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1 Utilisateur(s) anonymes
CC#4 - 01/07/2012 - Style précieux |
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Énoncé Une nouvelle dans un style Précieux (pas plus de précisions, vous avez carte blanche), max. 2500 caractères (avec espaces). Liste des participants 1. MonsieurF 2. Stony 3. Palimpseste 4. Kerosene 5. Arielle
1 - MonsieurF Mme Durand vient de poser le questionnaire et le travail « d’écriture » sur ma table. « En vous référent aux textes de Molière, de Mme de Lafayette, et aux connaissances acquises dans l’année, écrivez une lettre d’amour dans le style précieux à Mme De Roquebrun. N’oubliez pas les codes afférents au genre : oxymores, périphrases, circonvolutions, ainsi que la carte du tendre » Connaissances ? C’est quoi mes connaissances ? Y’a bien Farid, Kader et Kévin, mais je crois pas que ce soit de celles-ci qu’elle parle Durand. Pis je les ai pas acquises cette année mes connaissances, mais depuis l’école primaire de la rue Foulens. Pfff…une oxymore c’est quoi ? On dirait un truc bien chelou qu’on attrape avec les putes. Genre une IST quoi. Mais bon j’crois pas que ce soit ça, franchement c’est pas le genre à me demander de parler de mes chaudes pisses cette prof. Périphrases ? Moi j’sais c’est quoi ! C’est une phrase qui contourne la ville. Avec des sorties. Le reste… Un style précieux ? Elle veut un style précieux ? Donc j’écris à une bonne go que je veux pêcho, et je lui parle de bijoux et d’or et de diam’s c’est ça ? Genre en rap ça donne ça quoi : « Toi t’es comme un Cartier , Et j’vais t’faire craquer J’te couvrirais d’caillasse Pour que tu sois ma pétasse » Mais il faut une lettre. Mme de Lafayette j’sais pas c’est qui de toute façon. Lafayette c’est le boulevard vers le Mac Do et la mosquée c’est tout. Molière c’est un keum qui fait du thêatre, ça j’sais. On l’a étudié au collège, genre le prof y voulait qu’on monte une pièce pour les parents. La vie d’ma mère ! Moi j’imaginais Fatima la mère à Chariff du bâtiment A, elle parle qu’arabe option blédard, j’étais mort de rire ! On lui a démonté sa pièce à l’autre bouffon. Bon allez concentre toi j’me dis ! Précieux : y’a d’la maille, de la thune, et des trucs bien classes. Et une carte du tendre. Moi j’sais c’est quoi ! C’est un truc tu lui donnes à la meuf, elle fait mine qu’elle veut pas niquer, puis elle veut. C’est précieux j’te jure c’te carte ! Avec ça tu ken toutes les nanas. Moi j’l’ai pas la carte. Putain la misère. J’entrave qu’dalle. Bon j’vais continuer mon rap, c’est comme une lettre à l’oral. Retrouver le texte dans le forum 2 - Stony La soie des hauts-plateaux Hier soir, je me suis enfin décidé à mettre le cap sur les Haut-Plateaux de la Justice; je veux dire : sur la colline où domine le Palais. Ca faisait des semaines que je n'avais plus levé la moindre bourgeoise et ce quartier-là est un sacré vivier. Les établissements y pullulent où de sculpturales créatures étrennent leurs nouvelles toilettes. J'avais récupéré mon smoking au pressing, c'était le bon moment. Parmi cette faune, un smoking est un gage plus sérieux que la vertu. On ne vous demande pas davantage tant que vous pouvez vous tenir. Les apparences s'arrêtent au vêtement, et bien entendu au supposé compte en banque qui vous a permis de le payer. Le prolétaire se fait inévitablement repérer par son manque de culot. J'ai donc compris depuis longtemps qu'il faut y aller à l'audace. Je suis passé devant un établissement où je n'étais jamais entré, mais j'ai flairé tout de suite la bonne affaire. Une déesse en noir fendu jusqu'aux cuisses sirotait un cocktail au bar. Suprême coup de chance : il n'y avait qu'un verre sur le zinc et que des tabourets vides dans un rayon de trois mètres autour de la créature. Elle était manifestement seule. J'ai poussé la porte. Je me suis assis sur un tabouret, lui ai dit bonsoir et l'ai ensuite