Bonjour,
J'ai bien ressenti dans plusieurs commentaires une certaine incompréhension, voire frustration à la lecture de ce texte très personnel, et pour cause…
Je vais donc ravaler un peu d'orgueil et vous livrer quelques clés pour mieux comprendre.
En 1941, à quinze ans et neuf mois (pour être précis), mon père est arrêté par la gendarmerie pour vol d'un pain de quatre livres réservé à l'occupant. Transféré dans un centre de la Gestapo, il sera conditionné pour signer un contrat et suivre une formation militaire en Allemagne à l'issue de laquelle il sera envoyé combattre sur le front russe. Les nouveaux papiers d'identité qui lui ont été remis le vieillissent de trois ans.
De retour en France après la libération, mon père sera traduit devant un tribunal militaire siégeant à Angers, pour haute trahison et condamné dans un premier temps à trente années de forteresse ; sanction ramenée à deux ans sur appel d'un capitaine du génie, avocat commis d'office, dont la perspicacité aura permis de révéler la falsification de sa date de naissance.

A l'issue de sa détention, la "mère patrie" lui enjoint de partir pour l'Indochine ; une manière patriotique de racheter sa peine. Il y combattra sans aucun galon pendant treize mois avant d'être transféré sur Saïgon puis rapatrié en métropole, grièvement blessé au ventre, avec un régiment entier de "gueules cassées".

Pardon, mais le reste m'appartient, avec tous les sentiments contradictoires qu'il comporte.