Merci Alfin et plumette de vos appréciations.

C'est un exercice difficile que celui du portrait. Cela fait plusieurs jours que je cherchais une idée.

Donc, Alfin, le manque de participants n'est sans doute pas volontaire car il faut trouver la bonne approche. Quinze jours de délais ne sont pas de trop pour ce défi.

Un nouvel essai...

PORTRAIT

Le sourire de guingois, le corps un peu tordu, maigre et osseuse, Marinette ressemblait à un oiseau étrange et délicat. Les forceps utilisés lors d’un accouchement difficile avaient laissé leurs traces indélébiles sur son corps. Elle eut été jolie, pourtant, cette enfant rousse aux beaux yeux pers où l’on se perdait comme dans une immense mer intérieure. Les taches de son éparpillées sur ses joues roses lui donnaient un air mutin et perpétuellement réjoui. Elle était heureuse de vivre, riait de tout malgré les avanies infligées par la vie. Les moqueries ne semblaient pas l’atteindre. Elle s’était recréé un monde où elle était une jolie princesse et où rien de mauvais ne pouvait lui arriver. Sa belle âme avait su s’affranchir de son corps disgracieux.

Jamais on ne voyait Marinette sans son chien, un petit bâtard tricolore à poil dur aussi disgracieux, joyeux et charmant que sa maîtresse.

La petite fille a grandi, son imaginaire s’est épanoui à l’adolescence et sa gentillesse lui est restée, tout comme son goût pour la solitude. Elle est devenue romancière à succès car elle n’écrivait que des contes tristes et merveilleux qui s’achevaient de façon heureuse.

Sa propre vie, en somme.


1200 caractères espaces inclus.

Un autoportrait ?
Quoi qu'il en soit c'est très mignon et remplis de douceur.
Merci pour ce second portrait !

Bonne soirée

Alfin

Tu me l'enlève de la bouche, Alfin... mais je soupçonne un peu de fiction dans ce portrait.

1 % d'autoportrait pas plus et encore (j'ai bien un chien mais pas celui-ci et je suis bien romancière mais pas encore à succès), 99 % imagination. Désolée...

Merci de vos lectures. A vous de jouer.

Bon, allez, vous me donnez envie, je ne suis pas (encore (lol) une romancière à succès comme Animal , Alfin ou Plumette, mais je me jette à l'eau. Avec, pour commencer, ce petit texte que j'avais dans mes tiroirs, en espérant qu'il en stimulera de nouveaux.
Après tout, qu'est-ce que je risque ?...

Merci Alfin pour l'ouverture de ce forum, et bravo à tous les participants.


Un portrait à la dérive qui passait par là...


Il habite en haut d’une tour, très haut-perché, ultime étage.

Le jour, il dort, mais dès la nuit tombée, dès que le bleu soigne son apothéose, il s’émerveille, s’habille de frissons et se met à respirer. Il ne sait pas s'y prendre, l’air, par goulées entières, l’étouffe goulûment.

Il court, il vole, ses jambes à son cou, tant il a peur de voir s’enfuir l’ombre de son ombre.

Il tient à la vie désespérément accroché au fil des songes éclaboussés de merveilles.

Sa chair est d’ouate légère, ses os d’argile. Sa peau, douce à l’échancrure, se teinte de mauve fragile sous les regards en déchirure. Ses cils baissés sur le duvet de ses joues tremblent sous les coups des menaces qui ourdissent le monde.

Il entend les trémolos étranges de rites anciens balbutiant en sourdine et reconnaît le chuchotis des arbres malheureux dans les rafales tourmentées du vent.

Les nuits de lune ronde, il l’encercle de ses bras pour la bercer comme on berce le monde. Mais le monde l’ignore, lui, plus léger qu’un fétu égaré. Alors parfois, les jours grandioses, il accroche ses larmes à ses rires et s’en va guilleret soudoyer le néant.

De ses pensées malhabiles il tente de consoler les torts brisés en-dedans. Il se blesse parfois aux éclats indécents, et ses gouttes de sang teinté rouge violent barbouillent le macadam dur comme un cœur de pierre.

