Charles Cros exagère avec ses rimes mineures ! Enfin, on va s'en accommoder...

J'adore tes jeux de mots Tizef : Pater Noster, Miss terre et peut-être d'autres que je n'ai pas repérés (pardonne à mon cerveau lent). Mais quel brio (et quels imbroglios, j'avoue d'ailleurs que je n'ai pas tout compris !) Hum ! En tous les cas c'est recherché !

J'aime du "paterne, austère" cette version nouvelle !
Fabuleux, mon cher Tizef, me voilà converti à cette bonzerie octosyllabique !
Bravo !

Et maintenant :

La vengeance d'Hérodiade

Antipas allongé gigote en sa pagode.
D'Hérodias la fille exécute un Mystère
Que son coeur affolé récite sans se taire.
Exalte mon enfant de ton corps lascif l'ode !

Hérodiade exulte. Elle pince la corde...
Sur un plat de fer vil tel une châsse austère,
Elle mande le chef, ainsi qu'une panthère,
Du Baptiste exécré, rond comme une géode.

Pour cette horrible quête il ne faut pas d'audience.
Ni juges, ni devins, non plus docteurs en Science.
Sans remords il accède au désir de la femme.

Il chasse d'un revers la larme du poète.
Sans tergiverser plus il lui cède la tête,
Qu'à travers Salomé, l'adultère réclame.


Rimes féminines; mon cher Alex, pour une vengeance de femme. :) Oh ! Pardon ! Lola ! :))

Mille fois pardon ! Mona ! :D

Chinoiseries

En Chine je voguais au milieu des pagodes
Sur le beau fleuve Jaune et n’en fis pas mystère.
Pourtant j’aurais mieux fait ce jour-là de me taire
Plutôt que de chanter sur ma lyre mes odes.

Il faut bien avouer que j’ignorais les codes
Régissant en ces lieux la discipline austère.
Dans ma jonque à l’affût, ainsi qu’une panthère,
Impavide, j’allais vers leurs sombres géodes.

Au puissant mandarin je quêtais audience,
En réclamant l’appui de toute sa science,
-Après tout je n’étais qu’une innocente femme –

Et je me défendais de n’être point poète…
Le magistrat me dit : « la justice réclame,
Madame il faut choisir : le cœur ou bien la tête ! »

Quelle rapidité tous, encore une fois !
Mona, condamnée pour avoir été poète... Pourtant ce voyage commençait bien ! Alors, quel a été ton choix : le cœur ou la tête ?
Brabant, il fallait oser, après Mallarmé, écrire un poème sur Hérodiade. Ce passage biblique est raconté avec beaucoup de grandeur. La comparaison (Baptiste rond comme une géode) est un peu bizarre, mais c'est le déboire de la rime. Je crois qu'il y a une diérèse à "Sci-ence", non ? En tout cas, les quatrains sont sacrément bien écrits !
Tizef, encore un sonnet plein de légèreté et d'humour : paterne, austère ; goder (au sens de s'amuser ?) / pagode, panthéiste / panthère. Si je comprends bien, cette ode, le panthéiste et la panthère, raconterait les amours du bonze et de Miss Terre ? Belle trouvaille !
Alex, tu as su tirer parti de la pagode autrement... Pas mal, ce témoignage d'un combat engagé. A quand la suite ? J'aimerais avoir des éclaircissements sur sa mort...

De mon côté, j'avais ces rimes en poche et en tête en traversant un parc. A un moment, je m'arrête pour écrire contre un arbre, et je sens qu'un gars s'approche de moi, voulant savoir ce que j'écrivais et si la nature m'inspirait...


Le soleil se couchait au-dehors des pagodes.
Le bonze, de son temple, observait ce mystère.
Lui qui parlait aux dieux et traduisait les codes,
Se recueillait alors dans un silence austère.

Ce rêveur attentif, aussi vieux qu'Hérode,
Semblait pousser le monde alentour à se taire.
Le vent frais susurrait dans les arbres des odes
Qu'accompagnait le pleur affaibli des panthères.

Les pas vifs, les sanglots et les cris d'une femme
Perturbent ce repos. En hâte elle réclame
Que ce paisible ancien lui donne une audience.

Le garde la repousse en secouant la tête.
Elle ignorait encor que ce puits de science
Portait sur le couchant un regard de poète.

Bravo à tous ! Pour ma part, en voulant sortir des sentiers battus, je n'ai pas fait très fort, c'est le moins qu'on puisse dire. Les manches pagodes ne me conviennent pas vraiment...
Il n'y aura bien sûr pas de suite, Mel, mais Diane Fossey a été assassinée par des braconniers que l'on n'a jamais arrêtés ; elle repose d'ailleurs au Rwanda, là où elle s'occupa de ses gorilles pendant de nombreuses années.
Ton poème est très bien mais je crois que le cinquième vers ne comporte que 11 syllabes étant donné qu'on ne fait pas diérèse à vieux... si je ne me trompe ! Un détail par rapport au reste...
Bonne soirée à toutes et tous...

Mel ? C'est la première fois qu'on me la fait, celle-là !
Tu as raison pour la mort de Diane Fossey, et ton vers ("Et redoutait bien plus braconnier que panthère") prend ici tout son sens...
Ah oui, une diérèse à vieux ! Pourtant, je me suis arraché les cheveux sur ces diérèses dans ce poème, mais je n'avais pas vu l'exception de l'exception ! Bon, ben on va dire : "presque aussi vieux qu'Hérode".

J'espère que ce diminutif, que je trouve plutôt sympa, ne te choque pas ! Sinon on revient à Meleagre pas mal non plus mais plus long à taper !

Vous avez tous fait très fort aujourd'hui. Pour moi j'ai été un peu démunie côté inspiration et les chinoiseries ma foi... Il vaut mieux donner son coeur que de perdre la tête, n'est-ce pas ? Bien que ce poème n'ait ni tête ni queue, que Bouddha me pardonne !

Oui, Sci-ence et audi-ence font diérèse, mais ça peut se corriger... comme tous les mots en i-en ou i-an excepté viande, allez savoir pourquoi !