Vautré devant la chaîne du National Geographic, sur notre canap’ défoncé, je me demandais bien comment nous allions pouvoir subvenir à nos besoins, Lola et moi.

Pas de boulot c’est pas d’argent et pas d’argent c’est surement plus d’ appartement.

Un sacré pétrin donc. Tout ça parce que Mademoiselle avait jugé utile de se moquer de nos patrons.
Faut être con aussi pour demander à Charles et Thierry si les zèbres s’aiment d’amour tendre, pile le jour de la réception de la collection Serengeti.

On avait rentré de chouettes futals, rayés rose et vert et les deux autres tarlouzes étaient entrain de les essayer en cabine. Ils enfilaient pas que les futals je pense, mais comme ils sont homo et refoulés tous les deux…
Et Lola et moi on bossait comme des cons à faire les inventaires, aider les clients, encaisser. Leur petite entreprise connait pas la crise, mais nous deux si. De nerf la crise, s’entend.
Elle avait donc un peu récriminé, Charles avait dit « On arrive, on arrive.. » le teint un peu rouge et le souffle haletant, ma chérie avait vanné.

Le boss, le genre de type à croire que le lion entrait avec la vache dans la constellation du vampire, lui avait fait comprendre qu’il n’y était pour rien, que c’était son karma à elle, son destin et Vishnu en est témoin, il ne veut pas son mal… il lui avait donc bien fait comprendre que la porte s’était par là.
Zen oui, PD…refoulé.

Et moi dans mon immense bêtise j’avais gueulé.
Et mon Karma avait pris le même chemin.

Et là, j’en voyais un vrai de zèbre.
Sous les crocs d’une lionne.
Putain de ressemblance avec moi quand même.

Sur la terre il y a des tas de zoo avec des animaux comme:
le renards
des phoques
des cheveaux
coucars
des coqs
des orignaux
des ours polaires
des éléphants
des écureuil,
des kangourou,
biche,
tigre,
lion,
hippopotame,
lapin,
des zèbres.
des canetons,
des grenouilles

Et des zèbres qui s'aiment-ils d'amour tendre ?

Et pour y allez je devais prendre l'autobus pour débarquer dans un de ces zoo.

Excusez-moi mademoiselle, Vous voyez bien que nous sommes dans une gare et pas dans une gare d'autobus.

Oui excusez-moi disais la blonde en manteau.

Tenez voici votre ticket pour prendre le train qui vous débarquera dans un zoo.

Mais dites-moi que voulez-vous faire dans un zoo.

Prendre des photographies de zébres qui s'aiment-ils d'amour tendre ?

Comme c'est romantique de photographier ces animaux-là dans un zoo mademoiselle.

Souvenirs souvenirs…



Le prof de philo était énorme. Son ventre restait accroché à son corps telle un sac-banane, tombant et trop gros pour être caché par une chemise normale.

Il traça à la craie, en insistant bien pour faire crisser cette dernière sur le tableau, deux propositions.
« La vie » et « Les zèbres s'aiment-ils d'amour tendre ? ».
« Vous avez quatre heures ». Son ton évoquait la confiture, trop doux et sucré pour ne pas être écœurant à force d'en manger.
« Si certains aiment prendre des risques… ils peuvent être récompensés. ».

Simon jeta un regard de connivence à son voisin. La dernière fois, ils avaient réussi à placer « barbituriques aux paradis artificiels » « mélodrame shakespearien tendance Shaka Ponk » et « xylophone invertébré » dans leur dissertation. Ils avaient eu 15 et 17. Jouer avec les limites et inventer des références était devenu un sport.

–

La question trouve son inflexion mittérandienne dans l'insistance surranée au mot « tendre », ce qui présuppose, de la même manière qu'on présupposerait qu'un rossignol serait reçu à une agrégation de chant (ce qui n'est pas toujours le cas) que les zèbres s'aiment d'amour, proposition restant donc à démontrer.

Le mot tendre peut se rattacher à plusieurs champs sémantiques, tel que celui de l'amour (la tendresse) ou de la carnologie (une viande tendre) et crée un fossé abyssal que James Cameron lui-même ne pourrait pas franchir entre ces deux hypothèses. Cependant, Harry Potter avait beau dire « vous voyez bien que nous sommes dans une gare », ce qui le séparait du quai 9 3/4, c'était une simple épaisseur de mur et la force d'y croire…

Enfin le mot zèbre peut faire référence à un Homme (voir « le zèbre » d'Alexandre Jardin), un animal du panthéon de la ferme des animaux d'Orwell (relire en particulier son écrit « Le lion entrait avec la vache dans la constellation du vampire ») ou, métaphoriquement, un être capable de se fondre dans la masse (ainsi l'auteur de Gomorra porte-t-il un T-shirt zébré pour échapper à la Camorra).

