Je propose un thème pour la semaine :

LE CINEMA

Peut-être l'a-t-on déjà exploité ? Je ne sais plus... On peut toujours réessayer si c'est le cas... Ce ne serait pas dérangeant.

Thème : LE CINEMA

Eveline savait qu'en rangeant son stepper, elle reprendrait vite ses kilos, mais il encombrait sa véranda depuis un moment et elle préférait sortir marcher en ville avec Grisou. Il fallait juste qu'elle s'en tienne à ses résolutions, toujours superficielles et molles comme une horloge d'un autre temps et qu'elle montre à son chien de quoi elle était capable. N'était-elle pas belle ? Elle avait tendance à ouvrir la porte de sa maison pour que Grisou puisse profiter du jardin et avoir un aperçu du quartier où ils vivaient à travers les grilles. Elle n'en avait pas honte, bien que, peut-être un peu. A quoi bon avoir la ligne ? Peut-être qu'on savait ? Quand elle partait vraiment avec son chien, elle refermait le portillon délicatement avant d'aller vers sa voiture, puis fixait la caméra du rond-point d'à côté, supposant qu'elle était dirigée vers elle. Peut-être qu'on me regarde, pensait-elle. Malade, suis-je, se disait-elle aussitôt. Si ça se trouve, on n'en a que pour Grisou.

Caractères : 990.

CINEMA

Sens interdits

« À au moins quatre ans de sa limite »

J’ai regardé ce film passer – Où étais-je ? Il m’a observé tout droit à travers mon visage dans l’équerre des mots. Les scènes gonflées de sa face hideuse étaient au-delà des nuées, insolentes de fureur – Elles étaient comme ces grands tourbillons qui se lamentent et qui tournoient sans fin aux angles des ruelles.

Quand il avait trop passé, il hurlait : c’est se plaindre. Alors, j’ai marché de front contre sa tristesse. J’ai accroché des parapluies d’étoiles à ses nuages noirs sous mes regards perdus. Dans mes défense d’y croire, dans les détours trop vains de plans en demi-lunes …

J’ai regardé ce film passer – Où étais-je ? Et puis soudain, puisque le verbe tu ne put retenir encore, toujours, la paroi d’équilibre, j’ai détourné la face, et mis les yeux ailleurs, le cou marbré de haine sous mes muscles gonflés …


Lothar

CINEMA



Julien fourra ses deux canettes de bière forte pas chère dans chacune des poches de sa vestes et s'arrangea pour garder sa veste à cheval sur son avant bras, les poches tournées vers l'intérieur. L'ouvreur n'y vit que du feu.

" salle 1 première à droite ".

Julien entra dans la salle. Le lundi soir c'était moins cher et les salles étaient presque vides.

Il s'arrangea pour être derrière un pilier, pour ne pas être éclairé par la lumière de la sortie de secours quand la salle serait plongée dans l'obscurité.

Dans ses mains, la moitié du billet du film " a star is born ".

Le film commença.


Julien se rappela alors son amour de jeunesse quand il vit la complicité de Ally (Lady Gaga) et de Jackson (Bradley Cooper). La tristesse le gagna. Une tristesse recherchée. Il toussa pour effacer le bruit du métal croqué de la première canette.


Le film se poursuivit.


À la fin de la séance, Julien jeta la deuxième canette pleine dans une poubelle publique.

Jackson était mort. L'alcool l'avait tué.




984 caractères

Très belle micro-nouvelle, Robertus... Bien racontée !



Lothar, je n'ai pas tout saisi de votre dernière micro-nouvelle... Je n'ai pas su en ressentir la trame.

***

Thème : Cinéma

Solitairement

Un jour, peut-être une fin de matinée, j’ai fermé les volets et ouvert les fenêtres qui donnaient sur une rue calme. Il faisait chaud, et même trop chaud. L’ombre que je recherchais me permettrait d’éviter la canicule qui nous donnait le cœur à l’eau. Il fallait s’hydrater régulièrement, mais au-delà de boire des boissons fraiches, je refusais catégoriquement d’aller à la piscine municipale. Elle était forcément bondée et écrasée de soleil. Dans mon havre de paix, j’avais mon cinéma cosy et choyé pour tout l’été.

