Bonjour à tous !

Je suis tombé sur On Writing, traduit en français par Écritures, mémoire d'un métier et je voulais partager quelques uns des points qui m'ont semblé intéressants. Je résume beaucoup car j'ai pris plusieurs pages de notes, si vous voulez des détails n'hésitez pas à demander. Certains de mes mots vont sembler bizarres, je traduis sur le tas.

J'ai regardé dans les archives d'oniris et n'ai pas vu de mention de cet ouvrage à part dans un post assez critique de stony sous son ancienne forme :)

*

King s'adresse aux personnes souhaitant devenir écrivain de fiction, plutôt aux débutants. Il commence par évoquer une boite à outils de l'écrivain :

- Vocabulaire (utiliser le premier mot qui vous vient à l'esprit s'il est approprié et vif)

- Grammaire (mieux vaut suivre les règles ; utiliser sujet + verbe est parfois la meilleure chose à faire)

- Éviter : les temps passifs, les adverbes. Chacun déteste des choses différentes. La peur est souvent à la base de la mauvaise écriture.

- Paragraphe : la construction de base (une idée / paragraphe), courts ils se rapprochent plus de la langue parlée.

- "Magie" : les mots respirent, ils sont vivants, une fois que l'auteur touche du doigt le phénomène le lecteur est prêt à le suivre sur des milliers de pages.


Puis King détaille un certain nombre d'éléments sur l'écriture

- Pyramide des écrivains : les mauvais, les compétents, les bons, les génies (Shakespeare…). La seule "montée en grade" possible, avec beaucoup d'efforts et de temps, est de compétent à bon.

- 2 éléments clés : lire (le bon comme le mauvais nous apprennent) et écrire (si on aime vraiment ça, on devrait être prêt à y passer des heures)

- Combien écrire : Certains écrivent peu (Joyce), d'autres beaucoup (Creasey a écrit 500 livres). King recommande : le 1er jet ne devrait pas prendre plus de 3 mois. 10 pages par jour tous les jours = 20k caractères / jour = 180k caractères en 3 mois, un livre de taille honorable.

- Comment écrire : une simple pièce, porte fermée, un mot à la fois, sans distraction, ne pas attendre la "muse" : elle sa manifestera en temps voulu.

- Quoi écrire : Ce que vous voulez tant que vous dîtes la vérité. Commencez par ce que vous aimez, incorporez votre réalité et vos connaissances vraies.

- Intrigue : souvent inutile ; une histoire se construit surtout sur la narration (aller de A à B puis à Z), de descriptions et de dialogues.

- Description : décrire s'apprend (lecture et écriture). Visualiser, écrire quelques détails qui restituent l'ensemble de l'ambiance.

- Dialogue : on sent s'il colle ou non. S'apprend en écoutant les autres, en observant. Rester honnête et vrai, ne pas faire attention aux bien-pensants mais rester congruent avec le personnage.

- Personnages : même combat (prêter attention aux gens réels et dire la vérité). Chaque personnage est une partie de nous. Laisser les personnages agir d'eux-mêmes ; s'ils grandissent ils peuvent influencer l'histoire ; les décrire en se mettant à leur place = chacun se voit comme le protagoniste principal.

- style : prenez tout ce qui améliore votre écriture et ne se met pas en travers de l'histoire. Essayer, si ça colle gardez, sinon jetez.

- Thème : vraiment pas important pour commencer. Après le 1er jet, relire et percevoir « l'image globale ». Le vrai thème apparaît et c'est sur lui qu'il faut se concentrer (couper ce qui s'en éloigne et rajouter ce qui le renforce). De quoi ça parle, en fin de compte ?

- Réécriture : dépend fortement des auteurs. Débutants : au moins deux brouillons. Écrire le 1er à toute vitesse sans rien montrer, une fois terminée passer à autre chose et ne pas y jeter un œil pendant au moins 6 semaines. Relire en prenant des notes sur le trivial (orthographe, incohérences) tout en essayant de capturer cette image globale. Avoir un « lecteur idéal » (ami proche, peut-être votre conjoint) et un petit groupe d'amis qui souhaitent vous critiquer. Si unanimité (bon comme mauvais sur un point) prêter très sérieusement attention.

- Rythme : trop lent comme trop rapide, il peut poser problème. Chaque livre a le sien. Solution : lecteur idéal, se demander s'il suit/s'ennuie. Formule : 2nd jet = 1er jet – 10 % (c'est toujours faisable si on s'y attelle).

- Recherches : en faire, mais se rappeler que ça appartient à « l'avant-histoire », ne pas trop s'attarder dessus.

