J'ai bien aimé la manière, misumena et Palimpseste, dont vous installez le contexte permettant de rendre naturelle les phrases de fin ! Cela n'a absolument rien d'évident au départ...

@socque: je ne sais pas pour les autres mais c'est en fait la "méthode" (ça fait un peu pompeux) que j'utilise pour les exercices de l'ami Nico84.

Je prends la phrase par la fin pour la remonter mot par mot... à chacun correspond une image pour l'introduire, autant pour ce qu'il est, que dans son voisinage. L'image est ensuite évoquée par une phrase ou un paragraphe dans une perspective qui doit être cohérente.

Comme les phrases sont assez loufoques, les choses sont facilités parce que les perspectives sont souvent du domaine de la folie, de l'absurde, de la drogue ou autre... Du coup, on peut faire des choses qui se tordent bien pour rester cohérentes, même dans l'absurde le plus total (a ce propos, l'histoire de Misumena est exemplaire avec son attaque de citrons et le sacrifice de la banane ! idem pour celle de la secte...)

Les phrases de cette semaine étaient particulièrement difficile, j'ai trouvé (mais stimulantes). J'ai manqué de temps et de disponibilité pour en faire d'autres, mais j'attends lundi avec impatience

Merci pour les compliments. Je ne suis pas contre quelques remarques ou critiques sur la difficulté ou la diversité de mes phrases. Bonne journée :)

@Nico84 : j'aime bien l'idée de proposer des fins "conventionnelles" comme des choses plus délirantes. Pour ma part, j'ai été perplexe face au nouvel opus. Et puis, tout à coup, l'histoire de la descente des presse-citrons terroristes s'est imposée. Pour celle de la charogne, cela me rappelait trop Burroughs, je ne parvenais pas à m'extraire de mes souvenirs du "Festin Nu", même si j'avais envie de m'y frotter, ce qu'a très bien fait Palimpseste.
@Socque : super idée, le bouclier de protection à 440 Hz ! Ça m'a énormément plu !

Merci misumena mais ne me surestimez pas, j'ai beaucoup moins de références que vous (oniriens), je balance des phrases plus ou moins tordues sans influences littéraires ou autres :)

Bon cette semaine, le défi a encore été relevé haut la main. Bravo et merci pour cette fidélité à l'exercice. Je suis en train de réfléchir à une semaine spéciale comme j'ai pu le faire avant. Si vous avez des idées n'hésitez pas.

Voici les 4 fins de cette semaine :

- Pour le troisième et dernier vœu, elle demanda sept boîtes à Meuh.

- C'était la roulette russe. La tradition qu'elle s'était imposée chaque année.

- Plus que dix secondes pour mourir. Certaines personnes l'entendirent rire.

- Poursuivit par la bande des neuf extraterrestres légendaires, on le retrouva étouffé par sa raquette de ping-pong.

Désolé pour mon imagination , bon courage !

Caricature

Olga baladait dans les palaces son extravagance russe et s’ennuyait à dix mille dollars de l’heure. C’est peut-être pour elle que Brel a écrit sa chanson Les remparts de Varsovie.
Madam’ promèn’ son cul sur les remparts de Varsovie…
La langueur effarée toute slave de son caractère ne dissimulait pas au personnel forcé de supporter ses frasques qu’elle s’appelait en fait Marie-Gaëlle, fille d’un maître des forges quelconque qui avait eu la sagesse de reconvertir sa fortune avant que l’acier français entamât sa dégringolade. Elle avait rencontré son amour en Lorraine, son père avait mis son veto parce qu’il avait d’autres idées d’alliances puis, moins avisé en psychologie féminine qu’en finances, l’avait expédiée sur la Côte pour lui changer les idées, accompagnée d’un chaperon inefficace par crédulité.
Olga savourait sa mélancolie et détruisait ses quelques neurones à coups de vodka. À chaque anniversaire de sa rencontre avec Gaétan, elle allait traîner dans une soirée décavée de miséreux qui se piquaient au lieu d’élégamment sniffer, choisissait dans le panel proposé ceux à l’air le plus détruit, le plus susceptible d’abriter LE virus dont la vilaine tête pointue a fait son apparition dans l’imaginaire collectif au cours des années quatre-vingt, et se les tapait avec une louable énergie en interdisant tout préservatif. Elle finirait bien par se séropositiviser pour emmerder papa !
C'était la roulette russe. La tradition qu'elle s'était imposée chaque année.

