Ah oui, Tizef, voilà qui est plus explicite, c'était seulement une partie d'échec... En effet, c'est beaucoup mieux ainsi. Comme quoi il faut remettre cent fois sur le métier...

Alex tu as bien mérité un peu de repos, allez fais un break, nous te pardonnons !

Me voici, me voilà après la lecture du dernier ouvrage de François de Closets, l'Echéance...

Faut pas rêver !

La crise et ses tourments vont nous saigner à blanc
Juste après l’Irlandais, l’Espagnol ou l’Hellène
Qui râlent dans la rue, au point d’en perdre haleine,
Craignant de plus en plus de rester sur le flanc.

Le Gaulois, quant à lui, le reproche sanglant
Pour tous ses gouvernants qu’il ne voit à la peine,
Sans jamais rien lâcher profite de l’aubaine*
D’un état providence au fondement tremblant.

Avec ses pis taris, que m’importe la tête,
Combien de temps encor résistera la bête
Avant de s’écrouler en meuglant… Ca suffit !

Souhaitons que demain la cigale rieuse
Ne soit point amenée à devenir pleureuse
N’ayant que trop songer à son petit profit…

Bien vu Hélène/Hellène !

Voilà ce que j'appelle un poème engagé ou je ne n'y connais, mais dis-moi, Alex, est-ce de César ou de Closets dont tu viens de terminer la lecture ?

Vous avez vu ? C'est déjà la 100e page des Bouts rimés ! Ça se fête !
Encore une fois, vous avez fait de la belle ouvrage !
Tizef, j'aime beaucoup tes deux versions. Juste quelques mots changés, et une histoire totalement différente : une partie d'échec, ou un amoureux qui se vante (en mentant ??) auprès de sa belle d'une glorieuse victoire. J'aime bien ce rythme en hexasyllabes : c'est un défi de raconter une histoire en si peu de mots, et tu t'en sors très bien !
Mona, cette poire Belle-Hélène m'a mis l'eau à la bouche. La description du dessert est très belle. Et une belle chute, aussi : un plaisir en amène un autre...
Brabant, je ne connais pas Offenbach, mais cette version est intéressante. Quelle vivacité dans les paroles de Ménélas ! Cette scène de ménage déménage.
Alex, je m'attendais pas à un poème engagé avec ses rimes, mais elles s'y prêtent bien ! Heureusement, le dernier tercet amène une note un peu plus positive...

Bon, j'ai pas pu ne pas penser à la guerre de Troie, et dans la version d'Homère en plus... Mais c'est une reprise pas très intéressante que je vous livre là.


Grâce au don de Vénus, Pâris enlève Hélène
Aux longs cheveux dorés, aux langoureux bras blancs.
Ménélas appela, dans sa terrible peine,
Les chefs grecs au secours des ses membres tremblants.

Frappant les ennemis à l'armure d'ébène,
Les Grecs aux traits troyens exposèrent leurs flancs.
Nombre d'entre eux poussa sa dernière haleine
Et vint rougir le Styx et l'Achéron sanglants.

Longtemps, pendant dix ans de luttes glorieuses,
Les morts furent suivis par les tristes pleureuses,
Jusqu'à ce grand discours d'Ulysse : « Ça suffit !

Un stratagème est né dans mon illustre tête :
Construisons un cheval, cachons-nous dans la bête,
Sortons la nuit, mettons la surprise à profit ! »

Hé, à la guerre comme à la guerre, Méléagre ; la mienne était en dentelles, la tienne en appelle au Styx et à l'Achéron ; et tu es bien plus fidèle que moi à l'oeuvre d'Homère.

J'aime les "langoureux bras blancs" d'Hélène. Ah !... la blancheur des bras de femme, quelles folies ne nous ferait-elle pas commettre... Hugo déjà dans la Légende des Siècles célébrait "la belle Aude aux bras blancs" qui tremblait pour Roland.

A la rime j'ai été tenté moi-aussi de jouer de ce bras blanc, comme d'une lyre !


Hélas ! Ménélas !... le tien comme le mien ne sont pas de bois !... Et, si le mien est d'opérette et le tien d'opéra, tous les deux sont dindons !

Très bien, Méléagre, ce Cheval de Troie, une seule petite remarque : haleine possède un h muet je pense, donc la voyelle précédente s'élide, ce qui rend ton vers boîteux. Mais je te fais confiance pour corriger ce petit défaut.

Il était d'autant plus difficile de résister aux charmes d'Hélène qu'il y a quelques jours la téloche nous a rediffusé la guerre de Troie selon Hollywood. Quels que puissent être les avis des uns et des autres sur ce péplum, force est de reconnaître que l'épouse de Ménélas était un sacré canon.
Méléagre, bonne idée de confier à Ulysse la composition du dernier tercet. Il s'en est fort bien tiré.

NB/ je joue aux échecs en ligne

Te voilà bien sérieux Alex ! J'ai un seul petit doute, mais je peux me tromper : j'aurais mis "N'ayant que trop songé à son petit profit" je sais bien que cela fait hiatus, mais, je ne saurais trop dire pourquoi, cela me fait drôle de voir "songer" à l'infinitif. (j'ai juré d'être em..bêtante aujourd'hui !)

Oui, je voulais le voir, ce Troie, mais je l'ai loupé (d'autant plus que ma télé a eu la bonne idée de tomber en panne). Faudrait que je trouve un moyen de le voir, depuis le temps que j'en entends parler.
Mona, dans "sa dernière haleine", oui, haleine a un h aspiré et le e s'élide (ce que je n'avais pas vérifié). Mais je crois qu'il y a une diérèse à derni-ère : 1 syllabe pour les mots où elle s'écrit iè, sauf dans les mots où elle est précédée de 2 consonnes différentes (pri-ère, meur-tri-ère).

Voici le sonnet d'origine, de Scarron. On est loin d'Hélène aux bras blancs et du combat entre Hellènes et Troyens !

Vous faites voir des os quand vous riez, Heleine,
Dont les uns sont entiers et ne sont gueres blancs ;
Les autres, des fragmens noirs comme de l'ebene
Et tous, entiers ou non, cariez et tremblans.

Comme dans la gencive ils ne tiennent qu'à peine
Et que vous esclattez à vous rompre les flancs,
Non seulement la toux, mais vostre seule haleine
Peut les mettre à vos pieds, deschaussez et sanglans.

Ne vous meslez donc plus du mestier de rieuse ;
Frequentez les convois et devenez pleureuse :
D'un si fidel avis faites vostre profit.

Mais vous riez encore et vous branlez la teste !
Riez tout vostre soul, riez, vilaine beste :
Pourveu que vous creviez de rire, il me suffit.

Fabuleux ce Scarron ! Bien injustement méconnu à mon avis. Merci de le mettre à l'honneur, Méléagre !