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1 Utilisateur(s) anonymes
Re : La page arrachée au cahier, dérive au fil des mots |
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Je n'ai jamais essayé de retranscrire une séance, tout absorbée et "habitée" par l'univers que je veux restituer. J'ai quand même observé que mon premier jet n'était en général pas abouti. Le texte est plutôt structuré, l'écriture alerte mais assez pauvre en idées 💡. Alors, il faut que je me décarcasse pour lui donner de la substance et nourrir l'imagination de mes éventuels lecteurs. Je suis une bosseuse pas très inspirée et pas novatrice pour deux sous. Mais je m'accroche...bêtement. Il m'arrive, parfois, cependant, que le texte que je veux écrire est au creux de moi, incréé, tout en vibrations, et qu'il suffit que je prenne la plume, pour le faire naître sans trop de sueur et d'abnégation. Et voilou. Annick
Contribution du : 19/10/2021 01:00
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Un mort-vivant est un oxymore alors qu'un occis mort est un pléonasme. |
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Re : La page arrachée au cahier, dérive au fil des mots |
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Bonjour Bellini, Pour répondre à votre première question, je dirais que je n'ai pas vraiment besoin de vérité émotive pour écrire, mais que j'écris simplement poussée par ce besoin. (À votre tour de m'aider, car il y a, dans ce que je viens d'énoncer, une subtilité que ma plume n'arrive pas à retranscrire .. ^^) Quant à ce que cette vérité émotive réduise le champ des possibles, il me semble que c'est plutôt le contraire, puisque TOUT, forcément tout passe par le crible des émotions lorsque l'on est doté, comme moi, d'une encombrante nature empathique. Non ? Votre deuxième question est toute aussi intéressante (vous voyez, vous n'avez pas à dénigrer vos blablas ;)), La première interprétation qui me vient, c'est que LA femme, c'est peut-être juste un fantasme, qui servirait à faire vivre le désir avec UNE femme. Je ne vois d'ailleurs pas l'utilité de la fuir ou de la nier. Mais je ne suis pas dans votre tête. Comment vous représentez-vous LA femme, en fait ? Après, pour ce qui concerne nos approches respectives de l'écriture, j'ai envie de dire qu'elles se rejoignent quand même. Vous avez besoin de tout suspendre à un fil de légèreté, soit, mais la légèreté, telle la dérision, ou encore l'humour, ne sont-ils pas que des façons détournées et pudiques de masquer une sensibilité à fleur de papier ? C'est bien vous, n'est-ce-pas, qui, dans votre commentaire, avez déclamez votre amour à la légèreté dense de mon style ? Une image particulièrement bien choisie. Du peu que j'ai appris à me connaître, je trouve qu'elle me va comme un gant... :)) Tout ceci dit, ma porte ici vous reste grande ouverte. Sauf si vous craignez la tournure trop sérieuse de ce fil. C'est un honneur de vous compter parmi mes honorables invités. Soyez persuadé que vos blablas ne dégradent rien du tout, bien au contraire. Nombreux sont les poètes qui aimeraient en posséder des comme les vôtres. Citation :
Bonjour Annick, Pourquoi ''bêtement'' ? C'est marrant cette propension à se dénigrer commune à de nombreux écrivants ! Tu veux donc, toi aussi, que je rappelle à ton bon souvenir, tiens, au hasard... tes ''Lavandières'' ? Je mets ma main au feu que ce texte là était « au creux de (toi), incréé, tout en vibrations, et qu'il (a) suffit que (tu) prenne la plume, pour le faire naître sans trop de sueur et d'abnégation. ». N'empêche, c'est instructif d'apprendre comment chacun s'attelle à l'ouvrage. Cela le présente sous un nouvel angle qui doit ouvrir parfois la porte à une meilleure compréhension du texte... Merci, Annick d'avoir ouvert ton antre à ma curiosité. Je vais bientôt m'éloigner des claviers pour quelques jours, histoire de voir un peu grandir mes bouts de choux, sinon j'aurais bien initié un sondage afin de connaître les diverses façons dont les Oniriens abordent l'écriture, tellement c'est passionnant. Idée à suivre, peut-être... et pas de problème si certains veulent commencer ici, surtout n'hésitez pas ! N'hésitez pas non plus à poursuivre cette discussion, où se mêlent avec un grand bonheur les blablas et autres choses un peu moins sérieuses...
Contribution du : 19/10/2021 10:50
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Re : La page arrachée au cahier, dérive au fil des mots |
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@Cat,
Merci pour tes réponses étayées. Profite bien de la présence de tes bouts de choux.
