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1 Utilisateur(s) anonymes
Re : Idée d'un exercice d'écriture |
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Onirien Confirmé
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19/07/2011 13:59 De Paris, France.
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Bonjour, je ne suis pas sur Oniris depuis longtemps (deux jours à peine), mais j'avoue que l'exercice me plait. Alors si vous me le permettez, j'aimerais apporter ma petite contribution :
Julien dormait profondément, du sommeil réparateur dont seuls les enfants ont le privilège. A ses pieds, Bento, son chow-chow, ronflait et jappait. Il rêvait. Ses bruits corporels berçaient le jeune garçon et lui procuraient un sommeil paisible, empreint d’un fort sentiment de sécurité. Mais cette nuit là, Julien se réveilla, Bento n’agissait pas comme à l’accoutumée. Les yeux encore bouffis de sommeil, la bouche empâtée, l’enfant s’assit sur le rebord de son lit, se frotta le visage et avança la main dans le noir pour caresser son chien. Le contact n’était pas habituel. Au lieu de l’abondante fourrure coutumière, ses doigts rencontrèrent une plane et légèrement rugueuse étendue de plastique. A bien y réfléchir, même les sonores respirations de l’animal s’étaient muées en un feulement mécanique bien connu du jeune garçon. Pris de panique, il bondit de son lit et se jeta sur l’interrupteur. Oui, c’était bien cela, en lieu et place de Bento, le pied du lit était occupé par une petite imprimante grise, laser. Celle-ci crachait à intervalle régulier des feuilles A4 sur lesquelles figuraient, en lettres épaisses et noires, les onomatopées « Ron-psh » et « Wouf ». Interloqué, Julien se frotta activement les yeux et, lorsqu’il les rouvrit, l’objet était toujours là, à couvrir la couette et le sol de papier. Le regard de Julien parcourut la pièce, dans l’espoir sans doute de se raccrocher à quelque chose de connu. Mais où que se posaient ses yeux, l’incongruité s’était installée. Son bureau s’était changé en baignoire, où flottait un glaçon géant contre lequel venait inlassablement se cogner une réplique miniature, en plastique, du Titanic. Sa chaise était devenue un gigantesque pot de fleurs, vide, et ses coffres à jouets, deux énormes carafes de terre cuite d’où s’échappaient des pépiements plaintifs. Il s’en approcha à pas de loup et jeta un œil à l’intérieur. Ils contenaient une multitude de minuscules oiseaux, du genre manchots, ou pingouins, de couleur sauterelle. Pris de panique, Le garçon recula, chancela, et s’abattit lourdement sur le lit, cognant « Bento » au passage. Les feuilles qui en sortirent alors disaient « Grrr » ou « Ouah ! Ouah ! », et l’imprimante se mit à bouger, dieu seul sait par quel moyen, en direction de l’enfant. Lorsqu’elle bondit soudain, Julien eut le réflexe de se jeter à terre. L’imprimante plongea dans une carafe de pingouins verts, et tout redevint comme avant.
Contribution du : 20/07/2011 16:12
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Re : Idée d'un exercice d'écriture |
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Visiteur
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Il y eut un soir, il y eut un matin. Cinq millionième jour.
