Moins inspiré que le tien Cristale, voici:

J'ai perdu sous le lit mon bracelet d'onyx
Ne peux tu donc m'aider ? Sois mon lampadophore,
On manque de bougies à l'Hôtel du Phénix !
Peut-être a t-il glissé jusque dans cette amphore ?
Tu restes bras croisés à te gorger de ptyx,
Me regardant piaffer sur le plancher sonore.
Ah Dieux ! Mon désespoir me plonge dans le Styx!
Toute la cruauté dont le diable s'honore
Semble être mon destin et le futur en or
que tu me promettais se perd dans le décor !
Moi j'étais ton Ondine et ton ange et ta nixe,
Ton Aphrodite au bain... Je le serais encor
Si soudain ton regard n'était pas aussi fixe.
J'ai perdu mon bijou d'onyx en septuor.

Je me lance aussi, pas facile celui-ci !

L’éclairage au salon, en zébrures d’onyx,
Originalité due au lampadophore,
Nous fait imaginer le retour du Phénix
Splendide oiseau de feu jaillissant d’une amphore.

Tout le monde recherche l’origine du ptyx
Feuillette des bouquins, et dans ce fond sonore
Léa s’écrie soudain " je l’ai, voilà le Styx ",
Erreur dont je le crains personne ne s’honore.

La parole est d’argent et le silence est d’or.
Léa ne le sait pas, se fond dans ce décor,
Évoluant à l’aise, aussi bien qu’une nixe,

Tandis qu’en son esprit vient de surgir encor,
Portrait de son idole en une image fixe,
La jolie Blanche-Neige et son petit septuor.

Vraiment pas simple
Allez, j'y vais aussi de mon essai :


Son regard éclatant brille d’un noir d’onyx
Dans mon rêve éveillé, c’est le lampadophore
Qui porte la lumière aux pieds de son Phénix,
Liquide clapotant dans le sein d’une amphore.

Quand on entend sa voix, c’est un unique ptyx.
Équivoque vocable au prononcé sonore,
On le croirait roulé dans les remous du Styx
Paré de perfidie, vertu dont il s’honore.

Il meut avec lenteur sa carapace d’or
À travers les écueils et lacets du décor.
Il n’a de cesse, avant de rencontrer sa nixe,

De sillonner la nuit, la traverser encor.
C’est au matin venu que son regard se fixe
Sur un soleil jouant les feux d’un septuor.

Rolalala!
Cristale, Embellie, Cyrill

Vous avez la plume bien plus romantique que moi, misérable pécheresse!

Hello Myndie,

Moi, les pécheresses, j'aime ça.
Alors ne t'auto-flagelle pas je suis dans ton camp tu dois le savoir
T'imaginer "Aphrodite au bain" pendant que monsieur se "gorge de ptyx" est succulent !

Embellie tu mérites une palme pour rechercher encore "l'origine du ptyx"

Y'en a qu'ont essayé...

et le "petit septuor" de Blanche-Neige est une image attendrissante.


Cyrill, la dramaturgie-romantique te va si bien
lorsque tu écris :

"Il meut avec lenteur sa carapace d’or
À travers les écueils et lacets du décor."


Bref, vous êtes doués chacun dans votre originalité à versifier sur des mots imposés à la rime.

On attend encore un peu avant que je dénonce le nom de l'auteur du poème original, (que vous avez sans doute deviné), au cas où quelqu'un voudrait participer à cet exercice ?

Bravo à vous les bouts-rimeurs

J'aime beaucoup l'alpha félin, les gorgées de ptyx et le septuor de nains ! Bravo mesdames !

Bonjour les bouts-rimeurs,

Je pense que chacun a deviné de quel poème et de quel auteur il s'agit.
Voici donc, de Stephane Mallarmé (1842-1898), le célèbre sonnet en X :

Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx

Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx,
L'Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,
Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
Que ne recueille pas de cinéraire amphore

Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx
Aboli bibelot d'inanité sonore,
(Car le Maître est allé puiser ses pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s'honore.)

Mais proche la croisée au nord vacante, un or
Agonise selon peut-être le décor
Des licornes ruant du feu contre une nixe,

Elle, défunte nue en le miroir, encor
Que, dans l'oubli formé par le cadre, se fixe
De scintillations sitôt le septuor.


Et pour ceux-celles que cela intéresse, voici une approche analytique de ce poème.

par Robert Couffignal

Bravo et merci pour vos participations !

Merci Cristale. Je t'avouerai que j'avais trouvé la solution en cherchant le sens de certains mots par moi inconnus. Mais...motus et bouche cousue, ce n'était pas mon rôle de dévoiler.

Voici un autre bouts rimés, si le cœur vous en dit :

lumière – donné – passionné – dernière
flambeau – visage – image – tombeau
cloue – mains – coussins – joue
cœur – forte – morte – ardeur

Mon essai :

Légitime désir que celui de lumière.
A très peu d’entre nous seulement est donné
Le bonheur de connaître un destin passionné
Du jour de sa naissance à son heure dernière.

Celui qui , fièrement, brandira le flambeau
Verra l’orgueil, la joie, éclairer son visage
Et son esprit, conquis, gardera cette image
Tout au long de sa vie, jusqu’au seuil du tombeau.

Celui qui pense trop au cercueil que l’on cloue,
Qui voit tous les espoirs glisser entre ses mains,
Qui voudrait disparaître blotti sous des coussins,
Devient inexistant pour la vie qui se joue.

Mais celui dont la vie est guidée par le cœur,
Pour qui le « vivre ensemble » est une notion forte,
Verra que ses actions ne sont pas lettre morte
Et jouera jusqu’au bout son rôle avec ardeur.

A vous, les amis

Superbe poème de Mallarmé !! Je m'incline...

Citation :

Et merci Cristale pour le lien, je découvre avec beaucoup d'intérêt.

Et maintenant, merci l'amie Embellie pour ces nouveau bouts-rimés et ta proposition si pleine d'humanité !

À mon tour, v'là ma copie, m'dame :


À l’hiver de mes jours je verrai la lumière,
Mais pas un seul sursis ne me sera donné.
Je m’éteindrai, laissant mon être passionné
Se dissoudre. Et mon corps, de sa maison dernière,

Conviendra qu’il est temps de passer le flambeau.
Je somme le néant de montrer son visage,
L’on viendra déposer quelques fleurs, une image,
Des pensées voleront autour de mon tombeau...

Les notes de métal du cercueil que l’on cloue,
Jointes pour la prière un cortège de mains,
De vagues chuchotis, comme autant de coussins
Déposent gentiment leur duvet sur ma joue.

J’écoute gondoler comme un accroche-cœur
Le péan sépulcral. Mais de ma chambre forte,
C’est l’univers entier qui reste lettre morte,
Quand je vis et jouis d’une nouvelle ardeur.