Contribution du : 19/10/2021 11:04
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Re : La page arrachée au cahier, dérive au fil des mots |
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@Cat – Ton point de vue en final est en effet contradictoire par rapport à ce que j'ai ressenti comme une surabondance de termes dans les phrases de ton récit qui aurait besoin d'un légèreté plus accomplie, tu le soulignes dans la fin de ton post #9 : " Contrairement à certains passages que tu relèves dans mon récit, et je me rends compte finalement, que le peu de travail prodigué pour arrondir certains angles a nuit plus qu'il n'a profité à mon envolée.".
Oui il est peut-être moins besoin de corriger et reprendre les lourdeurs stylistiques que de "sincériser" son expression naturelle (enfin quand elle est celle d'un auteur dont la plume est déjà de qualité ; c'est ton cas à mon sens). Comme tu l'évoques, il semblerait que ce soit une volonté de surenchérissement qui l'ait plutôt plombé (" j'ai ce besoin d'expliquer mes images. Trop, apparemment, comme si je ne leur faisais pas assez confiance") ; je peux l'entendre ainsi. @Bellini – Amusante…, intéressante, cette interrogation quant à la relation poésie/sincérité, qui, élargie dans l'aphorisme " Si tu te contentes de la vérité, écris de la prose. Sinon, essaie la poésie.", suggèrerait une dépendance, et même une convergence, entre "vérité" et "sincérité" d'une écriture… Sujet vaste où la "vérité émotive" serait gage de "pertinence sensationnelle"… ouh là là que de vilaines associations, vérité/émotion, pertinence/sensation ou ressenti (ce dernier binôme étant celui qui intéresserait la poésie au premier chef). Et pourtant a priori les partenaires de ces couples là sont peu compatibles. Mais alors que serait "une vérité" et que serait "une sincérité" ? Pour le premier, je tente une proposition : une vérité serait une déclaration qui se réfère aux extériorités comprises et acceptées de celui qui les envisage. Pour le deuxième, j'essaie celle-ci : une sincérité serait une convergence interne à l'individu entre ce qu'il perçoit de lui-même, son moi vu par lui, et ce qu'il en accepte, par intégrité, les termes. Références intégrées et inférences assumées formeraient la personnalité d'où l'écriture de poésie se "délivrerait". Bellini, je pense que l'acceptation d'une vérité apparaisse comme nécessaire à la justesse émotionnelle d'une poésie. Il faut qu'au moment de l'écriture, l'auteur y croit, même s'il erre dans un contexte fantasmatique. Y croire = être sincère, j'y crois comme j'en suis sûr !
Contribution du : 19/10/2021 14:41
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Re : La page arrachée au cahier, dérive au fil des mots |
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Chère Cat,
Lorsque je m’adresse à vous au post #10, je sais que je peux me dispenser de truffer mes messages de tous les smileys de ce type. La femme est un fantasme dites-vous. Soit. J’ajouterai : surtout pour les hommes fidèles. C’est cette langueur du sentiment amoureux qui crée le fantasme, me semble-t-il. L’homme infidèle n’a pas à fantasmer puisque l’objet de son fantasme est devant lui, sauf à être perfectionniste ou être ce belge qu’on reconnaît facilement dans une orgie, puisque c’est le seul qui fait l’amour à sa femme. Si je vous dis que j’ai beaucoup fantasmé dans ma vie, vous comprendrez que pour moi, LA femme c’est MA femme. Reste plus qu’à la convaincre. Oui, la légèreté dense du style est bien sa richesse. Je la préfère en tout cas à l’inverse, la lourdeur creuse du style, celle qui ne délivre rien quand on la lit et qui lorsque l’auteur s’en explique nous fait dire : Bof, tout ça pour ça… « Comme quoi, même si le chemin est long, on peut faire une force de son hypersensibilité… TOUT, forcément tout passe par le crible des émotions lorsque l'on est doté, comme moi, d'une encombrante nature empathique. » Ce sont ces phrases de vous aux post #9 et #12 qui m’ont fait poser la question de la vérité émotive. On peut écrire sans vérité émotive personnelle, Baudelaire n’a fait que ça, lui qui a choisi le créneau disponible de la beauté du mal, sans connaître d’autre émotion intense dans sa vie que celle de ne jamais trouver assez belles les enluminures des diverses éditions de ses Fleurs du mal. Il en a emmerdé du monde avec son génie condescendant et ses sollicitations pleurnichardes à Victor Hugo, à Vigny et à quelques autres…Tout ça pour environ 2000 