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Re : Contraintes contrastes
Maître Onirien
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22/07/2012 22:59
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Vite, j'arrive un peu juste avant le changement de consigne... et je l'avoue : j'ai beaucoup paraphrasé (mais en libre... car pas le poids face au Maître), pas réussi à quitter le texte initial ni dans le fond ni dans la forme ; mais bon, comme j'avais quand même écrit ça, ah bah je le livre même si mon exercice est limite.

Aujourd'hui
Au lieu des taudis que voici
ce sera un parc pour enfants de nantis
Au lieu de ce bidonville
qui s'encrasse
avec son lot de misère et de sang
et son gitan épris de violon,
un perché accroché à
ses lucioles

Adoptée par cette faune éblouie
une petite muse a grandi
du fond du siège-auto déniché là
à l'abandon
Comme on l'avait trouvée noyée de luxe
les lueurs de l'aube sur son visage
à tout hasard on l'appelait
Luciole

Or un soir, n'en déplaise aux bien-pensants
la voilà qui aguiche le gitan
elle se trémousse
jeune décolleté avantagé
d'une peau douce
Lui, railleur, lui balance cash :
"En veilleuse, fillette, t'es trop verte
et les flics ont d'jà trop d'raisons d'me filer l'train"
Et, comme elle insiste :
"T'es lourde ! Fais pas ta blonde !
t'sais bien qu'je suis maqué à une bonne !"

Alors Luciole a tourné les talons en larmes
a quitté ce hameau de tôles
de rage d'être éconduite
Tandis que le gitan fuit la loi une nuit, à l'anglaise.
Sauf qu'en repassant par là vingt ans plus tard
sans abri, écorchant son violon,
il a comme un regret dans la gorge :
Luciole
la trentaine abîmée
là, sur le trottoir.
Tapinant.

Brassens / la princesse et le croque-notes, là : http://www.paroles-musique.com/paroles-Georges_Brassens-La_Princesse_Et_Le_Croque-notes-lyrics,p7967
ou là, pour un kitch assuré :http://www.youtube.com/watch?v=MP7hAzHmn1k

Contribution du : 19/05/2013 09:07
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L'homme est conduit par l'aveugle qui est en lui- J.Claude Izzo
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Re : Contraintes contrastes
Maître Onirien
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Décidément cette consigne en chansons à l'avantage d'accompagner savoureusement un voyage en paysages variés !
@Acratopege : j'aime vraiment votre art de la narration, pour nous livrer votre interprétation de cette famille dramatique ; moi aussi je pense que, dans la chanson, le narrateur est le p'tit dernier de cette famille, mais votre histoire colle bien, et les portraits sont dépeints avec tant d'humour imagé et de réalisme !
@Rosebud : cette forme de "nouvelle en trois ou quatre phrases" a des allures de grande provo taquine, la légèreté est bienvenue en notre ère morose
@Dowvid : j'ai trouvé la chanson touchante (paroles comme mélodie) et votre texte, jusqu'à "vous devrez payer", a la force d'une nouvelle "policière" avec un incipit qui invite à la lecture, la curiosité... j'ai trouvé dommage qu'ensuite, il y ait trop de citations directes de l'auteur.
@Buldo : oui, votre tableau de bord de plage macabre est très "prenant" à lire, c'est le terme ! J'aimais bien ce tube à l'époque, et apprécie votre mise en scène dans un carnage (ou un tsunami?);j'aime en particulier "Au loin un tonnerre naît et crie sa vie."(bien que je trouve ce qui suit redondant avec l'image précédente de l'oiseau, qui en ressort du coup amoindrie) et "L'air frais est embaumé d'une odeur de sang et de fer et transporte quelques grains de sable." Votre texte mériterait d'être délesté de ses nombreux adjectifs. Bienvenue Buldo ! A vous lire bientôt en publication !
@Tankipass : j'envie votre performance pour évoquer aussi fidèlement l'univers de cette chanson, et dans le style, et dans la structure de votre texte (en particulier la chute, qui reprend ingénieusement l'obsession des refrains).Vos phrases sont celles des "novelistes" que j'admire : en dire autant en aussi peu de mots, en toute aisance, sans lourdeur, séquences qui s'imprime sans qu'on s'en aperçoive... sincèrement : beau.
@Costic : extraire du Brassens son philosophe... joliment conduit, m'âââm' "grand gouffre concentrique" : on n'a pas le choix, l'ascenseur nous attire vers la profondeur ! C'est fait façon "critique journalistique positive : allez-y voir, écoutez-moi ça !" et puis c'est fidèle au Maître : sans pitié... limite avec une froideur analytique un peu didactique, peut-être ? (mais c'est peut-être le parti-pris du "vous" qui me fait cet effet)

Contribution du : 19/05/2013 10:04
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Re : Contraintes contrastes
Chevalier d'Oniris
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Bien le bonjour cher tout le monde (désolé si je rougis, c'est la faute à MissNode). Comme vous le voyez aujourd'hui je suis parfaitement à l'heure, c'est assez remarquable pour être remarqué.
Après notre petit voyage dans l'univers de la chanson Française (je ne connaissais pas Richard Desjardin, c'est un peu déroutant au début mais en fait ça s'écoute très bien) je vous propose d'écrire une anecdote de voyage. L'occasion de remuer un peu ses souvenirs (pour ceux qui ne veulent pas y toucher, évidemment, vous pouvez inventer) et d'y sélectionner quelque chose qui fait sens. Hop, l'image se trouble, place aux flashback...

