Dites donc, ça vous tenterait une petite contrainte facile ?
Contrainte :
Écrire une petite histoire extrapolant une chanson que l'on apprécie.
On donne le titre de la chanson et l'auteur et, si possible,on en livre le texte après la nouvelle...
on peut aller dans le même sens que la chanson, ou faire un contrepoint à sa finale, comme on a envie...
Ça vous dit ?

Je vote pour. Le plus dur sera de sélectionner la chanson.

Bonne idée, mais quant à moi je ne sais pas si mon départ prochain en vacances bien méritées me laissera le loisir de prendre part...

Désolé chers (es) contrainte contrasteurs (euses), il y a des moments ou sans prévenir le temps s'égard loin du regard lumineux des écrans...
Bon, je vais essayer de trouver une chanson à extrapoler...

Une petite question bête: avons-nous le droit de citer in extenso les paroles d'une chanson? Sinon, on peut toujours mettre un lien.

Mieux vaut très vite que jamais, peut-être :

L'autre jour, j'ai rencontré par hasard une famille bien pittoresque. Pour mon malheur, ce sont des gens que je connais trop bien: une maman et ses trois enfants, rien de plus, rien de moins. Pas de papa parce qu'il est mort. On dit que c'est d'une mauvaise chute avant la naissance de sa fille, mais je ne sais plus ce qu'il faut croire. Les gens disent tellement de bêtises par chez nous, vous ne pouvez pas imaginer !

La maman peut faire dans les cinquante soixante ans ou même davantage. Elle ne dit jamais rien, reste toujours silencieuse et souriante comme si tout allait bien.

Le fils aîné, lui, souffre manifestement d'un problème de surpoids. Il parait qu'il abuse de certaines boissons alcoolisés à en oublier parfois qui il est. On le voit aussi traîner dans l'église au petit matin, à balbutier des prières en tentant maladroitement d'allumer un cierge pour se faire pardonner Dieu sait quoi.

Le second s'est marié jeune avec une femme étrangère qui ne casse rien. A part évoquer une certaine méchanceté naturelle et des cheveux roux mal soignés, il n'y a rien à dire de ce monsieur bien intégré socialement qui n'a pas l'air de grand chose.

La petite dernière, c'est une autre paire de manches !

Je les ai croisés tous les quatre sur la promenade de Bruges et Gand, habillés du dimanche, le regard sombre comme s'ils allaient à l'échafaud. Assurément, ils rendaient visite, comme chaque semaine, à la grand-mère dans son home. Non qu'ils apprécient particulièrement l'aigrie vieillarde, mais il faut bien cultiver les liens de famille quand ils sont prometteurs de bel héritage.

En m'apercevant, la petite dernière m'a souri d'un air navré. Elle, je la connais comme le plus beau des rayons de soleil ! Elle sait bien que j'en pince pour elle, mais son sens de la responsabilité chevillé au corps l'empêchera toujours d'abandonner sa famille pour faire avec moi le grand saut ! Je la rencontre en secret, parce que sa maman et ses frères me détestent sans me connaître. Ils disent que je fais les pires choses, que je ne suis qu'un raté qui n'arrivera jamais à rien.

On se fait plein de promesses, Frida et moi, mais on sait bien tous les deux que c'est du flan.




Jacques Brel, « Ces gens-là »

Ne sachant pas si j'avais le droit de publier ici les paroles in extenso de la chanson, je préfère mettre les liens.

Paroles

Vidéo

C'est vraiment très fort, Acratopege, car outre que, comme à l'habitude, c'est très bien écrit, votre texte a fait naître en moi une atmosphère de dénonciation d'un microcosme à élargir à une société, mais sans savoir par quoi il pouvait bien être inspiré, comme si le texte était celui d'une chanson flottant dans l’éther mais jamais écrite par personne.
Et puis voilà que surviennent les noms de Bruges et de Gand, issus d'une superbe chanson. Là, la référence est trop forte et l'auteur n'est plus mystérieux. Mais non, ça ne colle pas, il ne peut s'agir de Marieke. Alors, quoi ? Ah oui, il y a Frida, et sans doute plein d'autres références. Finalement, j'étais chez ces gens-là sans que je m'en fusse aperçu.
C'est très bien vu !

