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1 Utilisateur(s) anonymes
Re : Contraintes contrastes |
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Expert Onirien
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On connaît tous le conte de Barbe-Bleue, mais Charles Perrault avait enjolivé l’histoire et escamoté la vérité.
La septième femme de Barbe-Bleue, la petite fouineuse, lorsque son forfait fut accompli eut beau pleurnicher : « Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? » Sa sœur, contrairement à ce que prétend Charles, lui répondit toujours : « Je ne vois que le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie. » Barbe-Bleue finit par perdre patience et trucida sa femme - couic - avant de l’écorcher aux côtés de ses six consœurs. FIN de l’histoire Fin de l’histoire ? Pas tout-à-fait, car, si sa sœur était maladivement curieuse, Anne était vénale. Lorsqu’elle aperçut les frères qui venaient la sauver, Anne du haut de sa tour les envoya dans le grand bois où elle savait gîter un dragon qui terrorisait les environs. Tout le monde le savait, sauf les deux frères. Résumons : l’aînée était indiscrète, la cadette était cupide et les frangins étaient bêtes à manger du foin – ils se firent dévorer d’un coup de mâchoire après avoir été rôtis d’un souffle méphitique. Anne épousa Barbe-Bleue et toucha le gros lot. Ils vécurent heureux et eurent sept enfants qui ressemblaient à s’y méprendre à leur papa : une forte pilosité si sombre qu’elle avait des reflets bleutés recouvrit leurs joues dès le plus jeune âge. FIN de l’histoire Fin de l’histoire ? Pas tout-à-fait : les sept enfants étaient des filles ! FIN de l’histoire Fin de l’histoire ? Pas tout-à-fait. Barbe-Bleue et Anne ne pouvant plus supporter leurs petits laiderons se résolurent à les perdre dans la forêt. Les sept filles ayant hérité de la curiosité de leur tante, de la cupidité de leur mère et de la bêtise crasse de feu leur tontons, rencontrèrent successivement l’Ogre qui, ayant déjà boulotté sept marmots les envoya promener après qu’elles lui avaient demandé l’heure, puis le Loup, écœuré devant tant de laideur qui leur colla une gifle quand elles lui eurent quémandé cent balles et enfin le Chat Botté qui, d’un grand coup de botte dans le derrière les envoya dinguer à sept lieues parce qu’elles avaient eu l’outrecuidance de questionner si ça chaussait grand, de pareilles cuissardes. Depuis, on ne les a plus revues. FIN … et c’est tant mieux, parce que moi, là, j’ai un peu mal à la tête.
Contribution du : 09/10/2012 21:12
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Re : Contraintes contrastes |
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Chevalier d'Oniris
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@rosebud
Tant de chavirement me chavirent...
Contribution du : 10/10/2012 02:22
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C'est la beauté du monde qui a fait naître la conscience des hommes... et son absurdité qui l'a brisée. |
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Re : Contraintes contrastes |
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Chevalier d'Oniris
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04/09/2012 12:30 Groupe :
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aaaarrgh quelle horreur! Je relis la chose que j'ai commise et je me rends compte, dans un état balbutiementaire (et oui, malgré tout j'ose le néologisme), que j'écrit comme un cochon arménien...
ps: notez que je n'ai rien contre les cochons et encore moins contre les arméniens mais qu'il faut bien dire qu'un cochon arménien fait généralement beaucoup de fautes lorsqu'il tape sur un clavier...
Contribution du : 10/10/2012 02:42
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C'est la beauté du monde qui a fait naître la conscience des hommes... et son absurdité qui l'a brisée. |
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Re : Contraintes contrastes |
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Expert Onirien
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Monté sur son plus beau cheval, Caïus Julias Caesar fit son discours au soleil levant, sans chichi ni salades.
"Alea jacta est", clama-t-il, la main dirigée vers Rome, par delà le ruisseau qu'un Sénat délisquescent avait eu l'audace de lui assigner comme limite à son pouvoir. Cette bande de pleutres verrait de quel bois se chauffe un proconsul en colère! Avec ce geste, il comptait mettre la République en danger et fonder l'Empire. Galvanisée par le ton martial de la harangue, l'avant-garde de son armée s'ébranla pour franchir le Rubicon au pas cadencé, sous le regard farouche de son chef. Malheureusement, le pont vermoulu céda sous les pieds des fantassins, préfigurant une véritable Bérézina. Tout le bel ordonnancement des légions romaines se disloqua dans la modeste rivière. Les forces de Rome, prévenue par ses espions, eurent le temps d'accourir et de se masser sur la berge opposée, face à un Caesar rendu autant furieux par ce contretemps que par le ridicule de la situation. Un centurion qui avait servit dans la grande Île de Bretagne cria depuis sa rive au tyran de regagner ses casernes à grands coups de "Out Ceasar, Out Nihil!"(*). Cette apostrophe acheva de saper le moral des troupes, qui se débandèrent. Ravalant sa rage, Caesar se retira dans sa tente. Il chassa ses conseillers venus étudier la situation et aborder la délicate question du futur. Un de ses enfants voulut rester pour lui témoigner de son soutien filial, mais il le mit dehors d’un tranchant « Toi aussi, mon fils! ». Restée seule avec lui, son épouse Calpurnia Pisonis trouva finalement les mots pour calmer son fulminant mari. Connaissant bien les failles de son époux, elle lui prodigua quelques gâteries apaisantes qui firent leur effet. Quand ils revinrent dans l’après-midi pour la réunion d’état-major, les généraux furent agréablement surpris de trouver leur commandant en chef détendu mais déterminé, prêt à en découdre avec l’adversaire dès le pont réparé. Le secret de Calpurnia était simple: alors que tout le monde pensait qu'il voulait surtout dominer le monde, elle savait bien qu’en réalité, son homme voulait juste se faire Pompée. ------------------------------- (*) trad pour ceux qui ne comprennent pas le bas-latin mâtiné d'anglais: "Dehors César! Dehors tu n'es rien!"