Contribution du : 19/05/2013 14:04
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et son absurdité qui l'a brisée.
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Re : Contraintes contrastes
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Merci MissNode, réellement content que mon texte ait plu (même si pas entièrement, et j'en étais bien conscient. Seulement, je voulais encore rajouter quelques renvois aux paroles : "artificiels" comme j'ai dû les qualifier plus tôt (la BD, le "bon numéro", le refrain...). Mais effectivement, c'était trop et j'y ferai plus attention la prochaine fois, pour éviter de vouloir à tout prix tout dire, quand on peut s'en passer ! Merci encore du retour !)

Pour votre texte : en même temps, même si je ne connais pas assez : Brassens, c'est Brassens ! :)
Jolie transformation du texte original, même si je n'ai pas aimé le "cash" trop brut pour moi... Mais, en fait, je ne suis pas totalement adepte de la poésie libre, je pense. Pour autant, j'aime bien vos lucioles, et je ne sais pas trop pourquoi mais "jeune décolleté avantagé" est fort imagé (peut-être qu'attendant "avantageux", voir apparaître "avantagé" m'a agréablement surpris !)

La contrainte de la semaine est très large ! Je m'y attèle de ce pas. Merci pour cette rubrique très amusante et enrichissante ! :)

Buldo

Contribution du : 20/05/2013 01:42
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Re : Contraintes contrastes
Expert Onirien
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(toutes mes excuses d'avoir levé le pied dans les dernières semaines... Voici la contribution)

Chattanooga...

Evidemment, vous allez tout de suite penser à la célèbre chanson de Glenn Miller "Chattanooga choo-choo", mille fois reprise depuis les années quarante. Un nom directement sorti d'un dialecte indien pour désigner une ville perdue à la frontière du mid-west américain.
Personne n'entendrait parler de ce trou paumé s'il n'avait été choisi, cent soixante-dix ans auparavant, comme point de départ des lignes ferroviaires trans-américaines. La ville est devenu la gare pour quitter la déjà vieille côte Est et aller conquérir les grandes plaines vierges de l'Ouest.

En Europe, tout le monde s'en fiche, mais, outre-Atlantique, la ville fait figure de monument historique à la gloire du Cheval de Fer. Tout est dédié aux trains, aux gares, au charbon des tenders et à l'acier des rails. On soigne la légende de ceux qui ont trimé pour poser puis faire fonctionner ces lignes, sans oublier de parler aussi des indiens qui ont chèrement payé son passage.

Rien d'étonnant donc à ce que l'hôtel du centre ville soit une gare.

Pas "près de la gare" ou même mitoyen comme ailleurs, mais l'hôtel est véritablement l'ancienne gare, dont les rails sont les couloirs et les luxueuses voitures Pullman, maintenant sagement alignées et immobiles, sont les chambres.

Chaque wagon a été cloisonné pour se transformer en deux grandes suites.

Des chambres longues et étroites, aux larges fenêtres qu'on peut abaisser. Les porte-bagages, brillant de leur plus beau cuivre, courent tout le long du mur. Je vous passe la salle de bain grande comme un compartiment et le lit XXL comme on les affectionne aux USA.

Les rideaux ne sont sans doute pas d'origine mais restent frappés du monogramme élégant de la Western Union. Le bureau ressemble à celui installé dans le train des Mystères de l'Ouest, la série culte de mon enfance.

Nous nous regardons, encore abrutis par les heures de voiture entre Atlanta et cette chambre impensable d'une ville improbable. Nous posons nos valises dans ce décor de cinéma. Nos projets étaient de manger un morceau rapidement puis de sombrer dans les bras de Morphée.

Mais brusquement, nous ne ressentons plus rien de la fatigue et l'énergie des pionniers nous prend par surprise.

Toi Jane - Moi Clint.

Nous nous regardons à nouveau… Le sommeil attendra bien le prochain lever du jour...


