Parcourir ce sujet :
1 Utilisateur(s) anonymes
Re : Idée d'un exercice d'écriture |
||
---|---|---|
Visiteur
|
Au bruit de la clenche, le professeur releva la tête du volumineux ouvrage qu'il rangeait d'ordinaire dans un tiroir de son bureau. Il pensait, à juste titre, que la présence d'un fac similé des oeuvres de Thomas More dans la classe d'un professeur de mathématiques aurait donné lieu à des supputations inopportunes de la part de ses collègues et élèves. L'essentiel était d'en tirer de justes mais personnelles conclusions, et d'expérimenter la valeur inter-disciplinaire de ces dernières.
Winston entra, suivi par son grand frère. - Monsieur, mon grand frère voudrait vous parler. Vous voulez bien ? Winston semblait embarrassé : un léger bégaiement altérait le début de ses phrases. Le professeur respira profondément par le ventre et plongea son regard dans celui de Georges Smith. - Que se passe-t-il, Georges ? - Bonjour, Monsieur. Voilà, je voulais vous voir parce que j'ai relevé des erreurs dans les cours de mathématiques de Winston. Ça me semble étrange, d'autant plus qu'il a toujours été bon en maths. Georges ouvrit un cahier, qu'il feuilleta rapidement avant de pointer une ligne de calculs. - Ici, par exemple : il a écrit « 2+2=5 », et vous n'avez pas relevé. Et il y en a des tonnes, des comme ça. Là, regardez, 6x3= 24.. et là... - Et ça, Georges, ça vous dérange beaucoup ? - Vous plaisantez. Vous être professeur de mathématiques, ou non ? Je ne vous parle même pas de la résolution des problèmes, c'est de la poésie pure. - Et qu'est-ce qui vous fait penser que deux plus deux égale autre chose que cinq ? « Cinq » n'est-il pas une convention linguistique, rien de plus ? Ferdinand de Saussure et l'arbitraire du signe, ça vous dit quelque chose, Georges ? - Mais Monsieur, si on se met à considérer qu'on a le droit de dire que deux plus deux ça fait douze ou même arbre ou chaussette, on ne va pas s'en sortir. - Vous admettez alors un carcan aussi puissant que la plus gardée des prisons... celui de la plus évidente des conventions sociales, la langue. Prenez la langue à contre-pied, Georges, admettez donc comme convention l'absence de cadre. Dès lors, la logique et le raisonnement deviendront la liberté, qui sera de dire que deux plus deux font quatre. - C'est intéressant... - 7 + 4, demanda le professeur très vite, - Heuh... 10 ? répondit Georges. - 3 x 2, demanda-t-il encore sèchement - 7. Le professeur sourit : c'était le début du travail.
Contribution du : 08/07/2011 14:31
|
|
Transférer |
Re : Idée d'un exercice d'écriture |
||
---|---|---|
Maître Cheval fou
Inscrit:
14/10/2007 22:47 De Avignon
Groupe :
Évaluateurs Auteurs Membres Oniris Groupe de Lecture Post(s):
13531
|
Bravo à tout le monde et desolé pour mon retard. J'ai commencé un cdi 15h et même si c'est peu je prends le rythme :)
Voici les fins de la semaines. A noter que je n'ai pas une imagintion débordante et que chacun est force de proposition. - Alors tout commenca. - Il en dénombra cent vingt-sept, soit trois de trop. - Le chameau bleu rentra dans l'hopital sous-marin, l'air innocent.