Problématique : Peut-on s'aimer d'amour, et si oui, quelle doit-être la cuisson de celui-ci ?

Dans un premier temps, nous sortirons toutes les références philosophiques possibles.
Dans un second temps, nous étudierons la meilleure manière de saisir un steak.
Dans un troisième temps, nous verrons que quelle que soit l'espèce, une femelle est toujours sensible à des phrases comme « la blancheur de ses poignets/sabots jaillit hors de l'éclat de ses bracelets/feuilles ».

C'est aujourd'hui dimanche...et comme il se doit voici la nouvelle contrainte !

Elle est de moi ce coup ci.

Je lui dirais les mots bleus chantait Christophe (et aussi Bashung qui a fait une reprise magnifique), à votre tour :

Écrivez lui une lettre d'amour qui contiendra ces mots obligatoirement :

- randonnée
- Jedi
- Christophe (attention pas en signature ni en en-tête)
- cheval
- crue (comme la viande du même nom........>donc au féminin)

Votre texte doit donc être UNE LETTRE, pas de poème, pas de nouvelle.


Bonne chance !!!!

Avec un peu de retard, ma contribution pour la poésie sur les enfants… :)


Les traits las des statues
À force de polisse
Non plus le naturel
Des émotions brutes.

Autour d'elles s'ébattent
Des enfants chamailleurs
Sous les cris et les rires
On entend quelques pleurs.

Monter au toboggan
Descendre des genoux
Dans l'urgence des gestes
Murmure la funeste
Rentrée…

:D

--

Et la lettre d'amour :


"Leila,

Je n'ai pas trop hésité sur la formule d'introduction, entre "Chère Leila", "Très chère Leila" ou "Leila mon amour". Keep it simple.
Je t'ai écrit deux lettres, une sérieuse et une moins sérieuse. J'ai pris l'une des deux sans la regarder, l'ai mise dans l'enveloppe et te l'ai envoyée. J'ai brûlé l'autre (très romantique, n'est-ce pas ?) au briquet Bic. J'ai simplement rajouté ce petit mot d'introduction après.
Je ne te promets rien, je veux simplement être à tes côtés.
Tu n'es pas obligée de me répondre. Regarde-moi. Tu n'as jamais su me mentir…

P."


"Leila ma princesse,

Laisse-moi être ton chevalier Jedi. Depuis que je t'aie vue à la piscine, fougueuse comme un cheval remontant une rivière en crue, je n'ai plus qu'une hâte, entamer la longue randonnée de la vie à tes côtés.
J'ai bien remarqué ceux qui te tournaient autour, Christophe le premier, mais laisse-moi te dire que tu vaux mieux qu'eux. Ils n'ont pas compris ta vraie nature.
Tu es la vie elle-même, libre, exaltée, enivrante. Tu traces ton propre chemin sans souci des convenances. Tu passes parmi nous comme une étoile filante dans le ciel assombri. Tu es belle. Vraiment.

J'ai longtemps cru avoir quelque chose de différent. Ne pas fonctionner comme les autres. Aujourd'hui, je comprends que j'attendais quelqu'un comme toi. Tu peux me faire briller sous mon meilleur jour, avec toi, je donnerai le meilleur de moi-même. Je n'ai rien à te promettre, si ce n'est l'espoir de créer quelque chose de beau ensemble. Je t'aime depuis longtemps déjà.

Y aura-t-il jamais un nous pour nous deux ? J'aimerais y croire, pouvoir le construire, nous relier, vivre et rêver. Je ne parle pas de nos corps bien qu'ils soient beaux, de nos âmes bien qu'elle soient pures, je parle du futur, de moments partagés. Nous pouvons être cela, sur un mot de toi.

Ta dévouée
Priscilla."