La chute du mur de Berlin, en 1989, avait marqué le début de la fin pour ce que l’on appelait, alors, le "Bloc de l’Est" qui, peu à peu, se vit dans l’obligation d’en lâcher (du "lest"...).
A partir de 1991, le Parti Communiste de l’Union Soviétique fut dissous et interdit.
Par la suite, de nombreux ex-dignitaires du parti tentèrent une ultime reconversion dans une nouvelle économie de marché, jusque-là honnie et décriée, rejoints en cela par des opposants de longue date ou de dernière minute, partenaires conciliants et indispensables ou concurrents redoutables et féroces, tout en même temps ou successivement. De nombreuses fortunes furent ainsi rapidement créées, dans des domaines aussi divers que l’énergie, l'agriculture, la métallurgie, la drogue, le sexe et autres, qui avaient longtemps été l’exclusivité d’un occident jugé décadent.
Quelques "camarades de base", plus avisés ou plus ambitieux que les autres, participèrent également à ce nouvel essor économique.
Parmi ceux-ci, Vladimir P. (par pur souci de prudence élémentaire, je tairai son nom complet...) ne tarda pas à s’imposer, tant par son opportunisme que par sa cruauté en affaire.
A l’origine, simple maréchal-ferrant dans un obscur village du nord de l’Oural, il ne tarda pas à devenir un magnat dans le domaine du matériel agricole, d’abord dans cette région, puis dans toute la Russie, et enfin au niveau international... "Ferrr à cheval.... grrrros porrrrte-bohheurrrr !", aimait-il à répéter.
Son épouse d’alors (qui lui avait donné -comme on dit- de nombreux enfants) ne tarda pas à périr dans un sordide règlement de compte, même si certaines mauvaises langues prétendent que... (mais une prudence élémentaire m’interdit d’en dire plus).
Vladimir tenta d’ (et finit par) oublier son chagrin auprès d’un certain nombre de créatures attirées par sa prestance nouvelle et indubitable.
Natacha (j’ai modifié son prénom, par prudence élémentaire), sa dernière compagne en date, les autres ayant été victimes de sordides règlements de comptes (à moins que...), se plaisait à tenter vainement de dilapider une infirme parcelle de son immense fortune.
Au moment où nous la retrouvons (Natacha, si vous avez bien suivi), elle entre, d’un pas à la fois étudié et nonchalant, dans le hall du plus grand casino de la célèbre ville balnéaire de K. (prudence... prudence...). Négligeant les tables de poker, de black-jack et, évidemment, les vulgaires "bandits manchots", elle se dirige vers l’endroit dont, déjà, elle rêvait quand elle n’était qu’une modeste assistante dans un modeste cabinet dentaire...
C'était la roulette russe. La tradition qu'elle s'était imposée chaque année.

- Et si j'embrassais un crapaud ?

Comment n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? L'amphibien se transformerait en prince, lui demanderait sa main et, de facto, lui permettrait d'échapper à son destin de vachère. Elle bécota donc le repoussant animal.
Il se muât instantanément, non pas en prince, mais en Génie.

- Belle enfant, je t'accorde trois vœux. Tu peux changer ta vie, ici et maintenant.

L'accent oriental du personnage ne laissait aucun doute sur son identité. Ce devait être un lointain confrère du bienfaiteur d'Aladin. Elle formula donc son premier vœu sur le champ (dans les deux acceptions du terme)

- Je ne veux plus m'occuper des vaches.

Sans comprendre ce qui lui arrivait, elle se retrouva technicienne de surface au siège d'une entreprise du Cac 40.

- Et avec ça ? s'enquit le Génie qui l'avait suivi comme par magie (ce qui, de vous à moi, était la moindre des choses)
- Je veux un super appartement avec vue sur la Tour Eiffel.

Sur sa terrasse qui dominait Paris, elle eut soudain un petit coup de blues. Pour le troisième et dernier vœu, elle demanda sept boîtes à Meuh.

Pas mal :)