j'avais lancé un forum sur "Est-il possible d'écrire ses rêves?", parce qu'il me semble que non, ou très difficilement, sauf à trahir l'impression du rêve.
Eh bien, je me parjure avec ce petit truc. mais je ne me parjure pas, parce que je considère ça juste comme un exercice de style et pas un poème.
Curieusement, le sujet est assez voisin de celui de Kerosene - et je n'y peux rien: j'ai aussi rêvé que j'allais sur la lune, mais de mon plein gré.
Je fais remarquer enfin la petite rime en "exe" et j'ai pas mis de sexe!


Mes désirs sont simples: je demande la lune.
Et je les ai comblés: j'y suis allé parfois
avec ma mie, exilés seuls et pour des prunes
nous ne manquons de rien, n'avons ni faim, ni froid.

Depuis longtemps déjà les problèmes annexes
à vivre sans scaphandre ont été résolus
et nous nous promenons paisibles et sans complexe
là où hier encore eût été farfelu.

Nous dînons souvent de poussière lunaire
qui craque sous la dent comme de la meringue;
ce "suprême" nourrit, réjouit, désaltère.
Son seul effet pervers étant de rendre dingue.

Une seule inquiétude - elle est d'ordre technique:
il n'y a qu'un moyen de retourner sur Terre
ne jamais oublier la prochaine écliptique
et ponctuellement sa navette stellaire.

En attendant, oisifs, nous admirons surtout
les nuits de pleine Terre ou bien son croissant bleu
qui ne lassent jamais et qui manquent beaucoup
quand le clair de la lune semble souffreteux.

Cauchemar.

Une gêne, tout d’abord, pas encore de la souffrance mais la limite est ténue. Je rampe à l’aveuglette depuis un bon moment avec l’intuition d’un mal tapi là, tout proche.

Soudain le sol s’enfonce sous moi. Seule reste la sensation de sa présence, mais l’appui ne se fait pas. Mes mouvements deviennent lourds, flous. Paniquée, j’essaie d’avancer malgré tout, je ne parviens qu’à me déséquilibrer. La douleur en profite aussitôt et s’insinue, vicieuse, terrible. Je comprends qu’une partie de moi-même est restée collée quelque part, se désagrégeant lentement dans l’obscurité.

Terrorisée je sens mon être s’effilocher, se dissoudre dans ce noir absolu. Je perds progressivement la notion du bas et du haut, au moment où je jette désespérément mes dernières forces vers ce que je crois être l’avant, je comprends, trop tard, la raison de mon mal.
Sans instrument pour me diriger, il ne reste plus de moi qu’une minuscule flaque se dissolvant dans le noir. Dans un instant je n’aurais plus d’identité, plus de spécificité. Je ferai définitivement partie d’un tout, …de rien…

- Pas la grande forme, ce me semble ?
- … Heummm… hh … h… kzzz ?! répondis-je.

Il me faut un certain temps d’adaptation avant de comprendre que la chose qui me parle est une plume. Certaines résurrections célèbres ayant nécessité jusqu’à trois jours pleins, je peux bien, moi, prendre deux secondes… Non ?

La plume m’observe, goguenarde et d’un petit signe de tête m’invite à regarder dernière moi. Arrêtant de broyer du noir, je me soulève autant que faire se peut, et découvre, tracé en belles cursives le mot ONIRIS.

Plus loin, quelques taches sombres de mon moi ponctuent le chemin entre le début du mot et l’encrier dont la plume m’a extraite.

Pepito

Pepito et Rosebud des textes sympa, je n'avais pas envisagé les choses sous cet angle en tous cas.
Pepito la chute arrive un peu vite je trouve, j'aurais bien pris deux lignes de plus.

Rosebud j'ai du mal avec la répétition des "nous" qui est quand même un poil dis harmonieuse.

Merci à vous en tous cas !

@Kerosene
Je rêve souvent que je fuis l'apocalypse, j'imagine qu'on peut appeler ça un fantasme d'autant que la définition du wiktionnaire est:
"vision illusoire ou situation imaginaire".

@rosebud
Décrire un rêve en alexandrin... sacrée performance!

J'aime les orteils féminins, un de mes péchés mignons ! (je confesse: pas que les orteils, en fait)

Bien installé dans mon fauteuil recouvert d'une épaisse couverture de billets de 500€, je sens d'impeccables petons aux ongles carminés me chatouiller le lobe de l'oreille, tandis qu'une aiguille recouverte d'un cuir verni noir barre mes lèvres, m'empêchant de parler. Si mes poignets étaient libres de toutes menottes, peut-être mes mains chercheraient-elles à s'en libérer ? Mais non. Je flotte ainsi entravé, un sourire extatique aux lèvres.

Une mélodie se fait entendre... En y prêtant attention, je découvre qu'un carillon reproduit le concerto de Rachmaninov que j'essaye de jouer au piano depuis des lustres sans y parvenir. La sonorité est curieuse et je me rends compte qu'il s'agit d'une multitude de verres de Sancerre et de Brouilly, délicatement frappés par un stérilet d'or. Comme je ne suis pas à un concert, j’en déduis qu’il s’agit d’une sonnerie.

