livre,
Mais dés l'après-midi nous sommes dans le noir.
Les vitres du cockpit sont couvertes de givre,
Le froid devient trop vif lorsque arrive le soir.

Cet air raréfié doucement nous enivre,
Je rêve que la mort, près de nous, vient s'asseoir.
Nous reste-t-il encor quelques heures à vivre ?
Je commence vraiment à perdre tout espoir.

Des instruments du bord, la lueur magnétique
Nous fascine et déclenche un sommeil extatique :
Bientôt, perdant le fil, je pars dans l'inconnu.

De la neige surgit une déesse antique,
J'aime sa chair en fleur et son regard mystique,
Pourquoi ne pas sortir de l'avion, tout nu ?

Bien Tizef, tu nous emmènes là dans un univers inquiétant... Mais je ne crois pas qu'avion fasse diérèse. Mais c'est tellement sujet à caution ces fichues diérèses...
"Pourquoi ne pas sortir de cet avion tout nu" contournerait la difficulté.

Comme d'hab. j'ai fait mélancolique :

Au soir de la vie

Le fleuve de mes jours goutte à goutte me livre
L’élixir fascinant du poison de l’espoir ;
Mon âme s’en repaît et ma tête s’enivre
D’improbables futurs lorsque tombe le soir :

Les roses du matin auront vaincu le givre,
Sous la tonnelle en fleurs j’irai bientôt m’asseoir,
Dans la douceur de l’air il fera bon de vivre,
J’oublierai le fardeau d’un avenir trop noir.

O sortilège intense, ô pensée extatique !
Qui m’attire et me tient, fluide magnétique,
Sous le charme insensé de mes errements nus…

Quand mon esprit s’élève, en un élan mystique,
Vers le ciel dont il garde un souvenir antique,
Il s’ouvre au paradis des bonheurs inconnus.

Mélancolique certes, mais d'une fluidité très plaisante.

Préhistorique et véridique... sauf que je ne cherche pas à savoir qui étaient les habitants de ce caillou sur lequel je me rends très souvent car c'est un lieu vraiment mystique et de plus presque à ma porte !


Carn

Au détour du sentier que j’emprunte le soir
Et qui mène à l’estran où je me plais à vivre,
Il est depuis toujours un rocher qui m’enivre
Mais percer son secret est, je sais, sans espoir.

Qu’importe la saison, que l’horizon soit noir,
Qu’il pleuve tout le jour ou bien même qu’il givre
Car mon île m’attend et la dune me livre
Un abri de granit où je puisse m’asseoir.

Carn et son tumulus au pouvoir magnétique
Me plongent bien souvent en état extatique
Quand je songe au passé de ce caillou si nu…

Car voilà six mille ans, dans ces tombeaux mystiques
On allongeait les morts de ce peuple inconnu
Dont je cherche toujours les racines antiques…

Zef, ton poème me fait penser aux Survivants qui vécurent dans les Andes dans des conditions extrêmes au poinr de se nourrir de chair humaine... Oui, doit y avoir diérèse à "avion", pêché véniel et pardonné...
Mona, beaucoup de mélancolie mais encore une fois un sans faute que ça soit de prosodie ou de goût.
Bravo à tous les deux...

Superbe ton poème Alex. J'ai aimé cette évocation d'une antiquité que nous ne connaissons pas et dont nous ne pouvons qu'imaginer les coutumes. Cela me fait penser à la saga de Jean M. Auel "Ayla ou les enfants de la terre" que je relis avec un plaisir toujours renouvelé, tant nous intrigue la vie de ces hommes dits "des cavernes" qui furent nos ancêtres il y a de milliers d'années...

Non, je ne crois pas qu'il y ait diérèse au mot "a-vion" mais en effet ce n'est pas grave.

Je comptais sur vous pour tout savoir sur l'avion, mais vos avis étant opposés, je suis gros-jean comme devant
Mais de toute façon j'ai prévu une pièce de rechange au cas où...

Alex, je me permets ce lien pour illustrer ton sonnet: carn

J'ai apprécié ce poème car, bien que solide mécréant, j'éprouve aussi cette sensation mystique dans les nombreux sites mégalithiques qui jalonnent la Bretagne.

"Mais les pierres parlent à ceux qui savent les entendre." (Anatole France)