L'aigle est venu poser aux arêtes rachitiques
Déchiquetées dans la roche de longs escarpements.
Et il ploie sous les vents aux rumeurs fantastiques,
En proie aux éléments plus qu'à d'autres tourments.

La présence des neiges confèrent des airs arctiques
À la saillie de pierre où cachent ses campements
Un peu de ce duvet qui lui fait vêtements.
Sous sa robe nocturne, ses plongeons athlétiques,

Lui font tirer des rats depuis la terre sombre.
Sous l'œil de la lune il n'est même plus une ombre,
Déjà l'attendent au loin des becs affamés.

Il est un sélecteur dans les multitudes
Laissant derrière lui des plaines enflammées
Prédatant jusqu'à l'os de la solitude.

Cox, l'octosyllabe m'est venu pour les 2 premiers vers et mal m'en prit, difficile de caser ces bouts de 3 ou 4 syllabes ! Les sonnets en octosyllabes sont sans doute moins courants que leurs homologues aux classiques alexandrins.
Vous nous avez concocté une bonne aventure alpine de dessous les monceaux de neige, bravo !

Jeanphi, des rimes faites pour sa Majesté l'aigle en son domaine, et sa petite famille de becs piaillant. très vivant, camarade, bravo à vous également !

J'ai trouvé quant à moi le poème à l'origine de ces bouts : une belle découverte !

Petite correction, vers 9, pour ma proposition :

Entre ses jambes rachitiques,
Tout en creux et escarpements,
S’ourlaient des rives fantastiques,
L’origine de mes tourments.

Au delà, des cimes arctiques
Érigeaient leurs fiers campements
Sous la soie de ses vêtements.
Leurs arrogances athlétiques

Serraient en la chair un nœud sombre,
Une énigme restant dans l’ombre
De mes appétits affamés.

M’abreuvant à ses multitudes
De promontoires enflammés,
J’étais promis aux solitudes.

Ouf, moins facile qu'il n'y paraît...

Voilà ce que je trouve:

Dans les temples vitreux, des poutres rachitiques
Épaulent de leurs bois les fiers escarpements
Et le roc est pétri de scènes fantastiques:
De la pomme à la croix, de l’extase aux tourments.

Des sèlves d’émeraude aux confins de l’arctique,
Des palais de rohart aux simples campements,
Vêtus de moire épaisse ou bien sans vêtements
Tous entrent à l’abri de géants athlétiques.

Car ce n’est pas l’autel hiératiquement sombre
Où les sermons légers invisibles dans l’ombre
Qui réchauffent d’un rai les destins affamés.

Au creux des murs tendus, aux bras des multitudes
L’âme bois aux tisons des festons enflammés,
Enveloppée enfin de mille solitudes.





Je vous donne l'original tout à l'heure si vous n'avez pas trouvé :)
A+
Axel

Emile Nelligan, 1903

Oui, j'ai triché. ;)

Mais c'est de la jalousie : je serais bien incapable d'égaler vos productions :))

Merci pour les participations !

Ahhh, pas mal en octos Cyrill ! Et super décalage de partir de jambes rachitiques et d'arriver à un vrai embrasement ! :)

Cox, j'ai adoré ce vers qui je trouve roule très bien "Tombe, grêle implacable ! Et soufflez, vents arctiques !". Et chapeau pour le blanc sombre, oxymorique à souhait :)... la fin est dantesque!

jeanphi, j'aime bien ce "Sous l'œil de la lune il n'est même plus une ombre,", même si je n'ai pas trouvé l'hémistiche facilement en première lecture :)

C'est donc "Paysages Fauves" d'Emile Nelligan:

Les arbres comme autant de vieillards rachitiques,
Flanqués vers l'horizon sur les escarpements,
Tordent de désespoir leurs torses fantastiques,
Ainsi que des damnés sous le fouet des tourments.


C'est l'Hiver; c'est la Mort; sur les neiges arctiques,
Vers le bûcher qui flambe aux lointains campements,
Les chasseurs vont frileux sous leurs lourds vêtements,
Et galopent, fouettant leurs chevaux athlétiques.


La bise hurle; il grêle; il fait nuit, tout est sombre;
Et voici que soudain se dessine dans l'ombre
Un farouche troupeau de grands loups affamés;


Ils bondissent, essaims de fauves multitudes,
Et la brutale horreur de leurs yeux enflammés,
Allume de points d'or les blanches solitudes.

Oui, le blanc sombre est une de ces rimes qui s’est imposée directement :p
J’ai beaucoup aimé votre version; vous avez une façon unique de subvertir les rimes imposées pour les teinter de votre style.

Bravo Axel pour votre version, très gothique !

Allez, je propose le suivant. Je ne participerai pas parce que j’ai l’original en tête, du coup c’est chiant. Je trouve les rimes rigolotes, j’espère juste que le poeme ne sera pas trop facile à deviner ; ma maigre culture n’a rien de très méconnu en stock:

uniforme
peloton
endorme
plomb
forme
long
chloroforme
jalon
aide
Archimède
addition
procède
raide
attention

J'écris de manière uniforme
Et suis loin dans le peloton ;
Il ne faut pas que je m'endorme ;
Pourquoi ma plume est-elle en plomb ?

Courage ! Il faut garder la forme !
Pour que mes vers en disent long
Et bercent – mais sans chloroforme-
Je pose mon premier jalon.

J'aurais pourtant bien besoin d'aide,
Je n'ai pas l'heur d'être Archimède.
L'alexandrin : une addition ?

C'est bien ainsi que l'on procède ?
La pente me paraît bien raide !
Je mérite votre attention.