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2 Utilisateur(s) anonymes
Re : Contraintes contrastes |
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Il y a de la trouvaille, cela dit c'est pas mon truc les jeux de mots... Les Mont Tagut contre les K-poulets, d'emblée, j'ai du mal.
Mais de l'idée, je ne nie pas.
Contribution du : 26/06/2012 19:59
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Re : Contraintes contrastes |
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Ciel, Palimpseste, les K-poulets... on aura tout lu ! (chiche pour les corps gazeux, dans un texte ammoniaqué).
Voici ma participation : J'ai entendu le bruit des freins, et par réflexe, j'ai appuyé sur les miens. Le gars venait de me doubler : il a fait un tête à queue sous mes yeux avant de s'arrêter net, le capot encastré dans le talus. Les phares de sa voiture avaient balayé le bas-côté gauche, puis m'avaient ébloui et avaient fini leur danse en éclairant les fourrés, à ma droite. J'ai alors vu briller dans les buissons, d'un éclat flamboyant, une paire d'yeux rouges. Tu es assis à ton volant, sanglé par ta ceinture bloquée à crevée. Devant toi, une voiture fume, tu devines les mouvements de son conducteur, le geste familier du téléphone porté à l'oreille. Tu aimerais sortir, lui parler, lui demander s'il va bien. Mais comme la mise en abyme d'un cauchemar ophtalmologique, tu gardes sur la rétine l'image d'un regard en colère, empreint d'une folie nocturne. Alors, tu verrouilles les portières et tu restes assis, à écouter le souffle de ton pouls battre à tes oreilles, à attendre l'extinction progressive de la peur. Car j'ai eu peur. Petit à petit, je me calme. Devant, le gars ne bouge plus. Je me risque à klaxonner et à lui faire des appels de phare. Il se retourne, me fait signe. Il mime « viens », je mime « non », vigoureusement. Il brandit son portable, puis lève les mains et étend les doigts : 0 - 6 - 2 - 0... son numéro. OK de ma part. Je l'appelle. Sa diction est pâteuse, il hoquète, on peut calculer à l'oreille son taux d'alcoolémie, considérable. Lui, il a vu un loup-garou, le genre garanti sur facture, 100% pur monstre, de la tête à la queue. Il refuse de sortir de sa voiture. Tous les voyants sont au rouge, pas question de démarrer non plus. Je lui propose d'appeler un dépanneur. Il refuse : le gars se ferait bouffer. Moi, les minutes passant, je suis persuadé d'avoir vu un chien. Je salue le type insensible aux arguments raisonnables, mets le contact et rentre chez moi. Ça fait les gros titres le lendemain : massacre sur la Nationale. Après mon départ, des gens se sont arrêtés pour aider le poivrot : l'enquête dira combien ils étaient, pour le moment, on n'a pas reconstitué les corps, déchiquetés et disséminés le long d'un parcours sans queue ni tête dans les fourrés. J'ai appelé la police. Je suis convié au poste le soir même pour un entretien. J'enfile mon manteau, ouvre la porte d'entrée de mon pavillon. Un homme me sourit. « Salut. Vous me reconnaissez ?, dit-il » Une lame brille dans sa main. J'avais raison. C'était un chien.
Contribution du : 26/06/2012 22:12
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Re : Contraintes contrastes |
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Maître Onirien
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22/02/2010 10:47 De Luxembourg
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Contrainte : "on sentait bien qu'elle n'aimait pas la viande froide" (que j'ai un peu adapté en changeant froid et cru, quand j'étais gamin je confondais les deux :)
Geekette En ces temps reculés de l'âge de pierre, la tribu des Cailloux sait qu'elle peut compter sur son chef pour la sortir des situations difficiles. Il ne craint ni l'ours des cavernes, ni le tigre à dent de sabre. Un seul cri peut le faire frissonner… - Papaaaaa ! Le chef s'approcha de sa fille adorée avec circonspection. - Oui ma chérie ? - Tu m'as trouvé ce que je t'avais demandé ? - Quoi donc mon petit mammouth ? La fille du chef lança son regard qui tue. Son père se mit à balbutier. - Je plaisantais ! Oui, ta nouveauté technologique, là… - Le feu. - Voilààà, le feu. J'ai envoyé un guerrier chercher cette merveille, mais tu sais, la tribu qui le fabrique habite très très loin… Avant que la fille du chef ait eu le temps de taper du pied sur la paroi de la caverne – événement redouté de toute la tribu depuis que la chute d'une stalagtite avait applati leur grand sorcier – ledit guerrier surgit d'entre les fourrés en tenant un tison enflammé. Mentalement, le chef le couvrit de cadeaux. Physiquement, il lui donna une petite claque amicale. Le chef savait se faire apprécier. - Ah, comme il est beau ! La fille du chef prit le tison sans ménagement. Un cercle se forma autour d'elle. Tout le monde voulait toucher, voir. Les femmes palabraient, les hommes commentaient l'objet avec de petites mimiques d'intérêt. Puis vinrent les deux questions primordiales. - Ça sert à quoi ? - Ça marche comment ? La fille du chef était heureuse d'être au centre de l'attention. Elle se mit à parler à toute vitesse. - Alors on appelle ça le feu. Pour le créer, on a besoin d'énergie, de matière et d'oxygène. Il est indivisible et on peut créer de multiples feux à partir d'un seul. Ça sert à éloigner les animaux, à les rabattre pour la chasse, à durcir une pointe de bois… Le chef secoua la tête. Comment pouvait-elle en savoir autant ? Ce fossé générationnel le dépassait et une pointe de mélancolie le submergea. Avant, on éloignait les animaux en se battant avec eux, à la dure. C'était le bon vieux temps que ne connaitrait pas ses descendants, habitués au luxe du feu. - … mais surtout, ça sert à faire cuire la viande. Et la fille du chef se mit à frissonner de plaisir. On sentait bien qu'elle n'aimait pas la viande crue.
