Les champs désespérés font les chants inspirés
Que la musique appelle en ces jours où l'on fête
Son action bienfaisante en aucun cas surfaite,
Puisque l'usage dit qu'elle adoucit les moeurs,
Rend plus douces qu'agneaux les mauvaises humeurs...
Aussi pour vous charmer à plein gosier je chante,
Mais comme il se fait tard, je ne suis point fringante
Et ma voix risque alors de n'être pas au top

Ô rage, ô désespoir, un bel air de be-bop
Eût été bienvenu pour ouvrir en musique
Ce versatile été qui semble en Armorique
Signer son grand retour en averses et grains
D’où cette profusion de tercets et quatrains.
Comme Gene Kelly, bien que cela m’ennuie,
Me voilà donc contraint de chanter sous la pluie…

Je me mets au clavier, auparavant j'essuie

Les restes de crachin sur mon auguste front.
Car même dans le sud Finistère, il crachine.
Il faut bien plus que ça pour caler la machine
Et rien n'est aussi bon pour les rhododendrons.

Hier au soir nous avons suivi à la téloche
Le concert en direct retransmis sur Franc' Trois
Et lorsque ce matin a retenti la cloche
Nous nous sommes levés tous les deux du pied droit

Constatant qu'au compteur, j'ai désormais septante.

Ce qui n'empêche pas une santé pétante !

Permettez-moi céans de présenter mes vœux
À quelqu'un que, ma foi, j'imagine joyeux,
Prêt à croquer sans peur la vie à pleines dents
Même si pour cela il a comme adjuvant
Une prothèse bien fixée aux deux gencives
(Pierrot, pardonnez-moi si par hasard ma vive
Impertinence vous offense... Je vous jure,
Par mon obésité de vraie caricature,

N'avoir espéré que vous faire rire un peu) !

Septante aussi pour moi, mais ce n'est pas de jeu
De célébrer sans nous un tel anniversaire,
Recevez tous nos voeux chaleureux et sincères.
Je chanterai pour vous ce soir sur le parvis
Pas besoin pour cela de me mettre au défi
Et que mon chant parvienne au fond de l'Armorique
Nous fêterons Pierrot autant que la musique.
Aimez-vous le biniou, peut-être un air de jazz ?

Cette chasse à la rime est une usine à gaz !

Il n'en reste pas moins, ô septuagénaires,
Que nous sommes bien trois, comme les mousquetaires,
A défendre, non pas de précieux ferrets,
Mais ces mots que Molière un jour nous a légués.
Et puisse le destin, au vu de ce grand âge,
Un temps nous préserver pour poursuivre l'ouvrage !

Ce grand âge ? Que nenni, car votre babillage
Conv’nez-en les amis, n’est pas toujours très sage
Et je jouis de vos mots à chaque tour de page
Mais peut-être parfois usez-vous de dopage ?

Je vous taquine, continuez à nous régaler.

Le ressac, doucement, fait chanter les galets...*

Le jazz et le biniou ? Hum, à petites doses.
La musique classique a toutes mes faveurs.
Romantique ou baroque et j'adore les chœurs
Verdi ou Puccini, c'est quand mêm' quelque chose.
J'aime bien le gospel, aussi la clarinette
Aux sons bleus de Sydney ( je parle de Béchet)

Merci Mona, hier soir j'ai bien tendu l'oreille

* c'est pour la rime et ça fait poétique

Ouïes grandes ouvertes et moi toute pareille,
Je me suis régalée et me suis couchée tard,
Il y eut des éclairs et même des pétards,
L'orage ce matin poursuit son tintamarre,
Moins bien que le gospel ; mais pourquoi je vous narre
La pluie enfin tombée en ce début d'été ?
La sécheresse étant triste calamité,
Mon jardin assoiffé s'invite à cette fête,

Je ne résiste pas, oh saperlipopette,
A vous parler ici de ce cochon qui pète !
Il grogne aussi bien sûr, tel votre serviteur
Qui, lisant cette pub, maudit cet éditeur
Lequel pour relancer chez nous les porcheries
A collé sur nos murs mille cochonneries...