Je remercie bien sincèrement le CE et les correcteurs ayant permis la parution de ce texte. Je remercie également les lecteurs et commentateurs. J'avoue avoir été très touché - pour ne pas dire ému par les différents retours, le sujet me tenant particulièrement à cœur
et faisant partie de mon quotidien, de mon activité professionnelle.

L'autisme en tant que tel n'existe pas.
Il y a autant de formes de troubles du spectre autistique que d'individus en souffrant. Bien sûr, nous pouvons relever quelques "constantes" sans pour autant en faire une généralité. Parmi les "symptômes" les plus classiques nous retrouverons une difficulté, une complexité dans les interactions sociales, dans son rapport à l'autre et dans la "définition" du "soi". Il y aura aussi souvent des troubles obsessionnels compulsifs, des intérêts restreints, une appréhension du changement, une hypersensibilité ou à l'inverse une hyposensibilité...

Concernant le poème, il est question comme dit dans la présentation d'un jour d'école, d'une plongée à l'intérieur d'une vision spécifique sans concept de vérité ou de généralisme concernant l'autisme.
Je peux apporter quelques précisions.

Un jaune rond lisse sur un gris plat de pierre
semblant frapper les pieds en dedans des chaussures

Il s'agit ici de décrire, vu par l'enfant, une partie de foot dans la cour de récré. Le rond jaune lisse étant le ballon et le gris plat de pierre le sol granuleux de la cour. Ici ce ne sont pas les pieds qui frappent le ballon mais l'inverse, comme on pourra le retrouver dans "un tuyau souffle une bouche" et "un tambour frappe une main". Ma volonté étant d'exposer une perception différente, ambivalente, anxiogène.

Un soleil de mousse trace l'indifférence
si ce nuage tombe autant le ramasser

Le soleil de mousse est toujours le ballon. Ces deux vers sont là pour renforcer le côté "à côté" de l'enfant, son attention ailleurs, son "apparente" indifférence à ce qui l'entoure, sa fixité sur les détails.

Quand un oiseau d'argent pend aux lèvres d'une ombre

Un sifflet dans la bouche d'un surveillant ou d'un enseignant.



Concernant le titre Des lignes et des chemins qui vient aussi rythmer le texte, il provient de mon expérience personnelle. Un certains nombres d'enfants souffrant de TSA ont une appétence particulière, une attention portée aux lignes. Ils peuvent par exemple dessiner des rails de train, repérer des lignes droites un peu partout. Ainsi, si on souhaite la concentration d'un enfant en relation duelle, il est déconseillé de porter un polo à rayures.

Imiter le mannequin qui singe le partage, le sourire une grimace


Il est ici question de la complexité voire de l'impossibilité pour certains enfants de décrypter une émotion sur un visage. Un froncement de sourcil et une mine sévère n'étant pas forcément pour eux synonymes de colère, ni un sourire une marque d'affection ou de connivence.

transvaser le silence dans des pots en plastique

Beaucoup de ces enfants apprécient les activités de transvasement, faire couler, tourner des objets. Une activité qui peut vite devenir très répétitive.

Enfin le "je" n'est souvent pas naturel, ils peuvent dire leur prénom, utiliser le "tu" pour parler d'eux-mêmes. Le "je" que je mets en rapport avec le "jeu" également assez complexe à cerner.

J'en terminerais par dire que ces enfants sont souvent peu réceptifs au second degré, à l'ironie et la métaphore. C'est ainsi qu'en usant dans mon poème, je pose mon regard lui aussi en décalage.

Voilà en gros ce que je peux préciser, n'hésitez pas si vous voyez quelque chose d'autre;

Merci beaucoup à eskisse, dream, Vincente, Luz, Oiseau-Lyre, Stephane (j'espère que mes explications vous auront un peu éclairé), Davide, hersen

Bonjour Pouet,

J'ai aussi lu le leitmotiv du titre comme un rituel, un parole que se prononcerait l'enfant pour se rassurer.. Suis-je dans l'erreur ?

Bonjour eskisse.

On peut effectivement le voir ainsi, les "rituels" des enfants souffrant de TSA étant des tentatives d'apaisement face à une "sur-sollicitation" ou à des situations anxiogènes.

Bonjour Pouet

Je ne connaissais pas l'acronyme TSA avant de lire votre retour sur commentaires. Dans mon esprit, autisme rime avec prison intérieure, mais il s'agit là d'une construction artificielle d'un individu ne souffrant pas de ce trouble. Est-ce que l'enfant autiste le ressent comme tel ? Votre poème nous plonge au coeur du trouble, nous offrant la possibilité de faire l'expérience de l'incompréhension en tant que lecteur face à toutes ses inversions de sens, et en tant qu'analyste suite à la lecture de vos explications. Je salue la démarche artistique qui anime cette création sur un sujet au combien délicat, et au combien difficile à cerner j'imagine pour les gens qui le vivent au quotidien.

Bonjour Ours,

Certains enfants sont conscients de leurs troubles.
De là à savoir s'ils considèrent ceux-ci comme une "prison intérieure", je ne saurais répondre à la question.

Je peux vous dire que certains sont sensibles à la "moquerie", d'autres non (ou ne le montrent pas), que certains n'émettent pas un son et que d'autres sont de vrais moulins à paroles, que certains peuvent parfois mordre ou cracher et se montrer aussi très affectueux, ils semblent parfois "tristes" ou "peinés", mais aussi très souvent fort joyeux...

Merci pour vos mots.

Coucou Pouet,

je ne sais plus si l'on se vouvoie ou si l'on se tutoie donc, je vous vouvoie aujourd'hui.
Personnellement, je n'ai à priori absolument pas cerner le fond réel de votre poésie tellement elle m'a parlé.
Je me sens un peu idiote pour le coup.
Ben, j'en suis sur le , enfin j'en ai perdu ma langue...

Je crois qu'il vaut mieux que je file.

Félicitations à vous,

Stéphanie

Citation :

Bonjour Stéphanie, j'avoue avoir parfois du mal à intégrer le fait que ce qui est évident pour moi lorsque j'écris ne l'est pas forcément pour le lecteur... Mais si le poème a pu vous parler tout de même, c'est bien là le principal. Merci bien pour le commentaire.

Bonjour emilia, merci pour votre commentaire et votre retour d'expérience. En effet, la scolarisation des enfants souffrant de TSA est souvent un "parcours du combattant". Parfois pour certains profils, il semble que l'IME soit le plus adapté, mais le manque de place et la réticence des parents (bien compréhensible) font que la prise en charge de certains enfants demeure assez complexe.
Bien à vous.

Bonjour Louis.

Merci pour ce commentaire détaillé et fort intéressant. Vous avez su, comme à votre habitude, appréhender les mots en leur offrant une dimension supplémentaire de par votre analyse.

Au plaisir.

Salut David,

content de te revoir de temps en temps par ici qui plus est sur le commentaire d'un de mes textes.
Sinon oui pour le musicien, la petite musique du coeur.

Bonjour Jocelyn,

Merci pour votre commentaire. Notez que je ne "me ris" d'aucune interprétation, la "véritable" étant bien entendu celle du lecteur.
Vous trouverez dans ce forum mes intentions initiales.

Bien à vous