vers 7 ...un peu DE cette joie

Oups, je viens de voir qu'il est sorti 3×

J'adore les bouts rimés en fait :) Merci pour l'organisation!

Partout les chants guerriers, le glaive et la mitraille,
Partout l’ire écarlate a remplacé le bleu,
Voyez dans la lumière un fou que rien ne raille,
Cendrer la terre entière et souffler sur le feu.

Si l’espoir apparaît un mensonge le broie
Le calcine dans l’aube en son gosier fumant,
Si d’une fleur éclose un être fait sa joie,
Tous deux sont bientôt braise, et moins que saintement.

Dans les pâles tourments des saisons damassées
Priez lueurs, priez ! Priez que vienne l’or,
Le baume vous guérit, l’électuaire endort.

Au matin j’offrirai leurs âmes ramassées
À ce grand voile obscur qui drape tout de noir;
Vous vous reposerez dans ce pli de mouchoir.

Je n’ai pour tout trésor que trois sous de mitraille
Dont le cuivre altéré s’orne d’un halo bleu.
L’acaride me guette et la foule me raille,
Ma vareuse élimée ne fera plus long feu.

Pourtant quand au milieu de la nuit qui me broie
Je reçois d’un quidam un bol de lait fumant,
Je ne puis défaillir d’une plus simple joie,
Ni le baume à mon cœur œuvrer plus saintement.

Bombance servie sur des nappes damassées,
En des vasques d’argent, des coupes sertis d’or,
N’aurait plus d’agrément ; lors mon âme s’endort.

Ayant autour de moi mes hardes ramassées,
Je ne sens plus du froid le précipice noir ;
Mon étoile est celée dans les plis d’un mouchoir.

des coupes serties d’or



Je refais, et change acaride en vermine :




Je n’ai pour tout trésor que trois sous de mitraille
Dont le cuivre altéré s’orne d’un halo bleu.
La vermine me guette et la foule me raille,
Ma vareuse élimée ne fera plus long feu.

Pourtant quand au milieu de la nuit qui me broie
Je reçois d’un quidam un bol de lait fumant,
Je ne puis défaillir d’une plus simple joie,
Ni le baume à mon cœur œuvrer plus saintement.

Bombance servie sur des nappes damassées,
En des vasques d’argent, des coupes serties d’or,
N’aurait plus d’agrément ; lors mon âme s’endort.

Ayant autour de moi mes hardes ramassées,
Je ne sens plus du froid le précipice noir ;
Mon étoile est celée dans les plis d’un mouchoir.

Merci et bravo pour votre proposition, AxelDambre. Vous vous payez le luxe de reprendre l'écarlate du poème d'origine : vous conversez avec l'enfer des poètes ? J'ai beaucoup aimé votre dernier tercet avec ses "âmes ramassées" !
Et triple merci-bravo Jeanphi pour votre triplet ! Vous avez pris un peu de liberté avec raille/rails. J'applaudis l'idée du "thé sous la mitraille", auquel fait pendant le baroque "treilli mouillé aux fresques damassées" !

Le thème martial était tentant avec les premières rimes. Le connaissant, j'ai voulu m'en éloigner.

Allez, voici l'original d'Arthur Rimbaud, Le Mal :


Tandis que les crachats rouges de la mitraille
Sifflent tout le jour par l’infini du ciel bleu ;
Qu’écarlates ou verts, près du Roi qui les raille,
Croulent les bataillons en masse dans le feu ;

Tandis qu’une folie épouvantable broie
Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant ;
– Pauvres morts ! dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie,
Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !…

– Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées
Des autels, à l’encens, aux grands calices d’or ;
Qui dans le bercement des hosannah s’endort,

Et se réveille, quand des mères, ramassées
Dans l’angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir,
Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir !

Quelqu'un se sent de proposer les prochains bouts rimés ?

Aller, je vous propose ça si ça vous dit, mais je n'ai pas encore de proposition, à vous de jouer :)

rachitiques / escarpements / fantastiques / tourments.
arctiques/ campements / vêtements / athlétiques
sombre / ombre / affamés
multitudes / enflammés / solitudes.

Merci AxelDambre. Pas simple ces pluriels



Entre ses jambes rachitiques,
Tout en creux et escarpements,
S’ourlaient des rives fantastiques,
L’origine de mes tourments.

Au delà, des cimes arctiques
Érigeaient leurs fiers campements
Sous la soie de ses vêtements.
Leurs arrogances athlétiques

Serraient en leur âme un nœud sombre,
Une énigme restant dans l’ombre
De mes appétits affamés.

M’abreuvant à ses multitudes
De promontoires enflammés,
J’étais promis aux solitudes.

Il risque d'être difficile de passer après vous, Cyrill. Humour et poésie, la barre est très haut. Je vais l'oublier jusque 20h, lorsque je bouterai.

C'est vrai, Cyrill, que ces pluriels sont bien pénibles !
Je n’avais pas vu que vous aviez choisi l’octosyllabe et j’ai écrit en alexandrins puisque la structure suggérait un sonnet. Bah, ça fera un peu de variété !
Jolis appétits érotico-géographiques en tout cas ! J'ai pris les rimes un peu plus au pied de la lettre pour ma part:


Perdus dans la montagne

Nous l’aurions dû prévoir; nos membres rachitiques
Bientôt extenués par les escarpements
Qui séparaient nos pas des sommets fantastiques,
Furent pris par la crampe et ses odieux tourments.

Tombe, grêle implacable ! Et soufflez, vents arctiques !
Comme pour nous cloîtrer dans nos vieux campements.
Epuisés, grelottants sous nos fins vêtements,
Comme nous regrettions nos rêves athlétiques !

Dans cette immensité de neige d’un blanc sombre,
Le désespoir, bientôt, laissa planer son ombre.
Un mois ! Transis, fiévreux, presque fous, affamés !

Désirs carnassiers… Faim ! Instincts par multitudes.
Dents ! Sang ! Déchirés vifs, tous ces corps enflammés !
Trois mois... Dernier bout d’œil. Goût de nos solitudes.