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2 Utilisateur(s) anonymes
Re : Contraintes contrastes |
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Expert Onirien
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21/07/2012 17:47 Groupe :
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je viens enfin de prendre le temps de savoir ce qu'"acratopège" veut dire. Pour moi, à l'oreille c'était un oiseau préhistorique... Un bien bel alias qui ne se pousse pas du col.
Quant à Chesterton, à force de nous l'imposer comme une idée fixe, j'ai découvert deux bons mots sur Wikipédia. Je ne peux pas m'empêcher de les reproduire. Précisons que Chesterton était plutôt corpulent: "Un jour, il fit la remarque suivante à son ami George Bernard Shaw : « À vous voir, tout le monde pourrait penser que la famine règne en Angleterre » ; à quoi Shaw aurait rétorqué : « À vous voir, tout le monde pourrait penser que c'est vous qui en êtes la cause ». Il oubliait fréquemment où il était censé se rendre et on rapporte qu'à plusieurs reprises, se trouvant dans un lieu éloigné, il envoie à sa femme, Frances Blogg, un télégramme où il écrit quelque chose comme : « Suis à Market Harborough. Où devrais-je être ? », auquel elle répond : « À la maison »"
Contribution du : 18/02/2013 15:23
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Les honneurs déshonorent ; Le titre dégrade ; La fonction abrutit - Gustave Flaubert |
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Re : Contraintes contrastes |
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Expert Onirien
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Cette semaine, je suis plongé avec délice dans les histoires du père Brown. Je me suis laissé contaminer...
Contribution du : 18/02/2013 16:52
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"Nous oublions ordinairement qu'en somme c'est toujours la première personne qui parle." H.D. Thoreau |
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Re : Contraintes contrastes |
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Onirien Confirmé
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03/06/2012 18:18 De Charente-Maritime
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Un peu jalouse du talent d'Acratopege.. Qu'est-ce que je peux envoyer après ce texte fluide et si bien écrit ? Je feinte avec quelques lignes aussi légères que la brise printannière qui se glisse à ma fenêtre...
On se quitte à l'instant et tu me manques déjà. Comment te dire adieu quand je t'ai dans la peau. Comment partir quand tu me donnes tant de plaisir. Comment t'oublier quand je sens ton parfum. Comment te remplacer quand tu me réconfortes. Comment te maudire quand tu me fais brûler. Ci-gît mon dernier paquet, j'ai encore arrêté de fumer. Pourquoi m'as-tu fait prisonnier, ma jolie blonde empoisonnée ?
Contribution du : 19/02/2013 11:27
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Les mots qui vont surgir savent de nous ce que nous ignorons d'eux. (René Char) |
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Re : Contraintes contrastes |
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Expert Onirien
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28/07/2011 11:53 Groupe :
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Voilà trente deux ans, huit mois, cinq jours et une poignée d'heures que tu m'as repoussé...
Te souviens-tu de ce jour ? Toi, toute auréolée de ta thèse en littérature passée avec brio devant un jury médusé de ton extraordinaire soutenance... Tu savourais les yeux arrondis des membres devant la démonstration de ton hypothèse hardie --la correspondance des couleurs citées dans des palimpsestes médiévaux retrouvés dans une crypte de Coblence avec la hauteur des notes du deuxième concerto de Schönberg pour piano--. Tu te rappelle de ce moment, n'est-ce pas ? A la suite de ce triomphe, tu avais descendu l'escalier d'honneur de Normale Sup' avec le pas lent et grave qui sied aux déesses victorieuses. Moi, j'étais au pied dudit escalier à mendier un regard, un signe de la main... même une pichenette du pied m'aurait transporté d'allégresse. Quand nous avons pu enfin nous retrouver seuls, je t'ai déclaré ma flamme avec de jolis vers pleins de belles rimes, comparant mon amour --mon souvenir est sûr--, aux gigantesques torchères qui brûlent sur les bords de l'Etang de Berre. Tu as eu un sourire désolé et m'a congédié au motif que rien n'était possible entre nous. Tu ne pouvais vibrer, m'as-tu assené, que pour un homme issu de la littérature et des arts. J'en ai été mortifié et me suis promis de te rester fidèle, quoi qu'il arriva par la suite. Avec les années, je suis devenu l'un des acteurs les plus en vue du cinéma, enchainant les rôles et