Contribution du : 12/07/2011 22:11
|
|
_________________
Profitons au mieux de ce que l'on a et ne regrettons pas trop ce que l'on a pas. Pour toute question, voici ma boîte personnelle |
||
Transférer |
Re : Idée d'un exercice d'écriture |
||
---|---|---|
Visiteur
|
Tout est dans tout et réciproquement
Alors tout finissait. L’univers s’était étiré au maximum tel un élastique fourbu, les étoiles s’éteignaient, les photons ne connaissaient plus que l’infrarouge, la langueur s’installait. Mais, en fin de compte, la densité de masse globale se situait au-dessus de la valeur critique, et la gravité réaffermit sa souveraineté. Lentement d’abord, les distances se réduisirent, les masses se rassemblèrent. Revint le temps des amas de galaxies, de l’échauffement des gaz, du mouvement. De la vie. Des êtres inimaginables vinrent à l’existence, la quittèrent. La reproduction, la faim, l’amour régnèrent. La conscience s’étonna de la flèche du temps. Chacun à son tour sortit de la tombe, vit ses cheveux pousser et ses forces croître, travailla, s’amusa avec l’autre sexe ou le même, logea chez ses géniteurs, devint de plus en plus dépendant et enfin s’enfouit dans le ventre d’une femme enceinte. La technologie se raréfia, l’air se purifia, on partit chasser dans la savane, on grimpa aux arbres. Les dinosaures foulèrent le sol. La planète rougeoya, la lune la rejoignit avant qu’un astéroïde s’en arrache pour partir vers nulle part. Le soleil disparut dans la nébuleuse qui se condensa. De plus en plus. La chaleur atteignit des sommets. Alors tout commença.
Contribution du : 13/07/2011 12:06
|
|
Transférer |
Re : Idée d'un exercice d'écriture |
||
---|---|---|
Maître Cheval fou
Inscrit:
14/10/2007 22:47 De Avignon
Groupe :
Évaluateurs Auteurs Membres Oniris Groupe de Lecture Post(s):
13531
|
Bravo socque j'ai bien aimé cette histoire qui pourrait être aussi un éternel recommencement :)
Et maintenant je me demande si quelqu'un prendra la derniére fin proposée !
Contribution du : 13/07/2011 15:55
|
|
_________________
Profitons au mieux de ce que l'on a et ne regrettons pas trop ce que l'on a pas. Pour toute question, voici ma boîte personnelle |
||
Transférer |
Re : Idée d'un exercice d'écriture |
||
---|---|---|
Expert Onirien
Inscrit:
24/12/2008 15:36 Groupe :
Auteurs Évaluateurs Membres Oniris Primé concours Groupe de Lecture Post(s):
6032
|
J'adore la dernière fin, mais je crois que ça va demander une cogitation particulière...
Contribution du : 13/07/2011 16:54
|
|
_________________
Car le mot, qu'on le sache, est un être vivant. V Hugo |
||
Transférer |
Re : Idée d'un exercice d'écriture |
||
---|---|---|
Visiteur
|
Le chameau bleu dissimula le Sig-Sauer quinze coups amphibie derrière les plis ventraux de sa vaste et molle encolure. L'affaire était trop importante ; il n'était pas question de se faire repérer. Nageant tranquillement l'amble, il se dirigea vers l'hôpital sous-marin. Celui-ci, bâti quelques années auparavant, disposait désormais d'une façade corallienne, et seule la luminosité étrange du massif, dont la finesse laissait traverser la lumière venant du bâtiment, indiquait à l'aquatique de passage la nature artificielle des lieux. Les anémones multicolores dansaient langoureusement, invitant les badauds à l'amour, et le chameau bleu apercevait dans les recoins des dauphins collés à la paroi, risquant leur peau contre les aspérités calcaires pour un baiser ou une fellation tentaculaire.