l'hotel en question

Contribution du : 21/05/2013 17:32
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La meilleure nouvelle publiée sur ONIRIS : Palimpseste est raide dingue amoureux de Lobia, inoubliable auteure de "Numéro 20"... Nous sommes ensemble depuis deux ans grâce à Oniris, la meilleure agence matrimonialo-littéraire du Monde !
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Re : Contraintes contrastes
Chevalier d'Oniris
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On s'était arrêté à Angers pour boire un verre, trois euros le demi de saint-Omer, pour des mecs du nord c'est comme se faire jeter un verre de pisse à la gueule, alors on est reparti vers une heure du mat'... On a roulé sans trop savoir si c'était la bonne direction, puis quand le chauffeur a ressenti un trop-plein de fatigue on s'est arrêté dans un chemin bordé par les vignes, l'occasion de boire du mauvais vin... Tandis-que notre valeureux pilote s'endormait au bruit des bouteilles qu'on débouche nous nous mîmes à discuter sur ce qui nous attendait dans la petite communauté troglodyte qui était notre but, puis sur autre chose, puis sur n'importe quoi. En marchant, portés par l'ivresse, nous vîmes soudain la Loire se dérouler avec nonchalance, reflétant la clarté lunaire, à quelques kilomètres de là. Il est bien connu que les hommes ont de tout temps été attirés par l'eau, aussi après un petit moment d'émerveillement devant cette masse mouvante aux reflets fantomatiques nous décidâmes d'aller y voir de plus près...
Pas moyen de trouver une barque qui ne soit pas solidement attachée. Il est bien connu que de tous temps, lorsque l'homme se retrouve au bord d'une large rivière, il lui vient fatalement l'envi de la traverser... nous ne dérogions pas à la règle. Finalement, la dernière barque fût la bonne, elle n'était pas en très bon état et n'avait pas de rames... Je revins un peu sur nos pas pour trouver un banc vermoulu, en deux trois coups de pieds les rames étaient trouvées.
En face un homme sortait de sa tente avec le petit matin, il regarda longtemps l'embarcation de fortune et son improbable équipage qui tentait désespérément, bouteille sous le bras, de lutter contre le courant. Finalement nous arrivâmes harassés ; l'autre, amusé, se moqua gentiment. Après un tel effort il était temps d'ouvrir la dernière bouteille, notre nouvel ami matinal proposa les services de son tire-bouchon mais je voulais lui montrer que nous n'étions pas sans ressource « j'ouvre les bouteilles sans tire-bouchon moi monsieur », et mettant la bouteille dans ma chaussure je me mis à taper violemment le sol sableux... sans résultat. La copine de notre charmant compagnon se leva avec la vision d'un fou frappant sa bouteille contre le sol comme un forcené, normalement ça marche... Finalement nous eûmes recourt au tire-bouchon et je dus m'avouer vaincu dans l'hilarité générale...
Le retour sur l'autre rive fut compliqué, rien que remettre le bateau à flots... Sous l'oeuil moqueur de notre ouvreur de bouteille nous faisions des cercles et des cercles sur les bancs de sable, tombant dans l'eau, nous cognant à la barque... Finalement l'un de nous resta dessus et les deux autres, déjà complètement trempés, firent office de moteur... Le courant était trop fort, je paniquais, buvant la tasse d'une eau qui a de bonne raisons de ne jamais avoir été mise en bouteille, je poussais la barque de toute mes forces avant de nager, épuisé, pour m'accrocher à elle et de la repousser à nouveau. Finalement nos pieds trouvèrent un banc de sable auquel s'arrimer avant la rive, sans lui nous aurions encore dérivé sur des centaines de mètres. Nous remontâmes donc le courant, passant devant toutes les barques que nous avions tenté d'empruntées et qui étaient maintenant recouvertes par des pêcheurs patibulaires. Tandis-que je tentais de récupérer mon souffle et mes esprits l'un d'eux nous lança « Faîtes attention, elle est dangereuse la Loire ! » Ouaip, mais c'était marrant... Je m'endormis paisiblement le long du chemin qui menait à la voiture, bordé par la fatigue et le bruit des oiseaux.

Contribution du : 22/05/2013 14:01
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Re : Contraintes contrastes
Chevalier d'Oniris
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Désolé j'ai pondu un pavé... un pavé dans la Loire. Oula c'est très nul j'arrête les jeux de mots...

Contribution du : 22/05/2013 14:10
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Re : Contraintes contrastes
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@Palimpseste : rrho ouii Robert Conrad/James West et ARtemus Gordon, moi aussi j'étais fan fidèle !... (honte à mon penchant féministe) ; j'ai bien aimé votre façon de nous inviter dans ce décor (merci pour la visite via la toile) en apostrophant le lecteur. Perso "Toi Jane, moi Clint" ça va bien pour une fin de texte.
M'en vais entrer dans le pavé de Tankipass ;)

Contribution du : 22/05/2013 21:52
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Re : Contraintes contrastes
Maître Onirien
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@Tankipass : en fait, j'ai bien compris pourquoi, le "pavé"... c'est un peu comme ces histoires de gens bien éméchés, qui déroulent leur histoire en bloc, avec des répétitions de formules "il est bien connu... de tous temps", ses diphtongues exagérées par l'alcool "l'oeuil" et toutes les images improbables "le fou avec sa bouteille au pied", la barque poussée par les nageurs... savoureuse anecdote

[EDIT : en fait je m'aperçois que je congratule, mais c'est sincère, cette béate admiration que je voue à ceux qui savent raconter des histoires]

Contribution du : 22/05/2013 22:17
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Re : Contraintes contrastes
Chevalier d'Oniris
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Contribution du : 24/05/2013 04:02
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