"Abritant mon oeil triste à l'abri de mes cils."

Quelle réactivité Mona, il faut donc rimer pour l'oeil, le vôtre fut ici bien coquin, je ne crains donc pas pour votre nuit...

Bravo !

Mona, votre technique est à présent parfaitement rodée. Vous endossez une vêture masculine pour éviter les affres des e muets. En outre cela vous permet une gymnastique de l'esprit que j'imagine jubilatoire.
Ce très charmant sonnet nous fait vivre une version viticole d'une forme de rêve bien connue: au moment où les choses deviennent passionnantes, crac, on se réveille où, pire, Morphée zappe et on se retrouve gros-jean comme devant.

Eh oui, Tizef, il est plus facile de rimer au masculin, because ces fichus e muets et en plus ce sont des rimes issues de sonnets écrits par des hommes pour la plupart, donc les rimes sont souvent en conséquence féminines. Je m'aperçois que je ne vous ai pas mis le sonnet dont les miennes étaient issues. Je répare de suite cet oubli.

Vers dorés

Homme! libre penseur, te crois-tu seul pensant
Dans ce monde, où la vie éclate en toute chose:
Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l'Univers est absent.

Respecte dans la bête un esprit agissant...
Chaque fleur est une âme à la Nature éclose;
Un mystère d'amour dans le métal repose:
Tout est sensible; - Et tout sur ton être est puissant!

Crains dans le mur aveugle un regard qui t'épie:
A la matière même un verbe est attaché..
Ne la fais pas servir à quelque usage impie.

Souvent dans l'être obscur habite un Dieu caché;
Et, comme un œil naissant couvert par ses paupières,
Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres.

Gérard de Nerval

Panthéisme très féminin de la part du grand Nerval...


Merci Mona pour ce réveil mystique qui dipose à la communion, mais voilà que Baudelaire et mon sonnet s'amènent !


le temps de boire un café et on se dévergonde...

Dégustation

- Goûtez-moi donc ce vin plein de saveurs étranges :
La goyave, la truffe... On y discerne tous
Ces effluves qui font le charme des vendanges.
Il invite au voyage. Emma, qu'en pensez-vous ?

-Évitons de partir pour le pays des songes
(Ne vous défendez pas, je vois battre vos cils)
Les dithyrambes sont parfois de vils mensonges
Méfions nous, ami, des parfums trop subtils.

- N'appréciez-vous pas ses senteurs curieuses
Devenant au palais quasi mystérieuses ?
On croirait que Bacchus, ici, se livre à nu.

- Dégustons à nouveau puisque l'on m'y convie...
Que vous soyez comblé, vous m'en voyez ravie,
Mais ce Château là gagne... à n'être pas connu.

Une jolie façon de se faire envoyer sur les roses cher Tizef ! Subtil ton sonnet !

y compris son titre "DEGUSTATION" qui me renvoie à mon café...


Bien, en ce qui concerne mon oeuvrette :

Pour l'amour idolâtre, haro sur Méléagre !
Quant au sonnet crépusculaire, c'est la faute à Baudelaire !

N'analysez pas :) sauf pour le mètre :D

La succube

D'une dame arlequine un cauchemar étrange
Dévore mon cerveau par ses soins mis à nu.
Jus des losanges gris, que son apex vendange,
Elle suce un nectar d'aucun mage connu.

La belle a déchiré la chair mystérieuse
Des nodules dodus qui déambulent tous
Sous une voûte d'os, église curieuse,
Las des amours sereins, soit dit de nous à vous.

Un tcha-tcha d'éclopés voit la gueuse ravie.
Les neurones en choeur, tout en perdant la vie,
Se succèdent soûlés sous ses souçons subtils.

Mourir de coups de langue en rien n'est un mensonge
Pour qui marque le pacte ouvert au sceau du songe,
Pourvu qu'il soit léché d'un scellement de cils.

Bien il faut lire "suçons"... Oh !

Ta dame arlequine me fait diablement penser à une mante religieuse ( qui commence par bouffer la tête) dont tu serais la proie consentante.
Enfin, c'est ainsi que j'interprète ce fantasme en effet digne des fleurs du mal (en l’occurrence plutôt de la femelle)
Qu'est-ce que tu bois comme café ?

En tout cas, c'est diablement bien tourné.

Interdit aux moins de huit ans !


Imbroglio


Sans vouloir plagier un poète connu
Et n’ayant point usé d’un nectar de vendange,
J’ai crû faire longtemps un rêve très étrange
Qui, matin, me laissait impudiquement nu.

J’ai consulté des psys, des mages et puis tous
Ceux de la faculté qui trouvaient curieuse
Ma toilette nocturne et bien mystérieuse
La femme qui pouffait à chaque rendez-vous.

Puis un jour sont tombés fantasmes et mensonges
Car cette nudité n’était fruit de mes songes
Mais bien de ma maîtresse, une nymphe aux longs cils …

La dame insatiable, amoureuse et ravie,
Dès mon premier sommeil, quand lui prenait l’envie,*
Me dévêtait sans bruit pour quelques jeux subtils…