Trois jours avait-on dit mais je savais déjà
Que s' il en manquait un je serais celui-là...


In vino veritas ?

Me voilà ben marri sans qu’une idée éclose !
Ma muse s’est inscrite aux abonnés absents,
Souhaitant en secret qu’un jour je me repose,
Et j’entends ricaner déjà les mal-pensants…

Voyons ma pharmacie et ce dont je dispose !
Pourquoi pas un cognac aux aromes puissants
En guise d’aspirine ou de toute autre chose
Afin de repartir, neurones agissants ?

Mon vieil ange gardien, qui de là-haut m’épie,
M’interdit, il est vrai, ce traitement d’impie
Tant il voit en Bacchus un dieu mal embouché*…

La nuit porte conseil ! Voici l’ultime pierre
De ce maigre sonnet qu’en ouvrant la paupière
Je vous délivre enfin… mais sans vice caché !

J'ai lu de nombreux textes consacrés aux affres de la page blanche mais celui-ci les renvoie tous au placard.
C'est un véritable régal.
Une mention spéciale pour le Bacchus mal embouché.

Plus généralement, Alex, en lecteur fidèle j'ai constaté que ces bouts rimés avaient carrément influencé ton inspiration et que le niveau de tes sonnets est monté d'un cran. Jusqu'où iras-tu ?

Merci Zef, tu es trop bon car j'avoue honnêtement avoir manqué d'inspiration sur ce coup là et n'avoir conclu que ce matin...
C'est vrai que ces bouts rimés permettent de se "lâcher" et d'aborder des sujets auxquels on ne pense pas en temps normal, un très bon exercice en définitive...
Ceci dit, dans la présente série, vous avez tous fait très fort que ça soit en qualité comme en quantité et j'apprécie tout particulièrement la "confirmation" du sieur Brabant, débutant mais déjà "Maître es sonnet classique" !

Oh ! Oui ! les sirs Brabant et Méléagre sont devenus très forts et traquer la fautes dans leurs oeuvres devient de plus en plus ardu...

J'aime bien, Alex, ton syndrome de la page blanche, je l'ai souvent moi-même et quand je commence je ne sais pas du tout comment cela va se terminer. Une bonne chose c'est d'écrire le vers de chute en premier. Dans un sonnet la chute devrait (doit) être remarquable, donc composer 2 ou 3 vers "classieux" (n'est-ce pas Tizef ?) avec les rimes dont on dispose pour le final, ensuite on construit son sonnet sur l'un ou l'autre de ces vers, selon l'inspiration. (je vous confie mes trucs à moi, bien sûr vous en faites ce que vous voulez).
Alex j'ai été surprise des remèdes de ta pharmacie... lol ! mais après tout pourquoi pas ?

Méléagre tes sonnets sont très émouvants : je revois mon gendre jeune instit débutant et plein d'enthousiasme et qui a fini avec une dépression nerveuse... au point de ne plus faire que des maternelles tant il était déçu par les plus grands. Pour le second, tu sais bien rendre l'atmosphère de l'ennui engendré par la puissance et l'argent qui ne font pas le bonheur, malgré la convoitise qu'ils génèrent. Pour la prosodie rien à redire, tu maîtrises parfaitement : bon élève, je te mets un A sans hésiter !

Merci Dame Mona ! Personne n'aura remarqué le "ben marri" du premier vers, un signal pour annoncer que ça allait chauffer ! Bon, je retourne me coucher !

Bravo Alex ! Comme quoi, le manque d'inspiration peut donner de l’inspiration. Avec encore beaucoup d'humour et de légèreté. Rassure-toi, personne ne se serait permis de "ricaner"...
Merci Mona. Oui, tout ça, c'est du vécu. J'ai enseigné deux ans au collège, et j'ai carrément arrêté. C'est dur, de perdre ses illusions...

Je vous propose pour cette série les rimes (si vous acceptez les sonnets irréguliers, avec des rimes différentes dans les quatrains) :

Étrange – nu – vendange – connu
mystérieuse – tous – curieuse – vous
ravie – vie – subtils – mensonge – songe – cils

C'est tout bon.
Les vendanges sont d'actualité.

"touss/vou" assonance ou enjambement obligatoire pour "tou" ?


Rimailleur ailleurs

Bah ! Brabant, si Baudelaire l'a fait on peut le faire aussi, même si ça titille quelque part... Serions-nous par hasard devenus puristes ? Il ne faut, dit-on, être plus royaliste que le roi, alors... suivons le guide ! Avanti !

Et voilà ! Est-ce prudent avant d'aller dormir ?


Trop beau pour être vrai…

Dans la profonde nuit j’ai fait un rêve étrange,
Où je me démenais, foulant de mes pieds nus
Les grappes de raisin d’un cuveau de vendange.
Autour de moi chantaient de parfaits inconnus*

Une femme survint, belle et mystérieuse,
Gracieuse elle rit et nous embrassa tous.
Dans la position, pour le moins curieuse,
Où je me débattais, qu’auriez-vous fait, vous ?

Le vin est un nectar pour égayer la vie :
J’en offris une coupe, en fut-elle ravie ?
Elle huma d’abord tous ses parfums subtils,

Puis soudain disparut : fantasmes et mensonges…
Je suis reparti seul vers le pays des songes,
Abritant mon œil triste à l’abri de mes cils.