Avant le nouvel an ? J'ai ce soir cerveau lent,
Pour défi relever en nouvelle contrainte,
Voici que la chaleur sans conteste m'éreinte
Mon doc m'a dit ce jour de ne point fatiguer
Mes méninges au point de vouloir vous narguer.
Souffrez donc, chers amis, qu'enfin je me repose,
Je suis exténuée et m'accorde une pause.
N'ayez pas trop d'espoir, je reviendrai bientôt

Reposez-vous très chère et puis surtout bravo
Auquel j'ajouterai ce vibrant Kenavo
Ecrit avec le coeur du fond de ma Bretagne...

En Bretagne peut-être, ou bien à la montagne,
En vacances j'irai, mais Il me faut choisir
Pour aller en un lieu qui me fera plaisir :
Mon fils vient d'acheter maison au toit de chaume
Au fond du Morbihan, c'est son nouveau royaume,
Il m'invite, bien sûr, sans faute à visiter
Dois-je avouer pourtant ma raison d'hésiter ?
C'est que ce grand malin pour ses travaux recrute
Et je ne voudrais pas trimer comme une brute !
Sa famille a déjà des tonnes de béton
Dans les bras et je me dis : Hou là ! "laiss'béton" !

Je vois que mon béton n'est pas de très bon ton
Puisque personne ici n'a relevé le "ton"
Comme on dit à Quebec, je suis sur le piton
Et je viens pour tourner page du feuilleton
Mais le disque est rayé, c'est l'appel au breton :
Kénavo, m'a-t-il dit ? En queue au peloton,
Pendant que je l'attends j'apprendrais le teuton !
allez, j'ai épuisé toutes rimes en "ton"
Je n'ai plus qu'à lancer : tontaines et tonton !
Ce n'est pas très sérieux, avouez-le quand même

Vous avez bien raison de montrer le problème
Et de nous relancer la conversation ;
Le sujet se tari sans animation.
Mais je n'ai, quant à moi, rien à vous raconter,
Car je n'ai nulle part à aller visiter
Et je ne suis d'ailleurs pas encore en vacances.

Me voici, me voilà, cédant à vos instances
Puisque étant pour ma part chaque jour en vacances
A deux pas de l’Iroise, au sable immaculé,
Où l’on ne connaît point ce bouchon cumulé
Si cher au vacancier qui chaque fois bougonne,
S’arrête et puis repart mais jamais n’abandonne
Sa chère automobile en choisissant le train.
Pâles, demain dès l’aube, oubliant ce pétrin,
Ils seront sur la côte, oints de crème solaire
Pour ceux qui vont au Sud, munis d’une polaire
A la pointe bretonne… en cas de fort blizzard !

Enfin, nous nous croisons ! Ce n'est pas un hasard ?
Ou je suspend ma rime aux grelots du bazar !
Sur votre plage afin de faire le lézard,
J'irais bien volontiers, mais elle est éloignée
Du pauvre Morbihan où je suis résignée
A manier au mieux la pelle et le béton,
Mais je vous vois venir avec votre air fripon :
Contrepétrie oblige, il n'y a pas de bonne
C'est dommage, il est vrai, car elle était bien bonne !
Trêve de gaudriole et je ne voudrais pas
Relancer du sujet les graveleux débats.
Je quitte ce bureau qui devient une étuve...

Peut-on vous conseiller de remplir une cuve

D'eau fraîche et d'y plonger au sortir du bureau ?
Je vous entends d'ici préférer la piscine
Et vous avez raison. Je suis un vrai blaireau.
Mais « étuve » , ho la la, franchement me bassine .

Vraiment mon cher Pierrot, ce jour l'eau me fascine !
J'y tremperais mes pieds et tout le reste aussi !
Bassine ou bien piscine, il n'est point de souci,
Je prends et je barbote il est vrai, car je nage
Comme boulet de plomb, pour la mer c'est dommage
De ne pas profiter des vagues la fraîcheur,
Mais la mer à Redon... faut être bon marcheur !
La chaumière où je vais est au fond d'un village
Perdu dans la campagne et très loin de la plage

De Redon je connais le chemin de halage,

Les marais alentours, les bois de châtaigniers,
Et ce joli canal que d'aucuns dédaignaient.
Je le connais fort bien car, d'écluse en écluse,
J'ai suivi la voie d'eau vers l'Ouest jusqu'à Lorient,
Mais aussi vers le Nord jusqu'au port de Dinan.
Aux mouettes succédait le sifflement des buses.