Je ne peux que remercier chaleureusement tous ceux qui ont eu envie de se pencher sur ce poème en prose, à commencer par le CE et par les commentateurs de la première heure, en EL.

Si j'ai été surprise que ce poème « passe », j'en ai aussi été très heureuse. Cela fait assez longtemps que je m'essaie à la prose, pour moi l'exercice peut-être le plus difficile en poésie.
Car les barrières sont très floues, les outils sont finalement bien plus rares car il n'y a pas de vers pour faire danser le rythme, il faut vraiment que tout s'accroche ensemble et ne fasse qu'un, et il faut réussir un impact.
Et j'ai envie d'écrire parfois autre chose, de chambouler tous mes points de vues, mes sensations, m'essayer davantage encore aux mots.

Le chien jaune et le canari a été à la fois plutôt bien accueilli par rapport à la « difficulté » qu'il représente pour le lecteur, comme l'ont souligné certains et j'ai hautement apprécié les possibilités que chacun y a trouvé.

Je vais répondre à la fois en vrac et à chacun ;

Le sens est bien réel. Mais il n'est peut-être essentiel que pour moi, ce n'est pas le plus important si chacun y construit sa propre vision. C'est un des buts fondamentaux de la poésie, il me semble, une ouverture la plus large possible. Et la vérité ? Sur le texte, mes intentions ? Que valent-elles, finalement ?

Plusieurs parlent d'image, de tableau. Un très gros merci pour ça. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, un regard (du lecteur) qui contemple ce qu'il ne comprend pas forcément rationnellement, mais qui l'interpelle. Et qui lui renvoie une image ? (qu'il n'aime pas forcément)

La poésie naturellement restera toujours subjective, mais quand j'ai lu le premier com, de Queribus, j'avoue que j'ai eu un gros coup de chaud : il parle de la poésie des images, de ce qui l'a frappé en premier. Ensuite seulement il a regretté que cela reste trop abstrait pour lui. J'ai bien apprécié ce mot d' »abstrait » appliqué au poème, car si on peut y être récalcitrant, d'un autre côté il ouvre un très grand champ des possibles. Et c'est cela que je trouve très important, lire pour soi, pas pour l'auteur.
Deux coms plus loin vient celui de Don. Toujours très fidèle, Don, mais surtout pas assez sévère avec moi : je te le dis officiellement, je ne suis pas Lenon (bien que j'aie des lunettes) :( mais ton com illustre en fait exactement ce que je dis plus haut, et ce que tu dis toi-même en citant tes exemples.
Vincente, lui, me met la pression à bloc. Car il réfléchit tout haut, cherche dans les détails, les raccorde et finalement entrevoit plusieurs solutions avec un fil directeur.
Eh bien tu as raison, tout le temps, quoique tu en déduises.
Car tu t'interroges et en t'interrogeant se libèrent des possibilités, auxquelles sans doute tu ne pensais pas vraiment en fin de deuxième ou troisième lecture. Ni moi non plus.
Mais je dirais que tu surfes sur la même vague que moi.

Ainsi soit-il, le hasard et la nécessité : c'est apierre qui s'exprime, là, et une fois encore, je me sens bien plus comprise que je ne l'aurais imaginé en proposant ce poème.

Lari, tu es le seul, je crois, à t'arrêter sur un mot précis, rocket. Tu dis qu'il gêne. Oui, c'est bien ça, il gêne. Il est des trois éventualités celle qui est la plus sèche, la plus radicale. J'aurais pu utiliser fusée, j'aurais pu écrire « roquette », mais il fallait que ça pète comme quelque chose qui n'offre pas d'alternative. Et il fallait aussi un mot étranger, pour renforcer l'idée.
Merci pour ressentir l'atmosphère, de sentir que c'est important dans ce tableau.

Ton com, Provençao, va assez loin vers ce que j'ai tenté. C'est peu de dire que ça me scotche !

Robot, tu dis : la vision d'un tableau. Tu es resté simplement d'un côté, j'ai plutôt tenté le tableau d'une vision ; un trait, si tu veux, qui fulgure et que j'ai mis en mots.
Tu n'as pas tellement aimé, mais ce n'est peut-être pas ce que je recherche. Tu as lu et tu as cherché, donc tu as tenté de forcer des portes. Ça me va parfaitement.