« Savent pas se tenir, ceux-là », marmonna-t-il, mécontent d'avoir durant un instant perdu la concentration indispensable à sa mission. « Tu la trouveras en addictologie, troisième sous-sol », lui avait indiqué l'éléphant de mer couvert de patelles en lui donnant la photo de sa victime. Le chameau bleu s'était étonné. L'aquatique de la photo était d'une grande beauté. Il n'avait pas l'habitude de liquider de telles créatures. « Cette salope picole trop. Elle baise à qui mieux-mieux. Et elle cause. Non contente de me filer cette patellite qui me fait un mal de chien de mer, elle a pour amant un gorille palmé, chef de la police du récif. Je ne tiens pas à ce qu'elle évente mes petites combines ». Le chameau bleu avait accepté sans broncher le contrat, pris la photo de l'éléphante rose aux yeux de jais et le Sig-Sauer amphibie et avait quitté son client, vaguement écoeuré. Mais il faut bien manger. Et le boulot ne se trouvait pas sous les pieds d'un hippocampe. Le chameau bleu rentra dans l'hôpital sous-marin, l'air innocent.
Contribution du : 14/07/2011 12:39
|
|
Transférer |
Re : Idée d'un exercice d'écriture |
||
---|---|---|
Visiteur
|
J'ai bien aimé le texte de Socque, moi aussi !
Contribution du : 14/07/2011 12:42
|
|
Transférer |
Re : Idée d'un exercice d'écriture |
||
---|---|---|
Expert Onirien
Inscrit:
24/12/2008 15:36 Groupe :
Auteurs Évaluateurs Membres Oniris Primé concours Groupe de Lecture Post(s):
6032
|
J'adore le chameau bleu tueur à gage, vraiment bien fait...Le texte de socque aussi pour sa vertigineuse marche arrière.
Contribution du : 14/07/2011 13:25
|
|
_________________
Car le mot, qu'on le sache, est un être vivant. V Hugo |
||
Transférer |
Re : Idée d'un exercice d'écriture |
||
---|---|---|
Expert Onirien
Inscrit:
23/03/2011 21:54 De France
Groupe :
Évaluateurs Auteurs Membres Oniris Groupe de Lecture Post(s):
7565
|
Superbe Misumena ce chameau bleu. Les descriptions sont géniales. Moi je sèche.
Contribution du : 14/07/2011 15:35
|
|
Transférer |
Re : Idée d'un exercice d'écriture |
||
---|---|---|
Expert Onirien
Inscrit:
24/12/2008 15:36 Groupe :
Auteurs Évaluateurs Membres Oniris Primé concours Groupe de Lecture Post(s):
6032
|
Wissam portait un manteau et un cheche assorti aux poils de son chameau, bleu.
La caravane se mit en route. Sur les arêtes des dunes, une longue file colorée passait. Depuis que le sultan des cinq dynasties régnait sur le monde, il avait fallu s’adapter aux nouvelles règles. Ainsi, les chameaux arboraient les couleurs conformes à leur fonction : rouges pour les hommes en arme chargés de la sécurité, verts pour les marchands, jaunes pour les intendants et cuisiniers, bleus pour les sentinelles. Le désert avala les grains colorés. La tribu Sangoute, à laquelle appartenait Wissam, escortait les vieillards Cémouls vers l’hôpital où ils devaient recevoir les soins régénérants réservés à leur caste. L’itinéraire secret les menait vers ce lieu sacré, dans lequel les hommes édentés, aux poitrines creuses, aux barbes chenues, aux rudes épidermes usés, ressortaient rajeunis, parés d’uniformes d’or, et embarquaient ensuite, frais et vifs, sur d’imposants bateaux à voile. Le grand établissement se trouvait à cent pieds sous l’océan. Wissam arrivé sur la rive, en avant-garde, était chargé d’ouvrir le tunnel subaquatique qui menait les vieux, adoucis et souriants vers les entrailles de l’océan. Cette fois, Wissam avait décidé de tenter sa chance. Par superstition, il caressa sa monture de sa main parée de bagues, aux ongles bleus. Il souffla pour se donner du courage. Wissam entra sans attendre et se fondit dans les reflets azur. Plus tard, le chameau bleu rentra dans l’hôpital sous-marin, l’air innocent.
Contribution du : 14/07/2011 15:59
|
|
_________________
Car le mot, qu'on le sache, est un être vivant. V Hugo |
||
Transférer |