J'avais reconnu dès le 3ème paragraphe

Cette chanson a un goût particulier pour moi. J’en ai toujours eu une interprétation idiote, mais que je ne peux pas refréner. Il me semble, lorsque Brel termine en disant de façon lugubre : « Mais il est tard, monsieur, il faut qu’je rentre… chez moi. », il me semble qu’il rentre chez … ces gens-là. Bien sûr c’est idiot, Frida serait sa sœur, mais y a rien à faire, pour moi il rentre dans l’enfer de ces gens-là, pour y retrouver sa pauvre vie (il dit quand même à demi-mot que, oui, c’est vrai j’ai écorché des chats, mais il y a longtemps). Peut-être le valet de la famille, le gâte-sauce, le factotum, le bon à rien que cette famille indigne a bien de la charité d’accueillir chez elle. Mais… il y a Frida ! Qu’est belle comme un soleil ! Je n’en finirais pas avec une chanson pareille. Excellent choix Acratopège.
Je dois dire sans me vanter que je l’avais vu venir dès la deuxième ligne, à cause de la mauvaise chute du père (qu’est mort d’une glissade).

Beaucoup, beaucoup plus léger, voici ma contribution :
« Ma femme est une garce ! Sous prétexte que je couche avec la bonne, cette dévergondée me trompe ! Où va-t-on si les femmes bien élevées se mettent à débaucher les hommes. Le pire, c’est qu’elle le fait avec mes meilleurs amis. Je le sais - c’est la bonne qui me l’a dit. Depuis, j’ai tout perdu : mon honneur, ma situation (mon patron m’a foutu dehors au prétexte que les cocus sont incompatibles avec l’image de la maison) et la bonne que ma femme ne pouvait plus supporter! Il me reste ma chère épouse… qui n’est même pas un bon coup ! »

Barbara, « Les amis de Monsieur » (paroles et musique de Fragson – 1914)

Rosebud, je pense que oui, Brel se désespérait de ces gens-là qui l'entouraient. Et sûr qu'il fantasmait sur sa propre famille.

Voilà ma contribution :

Le soleil s'est levé. Le chef a parlé.
Le gringo est étendu sur le sol, la gorge transpercée d'une flèche empennée de noire. Noire, comme la couleur du deuil que vous porterez, messieurs. Noire, comme la couleur de la terre après votre passage. Comme le sang de la terre que vous avez laissé se répandre inconsidérément dans nos lacs, dans nos rivières, sur nos terres. Vous aurez peut-être ce que vous êtes venus chercher, messieurs : nos filles pour vos soldats, notre grain, nos chiens, notre uranium, notre opium, le chant de nos anciens. Mais vous devrez payer.
Nous savions qu'un jour vous viendriez. Que vous voudriez nous transpercer le corps de bord en bord, à grands coups d'axes, à coups de taxes.
Nous dormions tranquilles sous la toile, le vieux Achille faisant le guet.
Vos milliers de chevaux au galop vous ont révélés. Voilà les Yankees, voilà les Gringos.
Allez Gringo, viens-t-en !
Ton laser qui brille dans le pôle, ta pacification, ton Big Control, tu peux toujours rêver.
Nous continuerons d'errer au hasard, malgré le frette et tes barbares.
Gringo, tu n'auras rien de nous.
De ma mémoire de titan, ça fait longtemps qu'on t'attend. Nos flèches sont aiguisées, nos couteaux affûtés, nos glaives éblouissants.
Et pour tes nouvelles de CNN, de NBC, de Fox, vois : nous avons traversé des océans sans fin sur des radeaux tressés de rêves. Et nous vivons encore plus fort.
Que dieu te blesse !

Richard Desjardins, Les Yankees : www.youtube.com/watch?v=Kv67u9l-3KQ