Papipoète, il n'y a aucun souci ni à ce que tu aies éprouvé de l'ennui à la lecture, ni à ce que j'en aie généré. Nous étions sur une ligne différente, ce qui n'empêche pas de se faire coucou ! Et aussi pour Corto, qui a cherché les clés sous le paillasson et n'a rien trouvé. (mais corto, ne sais-tu pas qu'il ne faut jamais mettre les clés sous le paillasson, que ce n'est pas prudent ?

Maria : des naufragés. Le mot s'applique à 100 %… et je crois que je ne l'aurais pas trouvé pour ce poème.

En gros, tous, vous m'épatez pas mal.

Et Gabrielle. Je t'ai gardée pour la fin car ton com est en parfaite résonance avec le poème.
Un com EL qui dit :

« de l'universel au particulier…
Un texte qui porte sur la vision très personnelle que chacun a de voir les messages portés par l'existence.
La représentation de la vérité diffère pour chacun d'entre nous et a un impact sur la suite des événements qui en découlent.
L'importance du particulier par rapport à l'universel dont il fait partie. »

On est arrivés.

Un merci est tout simplement trop peu pour votre temps passé sur ce poème. Je vous suis reconnaissante d'avoir su vous y attarder, en dépit d'un abord déstabilisant peut-être.

J'ai par contre un doute en ce qui concerne « ma » version ; est-elle utile ? Peut-être ce poème est-il fait pour rester entre deux eaux, qu'il vous laisse votre liberté d'interprétation ?

Quoiqu'il en soit, un fil très ouvert à tous.

hersen

non chère poétesse, pas vraiment ennuyé, plutôt vu comme une phrase jetée en même temps qu'une longue expiration... du genre " oh que ça fait du bien ! " et je te donne aussi mon " coucou " de bien loin du Portugal, mais tout près par la pensée...

Chaque mot en est pourtant bien pesé, Papipoète, et plutôt deux fois qu'une !

Tu n'es pas la réincarnation de John Lennon ?

Pouet,

merci de ton passage et d'un tel entrain dans le décorticage.
Bravo !

Quand j'ai vu que ça démarrait bien avec le jaune, je me suis dit, ok, c'est bon, laisse-le il est grand.

à une prochaine fois !

ps ah si ! j'ai vraiment aimé ton tiré à quatre épingles; j'aurais pas mis mauve, mais en fait ça marche super bien !

Don, si, mais j'évite de m'exposer; Tu comprends, une vie simple à la campagne, c'était inespéré pour moi.
Bon, c'est vrai que c'est calme.
C'est très très calme.
mais enfin, une vie de plus, c'est toujours bon à prendre.

@Davide,

Merci Davide de t'être penché sur ce poème, et merci surtout de ne pas t'être arrêté en si bon chemin de réflexion.

La couleur jaune a-t-elle été volée au canari ? a-t-elle déteint sur le chien ? Un peu les deux, sans doute, la promiscuité dans la misère donne une couleur uniforme a tout ce qu'elle revêt et l'identité se fond.
T'es plus rien.

Merci aussi pour le mot audace, c'est vrai que j'ai pas mal hésité à proposer ce poème.
mais finalement, j'ai bien fait, j'ai eu des retours très intéressants.

Bonsoir hersen,
je croyais que le" chien jaune" était un homme: un de ceux qui guide les avions ( avec un blouson jaune). C'est pour ça que j'ai parlé de naufragés du ciel dans mon com. Visiblement, j'ai tout faux. Tant pis je garde quand même l'image l qui m'est apparue, parce que je les ai trouvés beaux, l'homme et l'oiseau.

maria,

Oui, le chien jaune et le canari sont des hommes. Ce sont des laissés pour compte, ils sont très différents au départ (qui confondrait un chien et un canari ?) il y a des laissés pour compte tout autour de la planète, et ils finissent par avoir le même habit, qui reflète leur existence sans personnalité;
Il n'y a aucune erreur à faire sur ce poème, puisque les images qu'il induit sont toutes valables. Chaque lecteur y voit, y a vu, comme le montrent les commentaires, des pans différents, mais qui cependant se rejoignent.
je comprends ce que tu veux dire par "celui qui guide les avions", tu parles de celui qui porte un gilet jaune ? pour autant, ton mot de naufragé reste absolument excellent. Si je devais remanier ce poème, même si je ne pense pas le faire tellement l'équilibre est précaire, c'est ce mot sans doute de naufragé que j'emploierais d'une façon ou d'une autre.

merci pour ta participation. En poésie, il faut oser intervenir et se tromper. C'est ainsi qu'elle est vivante.

@Solo,

merci, c'est un passage qui me fait bien plaisir.

Et oui. La vie va.