Myndie, ravi de te voir dans les bouts rimés, ils sont addictifs ! Tu as toute mon attention



Comme des blés au vent, dans un geste uniforme,
En souplesse ils se plient, groupés en peloton,
Et scrutent le silence, attendant que s’endorme
La colonne ennemie dans ses rêves de plomb.

Dans le lointain pas un écho, pas une forme.
Mais on le sait : le temps ne sera plus très long
Qui verra s’assoupir, comme sous chloroforme,
La campagne où ne point, en unique jalon,

Qu’une étoile clouée – vibrant appel à l’aide.
À quoi sert-il ici d’opposer Archimède ?
Catapulte et levier ne font pas l’addition.

Quel que soit le moyen selon quoi l’on procède,
La mitraille et la chair font un cadavre raide
Dans la paix de l’aurore et la Sainte Attention.

Hello Cyrill!

merci pour l'accueil et bravo pour ce sonnet, beaucoup plus inspiré que le mien!

Par contre, c'est en écrivant le mien que m'est venue l'intuition du poème originel...
ça ne serait pas du Tristan Corbière par hasard?

Rho, Myndie quel spoiler ! Mais vous avez raison ;)
Content de vous voir passer par ici ! Il est joli votre poème tout en humilité, qui joue les petites nouvelles, alors qu'on vous sait déjà une plume plus qu’aguerrie :)

Joli coup Cyrill! Les soldats recroquevillés comme les blés sous le vent sont parlants, l’étoile clouée aussi. Et je vois le retour de la mitraille ! Les rimes de Rimbaud vous collent à la plume ? ;)

J’attendrai encore un peu avant de poster l’original, au cas ou d’autres veulent se joindre au jeu

Rho, désolée Cox pour le spoiler!
Il fallait sans doute attendre un peu? pour ma défense, je dois dire que je découvre seulement les "Bouts rimés", qu'il m'a fallu un certain temps pour en comprendre le principe mais que je ne peux que m'améliorer! (enfin j'espère^^).

Oh je plaisantais bien sûr, ce n'est pas grave du tout!

Ne soyez pas trop modeste... Si votre plume s'améliore encore, elle ridiculisera bientôt les originaux! Ca ne ménagerait pas les petites fiertés des grands hommes !

Ah ah ! Moi aussi j'avais trouvé Corbière, et le poème en question, mais en trichant
Encore un méconnu de moi, si ce n'est par son nom, mais je me suis rattrapé. Il n'a pas fait de vieux os, comme tant d'autres. Si c'est le prix du génie, c'est trop tard pour ma pomme.

Cox, Rimbaud ne se laisse pas oublier facilement, c'est vrai !

Myndie, la ptite nouvelle aux cinq plumes de plomb... rhôôô !
L'inspiration vient en pratiquant, souviens-toi de nos joutes quatrinales

Citation :

Mais je ne peux pas les oublier, c'est tout ce que j'aime!

Est-ce moi ; malappris, au dédale uniforme
Dans mes pensées mêlées ; - des songes en peloton ! -
Cet archiduc réclamant que le temps l'endorme,
Perdu sur des matelas molletonnés de plomb ?...

Je n'ai jamais languis, Dupont et haut-de-forme ;
Contre un sommeil tapis de trente-six pieds de long,
La vie en tout instant m'est un doux chloroforme,
J'ai même repoussé du repos le jalon,

Et pour me réveiller, croyez qu'il faut de l'aide !
Pourtant sur mon esprit une visse d'Archimède
Fait de mes insomnies la triste addition

En tous cœurs, la folie, en son empire procède
Dans le vice épuisé d'où mieux nous rendre raide.
Je n'ai plus de logique qu'un spasme d'attention !...

Aller, moi j'ai ça qui est sorti un peu trop naturellement


Il faut bien qu’on ait vu le bout d’un uniforme
Le smog embrouillardé filant le peloton,
Pour qu’aussitôt l’éclair ou la raison s’endorme,
Les gibernes n’ont pas monopole du plomb.

Car on sait marcher droit, en losange de forme,
Marcher dur, marcher vite et surtout marcher long,
Pourvu qu’on ordre éteigne en digne chloroforme,
De l’être tout étant, du futur tout jalon.

Si l’on voulait à tous apporter un peu d’aide,
Sans être Einstein, Abel, Newton ou Archimède,
Sans faire même en somme la moindre addition,

Je vous dirai comment il faut que l’on procède:
À tous ceux qui n’ont rien foutez une paix raide,
Gare à ceux qui toujours requièrent l’attention.

Bravo à tous ceux qui se sont prêtés au jeu! Toujours impressionne de voir la qualité des contributions avec des contraintes pareilles, et en si peu de temps !

Comme le disait Myndie, les rimes nous viennent de Tristan Corbière, qui s’amuse á chambrer gentiment la forme fixe un peu guindée du sonnet :


I Sonnet, avec la manière de s'en servir.
Réglons notre papier et formons bien nos lettres :

Vers filés à la main et d'un pied uniforme,
Emboîtant bien le pas, par quatre en peloton ;
Qu'en marquant la césure, un des quatre s'endorme...
Ça peut dormir debout comme soldats de plomb.

Sur le railway du Pinde est la ligne, la forme ;
Aux fils du télégraphe : — on en suit quatre, en long ;
À chaque pieu, la rime — exemple : chloroforme,
— Chaque vers est un fil, et la rime un jalon.

— Télégramme sacré — 20 mots. — Vite à mon aide...
(Sonnet — c'est un sonnet —) ô Muse d'Archimède !
— La preuve d'un sonnet est par l'addition :

— Je pose 4 et 4 = 8 ! Alors je procède,
En posant 3 et 3 ! — Tenons Pégase raide :
« Ô lyre ! Ô délire ! Ô.... » — Sonnet — Attention !



P.S: je n'ai jamais trop su comment lire "4 et 4 = 8", prosodiquement parlant. Il semblerait qu'il ne faut pas prononcer le "=" du tout pour satisfaire la muse d'Archimède, qui surveille l'addition?
Je pense que le doute est voulu, pour que le lecteur se perde dans son compte et ressente mieux l'absurdité mathématique évoquée!