exemplaires vendus de son vivant et des recettes bien inférieures à ses traductions de Poe… Alors vous savez, la sincérité émotive, ça va que je vous connais, mais je miserais pas un kopeck sur certains. Baudelaire était aussi rétrograde, réactionnaire et conservateur dans sa tête de citoyen qu’il était progressiste dans sa vision de l’Art en général. Ce qui n’empêche pas qu’il soit un des rares poètes à avoir chamboulé mes états d’âme au moment de l’adolescence où je l’ai découvert. Et j’ai encore récemment déboursé quarante euros pour une édition spéciale de Calmann Lévy à l’occasion du bicentenaire de sa naissance. J’ai compris l’escroquerie du prix quand j’ai su que le dessin de la jaquette était de Clara Luciani. Jamais j’aurais pensé qu’un jour cette demoiselle réussirait à me soutirer perfidement quelques euros. Tout ça pour dire qu’il n’est pas nécessaire d’exiger une vérité émotive personnelle de l’auteur pour toucher les lecteurs. Le mensonge offre un champ bien plus vaste, il est bien plus beau et subtil que la vérité. Je ne suis pas sûr que Baudelaire n’ait pas dit ça aussi. C’est en tout cas mon credo poétique. Mais ne changez pour rien au monde cet avatar de regard que vous croisez avec celui de la poésie. Pendant que vous regarderez grandir vos bouts de choux, pensez à nous qui rapetissons de votre absence. (Celle-là je vais vous la facturer). Bellini PS : Vincente, je découvre à l’instant votre post. Pardonnez-moi de ne pas avoir le temps immédiat d’y ajouter un commentaire. Je verrai d’ailleurs si mon message à Cat laisse certaines de vos remarques en suspens. Il faut dire que vos interventions portent toujours le débat à un niveau philosophique qui remet en question le timing de ma journée :) Dieu sait pourtant que vous lire m’est plus agréable que ce que j’ai à faire :) Merci encore et sans doute A+
Contribution du : 19/10/2021 15:25
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Re : La page arrachée au cahier, dérive au fil des mots |
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@ Bellini – Il n'y a pas d'urgence à se saisir de mon questionnement, en tous les cas pas d'impériosité temporelle, mais plutôt une urgence posturale qui demanderait qu'est-ce qui insuffle une force poétique ou émotionnelle à ce qui s'écrit en poésie.
Dans votre rapprochement avec la poétique Baudelairienne que vous évoquez pour argumenter envers Cat votre doute quant à une nécessité performative dans les créations poétiques, vous écrivez deux phrases à mon sens contestables, ou pas, selon ce que l'on met justement sous cette formule "vérité émotive" déclinée aussi en "sincérité émotive". - "On peut écrire sans vérité émotive personnelle, Baudelaire n’a fait que ça, lui qui a choisi le créneau disponible de la beauté du mal,…" - "Alors vous savez, la sincérité émotive, ça va que je vous connais, mais je miserais pas un kopeck sur certains :)" Cela affirme un principe que je ne partagerais pas : pas de "vérité émotive chez Baudelaire". Si je me mets dans ce que je devine ou interprète de sa posture, j'arrive à imaginer que ses propres visions se sont fortement imprégnées dans ses poèmes. Je pense ainsi que son investissement devait être "sincère" et vu le côté entier du personnage, disons même "habité", j'ai du mal à concevoir qu'il eût été peu convaincu par ce qu'il écrivait. Il me semble ainsi qu'il ne s'agit pas d'entendre une "sincérité émotive" en première intention si je puis dire, ou au premier degré, car elle parle surtout d'une implication personnelle profonde ; bien plus un mode d'investissement puissant qu'une émission affectivement chargée, une sorte d'aveu émotionnel. Dire la "beauté du mal" a ceci d'intéressant, de convaincant, voire de précieux, qu'elle relativise la véracité du "beau". C'est comme évoquer comme vous le faites la pertinence du "mensonge" pour dénoncer le "vrai", le revisiter et amplifier le dire, le suggestif, le définitif ; j'irais jusqu'à croire que quand on élabore une déclinaison mensongère, d'une certaine manière l'on met en scène le vrai au gré de quelques ajustements, l'on parle vrai dans l'assujettissement à une conjugaison. Je ne voudrais pas avaliser une bonne idée de mentir face à une mauvaise de dire la réalité, mais je suis dans l'idée de dire qu'une mise en scène, comme dans un film de fiction qui aurait les traits d'un documentaire, présente une "valeur" non négligeable, sûrement ce "champ bien plus vaste" dont vous gratifiez le mensonge.
