C’est peut être un peu tôt pour expliquer son poème, mais en lisant les commentaires, j’ai l’impression que, sans doute, c’est nécessaire, ou alors c’est moi qui ai mal compris les commentaires. Je remercie en tout cas tous ceux qui ont pris le temps de commenter car vos avis sont réellement précieux.

Je me permettrai de remercier chacun en aparté plus tard

Je ne commenterai que peu les remarques sur la forme. Vos remarques me sont précieuses et j’essaierai d’en tenir compte (présence de phrases lourdes, de répétition des conjonctions de coordination).

Beaucoup se sont interrogés sur la deuxième strophe, sa longueur, voire son lien avec le reste du poème et m’ont proposé de la retirer ou d’en enlever une partie, mais dans mon idée, si je peux essayer de la raccourcir ou de la rendre moins emphatique (le côté emphatique était voulu, je m’en explique plus loin), je ne peux pas l’enlever, la 3eme strophe étant construite point par point en opposition avec la deuxième. Les deux sont intimement liées.

La deuxième strophe n’est pas un souvenir d’un voyage ou des paysages du pays d’où provient le personnage, mais la manière dont il perçoit son environnement. La personne se fait « une montagne » de son bout de trottoir. Pour s’évader de son présent sinistre (elle n’a rien que son corps et elle n’en est même pas propriétaire car on le lui prend), elle ressent ces mètres carrés comme un véritable parc national, luxuriant et d’une beauté sauvage. Elle ne comprend pas que les passants ne s’y intéressent pas. Elle aimerait leur dire tout ce qu’ils ne voient pas, aveugles qu’ils sont.

La réalité, c’est juste quelques mètres carrés d’un trottoir où elle attend les clients, sordide avec des pavés, de la mousse, une gouttière qui descend du muret, un caniveau, des chats qui passent la nuit dans le brouillard sous les phares de voiture.
Mais pour elle, la gouttière devient un torrent déchainé et puis ce torrent serpente entre des collines immenses et luxuriantes pour aller dans le fleuve. Elle voit les pavés recouverts de mousse comme des collines luxuriantes, les chats éclairés dans le brouillard par les phares de voiture comme des kraken dans le port… Donc tout ce qui est dans la deuxième strophe est repris dans la 3eme mais d’un côté sublimé par le besoin d’évasion de la personne et de l’autre par le promeneur.

Je ne peux pas enlever la deuxième strophe au risque de seulement décrire la réalité alors que le thème du poème est justement de me concentrer sur le fait que l’esprit qui souffre cherche à s’évader pour ne pas mourir (à la manière d’un enfant battu qui cherche du réconfort avec ses poupées)

Je voulais qu’il y ait une grande différence de ton entre la deuxième et la 3eme strophe justement pour accentuer l’antagonisme entre les deux visions des choses, mais c'était peut être une erreur.

Peut être tout le monde avait-il compris ce que je voulais dire, mais ayant l’impression que certains s’égaraient, je préfère expliquer le poème, en sachant que je suis conscient que mon idée n’était peut être pas la bonne

Bien à vous et merci encore de votre aide.

Bonjour inconnu1,

J’avais compris l’intention, et bien apprécié la sensibilité innervant différemment chacune des strophes, mais j’admets avoir eu du mal à croire en le fait que la narratrice puisse exprimer ses rêves et ses transfigurations en des termes aussi châtiés, aussi lyriques, eu égard à sa réalité, au travail qui la mine au quotidien. Pour moi, l’écartèlement entre les deux mondes est trop gros, trop ostensible.

Par exemple, je trouve joli le premier vers de la deuxième strophe, la sublimation du réel m’apparaît dans une justesse émouvante, avec notamment la mention de l’indignité ("torrent indigne"), et qui renvoie, comme un miroir, au vécu du personnage. Mais ensuite, l’image "il renaît d’un baiser" m’apparaît totalement déparer et me donne même l’impression de me trouver dans un Disney – en la charmante compagnie de Cendrillon –, ou dans un poème au lyrisme exalté, beau néanmoins. Il m’aurait peut-être semblé judicieux d’évoquer cette "évasion intérieure" sans tomber dans l'emphase, dans cet emballement du cœur et de l’âme, auquel moi, lecteur, il m’est difficile de croire en de telles circonstances. Comme nous ne sommes pas dans un registre merveilleux, ou humoristique, je n'ai tout simplement pas réussi à visualiser le personnage pathétique de votre poème s’épanchant en des phrases poétiques aussi élaborées, quand bien même je l'imagine sans difficulté trouvant parfois refuge dans des/ses rêves de magnificence.