Épilogue (petit hommage à DTC) :

[babe-ouin] Alors Scylla, t'as fait ta déclaration ?
[Scylla] Ouais… elle m'a renvoyé sa réponse…
[Tchô] Et ??? :p
[Scylla] Je cite "Je ne pourrai jamais sortir avec une personne qui oublie le tréma dans mon prénom. Amitiés, LeÏla".
[Tchô] O_o OMG WTF ???
[babe-ouin] C'est peut-être bien comme ça, en fin de compte, t'as évité de sortir avec une dérangée.
[Scylla] Le fait qu'elle soit ta sœur ne change rien à l'affaire ?
[babe-ouin] Absolument rien.

@ Placebo : si je n'étais pas sur un site consacré à la littérature, je dirais juste XPDR !!!

Bravo, la lettre est à la fois pleine de belles tournures et de deuxième degrée et en même temps l'épilogue est hilarant (de la Baltique). La barre est placée bien haute.

J'aime beaucoup votre texte Placebo ! Un peu moins l'hommage à DTC qui ne sert pas à grand chose, mais le coup du briquet BIC et de "je serais ton chevalier Jedi", j'ai trouvé ça génial...

Allez, hop, je participe aujourd'hui sinon je vais encore laisser passer le truc.


Mon Amour,

Sais-tu que quand j'étais petit, je rêvais que je deviendrais un Jedi ? Et une superstar de rock ? Et aussi que j'aurais un cheval sur lequel je ferais de longues randonnées sur la plage et que j'aurais un immense voilier, une superbe Ferrari, et un uniforme de pompier ?
Oui, tout ça en même temps... Je me disais que si je pouvais avoir tout ça, j'aurais réussi ma vie.

Ma vie... elle est bien avancée maintenant. Tu auras constaté toi-même que je ne suis pas devenu un Jedi. Je ne dois pas avoir le bon taux de midichloriens j'imagine, en tout cas, j'en vois jamais sur les résultats des prises de sang.
Je chante faux, je me suis cassé l'épaule à mon deuxième cours d'équitation, j'ai le mal de mer et je roule en Twingo. Même les pompiers n'ont pas voulu de moi. La réalité toute crue m'a vite rattrapé !

Et puis, il y a Christophe (tu sais mon collègue qui fais des UV) qui a réussi à s'acheter sa Rolex avant ses cinquante ans. Pas moi.

Et pourtant, je crois que j'ai réussi ma vie bien au-delà des mes rêves les plus fous. J'en suis même persuadé. Et je le sais parce c'est à toi que je suis en train de t'écrire en ce moment. A toi, la femme que j'aime intensément depuis le premier jour.

Mon Amour, tu as rendu ma vie magnifique et je savoure chaque instant passé à tes côtés. Tu m'as aimé sans mon sabre laser, ma bagnole de course et les autres breloques. Tu m'as aimé pour moi. Alors je suis capable de dire aujourd'hui que j'ai eu la meilleure vie que j'aurais pu imaginer. Parce que tu es là, que tu es unique et qu'après toutes ces annés, je t'aime comme un fou. Et comme un soleil aussi bien sûr.

A ce soir mon Amour.

Mon amour, ma tendre aimée, celle vers laquelle s'écoulent béatement mes pensées. Mon esprit et mon corps enfiévré te réclament, ils t'appellent si fort... jusqu'à se faire mal. Tu es partie loin, sous un ciel que je ne connais pas, et je ne fais que t'attendre. Sans toi je ne suis plus moi, et donc je ne suis plus rien. Comme un cowboy abandonné par son cheval en plein désert, sous un soleil qui le brûle ; comme un jedi sans son sabrolaser, égaré sur une planète hostile que le coté obscur a recouvert ; comme Christophe quand il a perdu son bout de shit... La vie sans toi est une randonnée bien funeste, et me voilà perdu sur un îlot, surpris par une crue qui s'étend jusqu'à l'horizon. Reviens moi vite, les mots que je couche sur ce papier me paraissent presque vides de sens par rapport à ce que je ressens, à cette chose grandiose qui est naît en moi et qui est ton œuvre.
Je t'aime


PS : Si je mets de la laine à 60° ça ne risque pas de l'abîmer ? Parce qu'à 40 on sent encore la transpiration sous les aisselles...

"Comme un cowboy abandonné par son cheval en plein désert, sous un soleil qui le brûle ; comme un jedi sans son sabrolaser, égaré sur une planète hostile que le coté obscur a recouvert ; comme Christophe quand il a perdu son bout de shit."

Ah, super :) ça me rappelle cette chanson des fatals picards, sur une idée de thomas dutronc www.youtube.com/watch?v=EQ9uCEQ9atE