- Ateliers d'écriture : pas une solution miracle. Les critiques en cours d'écriture cassent le processus et ne sont pas toujours pertinentes. On n'apprend peu dans les livres (même celui-ci), surtout par la pratique.

- Agents : [pas très clair j'ai trouvé. En gros, ils sont parfois utiles et assez tôt dans une carrière, mais il faut trier]

- Sentiments : on éprouve assez peu de confiance, beaucoup de doute et de douleurs. Ne pas écrire pour l'argent mais pour nous-mêmes et le plaisir intrinsèque.


King revient régulièrement sur deux notions :

- Story [l'histoire] : l'histoire avant tout est ce qui importe dans le processus.

- Kill your darlings [tuer vos « chéries »] : il faut se séparer de parties de nos écrits que l'on aime plus souvent qu'on ne le pense.

*

D'autres pistes :

- Togna a publié une longue série de conseils ici sur oniris

- Un ouvrage de référence selon King : Elements of Style, de EB White.

Bonne idée que ce résumé, Placebo.

Je connais cet ouvrage de nom, mais je ne l'ai pas lu. J'avais parcouru le même genre d'essai, écrit par Elisabeth George: "Mes secrets d'écrivain". Sur le moment, j'avais trouvé ce livre intéressant, ne serait-ce que par simple curiosité. J'aime bien comprendre la "cuisine interne" des auteurs.

Ensuite, savoir si ça nous aide en tant qu'amateurs... je n'ai jamais tenté de "suivre" les recettes, trop compliqué, barbant, en un mot. Mais je crois que tout de même, quelque chose reste en mémoire, et peut nous aider.

Il y a aussi les conseils issus d'un manuel intitulé " Anatomie du scénario " de John Truby, (que je n'ai pas lu non plus, toujours aussi fainéante...).

Je n'ai pas lu ce livre du grand Stephen, dont je suis fan, en particulier la saga de "La Tour Sombre", mais je vais m'y mettre céans! Enfin, dès que j'aurai terminé Ulysse et le roman addictif du même Stephen sur JFK!

Merci pour le point de vue complémentaire Perle :)

J'ai vu le titre passer "Mes secrets d'écrivain" sur un post ici et ça semblait le même genre de livre effectivement. Je n'ai lu que deux "cuisines internes" d'autres auteurs que je connais, plus par plaisir que par envie d'apprendre :

- Asimov (Moi asimov)
- Murakami (Autoportrait de l'auteur en coureur de fond)

Je pense que le bouquin de King peut réellement aider certaines personnes et moi y compris. Dans un autre domaine, un spécialiste dudit domaine expliquait son approche des bouquins pour progresser :

- Choisir une méthode reconnue parmi plusieurs après avoir attesté les résultats de l'auteur (ne pas naviguer de livre en livre ou écouter les avis disant que ça ne fonctionne pas)

- Faire tous les exercices préconisés, mettre en place l'ensemble de ce qui est écrit, tenir sur la durée et attendre des résultats à moyen-terme.

- Le doute est normal mais il faut faire confiance et travailler : l'auteur ne sait pas tout d'un phénomène complexe (il peut se tromper sur certains points) mais il en perçoit bien plus que nous.

Tout ça pour dire que je n'ai pas le projet d'un roman maintenant :D mais qu'il est indéniable que King réussit dans son genre et que plusieurs de ses points trouvent un écho en moi. Je garde ça sous le coude pour le futur.

Acratopege il y a toute une partie autobiographique que je n'ai pas lue / pas racontée ici, en plus dans le bouquin :)

Citation :

Ouch, faut pas bosser à côté alors ! Le propre de l'écrivain amateur c'est justement de ne pas faire cette activité à plein temps, difficile dans ces conditions d'aligner 10 pages quotidiennement. Il y a aussi une gamelle à remplir ! Ce manuel s'adresse donc plutôt à des pros mais il reste intéressant, même si Stephen King pour moi c'est du cinéma... sans jeu de mots.

Jano Effectivement, c'est beaucoup. King y passe l'ensemble de sa matinée, et, les jours où ça vient moins bien, le midi voire le début d'après-midi.

Il évoque un auteur qui consacrait 2h30 à l'écriture par jour. À la fin de son temps quotidien, il arrêtait en plein milieu de sa phrase et reprenait le lendemain. Quand il terminait un bouquin, il en recommençait dans le temps de ses 2h30 juste après avoir écrit "the end". Un cas rarissime je pense ^^

Je sais que Murakami écrivait très tard dans la nuit après avoir fermé son jazz-bar et réglé les tâches administratives. Jusqu'à ce qu'il décide de s'y consacrer pleinement après certains succès.

Asimov a été prof avant de s'y consacrer totalement lui aussi. Il y a des métiers qui permettent plus de temps libre que d'autres.

