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L'Âne de Buridan
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Merci Oniris pour l’accueil que tu as réservé à mon petit texte, qui s’appelait premièrement L’Âne et le Chien. J’ai poussé un hi han d’étonnement devant la décision favorable du CN et me perds en conjectures sur ce qui plaît et ce qui déplaît… Ma motivation est brouillée par ce que je perçois comme une incohérence mais l’important, heureusement, reste le processus d’écriture.

Je ne suis pas déçu par les commentaires. D’abord le titre se réfère à la parabole de l’Âne de Buridan, attribuée par erreur à ce dernier, sur la capacité de la volonté humaine à décider au hasard. Les ânes ne peuvent pas choisir entre l’avoine et l’eau et se laissent mourir, telle est la parabole, alors que la plupart des êtres humains peuvent faire preuve de choix arbitraire. Une morale cachée de cette parabole est qu’il ne faut pas attendre d’avoir des arguments et que pour agir, il faut choisir, parfois sans préférence pour l’option choisie.

J’ai voulu porter secours à ce petit âne qui attendait depuis bien trop longtemps, comme le dit cherbiacuespe, qu’on viînt le chercher. J’ai pensé à un chien, car c’est le meilleur ami de l’homme aussi il peut bien être l’ami d’un âne. J’ai pensé à l’appeler le Chien de James, de Diogène ou de Descartes. William James, philosophe du pragmatisme, n’était pas connu et le discours de la méthode lié à Descartes suggérait une intelligence hors du commun, alors qu’il s’agit ici de faire preuve de simplicité et de bon sens. Le Chien de Diogène semblait un choix pas mal, vu les provocations à la fois significatives et simplistes de Diogène, mais le cynisme et le chien étymologiquement faisaient double emploi et vous m’auriez demandé si c’était fait exprès ! Alors j’ai pris ce qu’il y avait d’humain en moi et j’ai… tranché, affublant l’Âne de Buridan d’un Chien de Buridan.

Le message est celui décodé par plumette et explicité par ferrandeix : la psychanalyse complique le problème, comme s’en vante Lacan, et rend internes des problèmes concrets, avec une froideur glaçante. Elle abandonne le patient à son sort, sans l’aider. Certaines psychothérapies se passent bien, paraît-il, et je ne peux que m’en réjouir ; mais combien de fois ai-je entendu qu’Untel était en psychanalyse depuis 10 ans et que ça ne lui convenait pas ? Ou bien constaté que mon interlocuteur, féru de psychanalyse, ne cessait de trouver à son inaction des excuses puisées dans son enfance, sans aucun lien logique ? Comme cette ancienne amie, avec laquelle j’ai rompu car elle se montrait insupportable, à force de ramener tous les problèmes à ses parents, qu’elle n’avait pas quittés à 45 ans ? Il est des cas où névrose et psychanalyse, paradoxalement, ne font qu’un.

L’Âne est à peine corrompu par l’intellectualité bavardante quand l’arrivée de cet ami absolu, celui qui vous comprend, celui qui ne se permet pas d’entrer dans votre tête mais reste bienveillant, celui qui ne coupe pas la communication en instaurant une hiérarchie, s’étonne à bon droit des références à la psychothérapie, sans les juger, ne nie pas l’existence de l’eau ni de celle l’avoine, et agit.

En réponse à Corto, la fable est la rubrique « Réflexion » parce que j’ai résolu le dilemme de Buridan : l’indécision n’est pensable que si le sujet est abandonné des siens. Si on a le droit de s’exprimer, on partage un problème, l’Autre peut en trouver la solution. Solution à l’individualisme : l’altruisme. Un chrétien comme moi ne pouvait que trouver la solution évidente. Et maintenant, elle l’est pour vous aussi. Contrairement à ce que notre société s’ingénie à nous le dire, nous ne sommes pas seuls. L’amour de l’autre peut s’exprimer doucement, la charité n’est pas forcément grandiose, le ciel ne s’ouvre pas à chaque fois sur un fracas de trombones pour laisser passer les colombes. Et ce texte est aussi, par la désuétude de son contexte, l’expression d’un regret, celui d’une époque révolue, quand les gens s’entraidaient sans penser à quelque récompense que ce soit.

