Salut à vous,

j'ai tout dit dans le titre, ça fait Twitter, ou presque.


Ce sont de faux synonymes qui recouvrent une difficulté de compréhension, enfin moi, j'ai mis du temps à capter et je viens ici pour revenir sur mes petits cailloux...

Partons de ce vers d'Allan Poe, en Anglais :

"Once upon a midnight dreary, while I pondered, weak and weary,"

Il ferait 16 syllabes (DERED et les EA comptent pour une) mais il ne compte que huit pieds, repérés aux syllabes accentuées ainsi en gras :

"Once upon a midnight dreary, while I pondered, weak and weary,"

Pour faire une comparaison avec un vers français simple à accentuer :

"Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps"

Il compterait douze syllabes et quatre "pieds" pour ses quatre syllabes accentuées.




Les vers viennent du poème anglais "Le Corbeau" d'Allan Poe et du poème "Demain dès l'aube... " de Victor Hugo, la mise en pied de la page wikipédia du premier, inspirant librement la seconde.

N'est-ce pas pour ça qu'il faut, pour valider les alexandrins, par exemple, parler de syllabes et non de pieds ?
(je suis ignorante des règles de la poésie classique et j'ai eu pas mal de difficulté à comprendre aussi)

Leur seul point commun est donc leur nombre de syllabes ?

Oui, c'est bien ça.

Le problème vient du fait que le classique est très précis sur l'écriture et muet sur la prononciation (si tu as lu le mot "scansion" ça renvoie à ça).

Si je dis que "Capri c'est fini" compte quatre syllabes, on ne peut deviner l'interprétation d'Hervé Villars :

Capriiiiiiiiiiiiiiiii ! c'est finiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !

Il y a des syllabes plus longues que d'autres, lol.

Mais parler de "pied" ne va pas donner plus d'indication, alors que certains auteurs écrivent "à l'oreille" et n'ont pas de moyens de se faire comprendre simplement.

Comme chez Brassens où une syllabe au contraire disparait complétement à l'écoute :

"Car, pour combler les vœux, calmer la fièvre ardente
Du pauvre solitaire et qui n'est pas de bois
Nulle n'est comparable à l'épouse inconstante.
Femmes de chefs de gar(e), c'est vous la fleur des bois."

Entre parenthèses, c'est une syllabe que le chanteur ne prononce pas, toute la chanson à une métrique d'alexandrins correcte par ailleurs. Envoyé sur Oniris, en chanson, ça ne poserait pas de problème mais il y aurait certainement eu un lecteur pour remarquer ce qui peut sembler une erreur, seul l'interprétation fera ressortir les douze syllabes du dernier vers, mais ce ne sont pas douze "pieds" pour autant, c'est plus compliqué (c'est tout simple à écouter heureusement !).

Merci de ce petit exposé David, on apprend beaucoup sur Oniris et là, j'avoue que j'ignorais. Alors, faut-il plutôt parler de "découpes" car en classique il faut bien compter des tranches de sons, y compris les "e" non élidés à l'intérieur des vers pour déterminer le mètre.

ce qui donne en tranches de sons prononcés sur cet exemple:
Quand/ la/ trom/pet/te/ son/ne/ pour/ l'ap/pel /des/ morts - Classique 12
Quand/ la/ trom/pett'/ sonn'/ pour/ l'ap/pel/ des/ morts - néo 10 (Logiquement, en néo si on élide, on élide tout idem pour les diérèses, on néglige toute les diérèses ou aucune.)
Quand/ la/ trom/pet/te/ sonn'/ pour/ l'ap/pel/ des/ morts - contemporain 11 (on fait ce qu'on veut)

Ai-je bien saisi ou non ?

Citation :

Je voulais mettre en avant l'importance de l'usage du terme "syllabe", mais ton exemple peut expliquer d'où vient le "pied" en français.

Si on n'a pas appris la lecture classique, on comptera le mètre d'après les voyelles sonores, ce qui diminuera le nombre de syllabes réelles, à cause des E non muets en fin de mot, comme dans "elle vient de partir", six syllabe mais parfois 5 voyelles ou même à l'intérieur du mot, comme dans "réellement", 4 syllabes parfois prononcé 3.

ça va aussi déplacer l'accent tonique, si je prononce 12 syllabes :

quand la trompette sonne pour l'appel des morts

Pour un 4/2/4/2

Si je prononce 10 syllabes :

Quand la trompett' sonn' pour l'appel des morts

5/4/2

Si j'en prononce 11

Quand la trompette sonn' pour l'appel des mort

4/2/3/2

Les chiffres qui comptent les accents ressemblent aux "pieds", pas le nombre de syllabes.

Un auteur qui ne connait pas la prosodie et la métrique, pas comme Brassens mais je le garde en exemple, fera plutôt ce genre de vers que je citais déjà :

Femmes de chef de gar(e) c'est vous la fleur des bois

c'est à 00.44 :

http://www.jukebox.fr/georges-brassens/clip,a-l-ombre-des-maris,3ul08.html

Il élide le second E, et pas le premier, pour faire sentir la césure.

Il raisonne en terme d'accent, en respectant la césure quitte à fausser la métrique - c'est une chanson - et c'est très proche du "pied" par analogie.



PS : le lien ne fonctionne pas parfaitement et renvoie à la page de Brassens, le titre de la chanson est "à l'ombre des maris", il faudra naviguer un peu, désolé.

Tu restaures un tableau : 6syllabes et 7 pieds Plus simple que ça ...

Non, c'est 7 syllabes et deux "pieds" :

tu restaures un tableau

si tu ne veux pas faire entendre la liaison du pluriel, il n'y a qu'une seule solution, c'est chanter la phrase.

Quand la poésie devient royaume des apodes ...