parfaitement ignorée le temps de commander un verre et de pomper son contenu en quelques coups de paille, après quoi j'ai sorti mon vocable le plus précieux pour lui proposer de lui offrir ce qui lui plairait, car j'avais synchronisé ma consommation sur la sienne et nos verres respectifs étaient vides simultanément. J'ai compris tout de suite qu'il s'agissait d'une débutante car sinon elle n'aurait pas accepté du premier coup. Nous sommes quelques-uns, tous sexes confondus, c'est-à-dire les quatre, à traîner par là en usurpateur de notre condition. Mais qu'importe qu'il s'agisse d'une camarade ou d'une bourgeoise ? Moi, ce qui m'intéresse, c'est la délicatesse de la soie sur les belles carnations. La lutte des classes, je m'en tape. Malgré l'évidente maladresse dont elle venait de se rendre coupable, j'ai tout de même été agréablement surpris par la préciosité qu'elle simulait somme toute plutôt bien. - Seriez-vous avocate ? - Je travaille avec mon confrère, Maître Ginsberg, vous le connaissez ? Bien sûr que non que je ne le connaissais pas, et je ne croyais pas un traître mot de ce qu'elle me racontait, mais je lui ai répondu quand même qu'on avait dîné ensemble la semaine dernière, parce qu'on ne peut pas séduire une menteuse en disant la vérité. Si elle est secrètement convaincue du mensonge, mais à la condition impérieuse du secret, c'est même le carnage assuré. - Ca, par exemple ! qu'elle a fait. Dès cet instant, j'ai su qu'elle était ferrée, mais il fallait que je la joue fine pour la suite car si je mentais et si elle savait que je mentais, il fallait en revanche qu'elle continue à croire que je ne savais pas qu'elle savait que je mentais. Pour cela, il fallait que je prenne les devants, que je ne la laisse surtout pas parler en premier. C'était facile : il suffisait de lui inventer des détails qu'elle pourrait confirmer. - Oui, j'ai donc ajouté, nous avons dîné mardi au Fouquet's en compagnie de Mathilde, sa charmante épouse. - Oh, vraiment ? Elle est tout à fait délicieuse, n'est-ce pas ? qu'elle a menti avec un parfait aplomb. - Positivement. Ils forment ensemble un couple exemplaire. Mais alors, il est curieux que nous ne nous connaissions pas. - En effet. Le monde est manifestement petit, mais pas autant qu'on le prétend. Cela dit, il semble que le hasard se soit enfin décidé à consolider cette légende. - Et j'en suis parfaitement ravi. La partie devenait trop facile à mon goût. J'ai voulu la corser un peu pour la rendre plus amusante. - Ca fait longtemps que vous êtes inscrite au barreau ? Là, j'ai bien cru que je venais de commettre la bourde monumentale car elle semblait désemparée. Son regard a cherché secours alentour jusqu'à ce qu'il tombe sur la carte du bar. - Pas du tout, je ne suis pas membre. C'est la première fois que j'entre dans cet établissement. Et vous, vous êtes inscrit ? Je n'aurais toujours pas été à l'abri de la bourde si je n'avais remarqué le nom de l'établissement sur la carte : "Le bar haut". - Bien entendu. Seules les dames peuvent entrer sans être membres, sans toutefois avoir accès aux salons. Je parlerai au patron tout à l'heure, c'est un ami de longue date. Vous pouvez considérer votre inscription comme acquise. - C'est vraiment très aimable à vous. Vous êtes une très charmante personne. - Mais vous en êtes une autre. Et voilà ! Nous en étions déjà à la déclaration de la réciprocité de nos intentions. Evidemment, le coup du barreau m'avait un peu refroidi, mais il ne m'a suffi que de jeter un rapide coup d'oeil à ses reins pour me réchauffer en moins de temps qu'il ne faut pour en apprécier tout le galbe. Après l'incident que nous venions d'éviter, j'ai toutefois estimé qu'il fallait conclure l'affaire avant de s'exposer à un péril peut-être plus grave encore. A cet endroit du récit, je me dois d'user de l'ellipse car l'autobiographie est un genre délicat réclamant mesure et pudeur. Il ne faut pas