Tout finit sur une invitation à aller voir ce coude que fait le ruisseau. Ce n’est plus un coude qu’il faut analyser en décortiquant les pensées supposées du « père »… mais un lieu concret que l’on contemple avec un ami. Que va-t-il se passer ? L’âne va voir le coude avec les yeux de son ami et s’apercevra qu’il n’y a rien à comprendre, qu’un ruisseau est un ruisseau, que le soleil est un soleil et qu’un arbre est un arbre.

vb, si vous êtes là, je veux bien comprendre pourquoi vous trouvez le texte trop sec. La scène 1 est un pastiche il est vrai.

maria, merci pour votre appréciation.

Robot, heureux de vous avoir amusé et que vous ayez vu l’opposition entre les deux scènes !

Dugenou, rien ne remplace un ami, je suis tout à fait d’accord ! C’est la morale de l’histoire. Il faudrait philosopher l’amitié, pas le compteur d’amis que Facebook met devant les yeux de ses adhérents.

cherbiacuespe, merci !

plumette, vous avez tout compris. Que rajouter de plus ? Sinon que l’âne est bel et bien guéri de son blocage, puisqu’il énonce le programme à suivre en cas de retour ce blocage. « La prochaine fois, je m’avancerai vers le seau d’eau sans autre considération. Ainsi la distance entre moi et le seau sera moindre que celle entre moi et l’avoine, et je me mettrai à boire ! Ensuite, comme je n’aurai plus soif mais faim, je mangerai l’avoine et je serai rassasié. Je serai donc sauvé. » Il se connaît lui-même et reconnaît le mécanisme qui le bloquait et il trouve le moyen de l'utiliser (alors que le psychanalyse voulait l'analyser).

Corto, si vous êtes là, qu’en pensez-vous ? Peut-être avez-vous étudié la psychanalyse. Il est vrai que les bons psychanalystes ne se départent pas du bon sens, en dépit de l’absurdité des dogmes qui expliquent la séduction vénéneuse de la psychanalyse.

ferrandeix, merci pour ta compréhension et tes félicitations, surtout venant de toi ! Juste une question : tu penses que le Chien n’a pas de raison d’aller vers l’eau plutôt que vers l’avoine ? Mais c’est lui qui crée la différence entre les deux : « parce qu’elle est plus près » avant de l'avancer.

Ou alors, penses-tu que je devrais appeler autrement le Chien ? Car c’est un chien réel, comme tu dis, que je veux. Et même s’il est à Buridan, il n’est pas situé à égale distance de l’avoine et de l’eau… l’âne est immobile mais le chien est mobile.

Contribution du : 05/09/2021 16:15
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Re : L'Âne de Buridan
Chevalier d'Oniris
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12/11/2020 16:09
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Hors Ligne
Je considérais le problème sur le plan biologique (ce qui est naturel pour moi, étant donné ma formation): l'âne de Buridan étant assimilé à une machine logique, c'est la raison pour laquelle il ne peut choisir. Et c'était probablement la conception du problème selon son inventeur: Aristote (d'après ce que j'ai lu sur wikipédia). C'est là qu'intervient (pour un âne réel) le fonctionnement stochastique du cerveau, la multitude d'épiphénomènes qui traversent l'encéphale. Une autre possibilité d'échapper au problème, qui équivaut, c'est le pouvoir de création du cerveau: par exemple je me dis: je vais aller sur le mets qui commence le premier par ordre alphabétique: d'un côté eau, de l'autre avoine, donc avoine, et le problème est résolu. Le fonctionnement stochastique et la création sont des modes de fonctionnement finalement assez poches, ils ne peuvent pas être déduits par la logique pure. Au final, chacun considère ton texte en fonction de ses propres tendances mentales et de sa formation. Loin de moi de voir dans le chien un "ami" qui représenterait la charité judéo-chrétienne. j'en déduis que l'auteur est souvent trahi par les lecteurs dans le message qu'il exprime.

Contribution du : 05/09/2021 21:51
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