Il me semble, maintenant, que je revois ces instants, qu’il était presque midi. Je ne voulais pas déjeuner, surtout ne rien avaler, juste m’asseoir et regarder un film… « Ma Ma » me tendait les bras. Je ne savais pas encore si j’allais rire ou pleurer. Et puis, fallait-il rire ou pleurer ? Penelope Cruz apparut très vite comme un personnage sensible, beau et dynamique… Je ne savais rien de ce film. Pas même la bande-annonce de l’époque.

Le film fut magnifique, mais qui saura que mon home cinéma est une planque à mouchoirs ? Sacrée Penelop Cruz...

887 caractères espaces non compris

Nous sommes dimanche... Proposition d'un nouveau thème pour la semaine... Enjeu : écrire une micro-nouvelle sur le thème suivant, en espérant qu'il vous inspirera...

Thème : LA PECHE

LA PÊCHE

Simon, qui serait appelé l'apôtre Pierre plus tard, lança un regard interloqué à ce Rabbi qui venait de lui dire: " je ferai de toi un pêcheur d'homme ".

Un court instant, il s'imagina le visage d'un homme, la lèvre transpercée par un hameçon. Il n'osa pas relever l'aspect incongru de la scène qu'il s'était imaginée et comprit, en apercevant le regard espiègle de Jésus, qu'il s'agissait d'une métaphore.

Plus tard, alors qu'une prostituée lavait les pieds du Rabbi avec ses cheveux et ses larmes, et qu'il répliquait aux religieux hypocrites " je suis venu pour soigner ceux qui sont malades, et non ceux qui se considèrent en bonne santé ", Simon comprit alors le sens de la métaphore.

Ce n'était pas la même pêche qu'il avait connue. Celle qui consistait à manger l'objet de la pêche où la vendre pour obtenir un bon prix.

C'était une nouvelle pêche, une pêche qui sauvait les poissons faibles dans une mare exploitée par d'autres poissons qui s'étaient adaptés et tiraient profit des plus fragiles.


1000 caractères, espaces compris

La pêche

Il faisait encore nuit quand il engagea son bateau sur les eaux noires du lac. Le froid descendait du ciel ouvert, sans nuage, depuis les étoiles.
Il navigua pendant une petite demi-heure, à la fois attentif aux vaguelettes, au bruit du moteur, et perdu dans ses pensées.
Il arriva à l'endroit prévu, lança ses filets et puis les remonta. Les prises habituelles. Fera, perche, brochet. Il recommença, encore et encore.
Le soleil s'était levé et découpait la chaîne de montagnes face à lui. Dans son dos, le rivage était nimbé de rouge et la ville renvoyait des dizaines de petits éclats de lumière.
Il ne parlait pas. N'écoutait pas de radio. Il aurait le temps plus tard, sur terre.
Il remonta son filet, et cette fois-ci la prise fut inhabituelle. Il en avait vu, dans les livres, et en avait entendu parler. Mais c'était vieux, et loin d'ici, dans la mer. Puis il se souvint d'une histoire dans le Rhin. Lohengrin. Non. Lorelei.
Il s'approcha. Oui, c'était bien une sirène.

970 c.

Sympathiques ces micro-nouvelles sur un thème qui, a priori, en appelait plusieurs possibles du fait de la polysémie du mot...

J'ai bien aimé votre micro-nouvelle Robertus... Je vois en vous lisant que je suis loin du compte en matière d'écriture, cherchant souvent mes mots. A vous lire, tout semble facile dans votre écriture, tant c'est fluide. Bravo pour cela !!!

Une sirène, Placebo... Quelle belle surprise !!! Ca fait rêver, et j'adore ce type d'univers fantastique...


Vous pouvez proposez un nouveau thème si vous voulez... Nous sommes dimanche !

Merci à vous Lulu d'avoir continué à animer :)
Oui, j'étais parti dans un deuxième texte sur le fruit, et puis je préférais celui-ci :)

Thème pour la semaine : LA SEMAINE