les conquêtes. Mais jamais les femmes qui ont traversé mon lit et ma vie n'ont eu accès à mon coeur, à toi sans réserve consacré. j'ai appris dans les gazettes ton mariage, tes déceptions, la trahison de tes éditeurs, ta dépression chronique, ta lente chute vers l'alcool et les médicaments, le départ de tes derniers amis et la solitude promise aux idoles déchues. J'ai pu te revoir un peu avant ton décès, tes yeux absents ne se sont même pas accrochés aux miens. Tu as marmonné quelque chose avant de repartir. J'ai donné aux infirmières mes coordonnées s'il t'arrivait malheur. Elles n'avaient personne d'autres à prévenir quand on t'a retrouvée sans vie. L'argent de mes cachets t'a évité la fosse commune. J'ai pu prendre en concession perpétuelle un vrai mausolée de marbre où nous reposerons ensemble, quand mon tour viendra. Alors que tu as refusé de passer ta vie avec moi au prétexte que je n'étais qu'une inculte star du porno, je me suis appliqué pour que tu passes ta mort fière de cette épitaphe, par moi composée: 6 J la + bl fam 2 ma vi kel repoz en P m1tenan kel è DCD
Contribution du : 19/02/2013 11:47
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La meilleure nouvelle publiée sur ONIRIS : Palimpseste est raide dingue amoureux de Lobia, inoubliable auteure de "Numéro 20"... Nous sommes ensemble depuis deux ans grâce à Oniris, la meilleure agence matrimonialo-littéraire du Monde ! |
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Re : Contraintes contrastes |
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Chevalier d'Oniris
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À Tankipass : Pas chaud pour la pompe à l'eau, c'est mon chagrin d'amour pour mon maudit pays frette du Québec
À tous, ma contribution : "In memoriam". C'était inscrit en toutes lettres, de belles grosses lettres dorées, une typographie un peu gothique, un peu libraire. Un peu comme si la personne avait été indécise. Et elle l'avait effectivement été. Je le sais, il s'agissait de ma grand-mère. Ma grand-mère qui nous avait tant aimés malgré sa vie de misère. Une vie à tirer le diable par la queue, avec le grand-père qui avait exercé trente-six métiers et mérité au moins trois mille six cents misères. Dieu vous le rendra au centuple, qu'on leur avait dit : le curé, quand il quêtait les sous des pauvre paroissiens le dimanche à la messe ; l'évêque, quand il réclamait sa cote, la dîme annuelle qu'il disait. Et eux les pauvres ouailles, qui se délestaient de leurs pâles économies pour dorer la nef de l'église, ou pour faire étinceler les chromes de la bagnole du curé. On prépare notre paradis, qu'ils disaient. Ils s'aimaient de l'amour des vieux, de celle qui dure toute la vie malgré tout. Même si le bonhomme avait découché de temps en temps. Même s'il buvait en cachette. Même si la mère-grand jouait dans le dos de son homme et grappillait quelques pièces par ci par là pour acheter des babioles insensées, qu'elle payait à prix fort à un voisin ratoureux. "Ça vient de Rome, ça, ma belle Suzanne ! Béni par les propres mains propres du pape !" Et Suzanne en bavait d'envie, et elle gobait le poisson en entier, l'arête avec. Leur vie s'effilochait avec le temps, comme la robe fleurie de Suzanne, comme le foie d'Ernest. C'était mon grand-père. Les prières convaincues de grand-maman n'avaient rien pu faire contre la cirrhose du vieux. Et il s'était éteint lentement mais bruyamment, comme l'alcoolo qu'il était. Suzanne avait tant pleuré dans sa vie. D'abord la perte des deux enfants trop faibles pour survivre aux infections répétées de la jeunesse. Puis les deux autres, mes oncles morts au combat dans une ruelle infecte, près des tripots et des bordels de la basse-ville. Seule ma mère avait survécu à ces catastrophes à répétition. Ma mère qui avait su se faufiler à travers un père trop présent par ses absences et des frères si absents même en sa présence. Ma mère qui pleurait là, dans ce couloir d'hôpital. Ma grand-mère qui criait là, dans cette chambre d'hôpital. In memoriam… Alzheimer, que le docteur lui avait dit. "In memoriam" pourtant, qu'on avait écrit. Voili vilà
Contribution du : 19/02/2013 14:09
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Le vent, c'est la vie, et je respire... |
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Re : Contraintes contrastes |
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Expert Onirien
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Joli, joli, tout ça. Beaucoup de plaisir à passer en vous lisant de la légèreté des volutes au drame social en passant par l'ironie tranchante! Après vous avoir lu, je me demande si je dois arrêter de boire pour éviter la déchéance ou l'Alzheimer ou bien recommencer à fumer pour embêter tout le monde!
