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Les incises.

Considérées comme une inélégance syntaxique jusqu’au 18ème siècle, elles sont largement utilisées dans le roman moderne.
Ainsi, les « dit-il » et autres « répondit-il » sont remplacés par des verbes qui s’associent facilement au fait de dire, tels que : murmurer, soupirer, hurler, confier, etc.

Même si je suis partisan d’en coller le moins possible en donnant suffisamment de personnalité au langage des locuteurs pour qu’ils soient aisément reconnus par le lecteur, ce n’est pas toujours possible (et puis ce n’est que ma vérité personnelle à moi qui n’est pas pour autant la bonne !). Il serait donc dommage de se priver de l’incise, car elle peut être un complément en ayant une incidence sur le discours indirect.

Dans un dialogue question-réponses, grâce à l’alternance, le lecteur sait qui prend la parole. On peut ici s’en passer.
Si on tient à les limiter, il peut y avoir une alternance entre répliques présentées avec incises et d’autres présentées sans. Là aussi le lecteur saura qui parle.

Pourtant, si elle survit aux raffinement de la mise en page du dialogue, il faut croire que l’incise a d’autres fonctions que celle d’aider à la reconnaissance de la parole d’autrui. Etant un petit morceau de narration introduit dans le discours direct (ses temps sont ceux du récit et non ceux du dialogue), elle insère les paroles dans le texte. Elle fait ainsi apparaître que le dialogue n’est pas autonome par rapport au récit.

Ainsi, elle peut avoir les fonctions différentes suivantes :
- Sans impliquer de jugement, être simplement informative en qualifiant la manière de dire : articuler, crier, hurler, murmurer, chuchoter, vociférer, débiter, dégoiser, bonir…
- Reconstituer l’action qui accompagne la parole : gémir, pleurer, sourire, regarder…
- Replacer la réplique dans la situation de communication : répondre, répliquer, rétorquer, répéter, transmettre, propager, objecter, faire observer…
- Être évaluative, elle infère alors un jugement en évoquant l’intention ou le sentiment qui accompagne la parole : féliciter, déplorer, reprocher, regretter…
- Porter un jugement sur la valeur de vérité du discours : prétendre, révéler, avouer, prouver, démontrer, dévoiler…

Alors, incises ou pas incises ? Les nouveaux romanciers ont mauvaise conscience à l’employer. Boris Vian, dans certains ouvrages, a pris le parti de n’utiliser que le verbe dire, au risque d’être monotone, mais il était Boris Vian… À vous de décider. Moi, qui suis un être équilibré, mesuré, raisonnable et sensé, je dirais que c’est comme la modestie, point trop n’en faut.


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- À vous de décider. Moi, qui suis un être équilibré, mesuré, raisonnable et sensé, je dirais que c’est comme la modestie, point trop n’en faut" plaisanta Togna.

- Est-ce bien à ce genre de truc que tu fais alluvions? "s'inquiéta Bérurier

- Allusions, Béru, allusions" se gaussa Pinuche

Bonjour Togna,

Merci pour ces intéressants propos sur le dialogue.

Pour ma part, j'ai fait le choix de beaucoup réduire la place des dialogues dans mes récits et à quasiment éliminer les incises.

Je trouve, mais c’est aussi un avis personnel, que les incises renforcent le texte. N’ayant plus les chiffres en têtes, mais un dialogue entre deux personnes représente à peine plus de 50% de la communication. Le comportement, l’intonation et le rythme sont très important et rarement décrit dans un dialogue écrit. Ces petits verbes sont l’intonation manquante.

- Salut ça va ?
- Oui et toi ?
- Tu viens au cinéma avec moi ?
- Je ne sais pas si je peux.

ou

- Salut, ça va ? chantonna-t-il
- Oui et toi, sursauta Justine
- Tu viens au cinéma avec moi, propsa Julien
- Je ne sais pas si je peux, soupira-t-elle

ou

- Salut, ça va ? osa-t-il
- Oui et toi, soupira Justine
- Tu viens au cinéma avec moi, espéra Julien
- Je ne sais pas si je peux, mentit-elle.


Bon, bien sur à ne pas utilisé dans tous les dialogues...

Oui mais en insérant un petit paragraphe avant ou après le dialogue on peut produire le même effet, tout en laissant l'"intégrité" du dialogue…

Moi j'aime utiliser l'incise dans l'humour.

Quand je parodie mes potes de charleroi :

- M'pey, tu veux bien arrêter ci fait, dis-t'y.
- Mé non je n'peux nin. Qu'y répond.
- Bé brin din t'gueule que j'lui aurai fait.
- C'est bin c'que j'ai dit!

Sinon parfois j'aime en placer une de temps en temps entre les paragraphes dont parle Ululo et qui sont plus dans mon utilisation habituelle.

Elle lui cria :

- Ne pars pas!
- Je reste, soupira t'il à contre coeur.



Encore merci. Toujours instructif!

En tant que lectrice, je suis du genre à préférer un dialogue (même et surtout un dialogue questions/réponses) avec des incises, sinon au bout de quelques répliques je perd le fil et je suis obligée de relire cinq fois pour comprendre qui parle (mais sans doute ne suis-je pas suffisamment attentive ! )

Pareil, j'ai tendance à perdre rapidement le fil si j'ai pas des indices sur qui parle. En plus ça donne une atmoshére plus précise, des indications sur la personalité et l'ambiance, ça me paraît important.

Bien sûr, bien sûr, les incises sont importantes. Il est évident qu’elles ne peuvent être supprimées que si l’auteur sait donner suffisamment de personnalité aux interlocuteurs pour que le lecteur les reconnaisse sans confusion possible.