Un ver en douze pieds (-en-vers)
N’est pas pour me déplaire ;
Quant à moi, je préfère
Ceux des huit pieds dont je me sers.

Des règles, ne soyons pas serfs,
Car seulement bien faire
Est bien meilleure affaire
Que mettre aux pieds les fers.

Prenez votre licence
Et livrez à l’outrance
Vos vers.

Osez la poésie
Sans craindre l’hérésie
D’experts.

Un petit quatrain ?

Rares, légers, multicolores,
prenons d’un geste du poignet
tous les jolis mots du sonnet
dans nos filets à métaphores.

un sonnet qui ne respecte pas les règles mais les règles sont faites pour être transgressées.

Je pense quelquefois à ces vieux zincs dormant
Leur sommeil immobile au fond d’un hangar triste.
Eux qui jadis prenaient leur envol sur la piste
Aujourd’hui délaissés se meurent doucement.

Ces grands oiseaux d'acier privés de mouvements
Font défiler sans fin leurs heures de prestige
Quand la foule admirait des as de la voltige
Les vrilles, les loopings et les renversements.

Ma cervelle est pareille à ces tas de ferraille :
C’est un coucou rouillé, caduc, une antiquaille
Qui songe avec regret à ses exploits passés.

Ah ! Voler à nouveau dans des ciels poétiques
Et se jouer, en des sonnets acrobatiques,
De la métrique et de ses trous d’air traversés !

Le Le Nôtre du vers ( à Gemini qui a ouvert ici un fil où l'on respire )

Enfin Gemini vint, le poète aguerri,
Quatre cent cinquante ans après le vieux Malherbe,
Arracher l’hiatus comme la mauvaise herbe
Dans son jardin de vers élégamment fleuri.

Et l’on voit resplendir la rose de son verbe,
L’on respire à plein nez l’odeur de muscari
De ses alexandrins tout de verve et d’esprit :
C’est pour l’âme et le cœur un spectacle superbe.

Hélas je sais plus d’un sonnettiste amateur
Qui devrait bien donner un coup de sécateur
A ses mètres sans grâce où le chiendent pullule...

Je conseille à ceux-là qui n’ont pas les doigts verts
Et qui n’ont pas non plus la peur du ridicule
De prendre exemple sur ce Le Nôtre du vers !

Steel or not style ?

Les plus légers que l'air se gonflent à l'hélium,
Me disait un expert en aéronautique,
En ajoutant ceci : les oiseaux métalliques,
Pour fuir la pensanteur, sont faits d'aluminium.

ANNONCE OFFICIELLE (roulement de tambour)



Je vous annonce que le très fameux et très talentueux Gemini a eu une idée sensationnelle.

Il a existé, sur Oniris, un fil d'exercices d'écriture consistant à disposer à chaque fois d'une semaine pour produire un texte sur base de contraintes imposées et que les moins d'un an ne peuvent pas connaître car ce fil a fini par s'éteindre : Contraintes contrastes.

Il s'agit ici d'imposer un sujet à la production de nos sonnets, d'en proposer un nouveau lorsque le premier est épuisé et ainsi de suite.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'inspiration n'est pas bridée lorsque des contraintes sont imposées.
Bien au contraire, les contraintes libèrent l'imagination qui sinon se perd dans l'étendue des possibles.

A tout seigneur, tout honneur, Gemini nous offre le premier sujet et même le premier sonnet en guise d'exemple.




EXERCICE N°1

Il s’agit de répondre, en sonnet, à une lettre de notre assureur qui nous réclame, disons à la fin du mois de décembre, une dernière traite de police que nous aurons du mal à honorer.
Chaque sonnet aura pour titre "Monsieur l'assureur,".


Exemple :


Monsieur l’assureur,

En réponse à ce pli qui m’adresse facture
Je dois vous avertir qu’il faudra repasser.
En ce mois de décembre on ne peut détrousser
L’homme qui pour son clan se serre la ceinture.

N’avez-vous pour Noël nul esprit d’ouverture
Pour m’obliger d’un dû que l’on peut déplacer ?
Ma femme mes enfants doivent-ils se brosser
Et devoir se baigner dans la déconfiture ?

Avec tout le respect que je ne vous dois pas
Je garderai mes sous pour de meilleurs combats,
Et je dépasserai le terme d’échéance.

Je souhaite pourtant des voeux d’humanité
À votre cœur d’argent qui s’est trop dilaté ;
Veuillez en recevoir toute mon assurance.




On s'y colle ?

AH QUE ouais mais allo kwa !... ce Gemini Cricket est bien trotro !...
Ce Cricket est trop fort pour le pauvre de Guy !
Dont les pieds bots en transe dansent la Saint-Guy.

ça me fait penser au pseudo-sonnet moratorium de Georges Fourest avec ce dernier vers
"pour acompte agréez ce sonnet goguenard"

Voilà, je rends ma copie. Pour l'occasion je me suis masculinisée.

Monsieur l'assureur,


Que j’apprenne à nager le crawl aux caïmans,
Que j'attrape typhus, scorbut et scarlatine,
Qu'un chasseur aviné croyant voir un faisan
Me lâche en pleine gueule un coup de chevrotines,

Que je me fasse eunuque au pays du Grand Khan,
Que, de bon appétit, j’avale une tartine
Couverte d’un étron encore tout fumant
De caniche souffrant de douleurs intestines,

Que je vive à la colle avec un sapajou,
Que du haut d’un building me tombe sur le chou
Un vieux Bösendorfer, une armoire normande,

Enfin, que, pierre au col, on me balance au Rhin
(les poissons réjouis festoieront de ma viande)
Si de moi vous touchez le moindre fifrelin !

§ POH POH POH POH § Alors alors alors !... Alors là, MADAME !...
je dis je dis je dis ( et je ne sais même plus quoi dire ! et j'en bafouille et deviens bègue ! )...
Guy Mauve ne s'incline pas, MADAME... il rampe !