Contribution du : 19/02/2013 14:49
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"Nous oublions ordinairement qu'en somme c'est toujours la première personne qui parle." H.D. Thoreau |
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Re : Contraintes contrastes |
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Expert Onirien
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Les avons-nous arpentées ces allées bordées d’ifs du petit cimetière alsacien, berceau de mes ancêtres. Le plus beau, c’était à la Toussaint, bien sûr, avec toutes ces tombes fleuries de chrysanthèmes blancs, vieux rose, jaunes. Ceux que je préférais c’était les rouille qui me faisaient penser à des fleurs de bronze. J’étais tout petit, mais on pleurait pour de bon sur la tombe de mes grands-parents. En repartant, on faisait la course avec mon frère dans l’allée principale, entre la grande croix et le portail et on goûtait aux baies sucrées gélatineuses des ifs, sans rien savoir du pépin fatal. On n’en est jamais morts.
Dans ce cimetière, la moitié des familles s’appelle « Spitz », l’autre moitié « Metz ». Nous, c’était Metz. Pourtant, depuis longtemps une chose m’intriguait. Un jour, une Toussaint sûrement, n’y tenant plus, je demandais à ma mère : « Maman, pourquoi presque tout le monde s’appelle RIP ? » Je crois bien que, Toussaint ou pas, maman a éclaté de rire. J’en suis resté très vexé. Cette histoire est rigoureusement vraie.
Contribution du : 19/02/2013 16:34
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Les honneurs déshonorent ; Le titre dégrade ; La fonction abrutit - Gustave Flaubert |
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Re : Contraintes contrastes |
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Rosebud, les histoires vraies sont les plus poétiques quand elles sont bien dites!
Contribution du : 19/02/2013 17:52
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"Nous oublions ordinairement qu'en somme c'est toujours la première personne qui parle." H.D. Thoreau |
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Re : Contraintes contrastes |
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« Vous connaissez le musée des cœurs brisés ? Un fer ayant servi à repasser un costume de mariage, un rétroviseur fendu dans une crise de jalousie, ou encore un string en bonbons, le nouveau “Musée des cœurs brisés” de Zagreb et une annexe à Paris réunit des centaines d’objets, ordinaires, bizarres ou cocasses, témoins d’amours éteintes. »
Je me suis demandée, dans le cadre de cette consigne ce que j’aurais bien pu y amener… Enfin ! Je le tiens. Je le sens, je vais faire partie du commun des mortels. Je suis un être vivant, sensible, doué d’émotion. Jusque là, rien, pas la moindre affliction, pas la plus petite déception. Pas un chagrin pour m’empêcher de dormir la nuit. Je commençais à douter. Avais-je un cœur ? Mais aujourd’hui, il est là mon premier chagrin. J’ai été cassé, piétiné, bafoué, méprisé. Elle m’a préféré un cicadidé sans allure, un méprisable sifflet craquetant. Remarque-t-on mes yeux cernés, mon teint blême, mes joues creusées ? En définitive c’est bon de naitre au milieu des siens, à la détresse émotionnelle. Je vais aller au musée des cœurs brisés. Je sais ce que je vais y déposer. L’objet de notre rupture irréversible est encore là sur la table de la cuisine. Je saisis l’animal qu’elle protégeait avec tant de passion, comme elle aimait ses stridulations grinçantes ! Elle avait menacé, je ne l’avais pas prise au sérieux. Je l’allonge avec soin dans la boîte à chaussure, puis je rédige consciencieusement l’épitaphe : ci-git, une cigale déloyale, indélicate, assassine.
Contribution du : 23/02/2013 18:51
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Car le mot, qu'on le sache, est un être vivant. V Hugo |
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Re : Contraintes contrastes |
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Magnifique, costic. Seriez-vous de la familles des fourmicidés pour avoir tant souffert?
Contribution du : 23/02/2013 19:44
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"Nous oublions ordinairement qu'en somme c'est toujours la première personne qui parle." H.D. Thoreau |
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