Antoine n’attendait rien de particulier de cette nouvelle journée, sinon qu’elle le rapproche de son certificat de Simulation de Vie Rurale. Chacun était tenu de passer tous les cinq ans une période de trois mois où il menait l’existence des lointains ancêtres de la fin du vingtième siècle, selon les quotas de l’époque : un pourcentage de bureaucrates, un autre d’ouvriers, un troisième, faible, de paysans. Il était important, pensait l’Ordinateur Central, que les humains ne perdissent pas le contact avec le meatspace, sortissent de temps en temps de leur mode Réalité Virtuelle. Ainsi, leurs psychés stockées dans les banques d’univers regagnaient par roulement des corps organiques. L’opération, par une ironie dont personne n’avait conscience, était dénommée simulation, l’existence sous forme d’octets constituant désormais la vraie vie. Antoine, depuis deux mois, avait tantôt chaud, tantôt froid, tantôt faim ou sommeil. Ses pieds lui faisaient souvent mal, sa peau le démangeait et il détestait les procédures obligatoires de maintenance corporelle à effectuer sur les dents, les cheveux, le visage, les mains. Quant à la manière dont il devait évacuer les déchets consécutifs à la grossière nécessité d’absorption de nourriture ! Il en frissonnait, ce qui le faisait haïr encore plus cette enveloppe mal fichue, si peu… rationnelle. Il ne comprit pas tout de suite ce qui n’allait pas ; chaque jour, jusqu’alors, avait apporté sa désagréable surprise. Mais tout de même, la gravité, il connaissait. Ce n’était pas normal que l’ensemble du terrain bascule soudain, qu’il se voie attiré par un gouffre béant où brillaient au loin des flammes. Des individus tout rouges, porteurs de fourches bizarres, approchaient en riant méchamment. Antoine glissait vers eux. Derrière lui, la charrue passa, après les bœufs.
Contribution du : 20/07/2011 18:55
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Re : Idée d'un exercice d'écriture |
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Visiteur
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@socque
Mais tout de même, la gravité, ( sic ) ...ploum,ploum écrivez : Mais, tout de même, la gravité, ...ploum ploum une virgule après le Mais ( ah ah, "quand même" ( pour "mais", hein, il connaissait... )
Contribution du : 20/07/2011 20:28
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Re : Idée d'un exercice d'écriture |
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Visiteur
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Ah ben non, je préfère sans la virgule après "Mais". (Sinon, je n'ai pas compris ce que vous vouliez dire par "( ah ah, "quand même" ( pour "mais", hein, il connaissait... )".) Je ne vois pas pourquoi vous usez de l'impératif et m'intimez de placer cette virgule. Si c'est en réponse à un impératif que je vous aurais infligé précédemment, je vous prie de m'en excuser.
Merci de votre lecture !
Contribution du : 20/07/2011 21:49
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Re : Idée d'un exercice d'écriture |
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Maître Cheval fou
Inscrit:
14/10/2007 22:47 De Avignon
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Super Socque et Oscar vous avez fait des supers contributions. Bravo, cette fois ci, je suis encore davantage bluffé par Oscar car je pensais la phrase un peu tordue. Quand à socque, elle me bluffe par son imagination et sa créativité semaine aprés semaine. Bravo :)
Contribution du : 20/07/2011 23:10
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Profitons au mieux de ce que l'on a et ne regrettons pas trop ce que l'on a pas. Pour toute question, voici ma boîte personnelle |
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Re : Idée d'un exercice d'écriture |
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Visiteur
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Rose appuya sur le bouton d'appel. Elle avait mal. Cela ne cessait d'empirer, depuis quelques jours, malgré l'augmentation progressive des doses de Nicothal.
L'infirmière entra, les yeux cernés par la nuit. - Ça ne va pas, Madame Rose ? - J'ai mal. L'infirmière se pencha sur la colonne de contrôle physiologique à la tête du lit. Elle en décrocha une imprimante minuscule, branchée en dérivation sur la tubulure de perfusion de Rose, et lut attentivement la partie proximale du ruban bleu ciel qui en sortait. - Pas d'anomalie, pourtant, Madame Rose. Il n'y a aucune trace de quoi que ce soit qui pourrait évoquer un pic de glutamate, et pas de prostaglandines non plus, et... - Je m'en tape, de votre jargon et de votre ruban bleu et de vos molécules à la con, je vous dis que j'ai mal. Quand j'étais jeune, on n'évaluait pas la douleur à l'affichage en fluo des taux de prostatruc. On vous écoutait, et on faisait ce qu'il fallait. - On vous donne déjà de fortes doses de Nicothal. - Je vais mourir. Alors un peu plus, un peu moins de Nicothal, qu'est-ce que ça peut faire ? L'infirmière soupira. Elle tendit à Rose l'écran graphique et le stylet, et Rose signa la décharge. L'infirmière composa un code sur la colonne, et un mince filet vert apparut dans la tubulure. Rose tourna la tête en souriant vers sa table de chevet, où l'eau contenue dans son verre commençait déjà à se troubler. L'infirmière sortit de la chambre. - Vous au moins, vous avez le Nicothal gai, dit-elle avant de refermer la porte. Rose gloussa. La colonne trépidait en poussant de joyeux bips. L'imprimante, déchaînée, se mit à régurgiter des mètres de ruban zébré de rouge en hurlant à tue-tête les taux de transaminase. Une éléphante rose sortit de la salle-de-bains, poursuivie par un chameau bleu. Alors, l'imprimante plongea dans une carafe de pingouins verts. Et tout redevint comme avant.