disperser aux quatre vents du lectorat ses souvenirs les plus intimes. Ou alors, il faut transposer. Mais pour cette fois, ce sera l'ellipse. Finalement, elle n'était pas précieuse du tout, pas davantage que camarade. C'était juste une phénoménale pétasse. Ce matin, je me suis félicité quand même d'avoir fait sa connaissance, et on s'est dit qu'on s'appellerait, ce qui pour moi, comme je l'espère pour elle, c'est-à-dire pour moi toujours, signifiait qu'on se disait adieu. Retrouver le texte dans le forum 3 - Palimpseste Château de Susse-le-Menche, AD deux mille et douzième année - Ce cinq de Juillet... Ma bien chère Baronne Palimpsestine de Meyd'heu, Depuis ce matin, Helios darde vers moi ses rayons les plus brûlants. Le résident de mon confessionnal m'a proposé de prendre la plume pour vous conter les dernières nouvelles céans. Il est vrai que nous sommes témoins de bien excitants phénomènes. Hier, nous avons reçu au Château le Général de Baïse-Montcuq, nouvellement promus Maréchal de France. Il est très fier de son bâton et a organisé une partie de Colin-Maillard où nous avons toutes pu chasser sa nouvelle distinction. Une courte ondée a mit fin à notre séance. Euterpe et Melponême nous ont ensuite appelées sans répit. Fêtant le moment avec force breuvages issus des fruits de Bacchus, nous avons dansé jusqu'à l'apparition de Sélène. Les mires-balais sont ensuite venu nous rejoindre pour nous le retour d’Apollon plus agréable. Mais alors que la rosée ourlait les fleurs de ses larmes fraîches, nous avons découvert le Général en visite définitive chez Hadès. Mes amies et moi-même avons versé plus de larmes que nos corps ne savaient pouvoir en contenir. Nous avons bien failli nous noyer dans nos hyper-lacrymations désespérenteuses lesquelles eussent aisément rempli le bassin du Château si celui-ci n'était déjà plein. Mais le plus fantastique est à venir. Alors que nous pensions organiser au Général des funérailles toutes militaires, il nous a été appris ses dernières volontés: le Général avait souhaité être transformé en munition. Les artificiers du Roy ont effet quelques procédés nouveaux pour remplacer le sang par de la poudre à canon. C'est la joie des gens d'armes de s'assurer que la Camarde ne puisse les empêcher d'aller frapper encore les ennemis. Les artisans sont actuellement à la tâche. Toutefois, l'ambiance irénique qui sied dans le royaume ne permet pas d'envisager l’affectation du Général à la guerre. Il a donc été décidé d'un feu d'artifice en notre honneur. Vous imaginez combien nos cœurs sont pétris d'impatience de voir le Général se faire tirer ailleurs que sur les champs de bataille ou dans les bosquets du parc. Je vous envoie mes pensées les plus affectueuses et vous supplie de m'honorer de votre présence prochainement. Votre visite, au sujet de vos idées sur l'amour, nous permetta de prendre langue. Votre amie, la Marquise de Leyche-Lamothe Retrouver le texte dans le forum 4 - Kerosene Compte de fée Lovée dans un majestueux fauteuil de brocart terni par les ans, Thalie contemplait la fin du jour sur l'océan. Sur l'horizon, l'astre solaire aux joues enfiévrées, s'abîmait dans les ondulations d'une mer pailletée d'or, tandis que dans sa lumière mourante, le ciel s'assombrissait insensiblement. Pensivement, elle ferma les yeux un instant, puis son regard s'abaissa sur le verre de cristal finement ciselé qu'elle tenait dans entre ses doigts délicats. Au fond du calice élégamment armorié, dansait un sombre hypocras aux teintes de grenat. Longuement, elle écouta le silence comme la nuit envahissait le château désert. Puis elle porta la coupe à ses lèvres et but, s'arrêtant entre chaque gorgée, le vin où l'on ne sentait pour ainsi dire plus que les notes amères et brûlantes des épices. Le breuvage n'était pas vraiment à son goût, mais elle n'en avait pas trouvé d'autre. Elle devrait donc s'en contenter. Du bout du doigt, elle