Contribution du : 26/06/2012 23:44
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Re : Contraintes contrastes |
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Un texte vraiment sympa Placebo, j'ai apprécié.
Je me disais aussi que la petite peste aurait pu réclamer du feu parce qu'elle n'aime pas manger froid. Saleté de môme...:) Palimpseste: quand cesserez vous donc de décimer la moitié de l'humanité ? Vous êtes un génocidaire en puissance ! Sinon même remarque que Socque, j'aime votre texte, mais je n'aime pas trop les références littéraires qui l'alourdissent.
Contribution du : 27/06/2012 05:50
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Re : Contraintes contrastes |
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misumena, désolée mais je n’ai pas bien compris. Finalement, c’était un chien, d’accord, alors c’est le gars que voit le narrateur à la fin qui a dégommé tout le monde, c’est ça ? Oui, d’accord, en l’écrivant c’est mieux, je trouve une logique. Question, quand même : comment le méchant tueur a retrouvé l’adresse du narrateur ? Il ne l’a pas suivi la veille puisqu’il était occupé à dézinguer tout le monde…
En tout cas, j’ai aimé la narration alerte. placebo, j’ai adoré ! Cette idée de la fracture technologique entre générations d’hommes des cavernes, ça me botte…
Contribution du : 27/06/2012 08:12
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Re : Contraintes contrastes |
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@Socque : j'ai été coincée par le format... Pour l'adresse : annuaire inversé. ;)
@Placebo : c'est mignon, la geekette préhistorique ! Vous devriez appprécier "Pourquoi j'ai mangé mon père", de Roy Lewis. Et la BD, "Silex and the city".
Contribution du : 27/06/2012 08:28
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Re : Contraintes contrastes |
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Et le nom du narrateur, comment il le connaissait ? Ah, attendez, il a torturé un peu le poivrot pour lui faire cracher le nom de l'autre conducteur, j'ai bon ? Comme vous dites, à cause du format, il y a des ellipses...
Contribution du : 27/06/2012 09:17
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Re : Contraintes contrastes |
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@Socque : non, le gars de la voiture, c'est le même que le gars avec le couteau. Bon, je crois que je lis trop Murakami, en ce moment... A la fin de chaque nouvelle, je me dis ??? et puis ah ouiiii, et puis ah noooon peut-être pas. Le pire, c'est que ça m'énerve...
Contribution du : 27/06/2012 09:38
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Re : Contraintes contrastes |
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Maître Onirien
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Palimpseste : Il y a une certaine jubilation à mélanger les aventures sordides de ces petits gars de banlieue aux références littéraires dont vous assaisonnez votre texte mais trop c'est trop, à mon avis et quelques touches par-ci, par-là auraient suffi à pimenter l'affaire.
Misumena : J'ai trouvé excellente cette histoire de loup-garou et la manière dont le monstre retrouve le témoin ne m'a pas posé de problème : d'une part parce qu'on est dans le fantastique, il me semble et d'autre part parce qu'il a très bien pu relever le numéro de la plaque d'immatriculation et de là trouver le nom du fuyard. Placebo : Superbe le rendu de ce fossé générationnel, j'avais l'impression de lire les explications de mes petits enfants tentant de m'initier à l'informatique ! Trois bons textes dans lesquels les contraintes sont si bien intégrées qu'on les oublie totalement au cours de la lecture
Contribution du : 27/06/2012 10:35
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"La poésie est aux apparences ce que l'alcool est au jus de fruit" Guillevic |
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Re : Contraintes contrastes |
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Oups, je n'avais pas vu votre texte Misumena, pardon.
J'ai apprécié cette histoire. parce que c'est intéressant ce travail sur la folie. Mais je suis un peu frustré, parce que c'est trop court en fait pour installer une atmosphère angoissante. Mais ça c'est le "jeu". Merci en tout cas !
Contribution du : 27/06/2012 21:45
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