Contribution du : 21/07/2011 07:39
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Re : Idée d'un exercice d'écriture |
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Visiteur
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misumena, Oscar_Van_Buren, moi aussi je suis soufflée de la manière dont vous réussissez à amener l'imprimante qui plonge dans les pingouins verts !
Contribution du : 21/07/2011 08:55
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Re : Idée d'un exercice d'écriture |
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Expert Onirien
Inscrit:
12/04/2007 17:27 Groupe :
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Très beau ton texte socque.
Contribution du : 21/07/2011 15:29
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Re : Idée d'un exercice d'écriture |
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Expert Onirien
Inscrit:
24/12/2008 15:36 Groupe :
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Pas très sérieusement...
Le yogi contemplatif, dans la prairie brûlée, adopte pour un temps la posture de la demi-lune. La lumière intense rétrécit ses pupilles. Il sent l’eau de son corps suinter, s’évaporer. Un brin de bon sens lui suggère bientôt de bouger pour prendre la posture de la demi-sauterelle. Puis il passe à la position du puissant poisson et continue par le héron. Le voilà maintenant juché sur une pierre, sous le soleil de midi, dégoulinant. Il ne peut s’empêcher de tirer la langue. Des bouffées d’air sec brûlent sa gorge. Il plonge peu à peu dans une sorte d’engourdissement voluptueux. Il ne voit pas les quatre policiers de la brigade du coin sortir de leur fourgon et s’avancer vers lui. Dans sa tête, des couleurs s’empilent, fondent, créent des fleuves frais et nonchalants qui s’étalent, coulent, se mêlent, au rythme de sa respiration. Puis, le yogi s’étend à nouveau dans l’herbe, sur le dos, mains à plat le long du corps. Il redresse ses jambes à la verticale, monte le bassin jusqu’à ce que les pieds touchent le sol derrière sa tête. Le voilà en charrue primitive, sa posture préférée. C’est à ce moment-là que le brigadier Reculin prend la parole : _ Monsieur Léon Louis, au nom de la loi, je vous demande de nous accompagner au poste afin d’y être interrogé à la suite de nombreuses plaintes du voisinage concernant vos exhibitions. Le Yogi surpris bloque sa respiration, le voilà coincé, les articulations se grippent, ses muscles s’enrayent. Il crie, se désole. Ses joues arrondies pour l’expiration n’arrivent plus qu’à expulser des gémissements. La maréchaussée se voit donc contrainte à le transporter. Le plus jeune policier trouve au fond du fourgon une providentielle planche munie de roulettes sur laquelle on transporte sans trop de ménagement le yogi paralysé, en le poussant à travers champs. La charrue passe, avant les bœufs.
Contribution du : 21/07/2011 17:55
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Car le mot, qu'on le sache, est un être vivant. V Hugo |
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Re : Idée d'un exercice d'écriture |
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Visiteur
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Alors là ! Marrant, ce détournement, je trouve.
Contribution du : 21/07/2011 18:03
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