Au loin, quand l’orage gronde, jamais il ne sait d’où il vient, mais il sait qu’il est là, ruminant mauvais derrière sa fenêtre, prêt à disperser la paix qui ronronne et palpite.

S'agitent alors des lambeaux de mémoire oubliée.

Il se dit que le ciel est étrange. Parfois chants de guerres et de gloire, parfois champs de roses à barbouiller l’indifférence.

Lorsque son cœur se remet à battre la chamade piano piano, dans un sanglot qui l'étouffe encore il se prend à rêver d’éternité...


(1864 caractères, titre et espaces compris)


Cat

Bonjour Cat
J'ai lu avec plaisir votre mini nouvelle, j'avoue ne pas avoir tout compris, mais je me suis laissé bercer par les phrases, par les mots ; tout cela est si poétique!
Bravo.
Je vais essayer à mon tour d'écrire quelque chose, mais pour l'instant je n'ai aucune inspiration. Ce format entre la micro et la nouvelle est une bonne idée.
Cordialement.
poldutor

@ Cat

Bravo pour ce superbe portrait si étrange et envoûtant. Cette créature de la nuit est-elle réelle ou n'est-ce qu'un songe ? Le questionnement demeure sans rien enlever à la beauté de l'instant.

Bonjour Cat,
Effectivement c'est très poétique merci beaucoup de nous partager ce portrait de ... de qui ou de quoi d'ailleurs... je vois un humain mi-brouillard mi-chaire... difficile à imaginer.
Ce dont je suis sur, c'est que la lecture m'a fait voyager dans un univers que je ne connais pas et que j'ai trouvé ce voyage onirique (tiens tiens) très agréable. Encore, encore !

Merci à tous pour votre participation, c'est très enrichissant de voir les différents types de description. De lire comment les autres donnent vie à un personnage (ou chose mi humain - mi brouillard )

Bref merci à toi Cat et Poldutor, j'ai hâte de lire ça !

Nos jardins étant mitoyens, je vois souvent monsieur Vincent. Il n'est pas très grand, de plus sa silhouette un peu trapue accrochée à son outil, penchée vers le sol pour travailler la terre, le fait paraître tout petit quand on le voit en action, de loin. Ce retraité dynamique doit avoir la nostalgie des westerns des années cinquante. Avec sa chemise à carreaux, ses bottes et son chapeau de cow-boy, il ferait penser à John Wayne, s'il était plus grand et s'il n'avait pas une moustache à la Brassens, grisonnante. Mais avec des si on mettrait Paris en bouteille, n'est-ce-pas ? Là s'arrêtent donc les comparaisons. Il ne parle pas anglais mais un français rocailleux à cause de son fort accent campagnard du Sud-Ouest. Il n'y a aucune raison pour que cela change, une façon de parler c'est inné. Monsieur Vincent gardera son accent et cela fait partie de son charme inimitable. Le jour où la roue de sa vieille brouette rouillée s'est trouvée aplatie au sol, je l'ai entendu pester, en roulant fortement les R : « Forcément, elle roulera moins bien maintenant ! » sans se rendre compte qu'il prononçait une phrase culte du cinéma français.
J'ai beaucoup de sympathie pour ce voisin et je m'en suis voulue le jour où je l'ai vexé, involontairement. Il avait voulu construire un abri de jardin. Vu son âge un peu avancé, cette entreprise se révéla fastidieuse. Il y travaillait un peu chaque jour, mais je voyais bien sa perplexité à sa façon de se gratter la tête d'une main, de l'autre se tenant les reins...
Alors je choisis mon sourire le plus compatissant et je lui dis : « Et bien monsieur Vincent, petit à petit l'oiseau fait son nid ? » Là, il me foudroya d'un regard hostile, et me rétorqua : « Oui, petit à petit...C'est sympa de me faire remarquer que je devrais aller plus vite. Vous verrez quand vous aurez mon âge ! »