Contribution du : 19/10/2021 20:00
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Re : La page arrachée au cahier, dérive au fil des mots |
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Maître Onirien
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Petite incursion sans doute inopinée, inopportune et peu intéressante concernant le caractère plus "réel", plus "vrai", de la fiction, du roman, en rapport de la biographie ou de l'Histoire. Sans doute un cliché assez répandu pouvant peut-être se concevoir pour autant. La mémoire, le souvenir ou l'appréhension du "réel" n'étant effectifs qu'au travers de nos 'représentations ".
Quant à la "sincérité", celle envers soi-même sera sans doute la plus fluctuante, mouvante, insaisissable. Et en matière "d'écriture sincère", il y a cette question de partage ou de "voyeurisme" du lecteur supposé pouvant inciter l'écrivant à parer d'esthétique et de circonvolutions (donc de mensonges ?) - par pudeur, retenue, envie ou besoin de briller ou que sais-je "l'idée" qu'il se fait de son lien fragile à la véracité, de son rapport entretenu avec le grand théâtre de l'existence, de sa "place" parmi les "autres" et de l'incompréhension de soi-même. PS: salut Cat, merci pour ton texte. L'absence de commentaire de ma part n'étant pas synonyme d'indifférence.
Contribution du : 20/10/2021 06:13
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La compréhension n'est pas nécessaire à la poésie, mais la poésie est nécessaire à la compréhension. |
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Re : La page arrachée au cahier, dérive au fil des mots |
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Visiteur
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Vos histoires d'amours sont passionnantes à plus d'un titre, Bellini. Je ressens, même si confusément tant la richesse de la réflexion est grande, la corrélation que vous faites entre le fantasme et la sincérité dans l'Amour ou la vérité du sentiment chez Baudelaire.
À propos de cet immense poète et de sa sincérité, j'ai tendance à te rejoindre, Vincente. Un être aussi entier que Baudelaire, à ce que l'on connaît de lui, même s'il « a choisi le créneau disponible de la beauté du mal » (votre post 15, Bellini), ne peut qu'être sincère dans son approche. S'il peut inventer, donc mentir, en créant toute une mise en scène autour du mensonge, il a néanmoins besoin d'avoir déjà ressenti tous les sentiments (la fameuse « vérité émotive » de votre post 15) dont il va habiller ses personnages. Sinon, comment les rendre crédibles au point qu'ils nous touchent aussi profondément ? Son talent immense ne serait qu'une terre aride sans cela. Il ne resterait alors que ce que vous appelez dans votre post 15 Bellini « la lourdeur creuse du style, celle qui ne délivre rien quand on la lit (...) ». Baudelaire a été ma porte d'entrée en Poésie. C'est par lui, relativement tard dans ma vie, et en solitaire, que j'ai pu gommer les ravages des poèmes que des professeurs sans âme nous faisaient ingurgiter par cœur à l'école. Avec Baudelaire, j'ai découvert la profondeur des abîmes où je croyais être la seule à me débattre, et goûté au vrai goût de la vie et du sang, même si je ressentais (indécrottable intuition :)) son ''exagération'' parfois poussée au paroxysme (comment dire autrement ?... ). J'ai adoré chez lui ce que j'adore retrouver dans les poèmes de notre Cristale : elle invente une histoire qu'elle habille somptueusement de sa profonde sensibilité. C'est là que le talent intervient, lorsqu'il arrive à faire oublier l'odeur de la sueur du travail accompli pour ne mettre à nu que la vraie dimension du vertige sensationnel. Je vois que tu as rejoint le concert, Pouèt. Et, sauf si une subtilité m'échappe, je constate que nous disons peu ou prou la même chose. Tu as raison d'appuyer sur « La sincérité, celle envers soi-même sera sans doute la plus fluctuante, mouvante, insaisissable. » Ne t'inquiète donc pas pour ton absence de commentaire. Je suis bien placée pour savoir que l'on n'est pas tous les jours inspiré au mieux pour cet exercice qui demande, si on veut le faire sérieusement, pas mal d'investissement personnel. Bellini, Vincente, Pouet & les Autres (et bienvenue à qui voudra ajouter son grain de sel ici), même si je suis loin d'avoir relevé tous les points intéressants de vos approches respectives, et malgré mon absence momentanée qui se profile où je vais quand même continuer à vous lire à des heures cependant indues pour vous répondre comme vous le méritez, j'ose espérer que vous allez persister à débattre sur des sujets aussi passionnants que sont « l'amour et ses fantasmes » (merci Bellini), « la revisite du mensonge pour dénoncer le ''vrai'' et amplifier le dire, le suggestif, le définitif » (Vincente, post 16), ou sur toute autre réflexion qui s'inviterait en guest star autour de ce thème fabuleux qu'est finalement, la sincérité de l'émotion pure dans tous ses états au service de la poésie. Merci en tous les cas pour vos enrichissants retours. Cat PS : Bellini, avez-vous besoin d'un RIB pour la facture de l'oxymore ?
