Et si je m'amusais à changer de refrain ?

L'alexandrin ? Mais c'est un truc préhistorique !
(Qui donc écoute, au fond des bois, le son du cor ?)
Faut-il être benêt, fana de rhétorique
Ou comptable borné, pour en écrire encor !
Je sais, j'ai essayé, j'ai tourné en bourrique,
Il faut toujours un mot, pour faire le raccord.
Libertaire assumé, je suis catégorique,
Marcher sur douze pieds ? Je ne suis pas d'accord ! 

Oui, nous le chérissons, en tercets, en quatrains,
Sans le vouloir souvent, je le glisse en mes phrases
Ce qui fait que parfois je parle avec emphase ;
C'est mon côté poète, on me pardonnera
Et personne en ce lieux ne me contredira...
Et tant pis pour qui sent un relent de poussière
En cette poésie que l'on dit "régulière",
Dont j'aime la cadence en vers bien balancés

Dame Mona, merci ! Pour vous récompenser
Je m'en vais vous conter la fin de l'Irlandais
Qu'en ma vieille contrée on n'a point oublié...

C’était un étranger dont j’ai perdu le nom
Venu gagner son pain en bas pays breton,
Un pêcheur un peu fou, disait-on par chez nous,
Sortant par tous les temps, un type à cheveux roux,
Un Irlandais je crois, avec un blaze en O,’
Dont la seule passion était la pêche au gros !
Un jour il est sorti malgré la météo,
On n’a rien retrouvé, ni lui ni son bateau,
Disparu pour toujours, avalé par les flots,
Sans même un kenavo, notre rouquin marteau !

Excusez mon incursion mais ces conversations byzantines en alexandrins sont un régal !

Merci mon vieil Alex pour ton rouquin marteau

Je m'en bidonne encor en tapant sur les touches
De mon ordinateur. Je suis un rigolo !
Comme l'a si bien dit le Chevalier Destouches
Chassez le naturel il revient au galop.

Quel temps fait-il là haut dans le Nord-Finistère ?
Le vent s'acharne-t-il sur le pays Pagan ?
Au pays Bigouden, ça bastonne sévère,
Dans la bourrasque on voit voler les Korrigans.

Les bigorneaux craintifs ont ramassé leurs cornes
Et même les brennicks tremblent de décoller.
Et tout en sirotant leur chocolat au lait,
Les moussaillons du club se rêvent au Cap-Horne*

*Licence poétique

"Culture du vers à soie en pays bigouden",
C'est le thème zarbi que j'ai osé donner
Pour un diaporama à mes pov' étudiants.
(C'était un exercice... et la fin de l'année).
Eh bien figurez-vous que l'incongruité
Patente d'une telle éventualité
Ne les a pas frappés : ils m'ont fait des romans !

Mieux que des vers à soie, errent des caïmans
D'Audierne à Quimperlé, cause réchauffement !

je me découvre un peu ! je suis en bigoudis

pour mieux tirer à moi des vers, d'un nez rougi

j'ose porter mes yeux ,de mes doigts engourdis

sur les touches ravies du grand ordinateur

je me mets à rêver de puissance, de moiteur

car tous les éléments sont un puissant moteur

ici sur mon plateau , point de clams ou brennicks

non bernique, juste veaux , vaches , oiseaux

mais qui loin de chez eux sont souvent transportés

par ce vent si violent qu'il ramène à ma bouche

vos propos hilarants et néanmoins pratiques

sans avoir la maîtrise des maîtres de ces lieux

acceptez, que je chausse, vos bottes de sept lieues.

Il n’est aucunement, très chère Castafiole,
Besoin de notre accord pour mettre à vos petons
Des bottes de sept lieues si dedans votre fiole
La rime liquoreuse abreuve vos sillons
Mais je trouve dommage, et tant pis je le dis,
Quitte à passer un peu pour celui qui vous brime,
Qu’on enferme ses vers sans lancer le défi
À celui qui nous suit de compléter la rime.
C’était là, en partie, le sel fin de ce jeu
Et je crains que l’on perde à n’avoir de contrainte
Le plaisir où nous pousse ce minuscule enjeu
De contourner l’obstacle au doux prix de la plainte
De notre inspiration qui peine quelquefois
À trouver le bon trait ou le vers audacieux
Car l’épreuve vaincue offre bien plus de joie
Que l’amoncellement de mots à qui mieux-mieux.
Ne pourrait-on chacun, vraiment faire l’effort
De laisser chaque fois l’alexandrin offert
À celui qui viendra pour lui jeter un sort
Et trouver un époux à ce vers solitaire ?
Enfin, je vous dis ça, mais chacun est bien libre…