Mais ils représentent une infime minorité : la minorité de ceux qui vivent de l'écriture parmi la minorité de ceux qui sont publiés. Je pense que King s'adresse en particulier à ceux qui ont besoin d'écrire.

Salut, Cebo,

Je n'ai rien de personnel contre King, cela d'autant plus que :

1. Nous ne nous sommes jamais rencontrés.
2. Je n'ai jamais rien lu de lui. Ni lui de moi, je le crains.
3. Il semble bien qu'il ait apporté des preuves de compétence plus convaincantes que les miennes.

En réalité, je n'ai rien de bien particulier à reprocher à cet ouvrage, sinon que :

1. Pour qui a déjà écrit au moins quelques bricoles, le ratio "éléments intéressants / évidences" m'a paru très faible, rendant son achat difficilement rentable, même en "poche".
2. Il devrait permettre de transformer un texte illisible en texte supportable, mais d'autres références me paraissent nécessaires pour progresser au-delà de cet objectif initial.
3. Ses conseils sur le style, s'ils paraissent a priori raisonnables, me semblent être au moins autant des avorteurs de personnalités que des correcteurs de maladresses.

Je suppose qu'en cela, Stony ne devrait rien avoir à ajouter à ce qu'a pu écrire Incognito, ni rien à en retrancher.


Sinon, plus cher, mais bien plus rentable, je crois, un ouvrage qui m'avait été recommandé par Ludi, évoqué ci-dessus par Perle : "Anatomie du scénario" de John Truby.
J'ai relu certains passages plusieurs fois pour en saisir réellement le sens, et je suis certain que de nouvelles lectures pourraient en révéler encore davantage la pertinence, alors qu'en lisant l'ouvrage de King, je me suis le plus souvent dit : "Yes, of course, but what else ?".


Et puis, dis donc : moi, je bosse huit heures par jour pour gagner ma croûte !

Et aussi : le contenu autobiographique, que tu n'as pas lu, m'a paru un poil plus intéressant que le reste, notamment lorsqu'il évoque la genèse de Carrie. Je suppose que là, il se retrouve dans ce qu'il sait faire, car je suppose aussi qu'un élève brillant ne fait pas nécessairement un bon professeur.

Hello Stony :)

J'arrive à faire la distinction entre critiques d'un livre et d'un auteur, pas de soucis.

Pour l'ouvrage en lui-même (que j'ai pris à la médiathèque)

- sur le « yes of course », j'ai remarqué que souvent, je n'appliquais pas totalement ce qui était écrit. Laisser reposer le brouillon sans regarder, yes of course, mais est-ce que je respecte vraiment un délai de plusieurs semaines sans jeter un œil par exemple ?

- Je ne pense pas que ce soit un « manuel de correction » des textes mais plutôt une démarche globale d'écriture. Sur la relecture, bien que la partie soit conséquente, ça fait un peu maigre si c'était le seul but d'achat.

- Sur le style, il évoque ses raisons sur les adverbes par exemple. Mais il en revient malgré tout à la capacité critique de l'auteur, formée par l'expérience : est-ce que ça apporte quelque chose à l'histoire ?

Bon, ça commence à devenir clair que je défends ses « trucs d'écrivain » malgré moi. Je n'ai pas mis en application donc mon point de vue est limité.

Sur le bouquin du scénario, j'avoue être un tantinet perplexe tant les séries suivent une logique différente du roman avec la notion d'épisodes (Terry Pratchett n'utilise pas de « chapitres » par exemple dans ses bouquins). Le « story-telling » est cependant une discipline à part entière qui mérite l'étude, et certains grands romans ont été publiés par épisodes. Après, comme je l'ai dit, je préfère ne pas me disperser dans les ouvrages :)

Pour le boulot : t'inquiètes, j'y arrive aussi…

*

Sur les thématiques d'écrivain amateur, j'ai laissé échapper toute une partie qui est la publication de nouvelles dans des magazine : elle était intégrée à la partie « agents » et, je pense, à l'autobio de King que j'ai seulement survolée.

J'ai personnellement potassé le livre d'Elisabeth George, très bon :))) mais qui montre à quel point écrire peut être chiant si on décide d'en faire son gagne-pain. On y est plus tâcheron(ne) qu'écrivain(e) :)

Pour ce que tu as relevé de King (dont j'ai longtemps été un inconditionnel mais que j'ai lâché depuis quelques années déjà car il peut devenir longuet... à force (lol) j'ai l'impression qu'il envoie l'aspirant écrivain au casse-pipe Placebo. On peut opérer comme lui quand on sait déjà tout et que l'on a la brasse marathonienne :)

brabant