Ce que j'ai d'abord pensé être la voute plantaire d'une femme se trouve être un téléphone dans lequel j'entends distinctement: "... que dites vous ? .... que dites-vous ?".

Malheureusement, j'ai beau m'égosiller, la pointe du talon bloque ma langue et transforme en chuintement lamentable un cri incompréhensible: « Antoine! Antoine! Ne raccroche paaaaaas !!! ». Je ne connais aucun de ce prénom, à part l’arrière-petit-fils d’un collègue de travail, qui n’a aucune raison de m’appeler et ne connait de toutes les façons même pas mon numéro de téléphone, d’autant qu’il est né la semaine dernière seulement.


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Mon réveil est pénible... Je récupère mon iPhone sous l'oreiller: j'ai raté un appel. Pfff.... Numéro masqué !

Trois jours plus tard, une enveloppe me parvient, frappée du logo des Editions Gallimard.

A l'intérieur, un manuscrit sur lequel je fondais d'énormes espoirs. La lettre d'accompagnement m'indique que la ligne éditoriale de la NRF ne permet pas d'accueillir le premier recueil de nouvelles d’un auteur français et que bla bla bla bla...

Au côté du tampon de la maison d'édition, je vois une petite note manuscrite:

"Pour la première fois de ma carrière, un auteur que j'appelle personnellement continue ses vocalises amoureuses alors que je m'annonce. Vous comprendrez que finalement je retire mes propositions contractuelles, même si vous m'avez appris le sens littéral de masturbations littéraires. Bonne continuation, mais au loin !".

Signé: Antoine Gallimard"

Pour ne pas gaspiller le chauffage, je penserai à refermer la fenêtre de l’extérieur, avant de sauter de mon 7eme étage.

"Tous crocs dehors" pour plagier un auteur connu ... vous ne vous êtes jamais rêvés vampires, moi, si !

Ma lèvre à ta gorge bleuie
cherche la veine qui l'affole
La lune promenant
palies
les prémices d'une aube molle

Un lys
à la grâce équivoque
se meurt au chevet du déduit

Loin de nos draps
froissés de nuit
sans attendre le chant du coq
ange exsangue prends ton envol !

Va fuis mon baiser-vitriol
l'étreinte où s'étiolait ta vie
goutte à goutte au bord de ce puits
margelle où tremble le sourire
épouvantable
du vampire

Arielle, votre poème me paraît très bien construit, c'est très bien mené et très plaisant.

Rosebud, ne m'en veuillez pas, je n'adhère pas à votre poème. Je ne saurais pas trop expliquer pourquoi, mais il ne m'évoque rien, mais alors rien du tout.

Ne vous formalisez pas, les poètes, car déjà pendant mes études le commentaire de poème n'a jamais été mon point fort. J'en conclus que je dois vraiment avoir une sensibilité poétique voisine de celle d'une palette de briques. Encore que les briques...

Pepito, j'aime beaucoup ce que vous faites. C'est joli et plutôt original. Il y a juste le petit dialogue dont je ne comprends pas bien la raison d'être et que je trouve un peu "en trop".

Et maintenant, Monsieur Palimpseste, à nous deux ! En fait, Monsieur Palimpseste, vous m'agacez avec vos textes qui produisent toujours le même effet sur moi : d'abord je commence par sourire, puis je me mets immanquablement à vous envier pour ce talent que vous affichez si ostensiblement. Vous ne pourriez pas, un jour, juste une fois, nous infliger une infecte bouse aussi mauvaise par le style que par l'imagination, histoire de laisser aux médiocres amateurs comme moi un tout petit peu d'espoir ? Sans rire, je commence vraiment à manquer d'inspiration pour commenter vos textes et on va finir par croire que j'appartiens à votre fan-club.

Je suis une vache.
Je sens une contraction dans mes entrailles.
Une bouse tombe en éclaboussant mes pieds.
Elle est infecte, cette bouse, vraiment dégueu...
Je baisse les yeux et vois mes sabots baigner en plus dans des litres de laits que mes pis sont incapables de retenir...

Je suis une vache laitière incontinente: le degré zéro de l'élégance rurale. De toutes les façons, on s'en fout de mon charme. Les taureaux ne sont pas pour moi et je n'ai le droit qu'à des boeufs. Ca donne une idée de la gaité de mon existence!

Ah! La vie rêvée des vaches!
Pas de quoi fantasmer...

Pourtant, quand j'étais petite, je me prenais pour la Princesse de l'étable, jusqu'à ce que je comprenne n'être qu'un tas de viande sans rien de commun avec ces juments qu'on voit couvertes par les honneurs et les étalons.

Et si encore j'avais un peu de Kerosène à picoler, peut-être que j'arriverais à voir la vie en rosse, mais ici, y'a que du gazoil agricole...

Foutues campagnes de merde! heu... de bouses !
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(@kerosène: moi j'ai bien aimé votre rêve loufoque et déjanté... au plaisir de vous lire bientôt en Nouvelles, peut-être)

Bravo et mille fois merci pour cette bouse matinale !

Palimpseste "la vie en rosse" un rêve plus courant qu'on n'imagine dans les étables de nos pauvres bovidés ! Sourire du matin ...