Je suppose que c'est un reflexe pour beaucoup: faire mourir (ou disparaitre) un personnage clef m'a paru pendant longtemps le meilleur moyen de terminer un texte.

Jusqu'au jour où une amie a qui j'avais fait lire une de mes nouvelles m'a dit que, vraiment, pour ce texte là, j'avais choisi la fin la moins interessante.

C'est une des remarques qui a de beaucoup influencé ma façon de travailler.

A force de lectures (et notamment, a force de me dire qu'il manquait deux lignes ou qu'il y avait deux lignes de trop dans le roman que je venais de refermer, le meilleur exemple pour moi étant "autant en emporte le vent"), j'ai fini par essayer, autant que faire se peut, de fabriquer des fins ouvertes: la vie de mes personnages ne commence pas avec le texte, et ne fini pas non plus avec elle. Au lecteur de se raconter la suite.

Et vous, vos fin, vous les travaillez comment.

Terminer un texte est une chose difficile.

Beaucoup de lecteurs ont tendance (pas toujours à raison, d'ailleurs) à s'appuyer sur la qualité du dénouement pour juger de la qualité globale du texte. Néanmoins, force est de constater que la façon dont l'auteur va conclure son récit est un paramètre important dans l'appréciation que l'on peut avoir d'une oeuvre.

Pour ma part, j'ai toujours pensé qu'un dénouement tragique (dans les livres ou les films) imprimait de façon plus durable la rétine et l'esprit du lecteur ; c'est pourquoi j'aime écrire des histoires qui ne finissent pas très bien (ou alors si le dénouement est heureux, il faut que le prix à payer soit fort).

Lorsque j'écris un texte, avant même de rédiger le premier mot, je sais comment mon histoire va finir et il est très rare que je change de direction en cours de route. Enfin, lorsque je n'arrive pas à me décider du dénouement ou lorsque je considère que celui-ci sera forcément décevant, alors je fais en sorte d'en suggérer plusieurs sans donner de réponse figée, laissant le soin au lecteur de choisir celui qui lui conviendra (en fonction de son humeur) en lui donnant toutefois quelques pistes pour orienter sa reflexion.

Voilà

J'ai eu tendance aussi à tuer mes personnages principaux, puis j'en suis revenu.
Oui, je suis plutôt adepte des fins ouvertes aussi. Plus optimistes, en fait. Mais je ne m'interdis pas aussi des fins plus tragiques selon le sujet...
Dans l'un de mes romans, je m'interdisais de tuer l'un des deux personnages et finalement, ben ça ne tenait pas debout de le laisser vivant. Ce qui n'empêche pas une ouverture malgré tout... ( et oui, la mort de ce personnage n'est pas la fin à proprement parler du roman ! )

Quant à la note inattendue. C'est bon pour les nouvelles, et encore on a trop tendance à un faire dogme en France je trouve. Et peut-être les thrillers ou les policiers...

Je suis adepte des fins louches à décrypter, (c'est le stade après la fin ouverte).

J'aime moins le tragique que l'amer, le poisseux, le désespoir calme et collant ...

J'adore les fins où rien ne se passe (En fait, j'adore les nouvelles où rien ne se passe), où l'atmopshère domine sans qu'il y ait besoin d'une "action" ou d'un coup d'éclat quelconque pour terminer l'histoire.

Citation :

Idem. Un texte littéraire, c'est quand même pas la dernière bonne blague à Toto, où tout est préparé pour mener à la chute. J'ai pas envie de me farcir tout un texte rien que pour tomber par terre à la fin. J'ai besoin de jouir... soyons pas trop exigeant... disons au moins une fois toutes les trois lignes. Pour moi, un bon texte est multi-orgasmique, et pas juste un grand hurlement obscène et factice à la fin.

à rapprocher de...

Citation :

Et comment !
Je pensais pas dire ça un jour, mais on a des leçons à prendre d'Amérique.
Parmi le peu d'exemples que je puisse fournir, Bukowski en est certainement l'extrême. On sait à peu près d'avance tout ce qui va se passer. Il ne s'agit bien souvent que de variations sur un même thème, voire une même trame. On se fout complètement de la fin ! Mais qu'est-ce qu'on prend de plaisir en n'attendant pas cette fin.

Citation :

Là, par contre, beaucoup moins fan. Encore que, nuançons. J'aime bien qu'il y ait un premier degré auquel tout le monde puisse s'accrocher. Ceci n'empêche aucunement les autres degrés, que certains verront, d'autres soupçonneront, d'autres enfin ne verront pas. C'est surtout que j'ai horreur de me prendre pour un con. Et quand je termine un texte et que j'ai rien pigé, je me prends pour un con.

Perso, j'ai le plus souvent terminé mes textes par les "trous".
J'écris quelques phrase, puis vient un passage qui ne m'inspire pas trop sur le moment... je continue plus loin... et ainsi de suite. Souvent, la fin est donc déjà écrite.
Il me reste à remplir les trous. Pas pour autant que c'est pris par dessus la jambe. Il est même arrivé qu'un "trou" devienne l'essentiel du texte.
Bref, pas de règles.

Quand je dis à décrypter, c'est que j'ai souvent remarqué que la plupart des gens ne pigeaient pas mes fins.

Il m'arrive très fréquemment qu'on croit à la mort de mon personnage, alors que ce n'est qu'une mort morale, une mort amoureuse ou littéraire ...

Sauf que je ne me voie pas sortir un écriteau "Attention, ceci est une allégorie".

Donc, fin "à clef".

Pis si je devais changer ceci, il faudrait que je commence à écrire surtout "pour" le lecteur et donc révolutionner ma façon d'écrire et je ne suis pas sûre d'en être encore capable (je suis trop égoiste).

Bref désolée je m'éloigne du sujet ...

(C'était juste pour dire que je ne fais pas volontairement des fins hermétiques, mais que l'hermétisme surgit malgré moi. )

Citation :

Que ce soit de façon infime, invisible, inconsciente il se passe toujours quelque chose (ne serait-ce que dans l'imaginaire du lecteur).

Mais je chipote. Je comprends tout à fait ce que tu voulais dire.

W

Il est tout de même assez symptomatique de constater à quel point on donne un sens exclusif à la question posée.

Quand je lis : "Comment terminez-vous vos textes ?"...
je comprends : "Comment terminez-vous d'écrire vos textes ?"
Et bien, sauf exception, pas par la fin du récit.

D'ailleurs, je me dis que devrais plus souvent terminer par le début, ça m'aiderait peut-être à le soigner davantage.

En ce qui me concerne, la fin est rarement ce que j'écris en dernier.