Contribution du : 10/10/2012 12:13
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Re : Contraintes contrastes |
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Maître Onirien
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La Belle au Bois Râlant s'impatiente, attendant son baiser :
- Holà ! mon gentil Prince, oyez mon infortune en quelle ignominie vous me voyez languir En vain je me consume seulette en pâmoisons et secrètes rosées. Ma bouche est un brasier avide du brandon humide qui saurait à coup sûr l'apaiser pour peu que vous daigniez céans vous y glisser ! Votre langue, messire, est-elle au Chat Botté ce faquin qui minaude en tordant du croupion, trousse et baise à tout va chausses et cotillons, ou bien préférez-vous le pied de Cendrillon Je n'ose pas penser que ce petit Poucet … C’était, me direz-vous, des grâces roturières Je vous croyais la truffe un peu plus fine et fière ! Suis fort déçue, Seigneur, par votre peu d'ardeur alors que mon papa vous comblait de faveurs et pour ma dot mettait à vos pieds sa fortune ! Or çà, je suis bancroche et quelque peu scrofule mais ne pourriez-vous point, doux ami, passer outre ? De vos dégoûts je n'ai ce jour d'hui rien à foutre. A genoux donc, morbleu ! S'il faut qu'on vous bouscule j'ai, parmi mes laquais, un preux de la férule qui vous attendrira les rognons sans faillir. Faut-il pour un baiser risquer de trépasser ? C'est à vous de choisir
Contribution du : 10/10/2012 16:31
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"La poésie est aux apparences ce que l'alcool est au jus de fruit" Guillevic |
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Re : Contraintes contrastes |
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J'aime bien tout ce que j'ai lu jusque là, avec une mention spéciale pour le Star Wars revisité !
Moins fan de votre jeu de mot final Palimpseste.
Contribution du : 10/10/2012 17:28
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Re : Contraintes contrastes |
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Expert Onirien
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@Palimpseste : revisité ainsi, ça évoque bien sûr le mot de Clemenceau à propos de Félix Faure qui mourut dans les bras de sa maîtresse : « Il voulut être César, mais il ne fut que Pompée. » Et il y en a un autre, probablement inventé, qui rapporte l’échange entre le prêtre venu donné le Saint-Sacrement et le concierge de l’Elysée : « Le président a-t-il encore sa connaissance ? — Non, monsieur l’abbé, elle est sortie par l'escalier de service. » A mourir… de rire.
@Arielle : c’est joliment cochon, mais je m’attendais à ce que le laquais « preux de la férule » l’utilisât à d’autres fins plus croquignoles.
Contribution du : 10/10/2012 18:22
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Re : Contraintes contrastes |
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Expert Onirien
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@rosebud... Oui, c'est cette phrase (aussi) que je voulais référencer... Il y en a d'autres dans le texte, glissées ça et là, entre la République en Danger et la devise d'un Borgia.
Peut-être faudrait-il que je rappelle qui était Pompée dans sa lutte contre César ? En tout cas, merci de cette excellente contraintre. @tous: excellents textes forts plaisants (et une mention spéciale à la poésie d'Arielle).
Contribution du : 10/10/2012 18:34
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Re : Contraintes contrastes |
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Expert Onirien
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Très vite fait, histoire de participer, je sais pas si j'ai trop bien compris la contrainte...
Bravo aux prestations précédentes! 18 juin, je roule comme chaque année sur la N5, axe Charleroi Bruxelles. J’ai rendez-vous et je suis heureux. Ce soir bivouac napoléonien. Mon uniforme est prêt. Cette fois j’ai fait encore plus fort : cette année je suis Cambrone. J’ai chiné un fusil français modèle 1777 (modifié an IX) je peux tirer une balle en plomb de 21 g ! Elle m’attend à la ferme Hougoumont. Elle va être scotchée. Ça y est j’y suis ! Devant moi les coteaux les vallons et mon âme qui chante ! Le plus beau moment de l’année ! Franchement je trouve que le vieil Hugo n’a rien vu venir ! C’est vrai, faut reconnaitre, dans cette plaine on rêve aujourd'hui! Les années sont passés, et ce coin de la terre, ce soit disant « plateau funèbre et solitaire », à présent, c’est qu’une scène joyeuse. O Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! Morne plaine ! Tu parles ! O Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! stimulante plaine !
Contribution du : 10/10/2012 19:02
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Car le mot, qu'on le sache, est un être vivant. V Hugo |
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Re : Contraintes contrastes |
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Maître Onirien
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Rosebud les contes revisités sont une friandise dont je ne me lasse pas, le vôtre, avec tous ses tiroirs est un péché mortel !
"Le preux de la férule" avait la rime tentante ... je n'ai pas osé Palimpseste L'art pompier : secrets d'alcôves ou quand la petite histoire explique la grande. J'aime !
Contribution du : 10/10/2012 19:04
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