attrapa une gouttelette qui, perlant au pourtour du verre, avait tenté de s'échapper et glissait vers son menton. Un instant, elle regarda la goutte aux tons cramoisis suspendue à la pointe de son index, comme un cruel rappel de la tragédie passée : une infime, insignifiante et minuscule perle de sang qui, à elle seule, avait pu sceller tant de destins ! Ah ! Maudite sois-tu, quenouille ! Et maudites aussi, les sorcières, leur vanité et leurs promesses trompeuses ! « Tu ne mourras pas, mon enfant ! avait annoncé la fée devant l'assemblée encore tremblante des invités assemblés pour le baptême. Mais tu dormiras, cent ans peut-être, le temps que prendra la malédiction pour s'éteindre ! » Un rire silencieux agita pathétiquement les épaules de Thalie, lorsqu'en reposant le verre sur la petite table aux pieds tournés, rongés par les vers, son regard s'arrêta sur la minuscule fiole de verre sombre qu'elle avait dénichée au plus profond des placards de l'esculape palatin : esprit de digitale, pouvait-on encore déchiffrer sur l'étiquette ternie. Elle songeait alors que le grenat était justement la pierre censée protéger des poisons et apporter la prospérité. En s'éveillant ce matin dans le grand lit dont le ciel tombait presque en poussière, elle avait nourri un immense espoir, mais au fil de la journée, la belle au bois dormant avait compris que la fée s'était trompée et qu'après mille ans d'oubli, nul pour elle ne viendrait plus. Retrouver le texte dans le forum 5 - Arielle Elle rêve, mollement bercée par la brise qui caresse son hamac. Son délicieux petit visage posé sur ses mains jointes on pourrait la croire endormie mais la fixité de son œil de jade grand ouvert sur le monde ferait plutôt penser à une intense réflexion, une prière peut-être … Moi, je sais qu'elle attend, qu'elle m'attend. Depuis des jours que je la contemple, détaille la perfection de son exquise anatomie j'ai eu le temps de m'imprégner de chacun de ses gestes, d'en interpréter tous les signes. J'en bois la quintessence à longs traits, elle est ma drogue, mon graal, mon unique obsession. De la façon nerveuse dont je l'ai vue ce matin lisser son corsage du revers de ses poignets si fins, j'ai compris qu'elle était enfin prête. Elle m'avertissait. Embrassant d'un regard tout son univers, sans même se tourner vers moi vile entité, elle envisageait une approche. Elle m'informait qu'elle ne trouverait pas inconvenant de me voir faire quelques pas en direction de sa charmante personne. Je viens donc de me mettre en route parmi les herbes folles, tendu vers la subtile fragrance émise par la belle à l'orée de l'amour. Elle a repris sa pose hiératique au creux de son berceau de feuilles. Je me demande avec angoisse si elle daignera en sortir pour l'accomplissement de l'acte que j'imagine, compte tenu des oscillations, passablement acrobatique et périlleux … Comment lui suggérer que le kamasoutra est plein de ressources variées, non dénuées d'élégance et que, sans risque de déchoir, elle peut quitter son perchoir pour en faire avec moi l'inventaire. Elle semble m'avoir deviné sans que j'aie eu besoin de m'expliquer plus avant. La voilà qui s'adosse, plus gracieuse que jamais, à la ferme tige d'un baliveau. Ah qu'elle est belle et pure ma vierge évanescente dans la lumière dorée de ce printemps fougueux ! Comme un bijou précieux dressée contre l'écorce elle s'offre gourmande à l'extase suprême et m'invite à l'aimer. Elle a faim, je le sens, du goût de mes baisers, de ce mystère nouveau d'un corps contre le sien … Ah tu vas t'en repaître mon ogresse adorée ! Ah je vais t'en donner de mes saintes caresses, ma religieuse amante ! Quand j'entendrai craquer ma nuque sous tes crocs je saurai, mon ardente, que je t'aurai comblée. Retrouver le texte dans le forum
Contribution du : 18/10/2012 22:14
Edité par David le 19/10/2012 23:51:39
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