Contribution du : 20/10/2021 08:32
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Re : La page arrachée au cahier, dérive au fil des mots |
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Au Lecteur. ...Mais parmi les chacals, les panthères, les lices, Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents, Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants, Dans la ménagerie infâme de nos vices, II en est un plus laid, plus méchant, plus immonde ! Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris, Il ferait volontiers de la terre un débris Et dans un bâillement avalerait le monde ; C'est l'Ennui ! L'œil chargé d'un pleur involontaire, II rêve d'échafauds en fumant son houka. Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat, - Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère ! Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal.
Contribution du : 20/10/2021 10:29
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Re : La page arrachée au cahier, dérive au fil des mots |
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Bonjour à tous,
Vous aurez compris, j’espère, qu’il y a une certaine dose de provocation dans mon analyse. J’ai choisi volontairement l’exemple de Baudelaire car sa poésie est encore aujourd’hui une des rares qui titillent en moi quelques émotions – je parle bien d’émotions et pas d’intérêt, lequel concerne beaucoup d’autres auteurs - et c’est inlassablement vers lui que je reviens lorsque j’ai besoin de faire le point avec mes propres « mensonges ». Baudelaire est le seul poète dont je connaisse l’œuvre entière, celle qu’il a écrite en vers. Lue et relue maintes fois, reliée grâce à sa biographie, aux personnes, souvent des femmes, à qui ses poèmes étaient destinés. Et je vais me permettre une nouvelle provocation : on ne devrait pas lire un poème sans connaître la vie de son auteur, sans connaître les circonstances qui l’ont inspiré, on ne devrait pas commenter un poème sans savoir qui l’a écrit. C’est ainsi qu’ayant complété récemment ma connaissance du personnage par une de ses biographies (Marie-Christine Natta, 1000 pages), je ne relie plus Baudelaire de la même manière. Là où plus jeune je lisais une sorte d’idéal sincère, blessé et contraint dans son élévation, j’ai rabaissé les ambitions du poète à l’acharnement matériel de son agonie financière de dandy écornifleur, capricieux dans l’édition de son œuvre, à une parade de clubiste (les haschischins de l’hôtel Pimodan) à la fois pontifiant, condescendant et jaloux des auteurs à succès (Balzac, Sainte-Beuve…), intrigant et soudain rampant dans sa recherche de parrainages pour une possible admission à l’Académie Française, qu’il n’obtiendra jamais. Alors je me suis demandé, en lien avec votre sujet, Cat : au milieu de toutes ces affectations, de tous ces cabotinages du nécessaire entregent, où est la vérité émotive d’une œuvre au moment où elle s’écrit ? À quoi pense Baudelaire au moment où il écrit Les petites vielles dans son salon damassé de voilures antiques dont il ne paiera jamais le loyer, aux petites vieilles ou à la Revue littéraire qu’il est allé supplier de lui faire une petite place ? À la fierté de sa mère ou à l’argent qu’il pourra encore lui soutirer pour mener grand train ? À l’ennui perpétuel qui le ronge ou à sa procrastination qui l’empêche d’avancer ? Mais je me suis dit aussi : ressaisis-toi, après tout, qu’est-ce que t’en as à faire de la Vérité intime de l’auteur ? Vois comme le mensonge est beau, vois comme il se répand, dépersonnalisé, dans ton cerveau droit. Et toi-même, le soin apporté à tes alexandrins n’en diminue-t-il pas la spontanéité, source de sincérité ? N’est-ce pas un mensonge que de les arranger pour qu’ils sonnent mieux ? Et pourtant, toutes ces figures de style, ces métaphores, n’est-ce pas de leur mensonge factuel que vient leur beauté ? Comme disait Picasso, l’Art est un mensonge qui dit la vérité. Alors merci Baudelaire. Merci à tous les menteurs, pourvu qu’ils nous fassent pleurer. Bellini Merci à toi, Cat, à vous Vincente, Pouet et Annick, pour vos éminentes réflexions ou rappels. Bellini
Contribution du : 20/10/2021 11:53
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