Voilà, ce n’est que mon ressenti personnel, mais je tenais à davantage vous éclairer sur ce qui m'avait perturbé à la lecture de votre poème. En espérant vous relire bientôt.

Très bien, merci de votre retour . Comme je le disais, pour ceux qui n'ont pas complètement adhéré, il m'était important de savoir si c'est parce qu'ils n'avaient pas fait le lien ou si, comme vous le dites, l'emphase de la 2eme strophe est trop importante pour complètement y adhérer. Votre ressenti m'est donc précieux. J'avais volontairement forcé le trait mais je vois que ce 'était pas la bonne solution (en tout cas pour plusieurs d'entre les commentateurs)

Bien à vous

Je comprends que vous ayez cédé au désir de forcer le trait (comme vous le dites), car votre écriture est vraiment délicieuse.

Doublon !

J'en profite pour reprendre du chocolat, discrètement...

@Inconnu1
Non, il ne faut surtout rien enlever dans ce poème, et surtout pas la deuxième strophe qui est le rêve pur et simple, dans ce qu'il a de plus beau, et de plus cruel aussi.

@Davide,
Dis- donc, quatre boîtes, c'est beaucoup, non ?

Inconnu1, je ne sais pas si j'avais vraiment compris l'intention ; Une preuve de plus que plus je fais confiance à mon instinct et plus je me régale de certains textes, indépendamment de l'intention de l'auteur.
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Et je retrouve Davide, qui a besoin de 4 boîtes de chocolat (magnésium) pour "assimiler" le principe d'écriture,
Et Airsaine (hersen) qui prendrait bien un bout de chocolat pour "intellectualiser" le concept.
(désolée, vous deux, je suppose)
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Après un bout de chocolat,
C'est à la fois magique et pervers de faire lire ses créations à des oniriens vivants. Magique, car on a des retours "à chaud" mais pervers car la force que l'on a placé à écrire n'est pas souvent celle que met l'onirien à lire.
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M'en vais lire les autres commentaires à ce poème.

En tout cas merci à tous et désolé de vous faire prendre du poids et du cholestérol. Je le redis et je le répète, même si on écrit pour soi, j'écris aussi pour communiquer. Comme vous le dites éclaircie, quand on écrit, on a l'impression que tout est limpide. Bon avant, je lisais mes poèmes à des gens qui n'y connaissaient rien et qui disaient qu'ils ne comprenaient pas tout. Je me disais que c'était parce qu'ils n'y connaissaient rien. Je m'aperçois ici que des fois (moins souvent) les choses ne sont pas claires et je commence à me demander si ce n'est pas parce que je ne suis pas clair, finalement. Je reprendrais bien un peu de chocolat.

inconnu1 : Je pense que votre poème est parfaitement compréhensible. En fait, je suis tout à fait d’accord avec ce que dit hersen, car ce n’est pas la visée saisissante de cette deuxième strophe que je reproche, au contraire, elle est tellement bien trouvée, c’est son excès de lyrisme qui m’a déplu, son emphase, sa théâtralité. Je préfère le poème sans cette deuxième strophe, c’est vrai, mais je le préfèrerai sans doute davantage avec une deuxième strophe dépouillée, mais qui conserverait toutefois dans sa trame quelques éclats de lyrisme délicieux, juste ce qu’il faut pour que ça croustille sous la dent. Mince… j’ai tout mangé le chocolat (et tout fumé les Craven A, aussi, mais on s'en f***) ! Désolé !

J'ai cru comprendre qu'il y avait des chocolats par ici

Inconnu1, il me semble normal qu'un poème ne se livre pas au premier abord, surtout quand il emploie beaucoup d'images, métaphores... Après, si vous souhaitez que tout soit accessible au premier abord et par tout le monde, c'est un choix, et votre écriture à ce moment-là doit se simplifier. Mais c'est avant tout à vous de voir si vous assumez un (léger) hermétisme qui, ici, à mon sens, est riche et intéressant.
L'interprétation fait partie du "travail" du lecteur, et si certains passent à côté du sens de quelques passages, est-ce si grave ? N'est-ce pas la preuve de la richesse du texte ?