Bon dimanche à tous et merci aux commentateurs! Différents niveaux de lecture, certains ont apprécié le mystère irrésolu, d'autres veulent plus d'explications. C'est très bien ainsi. Je vous réponds dans le détail à chacun par après.

Mon point de départ en tant qu'auteur est le suivant: un homme bascule dans la folie et assassine sauvagement ses compagnons de randonnée. Il s'enfuit du lieu du crime et se réfugie dans une construction mentale car il refuse l'horreur qu'il vient de commettre. C'est sa vérité. Le monstre qu'il ne peut pas voir dans l'église, c'est sa propre image mais il en perçoit tout de même la respiration. Schizophrénie ou autre, cela ne m'intéressait pas de rentrer dans le domaine médical. J'ai essayé de donner à lire le trouble qui s'instille dans l'esprit jusqu'à déplacer les lignes de vérité. D'où le mystère que le texte laisse planer sur la véracité des événements. Et qui permet plusieurs lectures.

Z12

Merci stony.

Le mystère vous suffit et j'en suis ravi.

"A mi-chemin entre le thriller et le fantastique, on ne peut jamais réellement affirmer que l'on est dans le second, rien n'étant hors de portée du crédible."

C'était le challenge lors de l'écriture. Donner un sentiment cauchemardesque tout en restant dans une possible réalité afin de brouiller les lignes pour le lecteur. Afin que l'on puisse sortir de cette courte nouvelle en se disant "et si c'était vrai?" Si son cauchemar était réel? Ou peut-être a-t-il lui-même seulement réchappé de l'horreur et n'est-il pas l'assassin? Tout est possible, comme dans les nombreuses affaires d'homicide non résolues.

Merci Donaldo

"Il y a de la psychanalyse dans cette narration"

En effet, mais n'étant pas moi-même un spécialiste de la chose, j'ai préféré ne pas développer outre mesure cet aspect et laisser au lecteur le soin de se faire une opinion.

Vous n'avez pas tressailli, ce n'était pas totalement le but. Cette nouvelle se veut plus un grand point d'interrogation qu'un authentique thriller. Mais je comprends que vous aimiez tressaillir. Une autre fois peut-être car c'est un genre que j'affectionne

"Le style n'est pas assez net"

Qu'entendez-vous par là? Auriez-vous un exemple? Cela m'intéresse.

Merci socque

"J'aime bien l'ambiance horrifique et mystérieuse de cette histoire : on ne connaît pas les tenants et les aboutissants ; pourquoi des coquilles d'œufs, la cloche, pourquoi tout le monde est mort ?"

La symbolique des coquilles d'oeufs est pour moi inexpliquée (j'ai écrit ce cauchemar d'une traite à mon réveil: s'il y a un psychanalyste dans la salle, qu'il se manifeste!!!)
La cloche sonne le glas à chaque meurtre d'un bruit terrifiant. 6 coups de cloche, six meurtres.

"... On ne saura rien, ne demeure qu'une impression de malaise, l'essence du cauchemar."

Alors c'est que j'ai réussi à vous embarquer, super!

Je viens de lire l'explication, j'étais dans le vrai.
Pourquoi les coquilles d'œuf ?
À quoi les avez vous associées ?

W

Merci W de votre passage.

Les coquilles d'oeuf doivent être les milliers de pages écrites pour rien par tous les auteurs, amateurs et rémunérés, qui existent!

Honnêtement, comme je l'écris à Socque ci-dessus, je n'en sais rien moi-même. Réminiscences d'un cauchemar personnel qui m'avait bien fait flipper.

zorglub12,

Citation :

Pour être plus précis et vous restituer complètement mon impression de lecture...

Pendant quelques secondes suivant la lecture du dernier mot, je me suis trouvé frustré car j'avais envie de savoir.
Notez que c'est déjà un excellent point ! Si j'avais envie de savoir, c'est que j'avais été embarqué dans votre histoire, que je n'en étais plus vraiment le lecteur, mais que je l'avais vécue et que je n'aimais pas que mon existence ne se prolongeât pas au-delà du texte.

J'ai pensé que le narrateur pouvait être l'assassin, peut-être ayant perdu la raison au point de s'inventer quelque histoire curieuse.
Mais, honnêtement, je ne pense pas avoir vraiment retenu cette hypothèse. Ensuite, j'ai renoncé à toute hypothèse pour accepter le mystère.

Après coup (aujourd'hui), je me suis demandé pourquoi je n'avais pas retenu cette première hypothèse. Je pense en avoir trouvé la raison, mais sait-on jamais comment circulent les informations dans notre cerveau et comment perdurent leurs traces ? Il faudra donc que vous acceptiez vous-même le mystère.

Toutefois, la manière avec laquelle un texte atteint le lecteur (que j'en sois ou non l'auteur) m'intéresse autant que vous.
Bref, je peux me tromper, mais il me semble que mon explication tient la route si tant est que je me souvienne correctement de la lecture des premières lignes.
Car en effet, cette explication fait intervenir les premières lignes du texte.
Je suis entré dans votre texte en étant guidé par un narrateur omniscient dont je ne doutais pas de la bonne foi. La phrase "Pourtant l'année où se déroulèrent les faits, les sentiers ne fleurirent pas, même en mai." me parait être très importante. D'une part, la formulation "Pourtant l'année où se déroulèrent les faits" semble émaner d'un narrateur extérieur aux faits. D'autre part, l'information "les sentiers ne fleurirent pas, même en mai" est très marquante. Je suis donc convaincu d'être entré dans votre histoire en prenant cette information pour exacte et le fait de découvrir ensuite un narrateur incarné n'a pas annulé cette information que j'avais reçue, que je tenais dès lors pour incontestable.

Bien sûr, on découvre, dès le deuxième paragraphe, un narrateur incarné, mais je suis convaincu que je suis resté en grande partie dans le contexte du premier paragraphe et que j'espérais trouver la raison de cette absence de floraison. D'autres informations ont eté superposées à la première, mais cette première est demeurée en haut de la pile.


Un dernier bon point : je n'ai pas dû relire votre texte pour m'en souvenir.

Merci Stony de votre impression très détaillée, c'est très intéressant de voir comment un texte est perçu et quels sont les éléments accrocheurs.

Concernant le 1er paragraphe en particulier, il faut y noter l'absence du "je" qui n'intervient qu'à partir du 2d paragraphe. C'est donc un narrateur "deus ex-machina" qui introduit le récit alors que d'habitude le deus ex-machina intervient à la fin de façon souvent bien impromptue pour tromper un scénario trop prévu.

Concernant vos hypothèses, elles sont toutes bonnes puisqu'elles viennent de vous, lecteur. Le fait même qu'un lecteur se fasse son film est déjà une belle réussite. Si un texte ne pose aucune question au lecteur, c'est qu'il est en train de lire l'encyclopédie en 18 volumes de la gastronomie lapone

Je trouve aussi que les phrases "les sentiers ne fleurirent pas" et "les bas-côtés exhalaient une odeur d'oeuf pourri" sont essentielles pour poser d'emblée une ambiance inquiétante. Après, on peut regretter le manque d'explications quant à ces deux éléments. Mais ils posent des balises sensorielles que vous avez bien repérées. Pendant quelques minutes, le lecteur baigne inconsciemment dans une odeur fétide et des chemins qui devraient être plantureux restés mystérieusement arides.